Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Je suis ravi de vous retrouver et ravi de retrouver Alain VIDALIES qui est ministre des Relations avec le Parlement. Soyons un petit peu violents pour nous réveiller d'entrée le matin, elle est incompétente ou menteuse Christine TAUBIRA quand elle va dans un grand média national pour dire : « je ne suis pas au courant » ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, je pense que c'est un résumé qui ne correspond pas vraiment
GUILLAUME DURAND
C'est une question !
ALAIN VIDALIES
Oui ! C'est une question. Mais je voudrais d'abord faire une déclaration pour mettre un peu d'apaisement, je voudrais féliciter l'UMP, franchement, franchement, moi qui suis depuis longtemps un observateur de la vie politique, je pense que c'est une des plus belles opérations d'enfumage politiques et médiatiques qui ait été réussie depuis bien longtemps, ça reste une opération d'enfumage mais ça mérite quand même pour ses auteurs
GUILLAUME DURAND
C'est pour ça que je voudrais que vous expliquiez là-dessus, mais par contre vous ne m'avez pas répondu à ma première question.
ALAIN VIDALIES
Je vais répondre ! Mais je veux d'abord dire ça, parce que c'est quand même assez extraordinaire ce qui est en train de se passer. Et ça rejoint aussi un peu votre question, parce qu'on arrive à poser la question de savoir s'il est aujourd'hui déterminant de savoir si entre le 26 février et le 7 mars - qui est la date de la publication dans Le Monde c'est déterminant de savoir si la ministre a été informée ou pas entre le ça change quoi ? Alors que ceux qui exploitent aujourd'hui vous disent : « Ah ! Et elle savait qu'il a été écouté ». Depuis un an ? Pas du tout ! Personne ne l'a jamais dit
GUILLAUME DURAND
Alain VIDALIES, vous me prenez pour un imbécile, si vous êtes ministre en charge, si vous êtes garde des Sceaux et que vous allez dans le journal de TF1 et de FRANCE 2 et qu'un journaliste vous pose la question, vous n'allez pas dire : « je ne suis pas au courant ».
ALAIN VIDALIES
Mais elle a répondu
GUILLAUME DURAND
Vous dites : « ça ne change rien » mais pourquoi mentir ?
ALAIN VIDALIES
Elle n'est pas au courant
GUILLAUME DURAND
Pourquoi mentir ?
ALAIN VIDALIES
Mais pourquoi utiliser ces mots, elle n'a pas menti, la question...
GUILLAUME DURAND
Elle aurait pu dire : « je suis au courant qu'il y a une procédure
ALAIN VIDALIES
Non ! Non.
GUILLAUME DURAND
Je ne connais pas le détail », elle dit
ALAIN VIDALIES
Elle est au courant depuis le 26 février. La question qui est posée et l'interprétation qui est donnée aujourd'hui, dans un certain nombre de médias d'ailleurs, à la suite de l'offensive remarquable de l'UMP hier, c'est de dire : « donc elle était au courant des écoutes ». Non ! Elle n'était pas au courant des écoutes, elle est au courant d'une seule chose, qui est la seule chose dont elle doit être au courant et qui évidemment devait s'entendre de ce qu'elle avait dit, c'est que le 26 février il se passe quoi après ? Il faut quand même parler du fond ! Le 26 février des juges d'instruction qui, depuis un an mais personne ne le sait, sauf eux enquêtent sur une plainte déposée par monsieur SARKOZY, sur une affaire dans laquelle nous sommes complètement étrangers, c'est le financement de la campagne de 2007, découvrent une discussion avec une présomption de trafic d'influence très grave puisque ça concerne un magistrat, ils vont ouvrir une
GUILLAUME DURAND
Aucune preuve ! Il n'a pas été nommé.
ALAIN VIDALIES
Exactement ! Il va y avoir mais il n'y a pas de preuve, mais il y a une information qui est décidée.
GUILLAUME DURAND
Mais ils l'écoutent depuis un an Nicolas SARKOZY, il n'y a aucune preuve sur rien
ALAIN VIDALIES
Non ! Mais, attendez
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas un problème quand même pour vous ?
ALAIN VIDALIES
Monsieur, monsieur DURAND
GUILLAUME DURAND
Vous vous imaginez aux Etats-Unis par exemple
ALAIN VIDALIES
Que vous
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais, non mais je suppose que (brouhaha)...
ALAIN VIDALIES
La différence entre vous et moi c'est que vous êtes journaliste, vous avez le droit d'avoir une idée sur le fond des affaires, c'est la liberté de la presse, c'est quelque chose qui est totalement interdit à un responsable politique et ça ne se fera jamais
GUILLAUME DURAND
Oui !
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas, vous pouvez avoir vos certitudes, vous avez peut-être vous connaissance du dossier, moi pas du tout. Donc, ce qu'il y a dans les écoutes, ce que Le Monde a publié, ce qu'il y a dans le dossier je n'en sais rien et de toute façon nous n'avons aucun commentaire à faire, vous pouvez vous avoir vos certitudes. Mais le juge
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais c'est ça que je ne crois pas, pardonnez-moi, vous me dites OK, vous
ALAIN VIDALIES
Vous ne me croyez pas !
GUILLAUME DURAND
Mais comment voulez-vous ?
ALAIN VIDALIES
Mais qu'est-ce qui vous permet de ne pas le croire ?
