Texte intégral
M. le président. La parole est à Mme Roselyne Bachelot-Narquin.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin. Monsieur le Premier ministre, vous avez, à de nombreuses reprises, appelé l'attention sur la gravité des déficits publics, qui a conduit votre gouvernement à prendre des mesures très rigoureuses de diminution des dépenses et d'augmentation des recettes.
Réduire les déficits publics n'est pas une fin en soi. Si la France a besoin de rigueur, les Français ont besoin d'espoir. Ils sont prêts à faire de gros efforts et à participer ainsi au sursaut national qu'appelle de ses voeux le Président de la République, mais ils veulent savoir pourquoi, avec quelles perspectives et avec quel horizon. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française du Centre.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Alain Juppé, Premier ministre. Madame le député, il y a des mots qui, tout d'un coup, deviennent à la mode, par exemple, « lisibilité ».
Vous parlez de perspectives, d'horizon. Bien téméraire celui qui déclare pouvoir lire l'avenir ! Je voudrais néanmoins aujourd'hui affirmer une conviction : la France et les Français ? je pèse mes mots et ce sont ceux que je trouve adaptés à notre situation ? ont au tournant de ce siècle rendez-vous avec leur destin.
Nous avons devant nous deux scénarios possibles : ou bien nous serons prêts le moment venu, c'est-à-dire dans deux ou trois ans, en 1997-1998, à entrer dans l'Union économique et monétaire, qui soudera la construction européenne que nous avons édifiée au fil des décennies, et alors la France participera à la grande aventure des puissances mondiales du XXIe siècle : l'Europe, les Etats-Unis, le Japon ou l'Asie ; ou bien nous ne serons pas prêts, nous décrocherons du peloton de tête et nous rejoindrons le groupe des pays à monnaie faible. Voilà l'enjeu !
Je le dis avec beaucoup de solennité aujourd'hui : c'est l'heure de vérité. Mon ambition est d'être au rendez-vous, pour les Françaises et les Français parce qu'il y va d'abord de leur niveau de vie, aujourd'hui l'un des plus hauts du monde, de leur bien-être, de notre capacité à maintenir notre système de protection sociale qui assure la solidarité entre nos concitoyens, parce qu'il y va ensuite du rang de la France.
Or aujourd'hui, en 1995, nous ne sommes pas prêts. Nous avons été profondément et durablement affaiblis par deux septennats de gestion socialiste. (Applaudissement sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre. ? Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) Nous payons aujourd'hui les déficits de la période 1989-1990-1991-1992, période au cours de laquelle, je le rappelle, les déficits budgétaires ont été multipliés par trois et la dette par deux.
M. Christian Bataille. Vous substituez la polémique à l'explication !
Plusieurs députés du groupe socialiste. Balladur !
M. le Premier ministre. Le redressement a été amorcé en 1993 sous l'impulsion de mon prédécesseur. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. Calamiteux !
M. le Premier ministre. Mais, s'agissant des déficits publics, nous ne sommes pas prêts. Je le répète, nos finances publiques sont aujourd'hui dans un état de péril. Nous ne pouvons pas continuer à emprunter 400 milliards de francs chaque année.
M. Jean-Yves Le Déaut. Qui a commencé ?
M. le Premier ministre. C'est un peu comme si un ménage, avec des revenus de 10 000 francs par mois, s'endettait de 2 500 francs chaque mois. Ce n'est pas tolérable.
Voilà, madame le député, le premier élément de lisibilité.
M. Jean-Yves Le Déaut. Il connaît bien le dossier !
M. le Premier ministre. La première exigence, le premier impératif est de remettre de l'ordre dans nos finances qui sont, je le répète, en état de péril.
Plusieurs députés du groupe socialiste. Balladur !
M. Jean-Yves Le Déaut. Madelin !
M. le Premier ministre. Nous avons commencé de le faire avec la loi de finances rectificative et le projet de budget pour 1996 ; il faudra continuer avec la réforme de la protection sociale, que je vous présenterai dans un peu plus d'un mois, les 13 et 14 novembre prochain.
