Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors là, je voudrais que nous comprenions bien ce qui se passe. SEAFRANCE dabord, cest une société de droit privé, qui appartient à la SNCF, 880 salariés. Je ne dis pas de bêtises jusquà maintenant ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Liquidation, si jai bien compris.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, il y a déjà déjà ça, il y a une histoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Liquidation judiciaire.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Parce que vous le découvrez maintenant, mais en fait ça fait depuis tout lautomne quon soccupe de ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, on ne découvre pas, cest vous qui découvrez.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, ça ce nest pas vrai, Jean-Jacques, ça fait depuis tout lautomne quavec Thierry MARIANI on soccupe de ce sujet. Lhistoire cest que SEAFRANCE a été régulièrement recapitalisée, il y a eu des prêts, des avances de la SNCF, et en septembre on a proposé un plan pour relancer SEAFRANCE avec des investissements de la SNCF. Ce plan a été refusé par Bruxelles au titre des aides dEtat, à la fin du mois doctobre, et donc Bruxelles nous a dit « vous ne pouvez pas »
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien oui, société de droit privé, vous ne pouvez pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET « Vous Etat, ou SNCF, vous ne pouvez pas investir directement dans SEAFRANCE. » A partir de là il restait deux solutions, soit un investisseur privé
JEAN-JACQUES BOURDIN Louis Dreyfus.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Louis Dreyfus, par exemple, soit ce quon appelle une SCOP, une société coopérative donc, les nouvelles solutions quon est en train dexplorer. La solution de linvestisseur privé a été rejetée par les syndicats, ce que nous avons regretté avec Thierry MARIANI. Il y a eu trois rendez-vous organisés entre les syndicats et un investisseur privé, Louis Dreyfus Armateurs, qui proposait quand même de reprendre 600 des 800 et quelques emplois. Ces trois rendez-vous, les syndicats ne sont pas venus, ils nont pas voulu être présents, ils nont pas voulu discuter avec le repreneur privé. A partir de là il ny avait plus sur la table quune seule proposition, qui est une proposition difficile, parce que cest une proposition de coopérative ouvrière et il faut la financer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors on va entrer dans le détail
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors, cette proposition nest pas viable dans la version initiale, dans laquelle en fait il y avait 100 000 euros de capital pour 50 millions à trouver. Ce que nous proposons aujourdhui, et ce nest pas gagné, ce nest pas évident, ce nest pas facile, mais cest la seule solution qui reste, si les syndicats ne veulent pas dun repreneur privé. Ce que nous proposons puisque lEtat ne peut pas investir directement, ce qui était notre solution initiale, mais ce que nous proposons aujourdhui cest de donner les moyens aux salariés, puisque cest ce quils souhaitent, parce que dès le mois doctobre cest ça quils avaient demandé, de donner les moyens aux salariés dinvestir dans la coopérative, leur donner les moyens individuellement, et après cest leur choix dinvestir dans la coopérative et de prendre en main leur destin.
JEAN-JACQUES BOURDIN Soyons concrets.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, eh bien cest concret là, je vous parle dargent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Là vous êtes concrète, mais moi jai des questions concrètes à vous poser. Si jai bien compris, la SNCF, qui est propriétaire, va aider ces salariés à créer leur fameuse SCOP, à travers une indemnisation de licenciements élevée, anormalement élevée, on est bien daccord ? A quelle hauteur
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Le terme « anormalement »
JEAN-JACQUES BOURDIN 50, 60 000 euros par salariés ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, le terme « anormalement » est critiquable. Cest ce quon appelle une indemnisation extra légale. Dans une indemnisation vous avez une base, la base légale, et puis lentreprise peut aller au-delà. Ce que le président de la République
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon. La SNCF va verser combien à chaque salarié ? Est prête à verser combien ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A suggéré dans une réunion hier à lElysée, cest quon demande à la SNCF de faire un effort exceptionnel.
