Texte intégral
Mesdames, Messieurs les préfets,
Cest un plaisir pour moi de vous retrouver, aujourdhui, pour cette réunion qui fait suite à celle du 5 juillet. Avant la traditionnelle coupure estivale, il me semblait nécessaire que nous nous arrêtions sur quelques sujets essentiels pour lesquels je souhaite vous préciser mes attentes. M. le Premier ministre nous rejoindra, à 11h30, et sadressera alors à vous.
Je tiens, avant toute chose, à vous dire pourquoi jai souhaité nommer Didier LALLEMENT au poste de secrétaire général.
Avant cela, je veux rendre hommage à laction de Michel BART à la tête du secrétariat général et, plus largement, au sein du Ministère de lIntérieur. Je vais trahir un secret, qui nen est pas un, en vous confirmant quil sera nommé conseiller dEtat en service ordinaire, au conseil des ministres de demain.
Je tenais à ce que la nomination de Didier LALLEMENT ait lieu lors du conseil des ministres de mercredi dernier afin quil soit là aujourdhui, comme secrétaire général.
Jai choisi Didier LALLEMENT car je sais quil sera une force de proposition. Jattends de lui de limagination et de lautorité. Ce que jattends de lui, cest ce que jattends de vous. Il a du caractère ; il est donc comme moi ! Je ne doute pas quil vous surprendra, notamment par sa capacité découte et de dialogue.
Aujourdhui, je souhaite aborder avec vous différents points : la sécurité et notamment la mise en place des zones de sécurité prioritaire, lorganisation territoriale de lEtat et, enfin, les questions dimmigration et de naturalisation, deux sujets qui ont leur spécificité.
Premier thème donc : la sécurité.
Au regard des indicateurs disponibles à ce jour, lactivité et les résultats des services sont, sur le premier semestre, globalement satisfaisants mais ils demeurent fragiles. Deux points appellent particulièrement mon attention :
Tout dabord, les cambriolages qui connaissent une hausse importante depuis plusieurs mois. Pour y remédier, dans les meilleurs délais, je vous engage à vous appuyer sur plusieurs leviers : les outils de la police technique et scientifique, lanalyse des données cartographiques dont les enseignements sont souvent déterminants et léchange dinformations entre les services et notamment entre la police et la gendarmerie.
Second point dattention : les agressions contre les personnes et notamment lexplosion des vols de bijoux, commis le plus souvent avec violence. Cest pourquoi, je vous demande dêtre particulièrement attentifs quant à lidentification des filières de recel et au contrôle des professionnels. Cest essentiellement dans ces circuits que se recyclent le produit de ces vols. Un vade macum technique va rapidement vous être adressé.
La lutte contre les trafics darmes ou lusage illicite darmes légales doit rester également un axe de travail majeur. Je vous demande de veiller à la mise en oeuvre des mesures dinscription au fichier des interdits dacquisition ou de détention darmes.
Dans les prochaines semaines et prochains mois, des chantiers structurants vont nécessiter votre engagement. Je veux, ici, les parcourir avec vous. Jaurai également loccasion de le faire avec les commandants de groupement et les directeurs départementaux de la sécurité publique, le 19 septembre prochain.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre des zones de sécurité prioritaire, jai signé, hier, une circulaire qui va vous être adressée. Entre 50 et 60 ZSP doivent être déployées, en lespace dun an, à compter de septembre. Dans un premier temps, 15 ZSP ont été prédéfinies, au niveau central, en fonction de critères objectifs de gravité : 9 sont en zone police, 5 en zone gendarmerie et une en zone commune à la police et à la gendarmerie. Les prochaines ZSP que vous serez amenés à proposer sappuieront sur lexpérience acquise lors de cette première phase qui doit être engagée dès la rentrée.
A ce titre, les préfets concernés devront, très prochainement, en lien étroit avec les acteurs locaux, et lautorité judiciaire, procéder aux ajustements nécessaires en termes de périmètres, dobjectifs et dindicateurs. Au cours de la première quinzaine de septembre, je me déplacerai dans plusieurs de ces ZSP afin de lancer officiellement les travaux.