M. Bernard Derosier. Assez de catastrophes !
M. le Premier ministre. Voilà le premier impératif, le premier élément de lisibilité : remettre de l'ordre dans nos finances. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Il faut ensuite, pour préparer le rendez-vous de l'an 2000, bâtir une France plus juste et plus unie parce que la cohésion sociale est aussi une des conditions de la réussite économique et de la réussite politique. C'est ce qui justifie nos efforts pour créer des emplois. Les premiers résultats du contrat initiative-emploi ? je les donnais hier ? sont tout à fait excellents.
M. Jean-Yves Le Déaut. Cinéma !
M. le Premier ministre. C'est ce qui nous conduit aussi à prendre des mesures pour réduire la fracture sociale. Ce matin même, le conseil des ministres a approuvé le projet de loi, qui représente la plus grande avancée sociale réalisée depuis le nombreuses années, sur la prestation d'autonomie qui va concerner dans les années qui viennent 600 000 personnes âgées dépendantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
Enfin, préparer le rendez-vous de l'an 2000, c'est aussi rendre la France plus accueillante à l'initiative, à l'innovation, à la création, à la recherche. C'est la raison pour laquelle ? troisième élément de lisibilité ? le Gouvernement cherche à libérer les forces vives de ce pays en réformant l'Etat et en préparant une refonte non pas simplement de l'impôt sur le revenu, mais de l'ensemble des prélèvements obligatoires, elle vous sera soumise au début de l'année prochaine.
Voilà, madame le député, mon plan. Il est ambitieux, il est réaliste, il est juste.
M. Christian Bataille. On n'est jamais si bien servi que par soi-même !
M. le Premier ministre. Il faut certes aujourd'hui faire des efforts ; j'en ai bien conscience. Ils seront, j'en suis sûr, compris par les Françaises et les Français parce qu'ils sentent la volonté qui les sous-tend. Si le Gouvernement et sa majorité sont capables, comme nous avons commencé de le faire, de communiquer leur foi et leur enthousiasme, alors, nous serons au rendez-vous de l'an 2000. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
M. Claude Bartolone. M. Balladur n'est pas sensible au son de la mandoline !Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 16 juillet 2014
Mme Roselyne Bachelot-Narquin. Monsieur le Premier ministre, vous avez, à de nombreuses reprises, appelé l'attention sur la gravité des déficits publics, qui a conduit votre gouvernement à prendre des mesures très rigoureuses de diminution des dépenses et d'augmentation des recettes.
Réduire les déficits publics n'est pas une fin en soi. Si la France a besoin de rigueur, les Français ont besoin d'espoir. Ils sont prêts à faire de gros efforts et à participer ainsi au sursaut national qu'appelle de ses voeux le Président de la République, mais ils veulent savoir pourquoi, avec quelles perspectives et avec quel horizon. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française du Centre.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Alain Juppé, Premier ministre. Madame le député, il y a des mots qui, tout d'un coup, deviennent à la mode, par exemple, « lisibilité ».
Vous parlez de perspectives, d'horizon. Bien téméraire celui qui déclare pouvoir lire l'avenir ! Je voudrais néanmoins aujourd'hui affirmer une conviction : la France et les Français ? je pèse mes mots et ce sont ceux que je trouve adaptés à notre situation ? ont au tournant de ce siècle rendez-vous avec leur destin.
Nous avons devant nous deux scénarios possibles : ou bien nous serons prêts le moment venu, c'est-à-dire dans deux ou trois ans, en 1997-1998, à entrer dans l'Union économique et monétaire, qui soudera la construction européenne que nous avons édifiée au fil des décennies, et alors la France participera à la grande aventure des puissances mondiales du XXIe siècle : l'Europe, les Etats-Unis, le Japon ou l'Asie ; ou bien nous ne serons pas prêts, nous décrocherons du peloton de tête et nous rejoindrons le groupe des pays à monnaie faible. Voilà l'enjeu !
Je le dis avec beaucoup de solennité aujourd'hui : c'est l'heure de vérité. Mon ambition est d'être au rendez-vous, pour les Françaises et les Français parce qu'il y va d'abord de leur niveau de vie, aujourd'hui l'un des plus hauts du monde, de leur bien-être, de notre capacité à maintenir notre système de protection sociale qui assure la solidarité entre nos concitoyens, parce qu'il y va ensuite du rang de la France.