JEAN-JACQUES BOURDIN Combien par salarié ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous avez cité la fourchette de cet effort exceptionnel
JEAN-JACQUES BOURDIN 50, 60 000 euros.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On est en train de regarder précisément les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN Autour de 50 000 à 60 000 euros par salarié.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dans cet ordre-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN En espérant que chaque salarié va verser cet argent à la SCOP.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jean-Jacques BOURDIN, cest la clé du sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh oui cest la clé !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest que nous ne pouvons pas, dans ce contexte dinterdiction des aides dEtat - que nous contestons au passage, nous avons fait appel de la décision de Bruxelles, mais lappel nest pas suspensif nous ne pouvons pas, nous Etat ou SNCF, investir directement dans lentreprise, donc nous ne pouvons pas dire aux salariés « on vous donne des indemnités seulement si vous les investissez dans la SCOP », ça ce nest pas légal. Ce que nous pouvons faire cest donner les moyens aux salariés dinvestir dans la SCOP, mais ça relève de leur responsabilité, de leur choix. Cest leur choix. Et dailleurs cest le principe dune coopérative ouvrière, personne ne vous oblige à entrer dans une coopérative ouvrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous savez ce que nous ont dit déjà les syndicats ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Nous donnons les moyens aux salariés daller vers la coopérative ouvrière et après cest leur choix.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez ce que nous disent les syndicats, les salariés ? On ne versera pas nos indemnités dans la SCOP. La plupart, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Mais vous le savez.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, attendez Jean-Jacques BOURDIN. Dabord, dès le mois doctobre cétait la solution qui était demandée par les salariés, qui disaient « nous ne voulons pas discuter avec le repreneur privé, nous voulons avoir les moyens de faire une coopérative ouvrière. » Aujourdhui on leur donne les moyens, il faudrait savoir. La deuxième chose cest que nous sommes dans un espace juridique extrêmement contraint, dans lequel nous ne pouvons pas investir largent directement. Donc vous pouvez trouver que cest fragile, en effet, ça a sa part de fragilité, le problème nest pas résolu. Nous proposons une solution, ça ne veut pas dire que la solution est acquise.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, mais je vais jusquau bout de la solution que vous proposez. La SNCF va devoir racheter les bateaux, si jai bien compris
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest plus compliqué que ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et relouer ces bateaux à une somme modique à la SCOP, la coopérative ouvrière.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors Jean-Jacques, cest un petit peu plus compliqué que ça parce que la SNCF aujourdhui est créancière de la SCOP, donc si la liquidation est prononcée, à la barre du tribunal, la SNCF, comme première créancière de la SCOP, peut demander, pour être payée, à se voir attribuer les bateaux. Donc cest un rachat un peu particulier, un rachat à la barre du tribunal, et cest ce que nous proposons que la SNCF fasse pour que la SCOP puisse continuer à bénéficier des bateaux, quelle naura pas les moyens de racheter.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais dites-moi, franchement, honnêtement, vous croyez à la viabilité de ce que propose la SCOP ? Je vous pose la question franchement.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dabord je crois que dans un contexte dans lequel la solution proposée par lEtat dinvestissement direct, retoquée par Bruxelles, puis la solution proposée par un armateur privé, de reprise, retoquée par les salariés eux-mêmes, cest la seule solution qui reste, et on doit tout essayer pour sauver les emplois. Je vous rappelle que cest un bassin demplois extrêmement sinistré, dans lequel ça ne sera pas facile de retrouver un emploi pour les salariés, que les familles, pour beaucoup dentre elles
JEAN-JACQUES BOURDIN Je croyais quon devait former les chômeurs moi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Que les familles, pour beaucoup dentre elles, ne veulent pas bouger, c'est-à-dire que la SNCF est prête à proposer des emplois, mais tout le monde ne peut pas être chef de gare à Calais, donc pour certains il faudrait bouger, et ce sont des familles qui sont très attachées à leur région, qui ne veulent pas bouger, pour beaucoup dentre elles. Donc si vous voulez, ça ne sera pas facile, et en plus moi je crois au capitalisme coopératif, c'est-à-dire que je crois à lidée que quand vous participez
JEAN-JACQUES BOURDIN Deux mille SCOP en France.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, parce que ce nest pas tellement dans notre culture, et peut-être que cest une erreur
JEAN-JACQUES BOURDIN Et des entreprises, toujours très petites entreprises.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et peut-être que cest une erreur, parce que cest un dispositif extrêmement innovant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc lEtat peut tout ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET LEtat peut donner les moyens aux Français, en loccurrence à ces salariés, de prendre en main leur destin. Après ça reste, ça devient en quelque sorte leur première responsabilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN La SNCF endettée, qui augmente ses tarifs, a le devoir
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais vous préférez quoi Jean-Jacques BOURDIN ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Quon donne des indemnités
