Texte intégral
Monsieur le préfet, Monsieur le président, Monsieur le maire, Mesdames et Messieurs,
Merci, Monsieur le président de votre accueil chaleureux dans ce lieu prestigieux de l'Abbaye aux Dames. Je viens en Basse-Normandie en voisin, puisque mes attaches sont à Nogent-le-Rotrou, aux confins du Perche.
Vous venez de le rappeler, la cause commune qui nous réunit ce matin est celle de l'intégration de votre région dans la mondialisation. Non pas que la Normandie ait jamais tourné le dos au monde extérieur, son histoire est celle d'une terre ouverte sur le monde. La belle exposition du musée de Caen consacrée aux peintres scandinaves venus trouver ici l'inspiration en offre une preuve irréfutable. J'y vois également comme un clin d'il à d'autres visiteurs scandinaves, venus en drakkar et qui s'étaient plus dans cette région au point de s'y installer !
Plus sérieusement, la signature de ce Programme d'actions régionales pour le développement international (PARDI) marque la contractualisation de la politique régionale que j'ai engagée il y a maintenant plus d'un an. Cette action en faveur du déploiement international de nos PME-PMI, je la conçois comme un véritable partenariat entre l'Etat, la Région et le réseau consulaire.
Nous devons nous appuyer sur les territoires et les acteurs économiques locaux. Nous avons donc surtout cherché à réunir et coordonner toutes les compétences et toutes les énergies locales: agents de l'Etat, élus locaux, représentants des chambres de commerce, et, surtout, chefs d'entreprise. Ce sont eux qui ont sélectionné localement les filières professionnelles en s'appuyant le plus souvent sur des activités traditionnelles. Les ateliers que nous avons animés sont, à cet égard, un bon exemple, je crois, de ces partenariats dynamiques qui se nouent entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques d'un territoire.
Le PARDI que vous signez aujourd'hui est le contrat qui vient parachever cette dynamique.
Acteur essentiel de ce dialogue, Francis Idrac, préfet de la région Basse-Normandie et du département du Calvados, a joué un rôle essentiel que je salue. Je salue également le travail minutieux dans la préparation de ces PARDI de la Direction des relations économiques extérieures, représentée ce matin par son directeur régional, Thierry Laloux.
Je veux également rendre hommage à l'engagement très fort de la région et de son président, René Garrec.
Le comité régional d'orientation du commerce international et le comité d'expansion agroalimentaire de Normandie, représentés par leurs présidents respectifs, Yannick Duval et Daniel Epron, ont été nos partenaires précieux. Je vous en remercie tous très vivement.
Mesdames et Messieurs, tous ici, nous partageons la même ambition: aider les PME-PMI à exporter, à conquérir de nouveaux marchés, à participer à une compétition internationale chaque jour plus disputée. En un mot, aider votre région à se placer résolument au cœur de l'économie mondialisée.
Je serai, cet après-midi à Rouen pour signer d'autres PARDI: à l'évidence, ce parcours normand répond à des logiques fortes qui dépassent la seule intimité géographique et historique dont le beau pont haubané jeté sur l'estuaire de la Seine est désormais le symbole spectaculaire.
Haute et Basse Normandie sont deux régions qui ont traversé de difficiles et souvent douloureuses restructurations. La sidérurgie dans les années 1980, puis le textile et les chantiers navals: vous avez payé un très lourd tribut à ces restructurations.
Mais depuis la fin 2000, dans le sillage de l'économie française, les indicateurs donnent des signes d'encouragement et le taux de chômage de la région est redescendu aux alentours de 8,5% même si des difficultés persistent ; je pense bien sûr aux salariés de Moulinex. Je peux vous assurer que le gouvernement, ainsi que l'a indiqué Laurent Fabius, " saura mobiliser les moyens nécessaires au maintien de l'emploi et de l'activité dans la bassin d'Alençon. "
Plus que jamais en effet, votre région a besoin d'implanter de nouveaux bassins d'emplois ou de développer ceux qui existent. En ce sens, les PARDI illustrent donc bien les priorités économiques qui sont celles du gouvernement et de la Région. Il s'agit, vous le savez, de mener une politique sectorielle fondée sur le renforcement à l'international des filières à fort effet de levier sur l'emploi et la croissance. Elle bénéficie du nouveau contrat de plan Etat-Région dans lequel les crédits de l'enveloppe commerce extérieur ont été plus que doublés, passant de 16 à 40 millions de francs.
Il est un PARDI qui concerne une filière d'excellence de la région: il s'agit de la filière équine et des activités associées, qui emploient directement 7000 personnes. Le projet est presque prêt et je crois que nous serons en mesure de le signer lors du congrès mondial percheron dans le cadre magnifique du haras du Pin en septembre prochain.
Les deux PARDI que nous allons signer ici ce matin donnent un reflet fidèle de votre région entre une tradition maritime naturelle avec près de 450 km de côtes et une image rurale très favorable.
L'ambition du programme consacré à la filière cidricole doit être de faire du Calvados, tant en termes d'image que d'impact économique, le cognac normand ! J'ai pu mesurer en Poitou-Charentes l'impact de ce produit phare en termes de notoriété internationale et de succès à l'exportation. Je suis persuadé que le " calva " peut tenir ce rôle et avoir un effet d'entraînement bénéfique pour l'activité agroalimentaire de la région.