GUILLAUME DURAND
Mais parce que je connais l'histoire de la Vème République comme vous, vous croyez que les différents ministres de l'Intérieur
ALAIN VIDALIES
Mais voyez-vous, voyez-vous
GUILLAUME DURAND
Depuis des années
ALAIN VIDALIES
Voyez-vous le résultat
GUILLAUME DURAND
Vous croyez que mais y compris ceux de gauche
ALAIN VIDALIES
Le résultat de ce que fait l'UMP est encore plus fort, car le mal est dans les esprits, qu'on ne puisse pas avoir une rupture dans ce pays qui est de dire : »Dorénavant, il n'y a plus d'instruction, il n'y a plus de suivi des dossiers, il y a le respect de l'indépendance de la magistrature », même quand on le fait, même quand on est pratiquant, on ne nous croit pas. Et d'ailleurs je vais vous citer un exemple
GUILLAUME DURAND
Mais, tous les futurs candidats à la Présidentielle, ils ont deux obsessions : être au Budget pour connaître la situation fiscale des gens et être à l'Intérieur, vous les connaissez tous, ils l'ont tous été.
ALAIN VIDALIES
Non ! Monsieur DURAND, on peut avoir une autre pratique démocratique et c'est celle qu'a le président de la République.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais donnez-moi une preuve, donnez-moi une preuve qu'elle n'était pas au courant du fond ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien la preuve, vous vous rendez compte de la question que vous me posez, la preuve
GUILLAUME DURAND
Eh bien c'est normal que je vous la pose !
ALAIN VIDALIES
Non ! Parce que la preuve qu'on n'a pas fait quelque chose, c'est assez extraordinaire de pouvoir y répondre, la preuve que l'on n'a pas eu des informations eh bien évidemment, ce gouvernement, ce gouvernement ne donne pas d'instruction. Et d'ailleurs il n'est pas simplement croyant, il est aussi pratiquant, si l'on veut revenir aux questions politiques, quand pour garantir ces choses-là on fait une réforme, on propose une réforme du Conseil supérieur de la magistrature et qu'il nous faut une majorité des 3/5ème, c'est-à-dire élargir le champ républicain, on pourrait se dire que dans ce pays au fond il y a des gens de gauche et des gens de droite qui sont d'accord pour qu'on garantisse l'indépendance de la justice.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais
ALAIN VIDALIES
Pourquoi ça ne s'est pas fait ? Parce que la droite n'a pas voulu, les mêmes qui aujourd'hui montent au créneau avec l'étendard de la défense dont on ne sait trop quoi d'ailleurs dans ces affaires je veux rappeler quand même qu'elles sont totalement internes à l'UMP, ce n'est pas nous qui surfacturons à l'intérieur de l'UMP, je ne sais pas d'ailleurs si c'est vrai ou pas, chacun a le droit
GUILLAUME DURAND
Eh bien quand COPE demande que tout le monde publie les comptes c'est parce qu'il pense aussi qu'il y a des entreprises de communication qui ont surfacturé
ALAIN VIDALIES
Oui ! Enfin quand les mêmes, quand les mêmes se battent pendant des mois et des mois - et j'en sais quelque chose - sur la transparence comme quoi c'était du voyeurisme, etc. et, quand c'est leurs petits intérêts qui sont en compte, deviennent subitement les chantres de la transparence, il y a un moment où il va falloir quand même que
GUILLAUME DURAND
Donc, ce n'est pas un scandale d'état ce qui se passe ?
ALAIN VIDALIES
Mais c'est Ecoutez ! Je ne sais pas s'il y a peut-être un scandale mais il concerne ce qui a été fait par rapport à la justice par monsieur SARKOZY, ce magistrat, etc., je ne sais pas si c'est vrai, monsieur SARKOZY a le droit à la présomption
GUILLAUME DURAND
Mais la gauche, rien ?
ALAIN VIDALIES
A la présomption Mais en quoi on est concernés ? C'est des affaires
GUILLAUME DURAND
Et moi j'ai des journaux, il y a beaucoup de conseillers
ALAIN VIDALIES
Mais je vous dis
GUILLAUME DURAND
Des conseillers de la gauche qui consistent à dire, qui commencent à dire : « TAUBIRA est un problème, elle n'aurait jamais dû faire ça, etc. ». Vous croyez qu'ils vont vous lâcher
ALAIN VIDALIES
Mais je veux dire que ça me
GUILLAUME DURAND
Il vous demande une commission d'enquête parlementaire par exemple FILLON, vous lui répondez quoi ce matin ?
ALAIN VIDALIES
Mais vous savez monsieur FILLON il sait parfaitement de quoi il s'agit, monsieur FILLON il sait lui qu'on ne peut pas faire une commission d'enquête parlementaire sur des faits dont la justice est saisie, il le sait, mais il se dit : finalement, monsieur Guillaume DURAND et puis dautres, ils vont me reprendre cette information, ça fait une belle offensive », c'est réussi, mais c'est scandaleux tout simplement. Il n'y a pas
GUILLAUME DURAND
Il y a un débat au Parlement ? Vous êtes ministre
ALAIN VIDALIES
Un débat au Parlement sur quoi ? Alors, voyons, on réunit un Parlement demain et on va parler de quoi, du contenu d'une procédure judiciaire ? Ca c'est dans les feuilletons télévisés, ce n'est pas de la politique
GUILLAUME DURAND
Non ! C'est ce que vous avez dit.