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais moi je ne préfère rien, je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour que les gens soient au chômage, ou quon les majore un peu pour leur donner les moyens de garder leur emploi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais moi je vous pose la question, simplement.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je vous réponds, je préfère quon les majore un peu pour leur donner les moyens de garder leur emploi, même si, cest vrai, cest difficile. Je ne vous dis pas quon a trouvé la solution dun coup de baguette magique, je vous dis quon donne les moyens aux salariés de la trouver, même si ce nest pas facile, même sil faut quils fassent des choix, même si je sais
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest le coup de Gandrange ça, « je ne vous laisserai pas tomber », cest ce que disait Nicolas SARKOZY.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Même si je sais quil y en a qui sont hésitants et qui se disent « ça manque dun management, ce nest pas sûr, comment ça va se passer cette SCOP, est-ce quon ne ferait pas mieux »
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous trouvez que cest viable ? Est-ce que le projet de SCOP est viable, franchement ? Je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je crois que quand on est propriétaire de son entreprise, on na pas la même attitude
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc cest viable ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et que donc il peut se passer des choses. Si vous voulez, vous ne pouvez pas juger
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous y croyez, cest viable ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui ; vous ne pouvez pas juger de ce que serait le fonctionnement dune société coopérative à partir de ce qua été le fonctionnement de la société précédente.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça a été mal géré par la SNCF quoi, si jai bien compris, SEAFRANCE.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais ce nest pas du tout la même gestion de toute façon. Ce nest pas la même chose quand vous êtes salarié et que vous travaillez pour un employeur, et quand vous travaillez pour vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non seulement la SNCF va payer, mais la SNCF est obligée davaler son chapeau, ça fait beaucoup quand même !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais non, mais la SNCF cest une grande entreprise, et la SNCF, je pense, sera heureuse que les indemnités chômage, fusent-elles majorées, participent de la création ou du maintien demplois plutôt que dêtre de simples indemnités chômage. Que ce ne soit pas une impasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, alors je vais finir sur ce projet
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jean-Jacques, je ne vous dis pas cest gagné, mais je vous dis
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non, moi jespère que ça va réussir.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dans les coups difficiles, quand on joue perdant on a peut-être plus de chance de gagner, mais cest quand même bien triste, et moi, sur cette affaire-là, jai envie de jouer gagnant avec les salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et on est à 3,5 mois de lélection présidentielle.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On leur donne la possibilité de prendre en main leur destin, ça ne veut pas dire que cest gagné, mais au moins il y a une chance.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors moi je vais quand même quest-ce que vous avez dit à Thierry MARIANI, votre ministre des Transports, qui disait vendredi, à propos de cette SCOP, « on est dans le jusquau-boutisme, je dirai même du fanatisme qui nous mène au suicide collectif » ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vendredi, Thierry a dénoncé, comme je lai fait tout à lheure, et je continuerai à le dire, le fait que les représentants des salariés naient pas voulu même discuter
JEAN-JACQUES BOURDIN Il ne parlait pas de la SCOP ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Avec le repreneur privé.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il parlait de la SCOP, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Parce que la SCOP, dans cette situation-là, fait suite au fait que les représentants des salariés nont pas voulu discuter avec le repreneur privé. Comprenez la situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, il ny croyait pas vendredi et il y croit lundi !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pas du tout. On a un projet
JEAN-JACQUES BOURDIN Le gouvernement ny croyait pas vendredi, il y croit lundi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous me laissez expliquer. On a un projet de reprise, enfin de réinvestissement de lEtat, qui est retoqué, là par Bruxelles, on fait appel, mais lappel nest pas suspensif, après on a un projet de réinvestissement dun privé, dinvestissement dun privé, qui lui est retoqué par les syndicats. On se retrouve dans le projet de la SCOP, et là on est en face dun début dinstrumentalisation politique avec quelquun comme Benoît HAMON qui dit, un peu genre dame patronnesse, « eh bien écoutez, moi je vais investir 100 euros de ma poche. » Il faut 50 millions. Ce nest pas raisonnable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non mais daccord
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ce nest pas sérieux. Eh bien ce quon propose aujourdhui cest de prendre les salariés au mot, et de dire voilà, il ny a plus dautre solution, une a été retoquée par Bruxelles, lautre, le privé, vous nen navez pas voulu, il nen reste quune. Ce nétait pas forcément notre solution préférée, mais cest celle que vous voulez, il nen reste quune, on vous donne les moyens de la tenter, on vous donne les moyens de jouer le coup.
