Texte intégral
Merci monsieur le ministre, cher Victorin.
Mesdames et Messieurs les députés ;
Mesdames et Messieurs les sénateurs ;
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil économique et social et environnemental ;
Messieurs les présidents de régions ;
Mesdames, Messieurs les présidents des organismes consulaires, des Fédérations professionnelles et des syndicats de salariés.
Mesdames, Messieurs,
Victorin Lurel vient de le rappeler, mon gouvernement a engagé une action en profondeur sur les outre-mer. Je lavais dailleurs dit aux parlementaires que javais reçus dès le 25 juillet.
Le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qui vient de sexprimer devant vous, qui vous a fait une brève synthèse de vos travaux et des questions que vous avez traitées, je voudrais le remercier particulièrement pour son inlassable et remarquable travail. Et il la rappelé il y a quelques instants : mon Gouvernement est déterminé à uvrer en profondeur et ce nest pas une tâche facile, il y a lurgence, vous le savez bien, cest vrai dailleurs pas seulement pour les outre-mer, cest vrai pour beaucoup de situations qui se posent à notre pays. Il faut faire face à ces urgences mais laction du gouvernement ne vise pas seulement à colmater les brèches. Cest une action qui sinscrit dans la durée et qui nécessite des réformes en profondeur. Ca vaut aussi pour les outre-mer et Victorin Lurel la rappelé il y a quelques instants et donc je voudrai saluer cet engagement, cette détermination. Il a évoqué la mission qui a été confiée à Serge Letchimy et cest vrai quen février lorsquil paraîtra son rapport, je pense que nous aurons là des pistes que nous devons examiner pas seulement au gouvernement mais aussi avec vous et qui nous permettront dengager les changements dans la durée. Donc aujourdhui, ces travaux qui se concluent, cétait avec les acteurs du monde économique et social des Outre-mer.
Et je voudrais vous remercier, vous féliciter, pour le travail qui a été réalisé dans ces conférences. Il y a eu des débats, des confrontations, mais cest normal, cest nécessaire mais il y a eu aussi des propositions précises et concrètes. Cela prouve, en tout cas, que la méthode de lécoute et du dialogue, la méthode de la concertation, cest la bonne solution. Ce nest pas de se hâter pour prendre des décisions qui nauraient pas defficacité. Cest ensemble une fois que lon a fait le bon diagnostic uvrer en profondeur. Donc cest la méthode que vous avez utilisée et vos travaux lont souligné.
Ce qui est revenu souvent, cest la lutte contre la vie chère. Et nous ne sommes pas au bout du compte, vous le savez bien. Cest pourquoi cest et ça restera une des priorités de laction publique Outre-mer. Cétait, cest vrai, un des engagements du président de la République que nous avons concrétisé sans attendre dans la loi qua présentée Victorin Lurel et qui a été approuvée par le Parlement, la loi sur la régulation économique et qui a été promulguée en moins de six mois. Cest vrai que cétait une priorité. Une loi qui a pour objectif dagir en profondeur sur le fonctionnement des marchés ultramarins en y introduisant plus de concurrence, et en luttant contre les comportements de rente qui malheureusement sont à lorigine souvent des prix excessifs. Cest une bataille ; une loi est une loi, cest son application qui compte. Et à terme, ce que nous souhaitons, cest en effet plus de compétitivité pour léconomie ultramarine, quelle soit davantage capable elle-même de faire face aux besoins et Victorin Lurel vient dévoquer des exemples très concrets.
Le Gouvernement précédent avait choisi de multiplier des mesures et des annonces. Je viens de le dire, il sagit dinscrire les changements dans la durée, sans toutefois et cest ce qui a inspiré le gouvernement interrompre brutalement les anciens dispositifs. Ce qui est important, cest de réussir la transition.
Ainsi, le Revenu supplémentaire temporaire dActivité, le RSTA, qui est une mesure qui a été qualifiée de "temporaire" et qui a été mise en place après les crises sociales de 2009 sans dispositif daccompagnement avant son extinction le 31 décembre prochain, elle va être prolongée jusquau 31 mai 2013. Cela permettra au ministère des Affaires sociales daccompagner de manière beaucoup plus active le basculement dun maximum de bénéficiaires du RSTA vers le Revenu de Solidarité active (RSA). Donc ça ne simprovise pas, doù le temps nécessaire.
Le Gouvernement proposera également une méthode pour traiter lautre dispositif transitoire dexonération de charges sur les bonus versés par les employeurs aux salariés, mécanisme qui est lui aussi issu des crises de 2009, toujours transitoire. Et je mengage à trouver la solution et dans ce cadre, jai décidé de prolonger jusquà la fin de lannée 2013 les dispositifs transitoires dexonération de charges sur les bonus versés par les employeurs. Donc ce qui nous donne plus de temps pour réussir à trouver ensemble la solution dautant que, vous le savez, le gouvernement a décidé, je lai annoncé le 6 novembre dernier, la mise en place du Pacte national pour la Croissance, la Compétitivité et lEmploi, notamment à travers et le Parlement a bien voulu accepter daccélérer le calendrier , la mise en place du crédit dimpôt pour la compétitivité qui viendra, qui prendra effet le 1er janvier 2013.
Eh bien, dans ce cadre là, lobjectif du Gouvernement, cest déviter de pénaliser le pouvoir dachat des salariés, tout en accompagnant les entreprises dans la fin de ces dispositifs dérogatoires. Et donc je pense que nous pouvons travailler efficacement et surtout en confiance parce que lobjectif, cest bien de trouver la solution.
A Mayotte, le montant de la prestation daide à la restauration scolaire, qui est aujourdhui très faible, fera lobjet dun rattrapage à 100 % des montants unitaires des repas et collations, dès le 1er janvier 2013. Jai considéré également que la revalorisation du RSA à Mayotte devrait atteindre 50 % du niveau national à la fin de 2013, avec une première étape de revalorisation significative dès le 1er janvier prochain.