Or aujourd'hui, en 1995, nous ne sommes pas prêts. Nous avons été profondément et durablement affaiblis par deux septennats de gestion socialiste. (Applaudissement sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre. ? Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) Nous payons aujourd'hui les déficits de la période 1989-1990-1991-1992, période au cours de laquelle, je le rappelle, les déficits budgétaires ont été multipliés par trois et la dette par deux.
M. Christian Bataille. Vous substituez la polémique à l'explication !
Plusieurs députés du groupe socialiste. Balladur !
M. le Premier ministre. Le redressement a été amorcé en 1993 sous l'impulsion de mon prédécesseur. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. Calamiteux !
M. le Premier ministre. Mais, s'agissant des déficits publics, nous ne sommes pas prêts. Je le répète, nos finances publiques sont aujourd'hui dans un état de péril. Nous ne pouvons pas continuer à emprunter 400 milliards de francs chaque année.
M. Jean-Yves Le Déaut. Qui a commencé ?
M. le Premier ministre. C'est un peu comme si un ménage, avec des revenus de 10 000 francs par mois, s'endettait de 2 500 francs chaque mois. Ce n'est pas tolérable.
Voilà, madame le député, le premier élément de lisibilité.
M. Jean-Yves Le Déaut. Il connaît bien le dossier !
M. le Premier ministre. La première exigence, le premier impératif est de remettre de l'ordre dans nos finances qui sont, je le répète, en état de péril.
Plusieurs députés du groupe socialiste. Balladur !
M. Jean-Yves Le Déaut. Madelin !
M. le Premier ministre. Nous avons commencé de le faire avec la loi de finances rectificative et le projet de budget pour 1996 ; il faudra continuer avec la réforme de la protection sociale, que je vous présenterai dans un peu plus d'un mois, les 13 et 14 novembre prochain.
M. Bernard Derosier. Assez de catastrophes !
M. le Premier ministre. Voilà le premier impératif, le premier élément de lisibilité : remettre de l'ordre dans nos finances. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Il faut ensuite, pour préparer le rendez-vous de l'an 2000, bâtir une France plus juste et plus unie parce que la cohésion sociale est aussi une des conditions de la réussite économique et de la réussite politique. C'est ce qui justifie nos efforts pour créer des emplois. Les premiers résultats du contrat initiative-emploi ? je les donnais hier ? sont tout à fait excellents.
M. Jean-Yves Le Déaut. Cinéma !
M. le Premier ministre. C'est ce qui nous conduit aussi à prendre des mesures pour réduire la fracture sociale. Ce matin même, le conseil des ministres a approuvé le projet de loi, qui représente la plus grande avancée sociale réalisée depuis le nombreuses années, sur la prestation d'autonomie qui va concerner dans les années qui viennent 600 000 personnes âgées dépendantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
Enfin, préparer le rendez-vous de l'an 2000, c'est aussi rendre la France plus accueillante à l'initiative, à l'innovation, à la création, à la recherche. C'est la raison pour laquelle ? troisième élément de lisibilité ? le Gouvernement cherche à libérer les forces vives de ce pays en réformant l'Etat et en préparant une refonte non pas simplement de l'impôt sur le revenu, mais de l'ensemble des prélèvements obligatoires, elle vous sera soumise au début de l'année prochaine.
Voilà, madame le député, mon plan. Il est ambitieux, il est réaliste, il est juste.
M. Christian Bataille. On n'est jamais si bien servi que par soi-même !
M. le Premier ministre. Il faut certes aujourd'hui faire des efforts ; j'en ai bien conscience. Ils seront, j'en suis sûr, compris par les Françaises et les Français parce qu'ils sentent la volonté qui les sous-tend. Si le Gouvernement et sa majorité sont capables, comme nous avons commencé de le faire, de communiquer leur foi et leur enthousiasme, alors, nous serons au rendez-vous de l'an 2000. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
M. Claude Bartolone. M. Balladur n'est pas sensible au son de la mandoline !Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 16 juillet 2014