Texte intégral
Monsieur le ministre des Outre-Mer, cher Victorin, Monsieur le ministre des Relations avec le Parlement, cher Alain, Mesdames, Messieurs les parlementaires députés et sénateurs , je suis vraiment heureux de vous recevoir cet après-midi, après la séance des « Questions au gouvernement » à lAssemblée nationale, ici, à lhôtel Matignon. Jai souhaité, en effet, sans plus attendre, rencontrer rapidement lensemble des parlementaires des outre-mer afin de prolonger et de préciser ce que jai dit, en effet, lors de mon discours de politique générale le 3 juillet dernier.
Cette rencontre, dabord, cest loccasion, pour les députés réélus ou nouvellement élus, de vous adresser mes plus sincères félicitations. Votre succès est le résultat est de votre présence et de votre travail sur le terrain. Mais désormais, le temps des campagnes électorales est derrière nous et le gouvernement est en marche, est en ordre de marche pour mettre en uvre les engagements du président de la République, ses soixante propositions, sans oublier les trente engagements spécifiques pour loutre-mer.
Jai souhaité vous inviter tous députés de la majorité comme de lopposition, sénateurs de la majorité comme de lopposition pour une rencontre républicaine et pour marquer ainsi la volonté du gouvernement de considérer toutes les outre-mer comme partie intégrante de la République. Et donc cest ce premier message que je souhaitais vous adresser aujourd'hui et aussi de vous dire que le gouvernement nentend pas, pour réussir, agir seul comme vient de le rappeler Victorin LUREL.
Jai conscience, en effet, que nous devons travailler tous ensemble à lavenir de tous les territoires. Les élus des territoires et le Parlement et je my engage seront étroitement associés à lélaboration de la politique en faveur des outre-mer, ainsi quà son évaluation.
Alain VIDALIES, sans tarder, a agi pour que, dès le début de la législature, le gouvernement apporte son appui à la création dune délégation aux outre-mer à lAssemblée nationale, à linstar de ce qui existe déjà au Sénat, dont chacun dailleurs reconnaît lutilité et lefficacité. Ces deux délégations doivent être le lieu privilégié, dans chacune de nos Assemblées, pour le débat sur les politiques publiques menées dans les outre-mer.
Mesdames, Messieurs les députés, Mesdames, Messieurs les sénateurs, les politiques gouvernementales pour les outre-mer, ces dernières années, ont été souvent construites en réaction à des crises sociales graves et qui se sont malheureusement répétées dans les départements doutre-mer en 2009 puis à Mayotte en 2011 et encore récemment en ce début dannée à la Réunion. Alors, agir, ce nest pas seulement réagir. Il faut réagir ! Mais aujourd'hui, le diagnostic, il est connu, on na pas à le refaire sans cesse. Il est donc temps de prendre des mesures de fond dont je souhaite quelles soient marquées par la justice et lefficacité. Cest la base de la confiance.
Ce matin, en effet, au Conseil des ministres, Victorin LUREL a présenté une communication sur la politique de lutte contre la vie chère. Il a dailleurs eu loccasion, grâce à plusieurs questions cet après-midi à lAssemblée nationale, de redire lorientation du gouvernement. Je sais que pour les outre-mer, cest un enjeu essentiel. Nous avons souhaité agir vite, dès la mise en place du gouvernement, parce que nous savons bien que cest maintenant quil faut démarrer pour inscrire les changements dans la durée. Parce quil y a, bien sûr, des mesures durgence à prendre mais il y a beaucoup de réformes structurelles à engager dont certaines demanderont du temps pour produire des effets concrets et surtout qui soient perceptibles par nos concitoyens. Cest là la difficulté souvent de laction publique ! Comment faire face aux impatiences et comment répondre à ces impatiences en apportant des réponses qui seront efficaces durablement ?
Pour ma part, je considère que cette méthode est la seule voie possible pour changer vraiment les économies ultramarines. Donc, des actions ponctuelles, oui, mais ça ne suffira pas. ça peut parfois apaiser pour répondre à certaines insatisfactions mais on sait quon ne fait que reporter les difficultés de fond. Cest ce que vous mavez dit lorsque jétais dans lopposition comme président de groupe parlementaire. Je le dis à mes collègues qui sont là mais dautres dont je fais la connaissance et dautres formations politiques, vous avez souvent dit et redit cela, quil fallait agir en profondeur. Et cest pour cela que jai demandé à Victorin LUREL de présenter le projet de loi relatif à la régulation économique outre-mer dès le mois de septembre pour une première lecture de ce projet par le Parlement avant la fin de lannée.