ALAIN VIDALIES
Oui ! Mais justement, justement, ils ont une procédure accusatoire, c'est un autre système judiciaire, ce n'est pas celui que l'on veut d'ailleurs cette droite en France, vous le savez bien, a toujours rêvé de supprimer les juges d'instruction, eh bien nous nous sommes favorables à ce que ces juges d'instruction indépendants ils continuent leur travail et que, et que, chacun puisse faire valoir ses droits. Moi je ne fais pas de condamnation médiatique ni des uns, ni des autres, s'il y a des nullités, s'il y a des choses qui ont été faites qui ne correspondent pas au droit, alors c'est d'autres juges qui apprécieront, chacun fera pourra faire valoir ses droits.
GUILLAUME DURAND
Pardonnez-moi, mais évidemment on n'est pas dans la même situation, mais idéologiquement une partie de la magistrature, pas toute la magistrature, ils sont dans votre camp - vous l'avez vu le mur des cons comme moi - donc comment pouvez-vous croire ou dire moi je comprends que vous mettiez une séparation entre effectivement les accusations qui vous ont porté et vos responsabilités gouvernementales mais idéologiquement une grande partie des juges ils ne peuvent pas blairer SARKOZY pardonnez-moi cette expression et ils n'ont qu'une seule envie c'est de le faire tomber, donc ils sont finalement objectivement de votre côté, ils ne sont pas politiquement de votre côté, ils sont idéologiquement de votre côté ?
ALAIN VIDALIES
Mais, monsieur DURAND, mais où vous conduit ce raisonnement ?
GUILLAUME DURAND
Eh bien le fait qu'ils saisissent le
ALAIN VIDALIES
Où vous conduit ce raisonnement ? Là vous citez
GUILLAUME DURAND
Eh bien, le raisonnement, je vais vous l'expliquer. C'est très simple
ALAIN VIDALIES
Vous citez des juges idéologiquement
GUILLAUME DURAND
C'est qu'ils vont multipliez les procédures sans preuve jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se présenter.
ALAIN VIDALIES
Vous citez des juges idéologiquement proches de la gauche.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais le mur des cons tout le monde l'a vu, hein ?
ALAIN VIDALIES
Mais vous pouvez admettre, monsieur DURAND, qu'il y a aussi des juges idéologiquement proches de la droite ?
GUILLAUME DURAND
D'accord !
ALAIN VIDALIES
Si vous rentrez dans le débat sur la justice avec ce paramètre, vous ne vous en sortez jamais, il n'y a plus de justice possible, qu'ils aient leur conviction
GUILLAUME DURAND
Eh bien si puisque François HOLLANDE doit les recevoir les magistrats et les juges.
ALAIN VIDALIES
Qu'ils aient leur conviction les uns ou les autres, la seule position possible vous ne pouvez pas sortir de cette question de principe c'est de respecter l'indépendance des juges, la légitimité du juge ça n'est pas ses convictions c'est la loi, la seule légitimité du juge c'est la loi et c'est pour ça qu'il faut lui garantir son indépendance pour l'application de la loi et il ne faut
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais moi je n'ai jamais dit le contraire.
ALAIN VIDALIES
Non ! Il ne faut pas rentrer sur le fait qu'il y aurait une explication politique, d'abord il y a plus de juges qui regardent les élections, il y a plus de juges disons plutôt de droite que de juges de gauche
GUILLAUME DURAND
Proches de l'USM, plus
ALAIN VIDALIES
Mais je ne veux pas rentrer là-dedans parce que ça n'a pas d'intérêt, on doit garantir à tous les juges qu'ils sont indépendants et que leur légitimité, la légitimité du juge c'est la loi qui est faite par les représentants du peuple et vous ne pouvez pas sortir de cette affaire sauf à ce que tous ceux qui nous écoutent et, à ce moment là, un doute sur ce qui est un des piliers de nos institutions et on devrait, de droite ou de gauche, tous être les garants, y compris dans la presse me semble-t-il de cette approche de la justice.
GUILLAUME DURAND
Est-ce qu'il faut que le président de la République reçoive les magistrats et les représentants des avocats ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, il a décidé de le faire, il a décidé de répondre puisqu'il y avait une question, enfin une lettre qui lui a été adressée par le Barreau de Paris et une lettre qui lui a été adressée par l'USM et je sais que dans la réponse, puisqu'il me l'a dit, il propose de les recevoir tout simplement
GUILLAUME DURAND
Quand ?
ALAIN VIDALIES
Ce qui me parait normal - je ne sais pas du tout, mais enfin ça va se faire.
GUILLAUME DURAND
Assez vite ?
ALAIN VIDALIES
Je pense assez vite, oui.
GUILLAUME DURAND
Et les représentants des avocats, eux, doivent aller voir Christiane TAUBIRA dans un contexte qui est quand même violemment différent ?
ALAIN VIDALIES
La question qui a été posée dans cette affaire, là le débat était plus sérieux en début de semaine sur la question des avocats, de l'écoute des avocats, parce qu'on voit bien tous qu'on est sur le fil du rasoir, entre le respect des droits de la défense et puis ce qui s'est passé. En l'occurrence, je rappelle, c'est : monsieur SARKOZY était avocat et que c'est d'ailleurs une plainte qu'il dépose lui contre Mediapart et dans lesquelles vont intervenir les écoutes de ce que j'ai appris par la presse. Mais le bâtonnier est informé, donc la question
GUILLAUME DURAND
C'est la loi qui l'oblige !