Vous tous devrez être personnellement mobilisés, tant dans les phases de conception, que de pilotage, de ces ZSP. Les cellules de coordination, que vous aurez à présider, servent cet objectif. Il sagira dorganiser des rencontres régulières, de définir des objectifs concrets, de favoriser le partage des informations et de mesurer, au fur et à mesure, les résultats obtenus. Le rôle du SDIG est important : son activité doit être recentrée sur le recueil du renseignement opérationnel.
Bien entendu, le fonctionnement des ZSP devra respecter pleinement les prérogatives de la Justice. Ni la Garde des Sceaux, ni moi-même, ne cèderons à la facilité qui consiste à opposer Intérieur et Justice. Les conflits passés, surtout quand ils étaient de nature publique, ont fragilisé lEtat de droit, ont fragilisé le cadre de travail des acteurs locaux ; il nous revient, aujourdhui, de construire un cadre de travail apaisé. Cest le sens des rencontres régulières que jaurai avec Christiane TAUBIRA ; cest le sens également des conférences locales quil vous reviendra danimer aux côtés des magistrats du Parquet.
Ces travaux conjoints intérieur /justice seront lancés, dans les 22 régions, autour de 4 thèmes : répondre à la délinquance des mineurs, améliorer la performance des services, moderniser et rationaliser les circuits de traitement de la délinquance, renforcer la transparence du fonctionnement pénal. A partir de ces travaux, un comité de pilotage associant Intérieur et Justice présentera ses conclusions au début de lannée 2013.
Deux autres chantiers sont en cours. Le premier concerne les ajustements dans la répartition territoriale des compétences entre police et gendarmerie. Jinvite, dailleurs, ceux dentre vous qui le souhaitent à madresser leurs propositions. Le Parlement sera également associé à cette réflexion. Le second chantier porte sur la réforme des données statistiques en matière de délinquance. Une première réflexion sur lévolution des indicateurs de mesure et de pilotage est sur le point daboutir. Jai adressé également au Premier ministre des propositions visant à renforcer, en lien avec le Parlement lindépendance de lONDRP.
Je veux, dautre part, aborder trois points dactualité en matière de sécurité. Sécurité civile, tout dabord. Je veux remercier et rendre hommage à celles et ceux qui sont intervenus pour les feux de forêts, que ce soit dans les Pyrénées-Orientales, où je me rendrai, vendredi prochain, ou en Ardèche, dans lHérault et en Corse.
Sécurité routière également. En cette période estivale qui réclame une vigilance particulière, je veux vous livrer ces chiffres : 1692 personnes sont mortes sur les routes, depuis le début de lannée, soit une baisse de 11,5 % par rapport à lannée dernière. Ces résultats ne peuvent que nous encourager à poursuivre fermement notre action en utilisant pleinement les prérogatives que confère le code de la route pour placer sous immobilisation administrative les véhicules utilisés par les auteurs des infractions les plus graves. Là aussi, il sagit dun message de fermeté. Les drames de ces derniers jours soulignent combien laction doit être déterminée et combien lEtat doit envoyer un message clair.
Ordre public, enfin, avec la question difficile et complexe des campements de Roms. En tant que ministre de lIntérieur, je naccepterai pas que se développent, notamment dans les grandes agglomérations, des zones échappant au droit. Je vous demande donc de faire appliquer les décisions de justice en procédant à lévacuation des campements. Je vous demande de le faire en accord avec les élus concernés, et en liaison très étroite avec les associations qui prennent en charge les populations. Mais le message est clair : les décisions de justice doivent être appliquées. Jai conscience de la complexité de ce phénomène qui prend sa source dans dautres pays. Des mesures doivent dailleurs être prises dans ces pays où les Roms sont stigmatisées. Il est important que les décisions puissent être mises en oeuvre de façon à la fois ferme et digne même si je sais que les solutions dintégration ne sont pas toujours évidentes.
Second sujet dont je veux vous parler, aujourdhui : ladministration territoriale. Je lai dit à loccasion de mes déplacements en préfecture ou en sous-préfecture : jentends être le Ministre de lEtat territorial, au sens plein du terme.