Notre gouvernement entend faire évoluer durablement les économies des départements et régions doutre-mer car elles souffrent trop dun manque de concurrence et de transparence. Je lai déclaré le 3 juillet à lAssemblée nationale, légalité entre tous les territoires de la République exige que la politique gouvernementale sy applique avec force autour de trois priorités qui sont la lutte contre la vie chère nous venons den parler tous les deux , mais aussi la jeunesse et lemploi. Tous les ministères devront travailler à la mise en uvre des politiques nationales dans les outre-mer. Tous les ministères devront veiller à adapter leurs propositions aux besoins réels de nos territoires, en lien avec le ministre des Outre-Mer, Victorin LUREL. Jai donc demandé à chacun des membres du gouvernement de désigner, en effet, un correspondant pour les outre-mer dans chacun des cabinets.
Jai parlé de la jeunesse et je voudrais insister sur lécole. Lécole qui est la priorité de mon gouvernement avec un objectif qui est la réussite éducative. Pas seulement la réussite scolaire, la réussite éducative, avec une priorité à linsertion durable des jeunes dans lemploi. Trop déchecs et parfois, sur certains territoires plus encore quailleurs ne doivent pas nous conduire à la résignation, comme une forme de fatalité qui finit par démoraliser et décourager tout le monde les jeunes eux-mêmes dabord mais aussi leurs familles.
Cest pour ça quil faut agir avec des engagements très concrets, les Emplois dAvenir. Le gouvernement prépare ce projet de loi qui sera adopté par le Conseil des ministres pour quil soit à lordre du jour de la session doctobre. Cent cinquante mille Emplois dAvenir dont cent mille dès la première année, dès cette année. Ça veut dire un effort massif, beaucoup de travail, beaucoup de partenariats et là où le taux de chômage est le plus élevé en priorité. Et donc je compte aussi sur la démarche que nous allons engager avec les collectivités territoriales et particulièrement les régions pour contractualiser, se fixer en commun des objectifs pour que les populations voient les résultats concrètement et là, sagissant en particulier des jeunes. Mais les jeunes, lorsquils ont une solution, ce sont les familles aussi qui retrouvent la confiance.
À la conférence sociale des 9 et 10 juillet, beaucoup de chantiers ont été ouverts et qui devront déboucher par la voie de la négociation. Il en est du contrat de génération qui est aussi un des engagements du président de la République où les partenaires sociaux puisque cest par la voie de la négociation que nous pourrons mettre en uvre ces contrats (maintien dun senior dans lemploi, embauche dun jeune) Eh bien cette négociation va commencer très rapidement pour que les résultats, là aussi, soient concrets très vite.
En ce qui concerne le logement, je connais les besoins importants, plus important sûrement en matière de logement social outre-mer, pour des populations dont le revenu moyen est moins élevé que dans lHexagone. La feuille de route présentée en Conseil des ministres par la ministre de lÉgalité des Territoires et du Logement, sappliquera pleinement dans les départements doutre-mer. Je peux vous assurer que la ligne budgétaire unique nous sommes en préparation de la loi de finances 2013 et je sais que vous êtes très attentifs à cela et vous avez raison , la ligne budgétaire unique redeviendra linstrument prioritaire du financement du logement social.
Une autre préoccupation très forte des ultramarins, cest linsécurité et en particulier la montée de la délinquance violente, encore ces derniers jours, ces dernières heures, je dirais même. Je veux simplement vous dire ma conviction que la lutte contre la délinquance appelle, là aussi, des actions de fond qui doivent sinscrire aussi dans la durée. La politique des annonces ou des coups médiatiques, cest fini parce que ça ne donne pas de résultat concret. La police et la gendarmerie, qui ont toute ma confiance, doivent être animées, pour agir efficacement, dune implacable détermination. Elles seront pleinement soutenues par le gouvernement dans laccomplissement de leurs missions.