Les travaux organisés dans le cadre des conférences économiques et sociales ont également fait ressortir plusieurs convergences, tant sur le constat que dans les propositions, sur lesquelles je souhaiterais revenir.
Dabord, je voudrais parler du financement des entreprises, essentiellement, pour des PME et des TPE pour lOutre-mer, la demande générale est de remédier au déficit dingénierie financière et au manque de compétence technique et administrative.
Vous attendez que lEtat affiche une véritable vision du développement économique ; vous attendez quil joue un rôle de stratège, vous attendez quil définisse, en partenariat avec les collectivités locales, notamment les régions, des priorités claires qui seront portées dans la durée.
Cette demande rejoint justement les ambitions que jai évoquées qui sont contenues dans le Pacte national pour la Croissance, la Compétitivité et lEmploi, et qui vise en priorité, et dans tous les territoires, les filières agricoles et agroalimentaires, mais également le tourisme et le secteur du bâtiment. Parce que le pacte de compétitivité, ce nest pas seulement un crédit dimpôt et après, débrouillez-vous. Cest une nouvelle organisation en filières, grands groupes, PME, entreprises de sous-traitance, accompagnement de linnovation, accompagnement pour le financement en trésorerie, accompagnement dans le cadre des pôles de compétitivité, à lexport, tout ce qui doit être fait pour redynamiser notre économie. Donc le crédit dimpôt il est là pour donner, jallais dire, des marges de manuvre qui avaient disparu mais ce nest pas lessentiel. Cest un élément fondamental pour rétablir de la confiance mais en même temps, ce que nous proposons aux entreprises, et aussi aux salariés, et aussi aux territoires, cest un pacte ; et donc un pacte, cest bien un engagement réciproque. Quand on a parlé de donnant / donnant sur le pacte de compétitivité, on sest demandé sil sagissait dune approche juridique, administrative et bureaucratique. Non ! Mais un engagement où on se fixe un objectif ambitieux qui est redresser notre économie, la moderniser et sagissant des outre-mer de lui donner justement cette capacité qui lui manque à exister par elle-même et pas seulement à chaque crise où on se penche sur les difficultés et les problèmes. Donc voilà la démarche qui est la nôtre.
Et sagissant justement de la politique de lemploi, de la formation et du dialogue social, vous avez manifesté clairement le souhait dune modernisation des relations sociales dans lentreprise. Et cest justifié. Ca rejoint complètement les débats de la grande conférence sociale qui sest tenue les 9 et 10 juillet derniers, au Conseil économique et social et environnemental qui donnent lieu depuis à des négociations spécifiques. Ca vaut pour légalité professionnelle entre les hommes et les femmes mais ça vaut aussi pour les contrats de génération, maintien dans lemploi dun sénior, embauche dun jeune en CDI qui ont fait lobjet dune négociation et dun accord de toutes les organisations syndicales et patronales et qui va se traduire par un projet de loi qui va être bientôt adopté par le Parlement. Et puis, cest la grande négociation qui est en cours, qui, jespère aboutira sur la sécurisation des parcours professionnels. Dun côté prendre en compte les mutations économiques auxquelles sont confrontées les entreprises avec leur personnel, mieux anticiper les risques de crise et de lautre côté aussi, faire reculer la précarité en particulier la précarité des contrats de travail en CDD, en intérim et beaucoup dautres sujets qui seront sur la table. On sait que la négociation nest pas simple, quelle est parfois dure mais jespère que nous aboutirons, en tout cas que les partenaires sociaux aboutiront parce que ce serait une vraie avancée et cest dans cet esprit que vous voulez vous aussi vous inscrire dans les Outre-mer et vous avez raison. En tout cas, tout cela participe aux priorit??s que le Gouvernement sest fixées.
De ce point de vue, la loi sur la création de la Banque publique dInvestissement, la BPI, qui est en cours dexamen par le Parlement est aussi un engagement concret, très concret quavait pris le président de la République. Vous vous souvenez de ce "je ne suis pas un ennemi de la finance mais je veux que la finance soit au service de léconomie." Là, nous sommes au cur de la question ; nous ne sommes pas simplement dans des effets dannonce ou des discours, des formules. La Banque publique dInvestissement, cest loutil que nous nous donnons et qui doit avec les territoires au plus près du terrain aider les entreprises et en particulier les PME, les PMI avec les TPE mais toutes les filières quil faudra réorganiser dans lesprit du pacte que jévoquais il y a quelques instants. Et dans quelques jours, le Conseil des ministres adoptera une autre loi sur la finance. Cest la séparation dans la gestion des banques de la partie des dépôts et des prêts et avec la partie spéculative que certaines banques organisent pour bien mettre là encore la finance au service de léconomie et en particulier de ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux crédits. Les grands groupes accèdent au crédit par le marché mais la grande masse des entreprises, des PME, des TPE parfois même ont des difficultés à avoir un prêt en trésorerie et qui, si elle ne l??obtient pas, cest lentreprise qui disparait et lemploi avec. Donc il faut changer les règles du jeu et je veillerai à ce que le dispositif de la Banque publique dInvestissement et les produits quil offrira soient mis en place rapidement, sans quaucun territoire ultramarin ne reste à lécart, dans le respect, naturellement, des compétences de chacun. Il faudra faire preuve là encore de souplesse, dimagination pour prendre les mesures dadaptation nécessaires, notamment pour tenir compte du fait que les acteurs du financement de léconomie ne sont pas les mêmes Outre-mer et dans lhexagone.
La doctrine dintervention de la BPI et les produits quelle développera devront également être conçus et adaptés aux besoins spécifiques de ces territoires. Ce sera lune des premières missions du nouveau directeur général, à qui je demanderai de faire des propositions en ce sens dès les premiers temps de sa nomination officielle lorsque la banque sera effectivement créée et en concertation avec les acteurs concernés et avec évidemment lengagement du ministre des outre-mer, Victorin Lurel.