JEAN-JACQUES BOURDIN Que les salariés soient prêts à verser leurs indemnités dans cette affaire. Nous verrons bien, 8H43, on va parler dautre chose.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais Jean-Jacques, vous proposez quoi ? Non mais attendez, ça mintéresse. Vous proposez quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non mais moi, attendez, vous voulez que je vous dise, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous proposez de fermer et puis cest tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non, mais attendez, moi je ne suis pas responsable politique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais je vous pose la question, parce que là je vous ai dit, je lespère assez clairement, les différents termes du problème
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi je nai pas de solution, vous connaissez parfaitement mieux le sujet que moi, vous avez des solutions que je nai pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Eh bien je vous ai dit de manière très transparente les différents termes du problème, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN Très bien, mais nous verrons si votre projet est viable ou pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Comme les autres solutions ne sont plus possibles, sil ny a pas la SCOP, il y a quoi ? Il ny a rien. Donc on essaye la SCOP.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, vous essayez, tant mieux. Si ça marche, tant mieux. 8H44, on va parler dautre chose, on va parler des centrales nucléaires. Aujourdhui il y a le rapport, si jai bien compris, des fameux stress-tests, cest bien ça ? Tout à lheure.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, de lAutorité de Sûreté Nucléaire.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 16 janvier 2012
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Liquidation, si jai bien compris.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, il y a déjà déjà ça, il y a une histoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Liquidation judiciaire.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Parce que vous le découvrez maintenant, mais en fait ça fait depuis tout lautomne quon soccupe de ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, on ne découvre pas, cest vous qui découvrez.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, ça ce nest pas vrai, Jean-Jacques, ça fait depuis tout lautomne quavec Thierry MARIANI on soccupe de ce sujet. Lhistoire cest que SEAFRANCE a été régulièrement recapitalisée, il y a eu des prêts, des avances de la SNCF, et en septembre on a proposé un plan pour relancer SEAFRANCE avec des investissements de la SNCF. Ce plan a été refusé par Bruxelles au titre des aides dEtat, à la fin du mois doctobre, et donc Bruxelles nous a dit « vous ne pouvez pas »
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien oui, société de droit privé, vous ne pouvez pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET « Vous Etat, ou SNCF, vous ne pouvez pas investir directement dans SEAFRANCE. » A partir de là il restait deux solutions, soit un investisseur privé
JEAN-JACQUES BOURDIN Louis Dreyfus.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Louis Dreyfus, par exemple, soit ce quon appelle une SCOP, une société coopérative donc, les nouvelles solutions quon est en train dexplorer. La solution de linvestisseur privé a été rejetée par les syndicats, ce que nous avons regretté avec Thierry MARIANI. Il y a eu trois rendez-vous organisés entre les syndicats et un investisseur privé, Louis Dreyfus Armateurs, qui proposait quand même de reprendre 600 des 800 et quelques emplois. Ces trois rendez-vous, les syndicats ne sont pas venus, ils nont pas voulu être présents, ils nont pas voulu discuter avec le repreneur privé. A partir de là il ny avait plus sur la table quune seule proposition, qui est une proposition difficile, parce que cest une proposition de coopérative ouvrière et il faut la financer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors on va entrer dans le détail
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors, cette proposition nest pas viable dans la version initiale, dans laquelle en fait il y avait 100 000 euros de capital pour 50 millions à trouver. Ce que nous proposons aujourdhui, et ce nest pas gagné, ce nest pas évident, ce nest pas facile, mais cest la seule solution qui reste, si les syndicats ne veulent pas dun repreneur privé. Ce que nous proposons puisque lEtat ne peut pas investir directement, ce qui était notre solution initiale, mais ce que nous proposons aujourdhui cest de donner les moyens aux salariés, puisque cest ce quils souhaitent, parce que dès le mois doctobre cest ça quils avaient demandé, de donner les moyens aux salariés dinvestir dans la coopérative, leur donner les moyens individuellement, et après cest leur choix dinvestir dans la coopérative et de prendre en main leur destin.