ALAIN VIDALIES
C'est la loi qui l'oblige ! Voilà. Et donc la question c'est, il me semble que cette loi qui existe depuis 91, qui pose un principe, à peine de nullité alors à peine de nullité pour ceux qui nous écoutent ça veut dire que, si on ne respecte pas ces règles-là, toute la procédure est nulle, donc le juge a plutôt intérêt et c'est normal à respecter scrupuleusement cette affaire. On nous dit que ça n'a pas été fait, je n'en sais rien, et dans tous les cas il y a des recours et c'est normal et, si ça n'a pas été respecté, la procédure sera annulée. D'autres tirent de cette affaire un débat honorable : est-ce qu'il faut sanctuariser complètement, ça c'est un vrai débat, est-ce quil faut sanctuariser complètement les activités des avocats ? Je suis J'ai été avocat pendant 35 ans, donc je connais bien ce métier, je ne crois pas, je ne crois pas qu'on puisse poser comme principe qu'il y aurait une impunité. La loi de 91, la décision de la Cour de cassation de 2003 me semble-t-il enferme dans des conditions très strictes les possibilités de transcrire les écoutes des avocats. Est-ce qu'il peut y avoir un débat parlementaire là-dessus ? Probablement ! Parce que c'est un débat qui est honorable et il aurait du en rester là.
GUILLAUME DURAND
Gouvernement vous m'avez dit, là vous parlez comme l'ancien avocat enfin l'ancien avocat, l'homme qui a été un praticien mais j'en reviens à l'affaire politique, vous savez bien que l'objectif c'est quand même d'empêcher Nicolas SRKOZY de se présenter et donc de multiplier les procédures sans preuve jusqu'à ce qu'il soit accusé, témoin assisté, mis en examen, etc., etc., ne me prenez pas pour un
ALAIN VIDALIES
Monsieur DURAND, vous faites la question et la réponse
GUILLAUME DURAND
Pour
ALAIN VIDALIES
Vous dites multiplier les procédures sans preuve
GUILLAUME DURAND
Mais c'est écrit partout dans les journaux, je les ai amenés, ils sont là.
ALAIN VIDALIES
Mais enfin ce n'est pas parce que vous écrivez tous la même chose
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais
ALAIN VIDALIES
A la suite du succès d'une offensive de l'UMP que ça devient la vérité, je vous le dis très clairement.
GUILLAUME DURAND
Alors pourquoi le président de la République a-t-il dit à des parlementaires socialistes, qu'il a reçus lundi soir
ALAIN VIDALIES
Continuons ! Oui, continuons sur cette affaire. Est-ce que vous avez remonté le fil médiatique de cette opération ? Quand est-ce que cette phrase apparait pour la première fois et comment elle a été réutilisée ? Je vous invite à le faire ! Elle apparaît dans un numéro (brouhaha) elle apparait dans un numéro du Figaro Magazine qui ne parle absolument pas de ça, puis ensuite elle est reprise dans le Journal Du Dimanche
GUILLAUME DURAND
Eh bien les gens s'étonnent !
ALAIN VIDALIES
Et pour faire le lien, monsieur DURAND, entre cette phrase et aujourd'hui dans le numéro suivant du Figaro Magazine
GUILLAUME DURAND
Oui !
ALAIN VIDALIES
Ils ne citent même pas leur propre citation mais ils renvoient au Journal Du Dimanche, franchement il y a des moments d'ailleurs un journal l'a écrit où on s'y perd. Donc, très honnêtement je crois que cette construction elle a été faite, elle donne des résultats et notre entretien le prouve, mais on n'est pas obligés d'accepter cet enfumage absolument incroyable.
GUILLAUME DURAND
Est-ce qu'il n'y a pas au gouvernement deux catégories de ministres, pardonnez-moi d'être encore franc et peut-être violent puisqu'après tout c'est la matinée, les bons et les mauvais, c'est-à-dire vous - je ne vais pas distribuer des bons points FABIUS, CAZENEUVE, etc. et puis des approximatifs totaux, c'est-à-dire des gens qui disent quelque chose à la télévision et ils sont démentis par la presse le lendemain ?
ALAIN VIDALIES
Alors, monsieur DURAND, je
GUILLAUME DURAND
Je ne l'ai pas citée !
ALAIN VIDALIES
Je suis dans une équipe, moi personnellement je les apprécie, il y a un bon esprit d'équipe et j'ai vu beaucoup passer de gouvernements alors les commentaires après ou les appréciations naturellement ça relève de la liberté de la presse.
GUILLAUME DURAND
Et du président de la République qui va remanier.
ALAIN VIDALIES
Bien sûr ! Du président de la République de sa décision et de son appréciation
GUILLAUME DURAND
Donc, si elle n'est plus garde des Sceaux, on aura compris pourquoi ?
ALAIN VIDALIES
Je n'en sais rien et on ne me demandera pas mon avis, mais je pense que c'est quelqu'un d'important dans le gouvernement, qui défend
GUILLAUME DURAND
Ca ne veut pas dire qu'elle va quitter le gouvernement ?
ALAIN VIDALIES
Qui défend, et à qui a une grande loi sur la réforme pénale qui va venir et dont je pense elle espère la porter.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup en tout cas d'être venu ce matin Alain VIDALIES
ALAIN VIDALIES
Merci.