Le Gouvernement a également décidé de répondre aux situations durgence de certaines TPE. Je sais que les Préfets sont mobilisés et ils sappuient pour cela sur les Comités Départementaux dExamen des difficultés de Financement des entreprises (les CODEFI) et, pour les dettes fiscales et sociales, sur les Commissions départementales des Chefs des Services Financiers (les CCSF). Je souhaite que ces instances tiennent encore mieux compte dune situation particulière aux outre-mer et aussi fassent attention à la défaillance de certains donneurs dordre publics. Il nest pas normal, par exemple, quune PME ne soit pas payée par un hôpital public et pénalisée parallèlement pour non-paiement de cotisations patronales. Certaines grosses entreprises peuvent le supporter, mais vous savez bien que les TPE sont en incapacité de le faire. Je lai dit le 6 novembre : lEtat et lensemble des administrations publiques doivent être exemplaires en matière de délai de paiement, et il faut que ces défaillances soit prises en compte lorsquon examine la situation individuelle dune entreprise.
Je demande donc que les CCSF, pour établir leurs plans détalement des remboursements des dettes sociales des PME et conclure des moratoires, tiennent systématiquement compte des créances que les entreprises en cause détiennent sur les collectivités publiques. Lorsque cela sera possible, il faudra que les actions en recouvrement, qui peuvent entraîner des pénalités, cessent à hauteur des créances sur des organismes publics, ou ouvrent de plein droit une possibilité de moratoire automatique.
Pour les TPE en-dessous dun certain seuil de chiffre daffaires ou de salariés, jai demandé aux ministres concernés de me faire des propositions pour mettre en place, pour les dettes inférieures à un certain montant, des dispositifs de rachat des passifs et des actifs publics
Dautres propositions concrètes là on est vraiment dans le concret sont remontées des conférences locales, par exemple celle de la Fédération nationale des TPE (FTPE), que je tiens à saluer, et qui propose de développer outre-mer une mesure demploi partagé quelle a nommé « 4 TPE pour 1 emploi ». Voilà, ce nest pas un slogan, cest une ambition et il sagit pour plusieurs entreprises associées de mutualiser certaines de leurs fonctions support comme, comme ladministration, la comptabilité ou la réponse aux appels doffre.
Et pour atteindre cet objectif, je demande que dans chaque département, les services de lEtat et de Pôle emploi apportent leur soutien à ces initiatives en favorisant lémergence de groupements demployeurs. Ce dispositif, par la solidarité financière sur laquelle il repose et le statut quil offre, est sécurisant pour les entreprises comme pour les salariés.
Dans le secteur de lagriculture, si important dans léconomie ultramarine, lun des enjeux majeurs est la diversification des productions et lapprovisionnement du marché local par des productions locales. Et pour tenir compte des difficultés spécifiques à lagriculture ultramarine, notamment linsularité, l???éloignement, et la difficulté daccès au foncier, la loi d'avenir de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt que présenteront Stéphane LE Foll et Guillaume Garot comportera un titre spécifique aux outre-mer. Le projet de loi sera examiné par le Parlement durant le deuxième semestre de lannée prochaine.
Jai demandé donc aux deux ministres qui travaillent actuellement sur lavant-projet en liaison étroite évidemment avec le ministre des Outre-mer dassurer une large concertation avec les socioprofessionnels concernés, et bien sûr les collectivités territoriales.
Les conférences ont également fait émerger et Victorin Lurel y a fait allusion la demande dune politique de visas plus active pour faciliter les déplacements daffaires et lintégration économique régionale des outre-mer. Une première décision a donc été prise en matière de tourisme pour permettre, à partir du 1er janvier 2013 aux citoyens dAfrique du Sud de séjourner à La Réunion sans visa. Je demande aux ministres concernés, dans le cadre des travaux engagés au titre du pacte de compétitivité, de poursuivre dans cette voie et de mettre en uvre, lorsque les migrations sont maîtrisées ou les garanties suffisantes, une politique de visas daffaires plus volontariste, vers les pays proches qui peuvent être des partenaires commerciaux importants. Je pense évidemment à Madagascar, lInde pour La Réunion, ou au Brésil pour les Antilles et la Guyane. Cette politique doit aussi nous permettre de négocier une réciprocité pour les chefs dentreprise ultramarins.
Et pour concilier le développement économique et le progrès social, les conférences ont révélé une forte demande de modernisation du dialogue social Outre-mer. Je lai dit mais cela pose naturellement la question des acteurs de ce dialogue, y compris des acteurs locaux, dont la diversité doit pouvoir trouver à sexprimer dans les instances impliquant les partenaires sociaux. Mais ce débat, je lai dit, ne doit pas être esquivé. Il est de la responsabilité du Gouvernement de lengager mais il est aussi de la responsabilité des organisations syndicales de salariés et demployeurs de se saisir de ces questions et de faire des propositions. Ce nest pas le Gouvernement qui les fera à leur place. Par exemple, les conditions dans lesquelles une convention collective nationale est applicable dans les départements doutre-mer doivent être précisées de façon à éviter les situations où des branches nont aucun cadre conventionnel. Pourquoi ? Faute de négociation locale et faute dappliquer les accords nationaux. Donc cest absurde, ça doit pouvoir changer, je le pense. Je demande au ministre du Travail et à celui des Outre-mer de lancer une mission qui devra leur remettre des recommandations sur les leviers de modernisation du dialogue social outre-mer pour répondre à ces questions.
Dans le domaine social, les débats ont également confirmé limpact de la crise sur les outre-mer, où le taux de pauvreté est déjà nettement plus élevé quen métropole. 31 % des ménages en moyenne sont touchés, beaucoup plus dans certains territoires. Les familles monoparentales, les familles nombreuses pauvres sont surreprésentées. Jannoncerai demain, en clôture de la conférence contre la pauvreté et pour linclusion sociale, les grandes orientations dun plan national. Ce plan marquera à la fois un changement de regard, un changement de méthode et un changement dambitions. Et dans les DOM, la lutte contre la pauvreté sera une priorité du gouvernement.