JEAN-JACQUES BOURDIN Soyons concrets.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, eh bien cest concret là, je vous parle dargent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Là vous êtes concrète, mais moi jai des questions concrètes à vous poser. Si jai bien compris, la SNCF, qui est propriétaire, va aider ces salariés à créer leur fameuse SCOP, à travers une indemnisation de licenciements élevée, anormalement élevée, on est bien daccord ? A quelle hauteur
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Le terme « anormalement »
JEAN-JACQUES BOURDIN 50, 60 000 euros par salariés ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, le terme « anormalement » est critiquable. Cest ce quon appelle une indemnisation extra légale. Dans une indemnisation vous avez une base, la base légale, et puis lentreprise peut aller au-delà. Ce que le président de la République
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon. La SNCF va verser combien à chaque salarié ? Est prête à verser combien ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A suggéré dans une réunion hier à lElysée, cest quon demande à la SNCF de faire un effort exceptionnel.
JEAN-JACQUES BOURDIN Combien par salarié ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous avez cité la fourchette de cet effort exceptionnel
JEAN-JACQUES BOURDIN 50, 60 000 euros.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On est en train de regarder précisément les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN Autour de 50 000 à 60 000 euros par salarié.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dans cet ordre-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN En espérant que chaque salarié va verser cet argent à la SCOP.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jean-Jacques BOURDIN, cest la clé du sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh oui cest la clé !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest que nous ne pouvons pas, dans ce contexte dinterdiction des aides dEtat - que nous contestons au passage, nous avons fait appel de la décision de Bruxelles, mais lappel nest pas suspensif nous ne pouvons pas, nous Etat ou SNCF, investir directement dans lentreprise, donc nous ne pouvons pas dire aux salariés « on vous donne des indemnités seulement si vous les investissez dans la SCOP », ça ce nest pas légal. Ce que nous pouvons faire cest donner les moyens aux salariés dinvestir dans la SCOP, mais ça relève de leur responsabilité, de leur choix. Cest leur choix. Et dailleurs cest le principe dune coopérative ouvrière, personne ne vous oblige à entrer dans une coopérative ouvrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous savez ce que nous ont dit déjà les syndicats ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Nous donnons les moyens aux salariés daller vers la coopérative ouvrière et après cest leur choix.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez ce que nous disent les syndicats, les salariés ? On ne versera pas nos indemnités dans la SCOP. La plupart, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Mais vous le savez.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, attendez Jean-Jacques BOURDIN. Dabord, dès le mois doctobre cétait la solution qui était demandée par les salariés, qui disaient « nous ne voulons pas discuter avec le repreneur privé, nous voulons avoir les moyens de faire une coopérative ouvrière. » Aujourdhui on leur donne les moyens, il faudrait savoir. La deuxième chose cest que nous sommes dans un espace juridique extrêmement contraint, dans lequel nous ne pouvons pas investir largent directement. Donc vous pouvez trouver que cest fragile, en effet, ça a sa part de fragilité, le problème nest pas résolu. Nous proposons une solution, ça ne veut pas dire que la solution est acquise.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, mais je vais jusquau bout de la solution que vous proposez. La SNCF va devoir racheter les bateaux, si jai bien compris
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest plus compliqué que ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et relouer ces bateaux à une somme modique à la SCOP, la coopérative ouvrière.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors Jean-Jacques, cest un petit peu plus compliqué que ça parce que la SNCF aujourdhui est créancière de la SCOP, donc si la liquidation est prononcée, à la barre du tribunal, la SNCF, comme première créancière de la SCOP, peut demander, pour être payée, à se voir attribuer les bateaux. Donc cest un rachat un peu particulier, un rachat à la barre du tribunal, et cest ce que nous proposons que la SNCF fasse pour que la SCOP puisse continuer à bénéficier des bateaux, quelle naura pas les moyens de racheter.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais dites-moi, franchement, honnêtement, vous croyez à la viabilité de ce que propose la SCOP ? Je vous pose la question franchement.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dabord je crois que dans un contexte dans lequel la solution proposée par lEtat dinvestissement direct, retoquée par Bruxelles, puis la solution proposée par un armateur privé, de reprise, retoquée par les salariés eux-mêmes, cest la seule solution qui reste, et on doit tout essayer pour sauver les emplois. Je vous rappelle que cest un bassin demplois extrêmement sinistré, dans lequel ça ne sera pas facile de retrouver un emploi pour les salariés, que les familles, pour beaucoup dentre elles