Et ma seconde conviction, cest que les forces de sécurité intérieure ne peuvent rien si elles travaillent seules. Les partenariats avec les collectivités locales, les collectivités territoriales dans leur ensemble et tous les autres acteurs de la lutte contre la délinquance doivent être amplifiés. Mais vous connaissez comme moi la situation de notre pays. Le redressement de la France, cest aussi le redressement de ses comptes publics et, bien sûr, la réduction de son endettement. Leffort que nous avons commencé à engager en ce sens est très important. Nous lavons fait, nous le faisons plutôt encore ces prochains jours au Sénat pour la loi de finances rectificative. Mais comme la rappelé le président de la République, cet effort, que chaque Français a compris, qui était nécessaire, doit dabord être juste et cest ce qui inspire le gouvernement dans toutes ses propositions.
Ceux qui sont le plus en difficulté, ceux qui ont moins que les autres ne doivent pas être, encore une fois, les plus sollicités. Cela exige aussi que nous fixions des priorités. Oui, il ne sagit pas de dire oui à toutes les revendications, toutes les demandes parce que nous en serions incapables. Cest pour cela que dans la campagne des élections présidentielles mais depuis son installation, le gouvernement a relayé cela , nous avons indiqué les priorités de laction publique et il faut travailler sur ces priorités. Elles correspondent dailleurs aux préoccupations des outre-mer. Mais cest important je le disais il y a quelques instants , il faut aussi évaluer ce qui a déjà été engagé, ce qui a déjà été fait pour vérifier si cest bien efficace par rapport à lattente des populations, si cest bien efficace pour structurer un développement économique dynamique, si cest efficace pour lutter contre la vie chère, si cest efficace pour lutter contre la délinquance ou aussi, bien entendu, pour léducation.
Cest notre travail et cest votre travail de parlementaires et je compte sur ce travail dévaluation et de contrôle de laction publique. Vous avez la responsabilité de voter la loi mais vous avez aussi la responsabilité de contrôler lexécutif. Vous avez aussi la responsabilité de proposer et, notamment grâce aux deux délégations, je sais que vous ne manquerez pas de le faire.
En tout cas, ma conviction, cest que nous devons arrêter dajouter des mesures à des mesures. Et cest pour ça que la concertation avec vous, parlementaires, mais aussi avec lensemble des élus des territoires, mais aussi avec les forces économiques et sociales, nous devons établir les projets qui nous paraîtront les plus efficaces et aussi les plus justes.
En matière fiscale et sociale, la sécurisation des dispositifs et la stabilité dans le temps seront privilégiées tout simplement parce quelles répondent aussi à une demande de bon sens du monde économique. Il faut de la stabilité, il faut de la clarté pour quon ait la durée et que ceux qui veulent investir puissent le faire en confiance. Ces choix et ces priorités, nous les déterminerons également je lai dit avec les collectivités locales. Je sais que de nombreux gouvernements successifs ont fait le vu de la concertation. Vous me direz, ces mots ne sont pas nouveaux. De travailler en commun avec les collectivités, vous lavez déjà entendu.
Mais au fil des années et notamment le plus récentes, nous savons bien que le plus souvent, ces engagements nont été que dapparence. Et donc, moi, je ne vous demande pas un chèque en blanc, je ne vous demande pas de me faire confiance a priori. Vous jugerez sur pièce, je vous fais entièrement confiance, je connais votre vigilance et votre exigence. Mais je pense que nous navons pas le choix de procéder autrement. Cest notre responsabilité collective. En tout cas, moi, je sais par expérience que les élus des territoires sont ceux qui connaissent le mieux la population, sont ceux qui connaissent le mieux les difficultés, les problèmes, les attentes, mais ceux qui connaissent aussi le mieux les voies par lesquelles nous pouvons avancer, les solutions parce quil existe des initiatives, il existe de lénergie, de lintelligence, des capacités.
Et donc cest en mettant toutes ces forces-là en mouvement que nous pourrons avancer. Et ce qui fait que l??tat, même sil doit exprimer une volonté, un cap, des priorités, nimposera pas et agira dans le cadre de ses compétences avec les collectivités locales. En tout cas, je my engage ici devant vous.