Pour répondre, enfin, à la demande qui a été très souvent exprimée dune vision stratégique de lEtat en matière de soutien à léconomie, le gouvernement a décidé de mettre en cohérence les dispositifs actuels, ou de les rénover, sur la base de choix stratégiques clairs, à la fois sur les filières je lai évoqué mais aussi sur les instruments à privilégier.
Dans ce cadre, deux chantiers vont être menés en 2013 :
Le premier, cest est celui des financements. Les débats sur la défiscalisation ont montré quil y avait sur ce sujet beaucoup dincompréhension, beaucoup de crispation. Il faut les surmonter et trouver des solutions plus consensuelles. Mais vous lavez rappelé, monsieur le ministre, Victorin Lurel, jai veillé à ce que, je le disais tout à lheure, il ny ait pas de rupture parce que cette tentation existait y compris, vous lavez noté, dans lopinion publique. Certains disaient "les niches fiscales mais pourquoi garder celles sur loutre-mer ? " Eh bien parce que nous avons été attentifs à la réalité, à ce que vous nous avez dit, les alertes que vous avez exprimées et donc ça ne veut pas dire que pour autant, on ne va rien bouger, quil ny a rien à changer évidemment ! Mais le Gouvernement justement a engagé une réforme et qui prend du temps nécessairement puisquil faut se concerter et pas se tromper dans les solutions, une réforme du financement de léconomie qui a bien entendu vocation à sappliquer aux régions doutre-mer, mais en tenant compte des fortes spécificités de ces territoires. Donc cest ce que jai demandé à Victorin Lurel et qui bien sûr sy est déjà attaqué avec une volonté dune vision stratégique globale dans cette réforme des financements de léconomie dans les outre-mer. Il sagira notamment de mettre en cohérence les systèmes dexonération de charges, daides fiscales, de mobilisation de lépargne et daccès au crédit qui existent en Outre-mer et dont certains doivent être adaptés. Cette réforme devra respecter lengagement du président de la République de préserver les flux financiers globaux, tout en améliorant leur efficacité parce que cest bien le but. Ce nest pas de créer des injustices, ce nest pas de reculer, cest dêtre aussi engagé mais avec le souci de lefficacité pour que vous-mêmes, les responsables et aussi les populations, voient des résultats concrets qui sont à la base même dune confiance durable.
Jai parlé de deux chantiers. Le second chantier et celui de la structuration de léconomie autour des filières où les économies dOutre-mer disposent de véritables atouts mais encore faut-il les valoriser parce quil y a des retards, il faut les combler. Et il sagit les conférences locales lont fait ressortir très clairement de lagriculture, de lagroalimentaire, du tourisme, de lénergie, et du logement. La structuration des filières agroalimentaires, par exemple, est encore trop embryonnaire dans certains départements. Il faut rationaliser les circuits mais le faire en amont, soutenir la production, favoriser le développement dactivités de transformation en aval pour renforcer la valeur ajoutée produite localement et qui fait trop souvent défaut.
Et sur la transition énergétique, qui est un vaste défi pour la France, parce que lon néchappera pas à cette question, nous ne sommes pas simplement dans une crise, on parle de crise, oui il y a une crise mais nous sommes aussi à un moment historique de notre histoire. Cest une mutation que nous sommes en train de vivre et la mutation énergétique, il faut la dominer, il faut la maîtriser, adapter notre modèle sans le déstabiliser. Cest le chantier qui a été lancé la semaine dernière et nous devons avancer beaucoup plus résolument sur plusieurs projets structurants. Et je pense en particulier aux atouts de lOutre-mer en la matière. Il y en a beaucoup mais je ne vais pas développer davantage le sujet ici, vous le connaissez aussi bien que moi mais les Outre-mer peuvent même être en avant-garde sur ces questions environnementales : la question énergétique, la question de la biodiversité où cest là quelle est la plus présente, et qui est aussi une richesse et un atout.
Et dans le domaine du tourisme, là encore, il faut être imaginatif et coordonner davantage loffre existante mais il sagit aussi de la rénovation des outils, des hôtels en particulier mais il sagit aussi de la formation des personnels, il sagit aussi de travailler sur les contrats de destination qui impliquent les compagnies aériennes, énormément de travail à faire mais déjà beaucoup de propositions ont été faites par tous les acteurs économiques et sociaux et les élus des territoires. Faut-il encore quà un moment, ils soient regroupés et quils débouchent sur des projets concrets et sur des actes et des engagements.
En tout cas, vous le voyez, le Gouvernement ne manque ni dambition ni de détermination. Jai souvent parlé ces derniers temps de nouveau modèle français. Vous savez, la politique du Gouvernement, ce nest pas la politique sociale libérale comme je lai vu ici ou là. La politique sociale libérale qui se traduit dans trop de pays autour de nous en Europe, cest la baisse des salaires, cest la hausse des pensions, cest la baisse des prestations sociales ou familiales, cest la baisse des aides au logement, et donc cest un appauvrissement qui paraît-il est la base de la compétitivité. Non, nous, quand nous parlons de compétitivité, nous parlons de compétitivité économique mais nous devons aussi parler de compétitivité sociale et de compétitivité territoriale. Mais ça nécessite pour que ça marche dans une période où nous devons en même temps lutter contre la dette et les déficits de faire preuve dimagination, de créativité pour réorganiser, parfois refonder, parfois répondre aussi jai parlé de la transition énergétique à des questions nouvelles mais sans abandonner ce que nous sommes, sans abandonner nos valeurs et donc qui sont au cur même du pacte républicain. Donc pour moi, le modèle, cest le modèle social et républicain qui au cur même de son identité a le principe dégalité et cest ce principe dégalité qui doit guider nos actions. Donc refonder le modèle, ce nest pas abandonner les valeurs ; cest leur redonner toute leur force. Cest pourquoi je parle de "nouveau modèle français" mais ce nouveau modèle français, il vaut pour la métropole comme pour les Outre-mer. Il ne se fera pas seul, il se fera avec le concours des Françaises et des Français, de tous ceux qui ont envie de réussir et ceux qui sont là aujourdhui ont envie de réussir.