JEAN-JACQUES BOURDIN Je croyais quon devait former les chômeurs moi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Que les familles, pour beaucoup dentre elles, ne veulent pas bouger, c'est-à-dire que la SNCF est prête à proposer des emplois, mais tout le monde ne peut pas être chef de gare à Calais, donc pour certains il faudrait bouger, et ce sont des familles qui sont très attachées à leur région, qui ne veulent pas bouger, pour beaucoup dentre elles. Donc si vous voulez, ça ne sera pas facile, et en plus moi je crois au capitalisme coopératif, c'est-à-dire que je crois à lidée que quand vous participez
JEAN-JACQUES BOURDIN Deux mille SCOP en France.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, parce que ce nest pas tellement dans notre culture, et peut-être que cest une erreur
JEAN-JACQUES BOURDIN Et des entreprises, toujours très petites entreprises.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et peut-être que cest une erreur, parce que cest un dispositif extrêmement innovant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc lEtat peut tout ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET LEtat peut donner les moyens aux Français, en loccurrence à ces salariés, de prendre en main leur destin. Après ça reste, ça devient en quelque sorte leur première responsabilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN La SNCF endettée, qui augmente ses tarifs, a le devoir
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais vous préférez quoi Jean-Jacques BOURDIN ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Quon donne des indemnités
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais moi je ne préfère rien, je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour que les gens soient au chômage, ou quon les majore un peu pour leur donner les moyens de garder leur emploi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais moi je vous pose la question, simplement.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je vous réponds, je préfère quon les majore un peu pour leur donner les moyens de garder leur emploi, même si, cest vrai, cest difficile. Je ne vous dis pas quon a trouvé la solution dun coup de baguette magique, je vous dis quon donne les moyens aux salariés de la trouver, même si ce nest pas facile, même sil faut quils fassent des choix, même si je sais
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest le coup de Gandrange ça, « je ne vous laisserai pas tomber », cest ce que disait Nicolas SARKOZY.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Même si je sais quil y en a qui sont hésitants et qui se disent « ça manque dun management, ce nest pas sûr, comment ça va se passer cette SCOP, est-ce quon ne ferait pas mieux »
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous trouvez que cest viable ? Est-ce que le projet de SCOP est viable, franchement ? Je vous pose la question.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je crois que quand on est propriétaire de son entreprise, on na pas la même attitude
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc cest viable ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et que donc il peut se passer des choses. Si vous voulez, vous ne pouvez pas juger
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous y croyez, cest viable ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui ; vous ne pouvez pas juger de ce que serait le fonctionnement dune société coopérative à partir de ce qua été le fonctionnement de la société précédente.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça a été mal géré par la SNCF quoi, si jai bien compris, SEAFRANCE.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais ce nest pas du tout la même gestion de toute façon. Ce nest pas la même chose quand vous êtes salarié et que vous travaillez pour un employeur, et quand vous travaillez pour vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non seulement la SNCF va payer, mais la SNCF est obligée davaler son chapeau, ça fait beaucoup quand même !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais non, mais la SNCF cest une grande entreprise, et la SNCF, je pense, sera heureuse que les indemnités chômage, fusent-elles majorées, participent de la création ou du maintien demplois plutôt que dêtre de simples indemnités chômage. Que ce ne soit pas une impasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, alors je vais finir sur ce projet