GUILLAUME DURAND
Dans un dossier qui est évidemment extrêmement complexe, passionné et où le gouvernement et la presse ont parfois non pas des intérêts contradictoires - parce que nous cherchons tous la vérité mais disons des positions qui sont contradictoires, c'est normal.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 mars 2014
Je suis ravi de vous retrouver et ravi de retrouver Alain VIDALIES qui est ministre des Relations avec le Parlement. Soyons un petit peu violents pour nous réveiller d'entrée le matin, elle est incompétente ou menteuse Christine TAUBIRA quand elle va dans un grand média national pour dire : « je ne suis pas au courant » ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, je pense que c'est un résumé qui ne correspond pas vraiment
GUILLAUME DURAND
C'est une question !
ALAIN VIDALIES
Oui ! C'est une question. Mais je voudrais d'abord faire une déclaration pour mettre un peu d'apaisement, je voudrais féliciter l'UMP, franchement, franchement, moi qui suis depuis longtemps un observateur de la vie politique, je pense que c'est une des plus belles opérations d'enfumage politiques et médiatiques qui ait été réussie depuis bien longtemps, ça reste une opération d'enfumage mais ça mérite quand même pour ses auteurs
GUILLAUME DURAND
C'est pour ça que je voudrais que vous expliquiez là-dessus, mais par contre vous ne m'avez pas répondu à ma première question.
ALAIN VIDALIES
Je vais répondre ! Mais je veux d'abord dire ça, parce que c'est quand même assez extraordinaire ce qui est en train de se passer. Et ça rejoint aussi un peu votre question, parce qu'on arrive à poser la question de savoir s'il est aujourd'hui déterminant de savoir si entre le 26 février et le 7 mars - qui est la date de la publication dans Le Monde c'est déterminant de savoir si la ministre a été informée ou pas entre le ça change quoi ? Alors que ceux qui exploitent aujourd'hui vous disent : « Ah ! Et elle savait qu'il a été écouté ». Depuis un an ? Pas du tout ! Personne ne l'a jamais dit
GUILLAUME DURAND
Alain VIDALIES, vous me prenez pour un imbécile, si vous êtes ministre en charge, si vous êtes garde des Sceaux et que vous allez dans le journal de TF1 et de FRANCE 2 et qu'un journaliste vous pose la question, vous n'allez pas dire : « je ne suis pas au courant ».
ALAIN VIDALIES
Mais elle a répondu
GUILLAUME DURAND
Vous dites : « ça ne change rien » mais pourquoi mentir ?
ALAIN VIDALIES
Elle n'est pas au courant
GUILLAUME DURAND
Pourquoi mentir ?
ALAIN VIDALIES
Mais pourquoi utiliser ces mots, elle n'a pas menti, la question...
GUILLAUME DURAND
Elle aurait pu dire : « je suis au courant qu'il y a une procédure
ALAIN VIDALIES
Non ! Non.
GUILLAUME DURAND
Je ne connais pas le détail », elle dit
ALAIN VIDALIES
Elle est au courant depuis le 26 février. La question qui est posée et l'interprétation qui est donnée aujourd'hui, dans un certain nombre de médias d'ailleurs, à la suite de l'offensive remarquable de l'UMP hier, c'est de dire : « donc elle était au courant des écoutes ». Non ! Elle n'était pas au courant des écoutes, elle est au courant d'une seule chose, qui est la seule chose dont elle doit être au courant et qui évidemment devait s'entendre de ce qu'elle avait dit, c'est que le 26 février il se passe quoi après ? Il faut quand même parler du fond ! Le 26 février des juges d'instruction qui, depuis un an mais personne ne le sait, sauf eux enquêtent sur une plainte déposée par monsieur SARKOZY, sur une affaire dans laquelle nous sommes complètement étrangers, c'est le financement de la campagne de 2007, découvrent une discussion avec une présomption de trafic d'influence très grave puisque ça concerne un magistrat, ils vont ouvrir une
GUILLAUME DURAND
Aucune preuve ! Il n'a pas été nommé.
ALAIN VIDALIES
Exactement ! Il va y avoir mais il n'y a pas de preuve, mais il y a une information qui est décidée.
GUILLAUME DURAND
Mais ils l'écoutent depuis un an Nicolas SARKOZY, il n'y a aucune preuve sur rien
ALAIN VIDALIES
Non ! Mais, attendez
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas un problème quand même pour vous ?
ALAIN VIDALIES
Monsieur, monsieur DURAND
GUILLAUME DURAND
Vous vous imaginez aux Etats-Unis par exemple
ALAIN VIDALIES
Que vous
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais, non mais je suppose que (brouhaha)...
ALAIN VIDALIES
La différence entre vous et moi c'est que vous êtes journaliste, vous avez le droit d'avoir une idée sur le fond des affaires, c'est la liberté de la presse, c'est quelque chose qui est totalement interdit à un responsable politique et ça ne se fera jamais
GUILLAUME DURAND
Oui !
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas, vous pouvez avoir vos certitudes, vous avez peut-être vous connaissance du dossier, moi pas du tout. Donc, ce qu'il y a dans les écoutes, ce que Le Monde a publié, ce qu'il y a dans le dossier je n'en sais rien et de toute façon nous n'avons aucun commentaire à faire, vous pouvez vous avoir vos certitudes. Mais le juge
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais c'est ça que je ne crois pas, pardonnez-moi, vous me dites OK, vous
ALAIN VIDALIES
Vous ne me croyez pas !
GUILLAUME DURAND
Mais comment voulez-vous ?
ALAIN VIDALIES
Mais qu'est-ce qui vous permet de ne pas le croire ?