A lavance, je vous remercie et bon courage !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 décembre 2012
Mesdames et Messieurs les députés ;
Mesdames et Messieurs les sénateurs ;
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil économique et social et environnemental ;
Messieurs les présidents de régions ;
Mesdames, Messieurs les présidents des organismes consulaires, des Fédérations professionnelles et des syndicats de salariés.
Mesdames, Messieurs,
Victorin Lurel vient de le rappeler, mon gouvernement a engagé une action en profondeur sur les outre-mer. Je lavais dailleurs dit aux parlementaires que javais reçus dès le 25 juillet.
Le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qui vient de sexprimer devant vous, qui vous a fait une brève synthèse de vos travaux et des questions que vous avez traitées, je voudrais le remercier particulièrement pour son inlassable et remarquable travail. Et il la rappelé il y a quelques instants : mon Gouvernement est déterminé à uvrer en profondeur et ce nest pas une tâche facile, il y a lurgence, vous le savez bien, cest vrai dailleurs pas seulement pour les outre-mer, cest vrai pour beaucoup de situations qui se posent à notre pays. Il faut faire face à ces urgences mais laction du gouvernement ne vise pas seulement à colmater les brèches. Cest une action qui sinscrit dans la durée et qui nécessite des réformes en profondeur. Ca vaut aussi pour les outre-mer et Victorin Lurel la rappelé il y a quelques instants et donc je voudrai saluer cet engagement, cette détermination. Il a évoqué la mission qui a été confiée à Serge Letchimy et cest vrai quen février lorsquil paraîtra son rapport, je pense que nous aurons là des pistes que nous devons examiner pas seulement au gouvernement mais aussi avec vous et qui nous permettront dengager les changements dans la durée. Donc aujourdhui, ces travaux qui se concluent, cétait avec les acteurs du monde économique et social des Outre-mer.
Et je voudrais vous remercier, vous féliciter, pour le travail qui a été réalisé dans ces conférences. Il y a eu des débats, des confrontations, mais cest normal, cest nécessaire mais il y a eu aussi des propositions précises et concrètes. Cela prouve, en tout cas, que la méthode de lécoute et du dialogue, la méthode de la concertation, cest la bonne solution. Ce nest pas de se hâter pour prendre des décisions qui nauraient pas defficacité. Cest ensemble une fois que lon a fait le bon diagnostic uvrer en profondeur. Donc cest la méthode que vous avez utilisée et vos travaux lont souligné.
Ce qui est revenu souvent, cest la lutte contre la vie chère. Et nous ne sommes pas au bout du compte, vous le savez bien. Cest pourquoi cest et ça restera une des priorités de laction publique Outre-mer. Cétait, cest vrai, un des engagements du président de la République que nous avons concrétisé sans attendre dans la loi qua présentée Victorin Lurel et qui a été approuvée par le Parlement, la loi sur la régulation économique et qui a été promulguée en moins de six mois. Cest vrai que cétait une priorité. Une loi qui a pour objectif dagir en profondeur sur le fonctionnement des marchés ultramarins en y introduisant plus de concurrence, et en luttant contre les comportements de rente qui malheureusement sont à lorigine souvent des prix excessifs. Cest une bataille ; une loi est une loi, cest son application qui compte. Et à terme, ce que nous souhaitons, cest en effet plus de compétitivité pour léconomie ultramarine, quelle soit davantage capable elle-même de faire face aux besoins et Victorin Lurel vient dévoquer des exemples très concrets.
Le Gouvernement précédent avait choisi de multiplier des mesures et des annonces. Je viens de le dire, il sagit dinscrire les changements dans la durée, sans toutefois et cest ce qui a inspiré le gouvernement interrompre brutalement les anciens dispositifs. Ce qui est important, cest de réussir la transition.
Ainsi, le Revenu supplémentaire temporaire dActivité, le RSTA, qui est une mesure qui a été qualifiée de "temporaire" et qui a été mise en place après les crises sociales de 2009 sans dispositif daccompagnement avant son extinction le 31 décembre prochain, elle va être prolongée jusquau 31 mai 2013. Cela permettra au ministère des Affaires sociales daccompagner de manière beaucoup plus active le basculement dun maximum de bénéficiaires du RSTA vers le Revenu de Solidarité active (RSA). Donc ça ne simprovise pas, doù le temps nécessaire.
Le Gouvernement proposera également une méthode pour traiter lautre dispositif transitoire dexonération de charges sur les bonus versés par les employeurs aux salariés, mécanisme qui est lui aussi issu des crises de 2009, toujours transitoire. Et je mengage à trouver la solution et dans ce cadre, jai décidé de prolonger jusquà la fin de lannée 2013 les dispositifs transitoires dexonération de charges sur les bonus versés par les employeurs. Donc ce qui nous donne plus de temps pour réussir à trouver ensemble la solution dautant que, vous le savez, le gouvernement a décidé, je lai annoncé le 6 novembre dernier, la mise en place du Pacte national pour la Croissance, la Compétitivité et lEmploi, notamment à travers et le Parlement a bien voulu accepter daccélérer le calendrier , la mise en place du crédit dimpôt pour la compétitivité qui viendra, qui prendra effet le 1er janvier 2013.
Eh bien, dans ce cadre là, lobjectif du Gouvernement, cest déviter de pénaliser le pouvoir dachat des salariés, tout en accompagnant les entreprises dans la fin de ces dispositifs dérogatoires. Et donc je pense que nous pouvons travailler efficacement et surtout en confiance parce que lobjectif, cest bien de trouver la solution.
A Mayotte, le montant de la prestation daide à la restauration scolaire, qui est aujourdhui très faible, fera lobjet dun rattrapage à 100 % des montants unitaires des repas et collations, dès le 1er janvier 2013. Jai considéré également que la revalorisation du RSA à Mayotte devrait atteindre 50 % du niveau national à la fin de 2013, avec une première étape de revalorisation significative dès le 1er janvier prochain.
Les travaux organisés dans le cadre des conférences économiques et sociales ont également fait ressortir plusieurs convergences, tant sur le constat que dans les propositions, sur lesquelles je souhaiterais revenir.