Le Premier ministre reviendra sur ce point car, à lautomne, un projet de loi ouvrant un nouvel acte de décentralisation sera présenté. Il sappuiera notamment sur les conclusions des Etats généraux de la démocratie territoriale conduits par le Sénat. Ceux-ci se déclineront, dailleurs, dès septembre, en région, sous forme de réunions organisées à linitiative des sénateurs et auxquelles je vous invite à participer, à leur invitation.
Je veux à cette occasion saluer la nomination de Serge MORVAN qui a pris, hier, ses fonctions à la tête de la Direction générale des collectivités locales (DGCL). Jai proposé cette nomination car je connais les capacités dimpulsion de Serge MORVAN. Grace à son parcours au sein de lEtat et au sein des collectivités territoriales, il saura contribuer à construire cet équilibre entre, dune part, des collectivités locales responsabilisées et renforcées et, dautre part, un Etat affermi.
Il mapparaît urgent de définir une stratégie de lEtat territorial, ce qui implique des choix explicites pour dire ce que lEtat doit continuer de faire.
Ne nous laissons pas, à cet égard, enfermer dans des débats qui voudraient nous faire choisir entre léchelon régional et léchelon départemental. Je crois fermement en limportance dun échelon régional véritablement stratégique qui définisse les axes de la territorialisation de laction de lEtat. Cela implique, dailleurs, un renouvellement des conditions du management régional. Je crois aussi que le ministère ne gagnera rien à se couler dans un modèle verticalisant ni à se fondre dans un dispositif horizontal qui nous ferait perdre notre identité. Les préfets doivent, pour cela, conserver cette faculté dadaptation des politiques publiques au plan territorial, en lien avec les élus.
Des évolutions dorganisation seront certainement encore nécessaires. Elles doivent sappuyer sur ces trois éléments que défendra le ministère de lintérieur , à savoir : la redéfinition des missions, la préservation de linterministérialité de lorganisation au plan départemental et des avancées nouvelles en termes de déconcentration.
Sagissant des souspréfectures, je veux dire les choses de la manière la plus claire. Le réseau des sous-préfectures est essentiel pour le ministère de lintérieur et limpératif de cohésion sociale et territoriale doit primer. Pour autant, sagissant des implantations, il est hors de question de sen tenir à la facilité et au statu quo. Il y va de la pérennité même du réseau.
Comme je my étais engagé, je rencontre lensemble des organisations professionnelles. Elles me font part dun dialogue social qui reste, le plus souvent, au plan local, insuffisant, inégal ou variable dans le temps. Cest donc là un axe damélioration auquel vous devez vous employer au quotidien car il sinscrit dans la volonté du gouvernement de restaurer un climat de confiance vis-à-vis des fonctionnaires. Une confiance qui est une condition nécessaire pour mener efficacement des reformes.
Les deux derniers sujets que je veux aborder, aujourdhui, tiennent aux questions spécifiques de limmigration et de la naturalisation.
En matière dimmigration la politique menée vise un objectif de justice et de fermeté. Fermeté vis-à-vis de limmigration irrégulière, ce qui implique une action résolue contre la fraude documentaire et les filières de travail clandestin. De même, un projet de loi sera proposé au Parlement avant la fin du mois doctobre qui créera un régime spécifique de retenue administrative portant à douze heures le délai pour vérifier la situation dun étranger. Cest essentiel pour lefficacité de notre politique déloignement.
Justice également. Je vous invite, dans cette logique, à vous assurer de lapplication effective de la circulaire du 31 mai 2012 concernant les étudiants étrangers. Elle doit être la référence lors de tout réexamen de situations individuelles traitées avant la publication de ce texte. Une circulaire est également en préparation visant à redéfinir les conditions dadmission exceptionnelle des étrangers en situation irrégulière dans une perspective de clarification des critères. Elle sera transmise à la rentrée, afin de tenir compte des nécessités de la concertation préalable avec un certain nombre dinterlocuteurs, et des risques pesant sur les conditions daccueil et de travail en préfecture dans lhypothèse dune publication estivale.
A ce titre, je tiens à vous rappeler combien lamélioration de laccueil des étrangers en préfecture constitue une priorité. Jai demandé à lIGA de mener un état des lieux très précis et un plan daction est en cours délaboration. Un questionnaire vous sera adressé dans les tout prochains jours. Je souhaite dailleurs me déplacer dans les préfectures pour rencontrer les agents et évoquer ces sujets avec eux.