GUILLAUME DURAND
Mais parce que je connais l'histoire de la Vème République comme vous, vous croyez que les différents ministres de l'Intérieur
ALAIN VIDALIES
Mais voyez-vous, voyez-vous
GUILLAUME DURAND
Depuis des années
ALAIN VIDALIES
Voyez-vous le résultat
GUILLAUME DURAND
Vous croyez que mais y compris ceux de gauche
ALAIN VIDALIES
Le résultat de ce que fait l'UMP est encore plus fort, car le mal est dans les esprits, qu'on ne puisse pas avoir une rupture dans ce pays qui est de dire : »Dorénavant, il n'y a plus d'instruction, il n'y a plus de suivi des dossiers, il y a le respect de l'indépendance de la magistrature », même quand on le fait, même quand on est pratiquant, on ne nous croit pas. Et d'ailleurs je vais vous citer un exemple
GUILLAUME DURAND
Mais, tous les futurs candidats à la Présidentielle, ils ont deux obsessions : être au Budget pour connaître la situation fiscale des gens et être à l'Intérieur, vous les connaissez tous, ils l'ont tous été.
ALAIN VIDALIES
Non ! Monsieur DURAND, on peut avoir une autre pratique démocratique et c'est celle qu'a le président de la République.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais donnez-moi une preuve, donnez-moi une preuve qu'elle n'était pas au courant du fond ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien la preuve, vous vous rendez compte de la question que vous me posez, la preuve
GUILLAUME DURAND
Eh bien c'est normal que je vous la pose !
ALAIN VIDALIES
Non ! Parce que la preuve qu'on n'a pas fait quelque chose, c'est assez extraordinaire de pouvoir y répondre, la preuve que l'on n'a pas eu des informations eh bien évidemment, ce gouvernement, ce gouvernement ne donne pas d'instruction. Et d'ailleurs il n'est pas simplement croyant, il est aussi pratiquant, si l'on veut revenir aux questions politiques, quand pour garantir ces choses-là on fait une réforme, on propose une réforme du Conseil supérieur de la magistrature et qu'il nous faut une majorité des 3/5ème, c'est-à-dire élargir le champ républicain, on pourrait se dire que dans ce pays au fond il y a des gens de gauche et des gens de droite qui sont d'accord pour qu'on garantisse l'indépendance de la justice.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais
ALAIN VIDALIES
Pourquoi ça ne s'est pas fait ? Parce que la droite n'a pas voulu, les mêmes qui aujourd'hui montent au créneau avec l'étendard de la défense dont on ne sait trop quoi d'ailleurs dans ces affaires je veux rappeler quand même qu'elles sont totalement internes à l'UMP, ce n'est pas nous qui surfacturons à l'intérieur de l'UMP, je ne sais pas d'ailleurs si c'est vrai ou pas, chacun a le droit
GUILLAUME DURAND
Eh bien quand COPE demande que tout le monde publie les comptes c'est parce qu'il pense aussi qu'il y a des entreprises de communication qui ont surfacturé
ALAIN VIDALIES
Oui ! Enfin quand les mêmes, quand les mêmes se battent pendant des mois et des mois - et j'en sais quelque chose - sur la transparence comme quoi c'était du voyeurisme, etc. et, quand c'est leurs petits intérêts qui sont en compte, deviennent subitement les chantres de la transparence, il y a un moment où il va falloir quand même que
GUILLAUME DURAND
Donc, ce n'est pas un scandale d'état ce qui se passe ?
ALAIN VIDALIES
Mais c'est Ecoutez ! Je ne sais pas s'il y a peut-être un scandale mais il concerne ce qui a été fait par rapport à la justice par monsieur SARKOZY, ce magistrat, etc., je ne sais pas si c'est vrai, monsieur SARKOZY a le droit à la présomption
GUILLAUME DURAND
Mais la gauche, rien ?
ALAIN VIDALIES
A la présomption Mais en quoi on est concernés ? C'est des affaires
GUILLAUME DURAND
Et moi j'ai des journaux, il y a beaucoup de conseillers
ALAIN VIDALIES
Mais je vous dis
GUILLAUME DURAND
Des conseillers de la gauche qui consistent à dire, qui commencent à dire : « TAUBIRA est un problème, elle n'aurait jamais dû faire ça, etc. ». Vous croyez qu'ils vont vous lâcher
ALAIN VIDALIES
Mais je veux dire que ça me
GUILLAUME DURAND
Il vous demande une commission d'enquête parlementaire par exemple FILLON, vous lui répondez quoi ce matin ?
ALAIN VIDALIES
Mais vous savez monsieur FILLON il sait parfaitement de quoi il s'agit, monsieur FILLON il sait lui qu'on ne peut pas faire une commission d'enquête parlementaire sur des faits dont la justice est saisie, il le sait, mais il se dit : finalement, monsieur Guillaume DURAND et puis dautres, ils vont me reprendre cette information, ça fait une belle offensive », c'est réussi, mais c'est scandaleux tout simplement. Il n'y a pas
GUILLAUME DURAND
Il y a un débat au Parlement ? Vous êtes ministre
ALAIN VIDALIES
Un débat au Parlement sur quoi ? Alors, voyons, on réunit un Parlement demain et on va parler de quoi, du contenu d'une procédure judiciaire ? Ca c'est dans les feuilletons télévisés, ce n'est pas de la politique
GUILLAUME DURAND
Non ! C'est ce que vous avez dit.