Dabord, je voudrais parler du financement des entreprises, essentiellement, pour des PME et des TPE pour lOutre-mer, la demande générale est de remédier au déficit dingénierie financière et au manque de compétence technique et administrative.
Vous attendez que lEtat affiche une véritable vision du développement économique ; vous attendez quil joue un rôle de stratège, vous attendez quil définisse, en partenariat avec les collectivités locales, notamment les régions, des priorités claires qui seront portées dans la durée.
Cette demande rejoint justement les ambitions que jai évoquées qui sont contenues dans le Pacte national pour la Croissance, la Compétitivité et lEmploi, et qui vise en priorité, et dans tous les territoires, les filières agricoles et agroalimentaires, mais également le tourisme et le secteur du bâtiment. Parce que le pacte de compétitivité, ce nest pas seulement un crédit dimpôt et après, débrouillez-vous. Cest une nouvelle organisation en filières, grands groupes, PME, entreprises de sous-traitance, accompagnement de linnovation, accompagnement pour le financement en trésorerie, accompagnement dans le cadre des pôles de compétitivité, à lexport, tout ce qui doit être fait pour redynamiser notre économie. Donc le crédit dimpôt il est là pour donner, jallais dire, des marges de manuvre qui avaient disparu mais ce nest pas lessentiel. Cest un élément fondamental pour rétablir de la confiance mais en même temps, ce que nous proposons aux entreprises, et aussi aux salariés, et aussi aux territoires, cest un pacte ; et donc un pacte, cest bien un engagement réciproque. Quand on a parlé de donnant / donnant sur le pacte de compétitivité, on sest demandé sil sagissait dune approche juridique, administrative et bureaucratique. Non ! Mais un engagement où on se fixe un objectif ambitieux qui est redresser notre économie, la moderniser et sagissant des outre-mer de lui donner justement cette capacité qui lui manque à exister par elle-même et pas seulement à chaque crise où on se penche sur les difficultés et les problèmes. Donc voilà la démarche qui est la nôtre.
Et sagissant justement de la politique de lemploi, de la formation et du dialogue social, vous avez manifesté clairement le souhait dune modernisation des relations sociales dans lentreprise. Et cest justifié. Ca rejoint complètement les débats de la grande conférence sociale qui sest tenue les 9 et 10 juillet derniers, au Conseil économique et social et environnemental qui donnent lieu depuis à des négociations spécifiques. Ca vaut pour légalité professionnelle entre les hommes et les femmes mais ça vaut aussi pour les contrats de génération, maintien dans lemploi dun sénior, embauche dun jeune en CDI qui ont fait lobjet dune négociation et dun accord de toutes les organisations syndicales et patronales et qui va se traduire par un projet de loi qui va être bientôt adopté par le Parlement. Et puis, cest la grande négociation qui est en cours, qui, jespère aboutira sur la sécurisation des parcours professionnels. Dun côté prendre en compte les mutations économiques auxquelles sont confrontées les entreprises avec leur personnel, mieux anticiper les risques de crise et de lautre côté aussi, faire reculer la précarité en particulier la précarité des contrats de travail en CDD, en intérim et beaucoup dautres sujets qui seront sur la table. On sait que la négociation nest pas simple, quelle est parfois dure mais jespère que nous aboutirons, en tout cas que les partenaires sociaux aboutiront parce que ce serait une vraie avancée et cest dans cet esprit que vous voulez vous aussi vous inscrire dans les Outre-mer et vous avez raison. En tout cas, tout cela participe aux priorit??s que le Gouvernement sest fixées.
De ce point de vue, la loi sur la création de la Banque publique dInvestissement, la BPI, qui est en cours dexamen par le Parlement est aussi un engagement concret, très concret quavait pris le président de la République. Vous vous souvenez de ce "je ne suis pas un ennemi de la finance mais je veux que la finance soit au service de léconomie." Là, nous sommes au cur de la question ; nous ne sommes pas simplement dans des effets dannonce ou des discours, des formules. La Banque publique dInvestissement, cest loutil que nous nous donnons et qui doit avec les territoires au plus près du terrain aider les entreprises et en particulier les PME, les PMI avec les TPE mais toutes les filières quil faudra réorganiser dans lesprit du pacte que jévoquais il y a quelques instants. Et dans quelques jours, le Conseil des ministres adoptera une autre loi sur la finance. Cest la séparation dans la gestion des banques de la partie des dépôts et des prêts et avec la partie spéculative que certaines banques organisent pour bien mettre là encore la finance au service de léconomie et en particulier de ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux crédits. Les grands groupes accèdent au crédit par le marché mais la grande masse des entreprises, des PME, des TPE parfois même ont des difficultés à avoir un prêt en trésorerie et qui, si elle ne l??obtient pas, cest lentreprise qui disparait et lemploi avec. Donc il faut changer les règles du jeu et je veillerai à ce que le dispositif de la Banque publique dInvestissement et les produits quil offrira soient mis en place rapidement, sans quaucun territoire ultramarin ne reste à lécart, dans le respect, naturellement, des compétences de chacun. Il faudra faire preuve là encore de souplesse, dimagination pour prendre les mesures dadaptation nécessaires, notamment pour tenir compte du fait que les acteurs du financement de léconomie ne sont pas les mêmes Outre-mer et dans lhexagone.
La doctrine dintervention de la BPI et les produits quelle développera devront également être conçus et adaptés aux besoins spécifiques de ces territoires. Ce sera lune des premières missions du nouveau directeur général, à qui je demanderai de faire des propositions en ce sens dès les premiers temps de sa nomination officielle lorsque la banque sera effectivement créée et en concertation avec les acteurs concernés et avec évidemment lengagement du ministre des outre-mer, Victorin Lurel.