Le ministre des Outre-Mer engagera rapidement une grande concertation avec lensemble des territoires sur les chantiers qui pourraient être lancés par lÉtat ou soutenus par lui. Ils sinscriront dans le cadre du programme dinvestissements publics sur lequel sest engagé le président de la République pour rattraper le retard des outre-mer en matière déquipements structurants. Les départements et les régions doutre-mer seront concernés comme les autres par le grand chantier de la décentralisation. Mais là aussi, de manière concertée, nous déterminerons les compétences que les collectivités ont vocation à exercer dans de meilleures conditions que lÉtat lui-même.
Larticle de loi instituant le conseiller territorial jai eu loccasion déjà de lannoncer dans ma déclaration de politique générale sera abrogé. Et vous savez quil devait aussi sappliquer à la Réunion et en Guadeloupe. Bien évidemment, le processus de création dune collectivité unique qui est engagé en Guyane mais aussi en Martinique après consultation des populations se poursuivra et lÉtat continuera à y accompagner les Conseils régionaux et généraux.
Les électeurs mahorais se sont également clairement exprimés en 2009, Mayotte est désormais un département. Je me félicite dailleurs de la décision du Conseil européen qui est intervenue le 11 juillet de faire accéder Mayotte au statut de région ultrapériphérique de lUnion européenne.
La départementalisation, vous en êtes conscients, est un processus progressif et adapté que lÉtat accompagnera. Je sais que la demande dégalité de nos compatriotes mahorais est forte et donc le gouvernement ne peut y être que très attentif. Je souhaite indiquer aux collectivités qui ont fait le choix de lautonomie que le gouvernement sera pleinement respectueux de leurs compétences. Je veux leur dire surtout que lautonomie ne conduira pas à lindifférence du gouvernement et encore moins à labandon que certaines parties de la population pourraient craindre. Ces territoires sont, je le répète, dans la république française et leurs populations sont des Français à part entière. LÉtat assumera donc ses responsabilités dans ces collectivités.
Ainsi, le gouvernement sengagera avec les élus polynésiens et les associations dans le travail de révision des modalités dapplication de la loi dite MORIN sur lindemnisation des victimes des essais nucléaires. Jajoute que le gouvernement sest très rapidement penché sur les conditions du redressement financier de la Polynésie française et de Saint-Martin. Il apportera son concours à la Polynésie française pour la mise en uvre du programme de réformes structurelles adopté par lAssemblée territoriale en juillet 2011. Nous accompagnerons la collectivité de Saint-Barthélemy dans ses relations avec lUnion européenne dans le cadre de son nouveau statut de pays et territoire doutre-mer. Le gouvernement est également attentif au développement du territoire de Wallis-et-Futuna, le ministre des Outre-Mer recevra, la semaine prochaine, les deux parlementaires pour un premier échange.
Je voudrais enfin adresser un mot aux élus de la Nouvelle-Calédonie. En tant que Premier ministre, jai une responsabilité particulière dans la mise en uvre de laccord de Nouméa. Dailleurs, lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre, javais eu lhonneur de laccompagner pour la signature de ces accords et je noublie pas cette visite. Et je tiens à vous dire ici que je ne faillirai pas à mon devoir dans la suite de ces engagements qui ont été pris par mes prédécesseurs. Je suis personnellement très attentif à ce que lÉtat tienne pleinement son rôle de partenaire mais aussi de point déquilibre. Ne doutez pas de ma détermination à ce que laccord soit respecté et appliqué dans toutes ses dimensions mais en totale transparence dans la fidélité à une approche fondée sur la recherche du consensus et dont nous savons bien que cétait la bonne méthode. À la fin de lannée, je présiderai, à Paris, un comité des signataires qui nous permettra de définir conjointement les prochaines étapes dans la mise en uvre de cet accord.