ALAIN VIDALIES
Oui ! Mais justement, justement, ils ont une procédure accusatoire, c'est un autre système judiciaire, ce n'est pas celui que l'on veut d'ailleurs cette droite en France, vous le savez bien, a toujours rêvé de supprimer les juges d'instruction, eh bien nous nous sommes favorables à ce que ces juges d'instruction indépendants ils continuent leur travail et que, et que, chacun puisse faire valoir ses droits. Moi je ne fais pas de condamnation médiatique ni des uns, ni des autres, s'il y a des nullités, s'il y a des choses qui ont été faites qui ne correspondent pas au droit, alors c'est d'autres juges qui apprécieront, chacun fera pourra faire valoir ses droits.
GUILLAUME DURAND
Pardonnez-moi, mais évidemment on n'est pas dans la même situation, mais idéologiquement une partie de la magistrature, pas toute la magistrature, ils sont dans votre camp - vous l'avez vu le mur des cons comme moi - donc comment pouvez-vous croire ou dire moi je comprends que vous mettiez une séparation entre effectivement les accusations qui vous ont porté et vos responsabilités gouvernementales mais idéologiquement une grande partie des juges ils ne peuvent pas blairer SARKOZY pardonnez-moi cette expression et ils n'ont qu'une seule envie c'est de le faire tomber, donc ils sont finalement objectivement de votre côté, ils ne sont pas politiquement de votre côté, ils sont idéologiquement de votre côté ?
ALAIN VIDALIES
Mais, monsieur DURAND, mais où vous conduit ce raisonnement ?
GUILLAUME DURAND
Eh bien le fait qu'ils saisissent le
ALAIN VIDALIES
Où vous conduit ce raisonnement ? Là vous citez
GUILLAUME DURAND
Eh bien, le raisonnement, je vais vous l'expliquer. C'est très simple
ALAIN VIDALIES
Vous citez des juges idéologiquement
GUILLAUME DURAND
C'est qu'ils vont multipliez les procédures sans preuve jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se présenter.
ALAIN VIDALIES
Vous citez des juges idéologiquement proches de la gauche.
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais le mur des cons tout le monde l'a vu, hein ?
ALAIN VIDALIES
Mais vous pouvez admettre, monsieur DURAND, qu'il y a aussi des juges idéologiquement proches de la droite ?
GUILLAUME DURAND
D'accord !
ALAIN VIDALIES
Si vous rentrez dans le débat sur la justice avec ce paramètre, vous ne vous en sortez jamais, il n'y a plus de justice possible, qu'ils aient leur conviction
GUILLAUME DURAND
Eh bien si puisque François HOLLANDE doit les recevoir les magistrats et les juges.
ALAIN VIDALIES
Qu'ils aient leur conviction les uns ou les autres, la seule position possible vous ne pouvez pas sortir de cette question de principe c'est de respecter l'indépendance des juges, la légitimité du juge ça n'est pas ses convictions c'est la loi, la seule légitimité du juge c'est la loi et c'est pour ça qu'il faut lui garantir son indépendance pour l'application de la loi et il ne faut
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais moi je n'ai jamais dit le contraire.
ALAIN VIDALIES
Non ! Il ne faut pas rentrer sur le fait qu'il y aurait une explication politique, d'abord il y a plus de juges qui regardent les élections, il y a plus de juges disons plutôt de droite que de juges de gauche
GUILLAUME DURAND
Proches de l'USM, plus
ALAIN VIDALIES
Mais je ne veux pas rentrer là-dedans parce que ça n'a pas d'intérêt, on doit garantir à tous les juges qu'ils sont indépendants et que leur légitimité, la légitimité du juge c'est la loi qui est faite par les représentants du peuple et vous ne pouvez pas sortir de cette affaire sauf à ce que tous ceux qui nous écoutent et, à ce moment là, un doute sur ce qui est un des piliers de nos institutions et on devrait, de droite ou de gauche, tous être les garants, y compris dans la presse me semble-t-il de cette approche de la justice.
GUILLAUME DURAND
Est-ce qu'il faut que le président de la République reçoive les magistrats et les représentants des avocats ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, il a décidé de le faire, il a décidé de répondre puisqu'il y avait une question, enfin une lettre qui lui a été adressée par le Barreau de Paris et une lettre qui lui a été adressée par l'USM et je sais que dans la réponse, puisqu'il me l'a dit, il propose de les recevoir tout simplement
GUILLAUME DURAND
Quand ?
ALAIN VIDALIES
Ce qui me parait normal - je ne sais pas du tout, mais enfin ça va se faire.
GUILLAUME DURAND
Assez vite ?
ALAIN VIDALIES
Je pense assez vite, oui.
GUILLAUME DURAND
Et les représentants des avocats, eux, doivent aller voir Christiane TAUBIRA dans un contexte qui est quand même violemment différent ?
ALAIN VIDALIES
La question qui a été posée dans cette affaire, là le débat était plus sérieux en début de semaine sur la question des avocats, de l'écoute des avocats, parce qu'on voit bien tous qu'on est sur le fil du rasoir, entre le respect des droits de la défense et puis ce qui s'est passé. En l'occurrence, je rappelle, c'est : monsieur SARKOZY était avocat et que c'est d'ailleurs une plainte qu'il dépose lui contre Mediapart et dans lesquelles vont intervenir les écoutes de ce que j'ai appris par la presse. Mais le bâtonnier est informé, donc la question
GUILLAUME DURAND
C'est la loi qui l'oblige !