Le Gouvernement a également décidé de répondre aux situations durgence de certaines TPE. Je sais que les Préfets sont mobilisés et ils sappuient pour cela sur les Comités Départementaux dExamen des difficultés de Financement des entreprises (les CODEFI) et, pour les dettes fiscales et sociales, sur les Commissions départementales des Chefs des Services Financiers (les CCSF). Je souhaite que ces instances tiennent encore mieux compte dune situation particulière aux outre-mer et aussi fassent attention à la défaillance de certains donneurs dordre publics. Il nest pas normal, par exemple, quune PME ne soit pas payée par un hôpital public et pénalisée parallèlement pour non-paiement de cotisations patronales. Certaines grosses entreprises peuvent le supporter, mais vous savez bien que les TPE sont en incapacité de le faire. Je lai dit le 6 novembre : lEtat et lensemble des administrations publiques doivent être exemplaires en matière de délai de paiement, et il faut que ces défaillances soit prises en compte lorsquon examine la situation individuelle dune entreprise.
Je demande donc que les CCSF, pour établir leurs plans détalement des remboursements des dettes sociales des PME et conclure des moratoires, tiennent systématiquement compte des créances que les entreprises en cause détiennent sur les collectivités publiques. Lorsque cela sera possible, il faudra que les actions en recouvrement, qui peuvent entraîner des pénalités, cessent à hauteur des créances sur des organismes publics, ou ouvrent de plein droit une possibilité de moratoire automatique.
Pour les TPE en-dessous dun certain seuil de chiffre daffaires ou de salariés, jai demandé aux ministres concernés de me faire des propositions pour mettre en place, pour les dettes inférieures à un certain montant, des dispositifs de rachat des passifs et des actifs publics
Dautres propositions concrètes là on est vraiment dans le concret sont remontées des conférences locales, par exemple celle de la Fédération nationale des TPE (FTPE), que je tiens à saluer, et qui propose de développer outre-mer une mesure demploi partagé quelle a nommé « 4 TPE pour 1 emploi ». Voilà, ce nest pas un slogan, cest une ambition et il sagit pour plusieurs entreprises associées de mutualiser certaines de leurs fonctions support comme, comme ladministration, la comptabilité ou la réponse aux appels doffre.
Et pour atteindre cet objectif, je demande que dans chaque département, les services de lEtat et de Pôle emploi apportent leur soutien à ces initiatives en favorisant lémergence de groupements demployeurs. Ce dispositif, par la solidarité financière sur laquelle il repose et le statut quil offre, est sécurisant pour les entreprises comme pour les salariés.
Dans le secteur de lagriculture, si important dans léconomie ultramarine, lun des enjeux majeurs est la diversification des productions et lapprovisionnement du marché local par des productions locales. Et pour tenir compte des difficultés spécifiques à lagriculture ultramarine, notamment linsularité, l???éloignement, et la difficulté daccès au foncier, la loi d'avenir de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt que présenteront Stéphane LE Foll et Guillaume Garot comportera un titre spécifique aux outre-mer. Le projet de loi sera examiné par le Parlement durant le deuxième semestre de lannée prochaine.
Jai demandé donc aux deux ministres qui travaillent actuellement sur lavant-projet en liaison étroite évidemment avec le ministre des Outre-mer dassurer une large concertation avec les socioprofessionnels concernés, et bien sûr les collectivités territoriales.
Les conférences ont également fait émerger et Victorin Lurel y a fait allusion la demande dune politique de visas plus active pour faciliter les déplacements daffaires et lintégration économique régionale des outre-mer. Une première décision a donc été prise en matière de tourisme pour permettre, à partir du 1er janvier 2013 aux citoyens dAfrique du Sud de séjourner à La Réunion sans visa. Je demande aux ministres concernés, dans le cadre des travaux engagés au titre du pacte de compétitivité, de poursuivre dans cette voie et de mettre en uvre, lorsque les migrations sont maîtrisées ou les garanties suffisantes, une politique de visas daffaires plus volontariste, vers les pays proches qui peuvent être des partenaires commerciaux importants. Je pense évidemment à Madagascar, lInde pour La Réunion, ou au Brésil pour les Antilles et la Guyane. Cette politique doit aussi nous permettre de négocier une réciprocité pour les chefs dentreprise ultramarins.
Et pour concilier le développement économique et le progrès social, les conférences ont révélé une forte demande de modernisation du dialogue social Outre-mer. Je lai dit mais cela pose naturellement la question des acteurs de ce dialogue, y compris des acteurs locaux, dont la diversité doit pouvoir trouver à sexprimer dans les instances impliquant les partenaires sociaux. Mais ce débat, je lai dit, ne doit pas être esquivé. Il est de la responsabilité du Gouvernement de lengager mais il est aussi de la responsabilité des organisations syndicales de salariés et demployeurs de se saisir de ces questions et de faire des propositions. Ce nest pas le Gouvernement qui les fera à leur place. Par exemple, les conditions dans lesquelles une convention collective nationale est applicable dans les départements doutre-mer doivent être précisées de façon à éviter les situations où des branches nont aucun cadre conventionnel. Pourquoi ? Faute de négociation locale et faute dappliquer les accords nationaux. Donc cest absurde, ça doit pouvoir changer, je le pense. Je demande au ministre du Travail et à celui des Outre-mer de lancer une mission qui devra leur remettre des recommandations sur les leviers de modernisation du dialogue social outre-mer pour répondre à ces questions.
Dans le domaine social, les débats ont également confirmé limpact de la crise sur les outre-mer, où le taux de pauvreté est déjà nettement plus élevé quen métropole. 31 % des ménages en moyenne sont touchés, beaucoup plus dans certains territoires. Les familles monoparentales, les familles nombreuses pauvres sont surreprésentées. Jannoncerai demain, en clôture de la conférence contre la pauvreté et pour linclusion sociale, les grandes orientations dun plan national. Ce plan marquera à la fois un changement de regard, un changement de méthode et un changement dambitions. Et dans les DOM, la lutte contre la pauvreté sera une priorité du gouvernement.