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jean-Jacques, je ne vous dis pas cest gagné, mais je vous dis
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non, moi jespère que ça va réussir.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dans les coups difficiles, quand on joue perdant on a peut-être plus de chance de gagner, mais cest quand même bien triste, et moi, sur cette affaire-là, jai envie de jouer gagnant avec les salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et on est à 3,5 mois de lélection présidentielle.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On leur donne la possibilité de prendre en main leur destin, ça ne veut pas dire que cest gagné, mais au moins il y a une chance.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors moi je vais quand même quest-ce que vous avez dit à Thierry MARIANI, votre ministre des Transports, qui disait vendredi, à propos de cette SCOP, « on est dans le jusquau-boutisme, je dirai même du fanatisme qui nous mène au suicide collectif » ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vendredi, Thierry a dénoncé, comme je lai fait tout à lheure, et je continuerai à le dire, le fait que les représentants des salariés naient pas voulu même discuter
JEAN-JACQUES BOURDIN Il ne parlait pas de la SCOP ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Avec le repreneur privé.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il parlait de la SCOP, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Parce que la SCOP, dans cette situation-là, fait suite au fait que les représentants des salariés nont pas voulu discuter avec le repreneur privé. Comprenez la situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, il ny croyait pas vendredi et il y croit lundi !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pas du tout. On a un projet
JEAN-JACQUES BOURDIN Le gouvernement ny croyait pas vendredi, il y croit lundi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous me laissez expliquer. On a un projet de reprise, enfin de réinvestissement de lEtat, qui est retoqué, là par Bruxelles, on fait appel, mais lappel nest pas suspensif, après on a un projet de réinvestissement dun privé, dinvestissement dun privé, qui lui est retoqué par les syndicats. On se retrouve dans le projet de la SCOP, et là on est en face dun début dinstrumentalisation politique avec quelquun comme Benoît HAMON qui dit, un peu genre dame patronnesse, « eh bien écoutez, moi je vais investir 100 euros de ma poche. » Il faut 50 millions. Ce nest pas raisonnable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non mais daccord
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ce nest pas sérieux. Eh bien ce quon propose aujourdhui cest de prendre les salariés au mot, et de dire voilà, il ny a plus dautre solution, une a été retoquée par Bruxelles, lautre, le privé, vous nen navez pas voulu, il nen reste quune. Ce nétait pas forcément notre solution préférée, mais cest celle que vous voulez, il nen reste quune, on vous donne les moyens de la tenter, on vous donne les moyens de jouer le coup.
JEAN-JACQUES BOURDIN Que les salariés soient prêts à verser leurs indemnités dans cette affaire. Nous verrons bien, 8H43, on va parler dautre chose.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais Jean-Jacques, vous proposez quoi ? Non mais attendez, ça mintéresse. Vous proposez quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non mais moi, attendez, vous voulez que je vous dise, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous proposez de fermer et puis cest tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non non, mais attendez, moi je ne suis pas responsable politique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais je vous pose la question, parce que là je vous ai dit, je lespère assez clairement, les différents termes du problème
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi je nai pas de solution, vous connaissez parfaitement mieux le sujet que moi, vous avez des solutions que je nai pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Eh bien je vous ai dit de manière très transparente les différents termes du problème, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN Très bien, mais nous verrons si votre projet est viable ou pas.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Comme les autres solutions ne sont plus possibles, sil ny a pas la SCOP, il y a quoi ? Il ny a rien. Donc on essaye la SCOP.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, vous essayez, tant mieux. Si ça marche, tant mieux. 8H44, on va parler dautre chose, on va parler des centrales nucléaires. Aujourdhui il y a le rapport, si jai bien compris, des fameux stress-tests, cest bien ça ? Tout à lheure.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, de lAutorité de Sûreté Nucléaire.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 16 janvier 2012