Mesdames, Messieurs les parlementaires, jai souhaité vous dire la détermination du gouvernement, vous indiquer la méthode de travail qui est la nôtre pour que chaque territoire des outre-mer puisse trouver les moyens de son développement et occupe toute sa place dans la République. Nos concitoyens vous ont fait confiance en tant que représentants mais ils ont fait confiance aussi au nouveau président de la République, au gouvernement, à la majorité. Eh bien cest à nous de ne pas les décevoir, de leur montrer que le choix quils ont fait, cest le bon. Cest une lourde responsabilité, jen suis conscient, mais pour lexercer, pour la mettre en uvre, je ne la ferai pas seul ni mes ministres ni le ministre des Outre-Mer avec le talent et la passion quon lui connaît, nous le ferons ensemble. Merci Mesdames, Messieurs les députés et sénateurs.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 juillet 2012
Cette rencontre, dabord, cest loccasion, pour les députés réélus ou nouvellement élus, de vous adresser mes plus sincères félicitations. Votre succès est le résultat est de votre présence et de votre travail sur le terrain. Mais désormais, le temps des campagnes électorales est derrière nous et le gouvernement est en marche, est en ordre de marche pour mettre en uvre les engagements du président de la République, ses soixante propositions, sans oublier les trente engagements spécifiques pour loutre-mer.
Jai souhaité vous inviter tous députés de la majorité comme de lopposition, sénateurs de la majorité comme de lopposition pour une rencontre républicaine et pour marquer ainsi la volonté du gouvernement de considérer toutes les outre-mer comme partie intégrante de la République. Et donc cest ce premier message que je souhaitais vous adresser aujourd'hui et aussi de vous dire que le gouvernement nentend pas, pour réussir, agir seul comme vient de le rappeler Victorin LUREL.
Jai conscience, en effet, que nous devons travailler tous ensemble à lavenir de tous les territoires. Les élus des territoires et le Parlement et je my engage seront étroitement associés à lélaboration de la politique en faveur des outre-mer, ainsi quà son évaluation.
Alain VIDALIES, sans tarder, a agi pour que, dès le début de la législature, le gouvernement apporte son appui à la création dune délégation aux outre-mer à lAssemblée nationale, à linstar de ce qui existe déjà au Sénat, dont chacun dailleurs reconnaît lutilité et lefficacité. Ces deux délégations doivent être le lieu privilégié, dans chacune de nos Assemblées, pour le débat sur les politiques publiques menées dans les outre-mer.
Mesdames, Messieurs les députés, Mesdames, Messieurs les sénateurs, les politiques gouvernementales pour les outre-mer, ces dernières années, ont été souvent construites en réaction à des crises sociales graves et qui se sont malheureusement répétées dans les départements doutre-mer en 2009 puis à Mayotte en 2011 et encore récemment en ce début dannée à la Réunion. Alors, agir, ce nest pas seulement réagir. Il faut réagir ! Mais aujourd'hui, le diagnostic, il est connu, on na pas à le refaire sans cesse. Il est donc temps de prendre des mesures de fond dont je souhaite quelles soient marquées par la justice et lefficacité. Cest la base de la confiance.
Ce matin, en effet, au Conseil des ministres, Victorin LUREL a présenté une communication sur la politique de lutte contre la vie chère. Il a dailleurs eu loccasion, grâce à plusieurs questions cet après-midi à lAssemblée nationale, de redire lorientation du gouvernement. Je sais que pour les outre-mer, cest un enjeu essentiel. Nous avons souhaité agir vite, dès la mise en place du gouvernement, parce que nous savons bien que cest maintenant quil faut démarrer pour inscrire les changements dans la durée. Parce quil y a, bien sûr, des mesures durgence à prendre mais il y a beaucoup de réformes structurelles à engager dont certaines demanderont du temps pour produire des effets concrets et surtout qui soient perceptibles par nos concitoyens. Cest là la difficulté souvent de laction publique ! Comment faire face aux impatiences et comment répondre à ces impatiences en apportant des réponses qui seront efficaces durablement ?
Pour ma part, je considère que cette méthode est la seule voie possible pour changer vraiment les économies ultramarines. Donc, des actions ponctuelles, oui, mais ça ne suffira pas. ça peut parfois apaiser pour répondre à certaines insatisfactions mais on sait quon ne fait que reporter les difficultés de fond. Cest ce que vous mavez dit lorsque jétais dans lopposition comme président de groupe parlementaire. Je le dis à mes collègues qui sont là mais dautres dont je fais la connaissance et dautres formations politiques, vous avez souvent dit et redit cela, quil fallait agir en profondeur. Et cest pour cela que jai demandé à Victorin LUREL de présenter le projet de loi relatif à la régulation économique outre-mer dès le mois de septembre pour une première lecture de ce projet par le Parlement avant la fin de lannée.