Ces conditions daccueil renouvelées doivent également valoir pour les démarches liées à la naturalisation. Depuis quelque temps, laccès à la nationalité sest complexifié, faisant chuter le nombre de naturalisations. Je veux inverser cette tendance afin de faire de la naturalisation le terme logique dun parcours dintégration réussi. Cela passe par des critères justes, des procédures claires et des intentions et conditions daccueil dignes.
Dans cette perspective, des travaux ont été engagés. Une mission a été confiée à lIGA afin de mesurer limpact de la déconcentration du dispositif daccès à la nationalité, en termes de procédures et de délais de traitement. Les critères daccès à la nationalité font actuellement lobjet dune révision afin dévaluer leur pertinence. Enfin, lentretien dassimilation sera mieux encadré et lévaluation des connaissances de lhistoire, de la culture et la société française ne se fera pas par questionnaire à choix multiples mais par le bais dun dispositif permettant dévaluer au mieux linsertion des personnes dans la société française.
Il vous sera diffusé pour la fin de lété, un support permettant de tenir valablement les entretiens dassimilation. Ce support aura vocation à témoigner de la capacité à adhérer à la communauté nationale et aux valeurs de la République.
Mesdames et Messieurs les préfets,
Votre mission vous amène à être les représentants de lEtat et du gouvernement. A lissue de la phase déchanges que nous allons avoir à présent, le Premier ministre sexprimera devant vous. Je ne doute pas que son message sera celui de la nécessaire mobilisation au service des Français. La situation présente le réclame.
Je connais les difficultés de votre action qui est au coeur des attentes de nos concitoyens. Je sais, par ailleurs, combien linstitution préfectorale est essentielle pour la mise en oeuvre des grandes orientations que les Français ont appelées de leurs voeux. Aussi, vous trouverez toujours en moi un interlocuteur ouvert et disponible afin de remplir au mieux cette mission que nous avons en partage : celle de servir notre pays.
Source http://www.localtis.info, le 3 août 2012
Cest un plaisir pour moi de vous retrouver, aujourdhui, pour cette réunion qui fait suite à celle du 5 juillet. Avant la traditionnelle coupure estivale, il me semblait nécessaire que nous nous arrêtions sur quelques sujets essentiels pour lesquels je souhaite vous préciser mes attentes. M. le Premier ministre nous rejoindra, à 11h30, et sadressera alors à vous.
Je tiens, avant toute chose, à vous dire pourquoi jai souhaité nommer Didier LALLEMENT au poste de secrétaire général.
Avant cela, je veux rendre hommage à laction de Michel BART à la tête du secrétariat général et, plus largement, au sein du Ministère de lIntérieur. Je vais trahir un secret, qui nen est pas un, en vous confirmant quil sera nommé conseiller dEtat en service ordinaire, au conseil des ministres de demain.
Je tenais à ce que la nomination de Didier LALLEMENT ait lieu lors du conseil des ministres de mercredi dernier afin quil soit là aujourdhui, comme secrétaire général.
Jai choisi Didier LALLEMENT car je sais quil sera une force de proposition. Jattends de lui de limagination et de lautorité. Ce que jattends de lui, cest ce que jattends de vous. Il a du caractère ; il est donc comme moi ! Je ne doute pas quil vous surprendra, notamment par sa capacité découte et de dialogue.
Aujourdhui, je souhaite aborder avec vous différents points : la sécurité et notamment la mise en place des zones de sécurité prioritaire, lorganisation territoriale de lEtat et, enfin, les questions dimmigration et de naturalisation, deux sujets qui ont leur spécificité.
Premier thème donc : la sécurité.
Au regard des indicateurs disponibles à ce jour, lactivité et les résultats des services sont, sur le premier semestre, globalement satisfaisants mais ils demeurent fragiles. Deux points appellent particulièrement mon attention :
Tout dabord, les cambriolages qui connaissent une hausse importante depuis plusieurs mois. Pour y remédier, dans les meilleurs délais, je vous engage à vous appuyer sur plusieurs leviers : les outils de la police technique et scientifique, lanalyse des données cartographiques dont les enseignements sont souvent déterminants et léchange dinformations entre les services et notamment entre la police et la gendarmerie.