ALAIN VIDALIES
C'est la loi qui l'oblige ! Voilà. Et donc la question c'est, il me semble que cette loi qui existe depuis 91, qui pose un principe, à peine de nullité alors à peine de nullité pour ceux qui nous écoutent ça veut dire que, si on ne respecte pas ces règles-là, toute la procédure est nulle, donc le juge a plutôt intérêt et c'est normal à respecter scrupuleusement cette affaire. On nous dit que ça n'a pas été fait, je n'en sais rien, et dans tous les cas il y a des recours et c'est normal et, si ça n'a pas été respecté, la procédure sera annulée. D'autres tirent de cette affaire un débat honorable : est-ce qu'il faut sanctuariser complètement, ça c'est un vrai débat, est-ce quil faut sanctuariser complètement les activités des avocats ? Je suis J'ai été avocat pendant 35 ans, donc je connais bien ce métier, je ne crois pas, je ne crois pas qu'on puisse poser comme principe qu'il y aurait une impunité. La loi de 91, la décision de la Cour de cassation de 2003 me semble-t-il enferme dans des conditions très strictes les possibilités de transcrire les écoutes des avocats. Est-ce qu'il peut y avoir un débat parlementaire là-dessus ? Probablement ! Parce que c'est un débat qui est honorable et il aurait du en rester là.
GUILLAUME DURAND
Gouvernement vous m'avez dit, là vous parlez comme l'ancien avocat enfin l'ancien avocat, l'homme qui a été un praticien mais j'en reviens à l'affaire politique, vous savez bien que l'objectif c'est quand même d'empêcher Nicolas SRKOZY de se présenter et donc de multiplier les procédures sans preuve jusqu'à ce qu'il soit accusé, témoin assisté, mis en examen, etc., etc., ne me prenez pas pour un
ALAIN VIDALIES
Monsieur DURAND, vous faites la question et la réponse
GUILLAUME DURAND
Pour
ALAIN VIDALIES
Vous dites multiplier les procédures sans preuve
GUILLAUME DURAND
Mais c'est écrit partout dans les journaux, je les ai amenés, ils sont là.
ALAIN VIDALIES
Mais enfin ce n'est pas parce que vous écrivez tous la même chose
GUILLAUME DURAND
Non ! Mais
ALAIN VIDALIES
A la suite du succès d'une offensive de l'UMP que ça devient la vérité, je vous le dis très clairement.
GUILLAUME DURAND
Alors pourquoi le président de la République a-t-il dit à des parlementaires socialistes, qu'il a reçus lundi soir
ALAIN VIDALIES
Continuons ! Oui, continuons sur cette affaire. Est-ce que vous avez remonté le fil médiatique de cette opération ? Quand est-ce que cette phrase apparait pour la première fois et comment elle a été réutilisée ? Je vous invite à le faire ! Elle apparaît dans un numéro (brouhaha) elle apparait dans un numéro du Figaro Magazine qui ne parle absolument pas de ça, puis ensuite elle est reprise dans le Journal Du Dimanche
GUILLAUME DURAND
Eh bien les gens s'étonnent !
ALAIN VIDALIES
Et pour faire le lien, monsieur DURAND, entre cette phrase et aujourd'hui dans le numéro suivant du Figaro Magazine
GUILLAUME DURAND
Oui !
ALAIN VIDALIES
Ils ne citent même pas leur propre citation mais ils renvoient au Journal Du Dimanche, franchement il y a des moments d'ailleurs un journal l'a écrit où on s'y perd. Donc, très honnêtement je crois que cette construction elle a été faite, elle donne des résultats et notre entretien le prouve, mais on n'est pas obligés d'accepter cet enfumage absolument incroyable.
GUILLAUME DURAND
Est-ce qu'il n'y a pas au gouvernement deux catégories de ministres, pardonnez-moi d'être encore franc et peut-être violent puisqu'après tout c'est la matinée, les bons et les mauvais, c'est-à-dire vous - je ne vais pas distribuer des bons points FABIUS, CAZENEUVE, etc. et puis des approximatifs totaux, c'est-à-dire des gens qui disent quelque chose à la télévision et ils sont démentis par la presse le lendemain ?
ALAIN VIDALIES
Alors, monsieur DURAND, je
GUILLAUME DURAND
Je ne l'ai pas citée !
ALAIN VIDALIES
Je suis dans une équipe, moi personnellement je les apprécie, il y a un bon esprit d'équipe et j'ai vu beaucoup passer de gouvernements alors les commentaires après ou les appréciations naturellement ça relève de la liberté de la presse.
GUILLAUME DURAND
Et du président de la République qui va remanier.
ALAIN VIDALIES
Bien sûr ! Du président de la République de sa décision et de son appréciation
GUILLAUME DURAND
Donc, si elle n'est plus garde des Sceaux, on aura compris pourquoi ?
ALAIN VIDALIES
Je n'en sais rien et on ne me demandera pas mon avis, mais je pense que c'est quelqu'un d'important dans le gouvernement, qui défend
GUILLAUME DURAND
Ca ne veut pas dire qu'elle va quitter le gouvernement ?
ALAIN VIDALIES
Qui défend, et à qui a une grande loi sur la réforme pénale qui va venir et dont je pense elle espère la porter.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup en tout cas d'être venu ce matin Alain VIDALIES
ALAIN VIDALIES
Merci.
GUILLAUME DURAND
Dans un dossier qui est évidemment extrêmement complexe, passionné et où le gouvernement et la presse ont parfois non pas des intérêts contradictoires - parce que nous cherchons tous la vérité mais disons des positions qui sont contradictoires, c'est normal.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 mars 2014