Notre gouvernement entend faire évoluer durablement les économies des départements et régions doutre-mer car elles souffrent trop dun manque de concurrence et de transparence. Je lai déclaré le 3 juillet à lAssemblée nationale, légalité entre tous les territoires de la République exige que la politique gouvernementale sy applique avec force autour de trois priorités qui sont la lutte contre la vie chère nous venons den parler tous les deux , mais aussi la jeunesse et lemploi. Tous les ministères devront travailler à la mise en uvre des politiques nationales dans les outre-mer. Tous les ministères devront veiller à adapter leurs propositions aux besoins réels de nos territoires, en lien avec le ministre des Outre-Mer, Victorin LUREL. Jai donc demandé à chacun des membres du gouvernement de désigner, en effet, un correspondant pour les outre-mer dans chacun des cabinets.
Jai parlé de la jeunesse et je voudrais insister sur lécole. Lécole qui est la priorité de mon gouvernement avec un objectif qui est la réussite éducative. Pas seulement la réussite scolaire, la réussite éducative, avec une priorité à linsertion durable des jeunes dans lemploi. Trop déchecs et parfois, sur certains territoires plus encore quailleurs ne doivent pas nous conduire à la résignation, comme une forme de fatalité qui finit par démoraliser et décourager tout le monde les jeunes eux-mêmes dabord mais aussi leurs familles.
Cest pour ça quil faut agir avec des engagements très concrets, les Emplois dAvenir. Le gouvernement prépare ce projet de loi qui sera adopté par le Conseil des ministres pour quil soit à lordre du jour de la session doctobre. Cent cinquante mille Emplois dAvenir dont cent mille dès la première année, dès cette année. Ça veut dire un effort massif, beaucoup de travail, beaucoup de partenariats et là où le taux de chômage est le plus élevé en priorité. Et donc je compte aussi sur la démarche que nous allons engager avec les collectivités territoriales et particulièrement les régions pour contractualiser, se fixer en commun des objectifs pour que les populations voient les résultats concrètement et là, sagissant en particulier des jeunes. Mais les jeunes, lorsquils ont une solution, ce sont les familles aussi qui retrouvent la confiance.
À la conférence sociale des 9 et 10 juillet, beaucoup de chantiers ont été ouverts et qui devront déboucher par la voie de la négociation. Il en est du contrat de génération qui est aussi un des engagements du président de la République où les partenaires sociaux puisque cest par la voie de la négociation que nous pourrons mettre en uvre ces contrats (maintien dun senior dans lemploi, embauche dun jeune) Eh bien cette négociation va commencer très rapidement pour que les résultats, là aussi, soient concrets très vite.
En ce qui concerne le logement, je connais les besoins importants, plus important sûrement en matière de logement social outre-mer, pour des populations dont le revenu moyen est moins élevé que dans lHexagone. La feuille de route présentée en Conseil des ministres par la ministre de lÉgalité des Territoires et du Logement, sappliquera pleinement dans les départements doutre-mer. Je peux vous assurer que la ligne budgétaire unique nous sommes en préparation de la loi de finances 2013 et je sais que vous êtes très attentifs à cela et vous avez raison , la ligne budgétaire unique redeviendra linstrument prioritaire du financement du logement social.
Une autre préoccupation très forte des ultramarins, cest linsécurité et en particulier la montée de la délinquance violente, encore ces derniers jours, ces dernières heures, je dirais même. Je veux simplement vous dire ma conviction que la lutte contre la délinquance appelle, là aussi, des actions de fond qui doivent sinscrire aussi dans la durée. La politique des annonces ou des coups médiatiques, cest fini parce que ça ne donne pas de résultat concret. La police et la gendarmerie, qui ont toute ma confiance, doivent être animées, pour agir efficacement, dune implacable détermination. Elles seront pleinement soutenues par le gouvernement dans laccomplissement de leurs missions.