Second point dattention : les agressions contre les personnes et notamment lexplosion des vols de bijoux, commis le plus souvent avec violence. Cest pourquoi, je vous demande dêtre particulièrement attentifs quant à lidentification des filières de recel et au contrôle des professionnels. Cest essentiellement dans ces circuits que se recyclent le produit de ces vols. Un vade macum technique va rapidement vous être adressé.
La lutte contre les trafics darmes ou lusage illicite darmes légales doit rester également un axe de travail majeur. Je vous demande de veiller à la mise en oeuvre des mesures dinscription au fichier des interdits dacquisition ou de détention darmes.
Dans les prochaines semaines et prochains mois, des chantiers structurants vont nécessiter votre engagement. Je veux, ici, les parcourir avec vous. Jaurai également loccasion de le faire avec les commandants de groupement et les directeurs départementaux de la sécurité publique, le 19 septembre prochain.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre des zones de sécurité prioritaire, jai signé, hier, une circulaire qui va vous être adressée. Entre 50 et 60 ZSP doivent être déployées, en lespace dun an, à compter de septembre. Dans un premier temps, 15 ZSP ont été prédéfinies, au niveau central, en fonction de critères objectifs de gravité : 9 sont en zone police, 5 en zone gendarmerie et une en zone commune à la police et à la gendarmerie. Les prochaines ZSP que vous serez amenés à proposer sappuieront sur lexpérience acquise lors de cette première phase qui doit être engagée dès la rentrée.
A ce titre, les préfets concernés devront, très prochainement, en lien étroit avec les acteurs locaux, et lautorité judiciaire, procéder aux ajustements nécessaires en termes de périmètres, dobjectifs et dindicateurs. Au cours de la première quinzaine de septembre, je me déplacerai dans plusieurs de ces ZSP afin de lancer officiellement les travaux.
Vous tous devrez être personnellement mobilisés, tant dans les phases de conception, que de pilotage, de ces ZSP. Les cellules de coordination, que vous aurez à présider, servent cet objectif. Il sagira dorganiser des rencontres régulières, de définir des objectifs concrets, de favoriser le partage des informations et de mesurer, au fur et à mesure, les résultats obtenus. Le rôle du SDIG est important : son activité doit être recentrée sur le recueil du renseignement opérationnel.
Bien entendu, le fonctionnement des ZSP devra respecter pleinement les prérogatives de la Justice. Ni la Garde des Sceaux, ni moi-même, ne cèderons à la facilité qui consiste à opposer Intérieur et Justice. Les conflits passés, surtout quand ils étaient de nature publique, ont fragilisé lEtat de droit, ont fragilisé le cadre de travail des acteurs locaux ; il nous revient, aujourdhui, de construire un cadre de travail apaisé. Cest le sens des rencontres régulières que jaurai avec Christiane TAUBIRA ; cest le sens également des conférences locales quil vous reviendra danimer aux côtés des magistrats du Parquet.
Ces travaux conjoints intérieur /justice seront lancés, dans les 22 régions, autour de 4 thèmes : répondre à la délinquance des mineurs, améliorer la performance des services, moderniser et rationaliser les circuits de traitement de la délinquance, renforcer la transparence du fonctionnement pénal. A partir de ces travaux, un comité de pilotage associant Intérieur et Justice présentera ses conclusions au début de lannée 2013.
Deux autres chantiers sont en cours. Le premier concerne les ajustements dans la répartition territoriale des compétences entre police et gendarmerie. Jinvite, dailleurs, ceux dentre vous qui le souhaitent à madresser leurs propositions. Le Parlement sera également associé à cette réflexion. Le second chantier porte sur la réforme des données statistiques en matière de délinquance. Une première réflexion sur lévolution des indicateurs de mesure et de pilotage est sur le point daboutir. Jai adressé également au Premier ministre des propositions visant à renforcer, en lien avec le Parlement lindépendance de lONDRP.