Pour répondre, enfin, à la demande qui a été très souvent exprimée dune vision stratégique de lEtat en matière de soutien à léconomie, le gouvernement a décidé de mettre en cohérence les dispositifs actuels, ou de les rénover, sur la base de choix stratégiques clairs, à la fois sur les filières je lai évoqué mais aussi sur les instruments à privilégier.
Dans ce cadre, deux chantiers vont être menés en 2013 :
Le premier, cest est celui des financements. Les débats sur la défiscalisation ont montré quil y avait sur ce sujet beaucoup dincompréhension, beaucoup de crispation. Il faut les surmonter et trouver des solutions plus consensuelles. Mais vous lavez rappelé, monsieur le ministre, Victorin Lurel, jai veillé à ce que, je le disais tout à lheure, il ny ait pas de rupture parce que cette tentation existait y compris, vous lavez noté, dans lopinion publique. Certains disaient "les niches fiscales mais pourquoi garder celles sur loutre-mer ? " Eh bien parce que nous avons été attentifs à la réalité, à ce que vous nous avez dit, les alertes que vous avez exprimées et donc ça ne veut pas dire que pour autant, on ne va rien bouger, quil ny a rien à changer évidemment ! Mais le Gouvernement justement a engagé une réforme et qui prend du temps nécessairement puisquil faut se concerter et pas se tromper dans les solutions, une réforme du financement de léconomie qui a bien entendu vocation à sappliquer aux régions doutre-mer, mais en tenant compte des fortes spécificités de ces territoires. Donc cest ce que jai demandé à Victorin Lurel et qui bien sûr sy est déjà attaqué avec une volonté dune vision stratégique globale dans cette réforme des financements de léconomie dans les outre-mer. Il sagira notamment de mettre en cohérence les systèmes dexonération de charges, daides fiscales, de mobilisation de lépargne et daccès au crédit qui existent en Outre-mer et dont certains doivent être adaptés. Cette réforme devra respecter lengagement du président de la République de préserver les flux financiers globaux, tout en améliorant leur efficacité parce que cest bien le but. Ce nest pas de créer des injustices, ce nest pas de reculer, cest dêtre aussi engagé mais avec le souci de lefficacité pour que vous-mêmes, les responsables et aussi les populations, voient des résultats concrets qui sont à la base même dune confiance durable.
Jai parlé de deux chantiers. Le second chantier et celui de la structuration de léconomie autour des filières où les économies dOutre-mer disposent de véritables atouts mais encore faut-il les valoriser parce quil y a des retards, il faut les combler. Et il sagit les conférences locales lont fait ressortir très clairement de lagriculture, de lagroalimentaire, du tourisme, de lénergie, et du logement. La structuration des filières agroalimentaires, par exemple, est encore trop embryonnaire dans certains départements. Il faut rationaliser les circuits mais le faire en amont, soutenir la production, favoriser le développement dactivités de transformation en aval pour renforcer la valeur ajoutée produite localement et qui fait trop souvent défaut.
Et sur la transition énergétique, qui est un vaste défi pour la France, parce que lon néchappera pas à cette question, nous ne sommes pas simplement dans une crise, on parle de crise, oui il y a une crise mais nous sommes aussi à un moment historique de notre histoire. Cest une mutation que nous sommes en train de vivre et la mutation énergétique, il faut la dominer, il faut la maîtriser, adapter notre modèle sans le déstabiliser. Cest le chantier qui a été lancé la semaine dernière et nous devons avancer beaucoup plus résolument sur plusieurs projets structurants. Et je pense en particulier aux atouts de lOutre-mer en la matière. Il y en a beaucoup mais je ne vais pas développer davantage le sujet ici, vous le connaissez aussi bien que moi mais les Outre-mer peuvent même être en avant-garde sur ces questions environnementales : la question énergétique, la question de la biodiversité où cest là quelle est la plus présente, et qui est aussi une richesse et un atout.
Et dans le domaine du tourisme, là encore, il faut être imaginatif et coordonner davantage loffre existante mais il sagit aussi de la rénovation des outils, des hôtels en particulier mais il sagit aussi de la formation des personnels, il sagit aussi de travailler sur les contrats de destination qui impliquent les compagnies aériennes, énormément de travail à faire mais déjà beaucoup de propositions ont été faites par tous les acteurs économiques et sociaux et les élus des territoires. Faut-il encore quà un moment, ils soient regroupés et quils débouchent sur des projets concrets et sur des actes et des engagements.
En tout cas, vous le voyez, le Gouvernement ne manque ni dambition ni de détermination. Jai souvent parlé ces derniers temps de nouveau modèle français. Vous savez, la politique du Gouvernement, ce nest pas la politique sociale libérale comme je lai vu ici ou là. La politique sociale libérale qui se traduit dans trop de pays autour de nous en Europe, cest la baisse des salaires, cest la hausse des pensions, cest la baisse des prestations sociales ou familiales, cest la baisse des aides au logement, et donc cest un appauvrissement qui paraît-il est la base de la compétitivité. Non, nous, quand nous parlons de compétitivité, nous parlons de compétitivité économique mais nous devons aussi parler de compétitivité sociale et de compétitivité territoriale. Mais ça nécessite pour que ça marche dans une période où nous devons en même temps lutter contre la dette et les déficits de faire preuve dimagination, de créativité pour réorganiser, parfois refonder, parfois répondre aussi jai parlé de la transition énergétique à des questions nouvelles mais sans abandonner ce que nous sommes, sans abandonner nos valeurs et donc qui sont au cur même du pacte républicain. Donc pour moi, le modèle, cest le modèle social et républicain qui au cur même de son identité a le principe dégalité et cest ce principe dégalité qui doit guider nos actions. Donc refonder le modèle, ce nest pas abandonner les valeurs ; cest leur redonner toute leur force. Cest pourquoi je parle de "nouveau modèle français" mais ce nouveau modèle français, il vaut pour la métropole comme pour les Outre-mer. Il ne se fera pas seul, il se fera avec le concours des Françaises et des Français, de tous ceux qui ont envie de réussir et ceux qui sont là aujourdhui ont envie de réussir.
A lavance, je vous remercie et bon courage !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 décembre 2012