Et ma seconde conviction, cest que les forces de sécurité intérieure ne peuvent rien si elles travaillent seules. Les partenariats avec les collectivités locales, les collectivités territoriales dans leur ensemble et tous les autres acteurs de la lutte contre la délinquance doivent être amplifiés. Mais vous connaissez comme moi la situation de notre pays. Le redressement de la France, cest aussi le redressement de ses comptes publics et, bien sûr, la réduction de son endettement. Leffort que nous avons commencé à engager en ce sens est très important. Nous lavons fait, nous le faisons plutôt encore ces prochains jours au Sénat pour la loi de finances rectificative. Mais comme la rappelé le président de la République, cet effort, que chaque Français a compris, qui était nécessaire, doit dabord être juste et cest ce qui inspire le gouvernement dans toutes ses propositions.
Ceux qui sont le plus en difficulté, ceux qui ont moins que les autres ne doivent pas être, encore une fois, les plus sollicités. Cela exige aussi que nous fixions des priorités. Oui, il ne sagit pas de dire oui à toutes les revendications, toutes les demandes parce que nous en serions incapables. Cest pour cela que dans la campagne des élections présidentielles mais depuis son installation, le gouvernement a relayé cela , nous avons indiqué les priorités de laction publique et il faut travailler sur ces priorités. Elles correspondent dailleurs aux préoccupations des outre-mer. Mais cest important je le disais il y a quelques instants , il faut aussi évaluer ce qui a déjà été engagé, ce qui a déjà été fait pour vérifier si cest bien efficace par rapport à lattente des populations, si cest bien efficace pour structurer un développement économique dynamique, si cest efficace pour lutter contre la vie chère, si cest efficace pour lutter contre la délinquance ou aussi, bien entendu, pour léducation.
Cest notre travail et cest votre travail de parlementaires et je compte sur ce travail dévaluation et de contrôle de laction publique. Vous avez la responsabilité de voter la loi mais vous avez aussi la responsabilité de contrôler lexécutif. Vous avez aussi la responsabilité de proposer et, notamment grâce aux deux délégations, je sais que vous ne manquerez pas de le faire.
En tout cas, ma conviction, cest que nous devons arrêter dajouter des mesures à des mesures. Et cest pour ça que la concertation avec vous, parlementaires, mais aussi avec lensemble des élus des territoires, mais aussi avec les forces économiques et sociales, nous devons établir les projets qui nous paraîtront les plus efficaces et aussi les plus justes.
En matière fiscale et sociale, la sécurisation des dispositifs et la stabilité dans le temps seront privilégiées tout simplement parce quelles répondent aussi à une demande de bon sens du monde économique. Il faut de la stabilité, il faut de la clarté pour quon ait la durée et que ceux qui veulent investir puissent le faire en confiance. Ces choix et ces priorités, nous les déterminerons également je lai dit avec les collectivités locales. Je sais que de nombreux gouvernements successifs ont fait le vu de la concertation. Vous me direz, ces mots ne sont pas nouveaux. De travailler en commun avec les collectivités, vous lavez déjà entendu.
Mais au fil des années et notamment le plus récentes, nous savons bien que le plus souvent, ces engagements nont été que dapparence. Et donc, moi, je ne vous demande pas un chèque en blanc, je ne vous demande pas de me faire confiance a priori. Vous jugerez sur pièce, je vous fais entièrement confiance, je connais votre vigilance et votre exigence. Mais je pense que nous navons pas le choix de procéder autrement. Cest notre responsabilité collective. En tout cas, moi, je sais par expérience que les élus des territoires sont ceux qui connaissent le mieux la population, sont ceux qui connaissent le mieux les difficultés, les problèmes, les attentes, mais ceux qui connaissent aussi le mieux les voies par lesquelles nous pouvons avancer, les solutions parce quil existe des initiatives, il existe de lénergie, de lintelligence, des capacités.
Et donc cest en mettant toutes ces forces-là en mouvement que nous pourrons avancer. Et ce qui fait que l??tat, même sil doit exprimer une volonté, un cap, des priorités, nimposera pas et agira dans le cadre de ses compétences avec les collectivités locales. En tout cas, je my engage ici devant vous.
Le ministre des Outre-Mer engagera rapidement une grande concertation avec lensemble des territoires sur les chantiers qui pourraient être lancés par lÉtat ou soutenus par lui. Ils sinscriront dans le cadre du programme dinvestissements publics sur lequel sest engagé le président de la République pour rattraper le retard des outre-mer en matière déquipements structurants. Les départements et les régions doutre-mer seront concernés comme les autres par le grand chantier de la décentralisation. Mais là aussi, de manière concertée, nous déterminerons les compétences que les collectivités ont vocation à exercer dans de meilleures conditions que lÉtat lui-même.