Je veux, dautre part, aborder trois points dactualité en matière de sécurité. Sécurité civile, tout dabord. Je veux remercier et rendre hommage à celles et ceux qui sont intervenus pour les feux de forêts, que ce soit dans les Pyrénées-Orientales, où je me rendrai, vendredi prochain, ou en Ardèche, dans lHérault et en Corse.
Sécurité routière également. En cette période estivale qui réclame une vigilance particulière, je veux vous livrer ces chiffres : 1692 personnes sont mortes sur les routes, depuis le début de lannée, soit une baisse de 11,5 % par rapport à lannée dernière. Ces résultats ne peuvent que nous encourager à poursuivre fermement notre action en utilisant pleinement les prérogatives que confère le code de la route pour placer sous immobilisation administrative les véhicules utilisés par les auteurs des infractions les plus graves. Là aussi, il sagit dun message de fermeté. Les drames de ces derniers jours soulignent combien laction doit être déterminée et combien lEtat doit envoyer un message clair.
Ordre public, enfin, avec la question difficile et complexe des campements de Roms. En tant que ministre de lIntérieur, je naccepterai pas que se développent, notamment dans les grandes agglomérations, des zones échappant au droit. Je vous demande donc de faire appliquer les décisions de justice en procédant à lévacuation des campements. Je vous demande de le faire en accord avec les élus concernés, et en liaison très étroite avec les associations qui prennent en charge les populations. Mais le message est clair : les décisions de justice doivent être appliquées. Jai conscience de la complexité de ce phénomène qui prend sa source dans dautres pays. Des mesures doivent dailleurs être prises dans ces pays où les Roms sont stigmatisées. Il est important que les décisions puissent être mises en oeuvre de façon à la fois ferme et digne même si je sais que les solutions dintégration ne sont pas toujours évidentes.
Second sujet dont je veux vous parler, aujourdhui : ladministration territoriale. Je lai dit à loccasion de mes déplacements en préfecture ou en sous-préfecture : jentends être le Ministre de lEtat territorial, au sens plein du terme.
Le Premier ministre reviendra sur ce point car, à lautomne, un projet de loi ouvrant un nouvel acte de décentralisation sera présenté. Il sappuiera notamment sur les conclusions des Etats généraux de la démocratie territoriale conduits par le Sénat. Ceux-ci se déclineront, dailleurs, dès septembre, en région, sous forme de réunions organisées à linitiative des sénateurs et auxquelles je vous invite à participer, à leur invitation.
Je veux à cette occasion saluer la nomination de Serge MORVAN qui a pris, hier, ses fonctions à la tête de la Direction générale des collectivités locales (DGCL). Jai proposé cette nomination car je connais les capacités dimpulsion de Serge MORVAN. Grace à son parcours au sein de lEtat et au sein des collectivités territoriales, il saura contribuer à construire cet équilibre entre, dune part, des collectivités locales responsabilisées et renforcées et, dautre part, un Etat affermi.
Il mapparaît urgent de définir une stratégie de lEtat territorial, ce qui implique des choix explicites pour dire ce que lEtat doit continuer de faire.
Ne nous laissons pas, à cet égard, enfermer dans des débats qui voudraient nous faire choisir entre léchelon régional et léchelon départemental. Je crois fermement en limportance dun échelon régional véritablement stratégique qui définisse les axes de la territorialisation de laction de lEtat. Cela implique, dailleurs, un renouvellement des conditions du management régional. Je crois aussi que le ministère ne gagnera rien à se couler dans un modèle verticalisant ni à se fondre dans un dispositif horizontal qui nous ferait perdre notre identité. Les préfets doivent, pour cela, conserver cette faculté dadaptation des politiques publiques au plan territorial, en lien avec les élus.
Des évolutions dorganisation seront certainement encore nécessaires. Elles doivent sappuyer sur ces trois éléments que défendra le ministère de lintérieur , à savoir : la redéfinition des missions, la préservation de linterministérialité de lorganisation au plan départemental et des avancées nouvelles en termes de déconcentration.
Sagissant des souspréfectures, je veux dire les choses de la manière la plus claire. Le réseau des sous-préfectures est essentiel pour le ministère de lintérieur et limpératif de cohésion sociale et territoriale doit primer. Pour autant, sagissant des implantations, il est hors de question de sen tenir à la facilité et au statu quo. Il y va de la pérennité même du réseau.