Les professionnels du secteur pourront désormais s'appuyer sur les travaux du tout nouveau conseil supérieur des exportations agricoles (CSEA) que j'ai inauguré avant-hier en compagnie de Jean Glavany. Comme le ministre de l'agriculture l'a d'ailleurs souligné à cette occasion, le terroir, la traçabilité, les indications d'origine, les signes de qualité, sont autant de méthodes qui permettent de capter des marchés. Il me semble en effet que la qualité des produits est un argument de plus en plus fort sur les marchés extérieurs. En tous cas, l'avantage comparatif des produits français à l'exportation est bien celui de la qualité: loin d'être l'apanage des vins et spiritueux, il vaut aussi pour les produits laitiers et, bien sûr, pour les produits de la mer.
Le Csea, en concertation avec la Sopexa, peut également aider à dynamiser les professionnels de l'élevage qui ont été durement touchés par les dernières crises. Je rappelle que la crise de l'ESB nous a fait perdre près d'un milliard de francs de chiffre d'affaires à l'export en 2000.
A l'heure de l'intégration économique planétaire, l'attractivité des territoires passe également par l'acquisition d'une masse critique, d'un poids économique suffisant. Ainsi, le choix de la filière produits de la mer a naturellement été guidé par ce souci de complémentarité entre Haute et Basse Normandie.
Ces différents projets - arts équestres, eaux-de-vie, fruits de mer- dessinent en filigrane une région riche d'une qualité de vie, d'un environnement qui sont plus que jamais un atout. En ce sens, je crois que le tourisme pourrait être plus valorisé encore. Mais cela ne relève plus du commerce extérieur, me direz-vous. Je vous répondrai que cela contribue au rayonnement international, en un mot à l'attractivité de la région Basse-Normandie.
Face aux mutations induites par le double mouvement de la mondialisation et de la décentralisation, l'attractivité du territoire est un enjeu crucial qui détermine d'ailleurs le nouveau rôle de l'Etat, lequel ne prétend plus administrer l'économie ou tout régenter depuis Paris.
L'Etat cherche à impulser des dynamiques: lors de l'inauguration hier de l'usine Toyota à Onnaing, le premier ministre a rappelé que " l'attractivité du pays était bien une priorité du gouvernement. "
La formation et la recherche sont désormais des facteurs discriminants de cette attractivité et doivent donc être nos priorités: elles sont déjà, pour reprendre le mot de Laurent Fabius, qui recevait justement avant-hier le président de Toyota, la " sécurité sociale " du 21ème siècle et notre meilleur atout dans la compétition internationale.
Mais la compétitivité est bien évidemment l'affaire de tous. Formation, mais aussi adaptation de la fiscalité: le gouvernement, vous le savez, s'est engagé à réduire de 120 milliards de francs les prélèvements obligatoires sur trois ans. Le taux de ces prélèvements est déjà passé de 45,6% en 1999 à 44,8% cette année et 44,5% dès l'année prochaine. Le soutien aux PME performantes passe également par des aides fiscales en faveur des sociétés de capital-risque et par des garanties de crédit.
Cette attractivité de ce qu'on appelle le " site France " nous la devons aussi largement à notre engagement sans faille dans la construction européenne et dans création d'une monnaie unique. Je serai d'ailleurs cet été en campagne pour l'euro, avec mes collègues du ministère des finances, pour aller porter la bonne parole dans toutes les régions de France et mobiliser les derniers indifférents ou imprévoyants !
Dans six mois maintenant, l'euro réel, sera la monnaie partagée par 300 millions d'Européens. Il s'agit de créer un nouveau médium à nos échanges, un nouveau lien fondé sur la confiance. Et vous me pardonnerez de rappeler que l'euro permet des économies de change significatives, qu'il évite les dévaluations entre pays de la zone, et qu'il vous garantit un horizon stable et sûr.
Ce nouvel espace monétaire réunira peut-être demain 600 millions de personnes: en effet, le sommet de Nice, que les parlements sont d'ailleurs en train de ratifier, a posé les jalons d'une Europe à 27 ou à 28. Et c'est également au sommet de Nice qu'a été adopté le nouveau statut de société européenne. Enfin, le sommet européen de Göteborg dans 8 jours va être l'occasion de rappeler notre attachement à une Europe sociale.
L'Europe est devenue un vaste marché domestique pour les entreprises françaises : l'Union absorbe les 2/3 de nos exportations et la zone euro déjà la moitié.
Je constate à cet égard que le solde extérieur n'est plus un sujet de préoccupation quotidien. Malgré la hausse spectaculaire des prix du pétrole l'an dernier, notre balance commerciale est restée équilibrée: la contrainte extérieure subie par la France tout au long des deux décennies passées a disparu et s'est muée en une capacité de financement qui nous permet d'investir activement à l'étranger.
Autant d'évolutions qui font aujourd'hui de notre pays l'un des carrefours de l'investissement international. Et qui lui permettent de consolider sa place de 4ème exportateur mondial de marchandises malgré l'arrivée de nouveaux concurrents.
Aujourd'hui, l'Etat, la région et tous nos partenaires garantissent à nos PME les moyens, non seulement d'affronter ce nouvel environnement international, mais aussi d'en tirer parti.
Au commerce extérieur, nous avons mis au point des instruments efficaces, afin d'aider les PME-PMI à exporter, à conquérir de nouveaux marchés, à participer à une compétition internationale chaque jour plus disputée. En un mot, aider votre région à se placer résolument au cœur de l'économie mondialisée. A vous maintenant, Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise, de jouer, et d'oser!
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 27 juillet 2001)