Larticle de loi instituant le conseiller territorial jai eu loccasion déjà de lannoncer dans ma déclaration de politique générale sera abrogé. Et vous savez quil devait aussi sappliquer à la Réunion et en Guadeloupe. Bien évidemment, le processus de création dune collectivité unique qui est engagé en Guyane mais aussi en Martinique après consultation des populations se poursuivra et lÉtat continuera à y accompagner les Conseils régionaux et généraux.
Les électeurs mahorais se sont également clairement exprimés en 2009, Mayotte est désormais un département. Je me félicite dailleurs de la décision du Conseil européen qui est intervenue le 11 juillet de faire accéder Mayotte au statut de région ultrapériphérique de lUnion européenne.
La départementalisation, vous en êtes conscients, est un processus progressif et adapté que lÉtat accompagnera. Je sais que la demande dégalité de nos compatriotes mahorais est forte et donc le gouvernement ne peut y être que très attentif. Je souhaite indiquer aux collectivités qui ont fait le choix de lautonomie que le gouvernement sera pleinement respectueux de leurs compétences. Je veux leur dire surtout que lautonomie ne conduira pas à lindifférence du gouvernement et encore moins à labandon que certaines parties de la population pourraient craindre. Ces territoires sont, je le répète, dans la république française et leurs populations sont des Français à part entière. LÉtat assumera donc ses responsabilités dans ces collectivités.
Ainsi, le gouvernement sengagera avec les élus polynésiens et les associations dans le travail de révision des modalités dapplication de la loi dite MORIN sur lindemnisation des victimes des essais nucléaires. Jajoute que le gouvernement sest très rapidement penché sur les conditions du redressement financier de la Polynésie française et de Saint-Martin. Il apportera son concours à la Polynésie française pour la mise en uvre du programme de réformes structurelles adopté par lAssemblée territoriale en juillet 2011. Nous accompagnerons la collectivité de Saint-Barthélemy dans ses relations avec lUnion européenne dans le cadre de son nouveau statut de pays et territoire doutre-mer. Le gouvernement est également attentif au développement du territoire de Wallis-et-Futuna, le ministre des Outre-Mer recevra, la semaine prochaine, les deux parlementaires pour un premier échange.
Je voudrais enfin adresser un mot aux élus de la Nouvelle-Calédonie. En tant que Premier ministre, jai une responsabilité particulière dans la mise en uvre de laccord de Nouméa. Dailleurs, lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre, javais eu lhonneur de laccompagner pour la signature de ces accords et je noublie pas cette visite. Et je tiens à vous dire ici que je ne faillirai pas à mon devoir dans la suite de ces engagements qui ont été pris par mes prédécesseurs. Je suis personnellement très attentif à ce que lÉtat tienne pleinement son rôle de partenaire mais aussi de point déquilibre. Ne doutez pas de ma détermination à ce que laccord soit respecté et appliqué dans toutes ses dimensions mais en totale transparence dans la fidélité à une approche fondée sur la recherche du consensus et dont nous savons bien que cétait la bonne méthode. À la fin de lannée, je présiderai, à Paris, un comité des signataires qui nous permettra de définir conjointement les prochaines étapes dans la mise en uvre de cet accord.
Mesdames, Messieurs les parlementaires, jai souhaité vous dire la détermination du gouvernement, vous indiquer la méthode de travail qui est la nôtre pour que chaque territoire des outre-mer puisse trouver les moyens de son développement et occupe toute sa place dans la République. Nos concitoyens vous ont fait confiance en tant que représentants mais ils ont fait confiance aussi au nouveau président de la République, au gouvernement, à la majorité. Eh bien cest à nous de ne pas les décevoir, de leur montrer que le choix quils ont fait, cest le bon. Cest une lourde responsabilité, jen suis conscient, mais pour lexercer, pour la mettre en uvre, je ne la ferai pas seul ni mes ministres ni le ministre des Outre-Mer avec le talent et la passion quon lui connaît, nous le ferons ensemble. Merci Mesdames, Messieurs les députés et sénateurs.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 juillet 2012