Comme je my étais engagé, je rencontre lensemble des organisations professionnelles. Elles me font part dun dialogue social qui reste, le plus souvent, au plan local, insuffisant, inégal ou variable dans le temps. Cest donc là un axe damélioration auquel vous devez vous employer au quotidien car il sinscrit dans la volonté du gouvernement de restaurer un climat de confiance vis-à-vis des fonctionnaires. Une confiance qui est une condition nécessaire pour mener efficacement des reformes.
Les deux derniers sujets que je veux aborder, aujourdhui, tiennent aux questions spécifiques de limmigration et de la naturalisation.
En matière dimmigration la politique menée vise un objectif de justice et de fermeté. Fermeté vis-à-vis de limmigration irrégulière, ce qui implique une action résolue contre la fraude documentaire et les filières de travail clandestin. De même, un projet de loi sera proposé au Parlement avant la fin du mois doctobre qui créera un régime spécifique de retenue administrative portant à douze heures le délai pour vérifier la situation dun étranger. Cest essentiel pour lefficacité de notre politique déloignement.
Justice également. Je vous invite, dans cette logique, à vous assurer de lapplication effective de la circulaire du 31 mai 2012 concernant les étudiants étrangers. Elle doit être la référence lors de tout réexamen de situations individuelles traitées avant la publication de ce texte. Une circulaire est également en préparation visant à redéfinir les conditions dadmission exceptionnelle des étrangers en situation irrégulière dans une perspective de clarification des critères. Elle sera transmise à la rentrée, afin de tenir compte des nécessités de la concertation préalable avec un certain nombre dinterlocuteurs, et des risques pesant sur les conditions daccueil et de travail en préfecture dans lhypothèse dune publication estivale.
A ce titre, je tiens à vous rappeler combien lamélioration de laccueil des étrangers en préfecture constitue une priorité. Jai demandé à lIGA de mener un état des lieux très précis et un plan daction est en cours délaboration. Un questionnaire vous sera adressé dans les tout prochains jours. Je souhaite dailleurs me déplacer dans les préfectures pour rencontrer les agents et évoquer ces sujets avec eux.
Ces conditions daccueil renouvelées doivent également valoir pour les démarches liées à la naturalisation. Depuis quelque temps, laccès à la nationalité sest complexifié, faisant chuter le nombre de naturalisations. Je veux inverser cette tendance afin de faire de la naturalisation le terme logique dun parcours dintégration réussi. Cela passe par des critères justes, des procédures claires et des intentions et conditions daccueil dignes.
Dans cette perspective, des travaux ont été engagés. Une mission a été confiée à lIGA afin de mesurer limpact de la déconcentration du dispositif daccès à la nationalité, en termes de procédures et de délais de traitement. Les critères daccès à la nationalité font actuellement lobjet dune révision afin dévaluer leur pertinence. Enfin, lentretien dassimilation sera mieux encadré et lévaluation des connaissances de lhistoire, de la culture et la société française ne se fera pas par questionnaire à choix multiples mais par le bais dun dispositif permettant dévaluer au mieux linsertion des personnes dans la société française.
Il vous sera diffusé pour la fin de lété, un support permettant de tenir valablement les entretiens dassimilation. Ce support aura vocation à témoigner de la capacité à adhérer à la communauté nationale et aux valeurs de la République.
Mesdames et Messieurs les préfets,
Votre mission vous amène à être les représentants de lEtat et du gouvernement. A lissue de la phase déchanges que nous allons avoir à présent, le Premier ministre sexprimera devant vous. Je ne doute pas que son message sera celui de la nécessaire mobilisation au service des Français. La situation présente le réclame.
Je connais les difficultés de votre action qui est au coeur des attentes de nos concitoyens. Je sais, par ailleurs, combien linstitution préfectorale est essentielle pour la mise en oeuvre des grandes orientations que les Français ont appelées de leurs voeux. Aussi, vous trouverez toujours en moi un interlocuteur ouvert et disponible afin de remplir au mieux cette mission que nous avons en partage : celle de servir notre pays.
Source http://www.localtis.info, le 3 août 2012