Texte intégral
Mounir MAHJOUBI
Secrétaire d'Etat chargé du Numérique
CNews, Jean-Pierre Elkabbach 8h05
31 mai 2017
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord, je vous dis avec plaisir bienvenue Mounir MAHJOUBI, bonjour.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes un des 11 ministres qui vient de la société civile. Vous êtes secrétaire d'Etat au Numérique et vous êtes désormais un politique. Est-ce que vous estimez que Richard FERRAND a raison de vouloir se maintenir dans le gouvernement ?
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, et je pense que la seule position qu'on doit entendre, écouter, répéter, qui est la mienne, c'est celle d'Edouard PHILIPPE hier soir. Edouard PHILIPPE l'a répété, Edouard PHILIPPE a redonné les règles qui sont celles qui sont les nôtres. La justice ne s'est pas saisie de ce dossier, aujourd'hui on peut
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il n'est pas en train de ternir ? Là vous me dites le refrain officiel, etc., c'est normal
MOUNIR MAHJOUBI
Ce n'est pas que le refrain officiel, c'est celui qui nous unit et c'est celui que nous portons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il ne ternit pas un Exécutif qui, par ailleurs, a réussi partout, et à qui tout réussi, même la croissance, aujourd'hui ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors, la croissance d'aujourd'hui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle est fragile, mais elle est là.
MOUNIR MAHJOUBI
Elle est fragile, elle est là, elle doit nous donner espoir de porter le projet qu'on a défendu tous ces derniers mois pendant la campagne présidentielle, et que nous portons aujourd'hui dans le gouvernement d'Edouard PHILIPPE. Sur Richard FERRAND, attendons, regardons ce qui se passe, mais aujourd'hui moi je ne crois pas Vous savez, je fais campagne tous les jours, ce n'est pas le sujet qui revient, les gens ne me demandent pas en permanence « on en est où avec FERRAND ? »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En tout cas lui-même réfute et condamne tous les soupçons qui pèsent et qui pleuvent sur lui, il dit qu'il n'a rien fait d'illégal
MOUNIR MAHJOUBI
Et j'ai toute confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il est jugé au nom de la morale. Mais aujourd'hui, par ailleurs, qui incarne les principes et la morale, qui ? Le juge, la conscience personnelle ou l'électeur ?
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui le seul qui décide de ce qui est moral ou pas moral c'est l'électeur et ce sera le législateur. L'électeur dira s'il veut donner sa confiance à Richard FERRAND ou pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ce que disait François FILLON, quand il était attaqué.
MOUNIR MAHJOUBI
Et c'est ce qu'il est en train de faire, il fait une campagne, dans une circonscription où il est attendu, où il est accompagné, où il est aimé. Et, il y a l'autre sujet que vous portez, qui est celui de la probité en politique pour les années à venir, et c'est un des premiers projets que nous portons dans ce gouvernement, ça va être certainement la première loi, que nous porterons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est bien que la morale elle est dite aujourd'hui par l'Exécutif ou le législatif ? La morale privée, elle a tellement fichu le camp, qu'il faut que la morale soit décidée par l'Etat et la politique ?
MOUNIR MAHJOUBI
Attention, l'Etat ne va pas définir la morale de la vie de chacun, on va définir la morale des élus politiques, c'est autre chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais hier Edouard PHILIPPE, auquel vous vous référez, et que vous allez voir tout à l'heure, il a dit trois règles, pas de mise en examen, il a dit pas d'emplois familiaux, et il a dit aussi exemplarité du comportement public et privé. C'est-à-dire il y a même un contrôle sur la vie privée.
MOUNIR MAHJOUBI
Pour les membres du gouvernement. Oui, parce que, quand on est membre du gouvernement, quand on est dans le gouvernement, on s'engage corps et âme, tout son temps, à être exemplaire, parce que les gens nous font confiance et nous donnent une délégation. On va décider des choses pour les Français, eh bien c'est important que les gens qui vont décider des choses pour nous, eh bien ils s'engagent à quelques règes. Et c'est pour ça que cette loi elle va être importante, parce qu'elle va redéfinir et elle va écrire parce qu'on a souvent dit « ce n'était pas écrit », « ce n'était pas illégal » - eh bien maintenant on va l'écrire, ce sera dans un texte, un texte qu'on va partager tous, les Français, le législateur, les membres du Parlement, et les membres du gouvernement, et donc ça va devenir notre nouvelle vérité, et ça c'est important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous souhaitez que ça soit appliqué aussi aux syndicats, comme le demandait ici quelqu'un qui avait été député, Noël PERRUCHOT (sic), qui avait fait une commission d'enquête, un rapport, qui est enterré jusqu'en 2036, on l'applique aussi ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ce n'est pas ce qui était prévu à l'origine dans ce texte
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais si on l'élargit
MOUNIR MAHJOUBI
Il concerne les élus politiques, les élus de la République. Vous parlez des syndicalistes, moi j'ai été délégué syndical pendant 8 ans, moi j'ai été engagé dans un syndicat très longtemps dans ma vie, j'ai commencé à travailler à 16 ans. J'ai représenté mes camarades, j'ai représenté mes collègues salariés. Quand je les ai représentés, j'ai voulu être exemplaire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais vous n'avez pas été syndicaliste toute votre vie
MOUNIR MAHJOUBI
Non, mais j'ai voulu être exemplaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là on donne que seuls sont corrompus et corrupteurs, les politiques, les élus, tous.
MOUNIR MAHJOUBI
Non, pas tous. Regardez la nouvelle génération qui arrive, regardez dans deux semaines, autorisez-vous à être surpris, le visage, les parcours de vie, de ceux qui seront élus à l'Assemblée nationale. Moi je crois, et notamment grâce au mouvement la République En Marche, qu'on va changer les règles du jeu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Autre chose. Marielle de SARNEZ est l'objet d'une enquête préliminaire, pas pour les emplois fictifs, mais à propos du travail des attachés parlementaires. Evidemment elle dément et elle porte plainte. Elle peut rester ministre d'Edouard PHILIPPE ?
MOUNIR MAHJOUBI
Encore une fois c'est la même règle, et vous noterez sur le cas de Marielle de SARNEZ qu'elle n'est pas seule, qu'ils sont très nombreux et que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une vingtaine dénoncés par une délatrice du Front national, on donne toujours son nom, madame Sophie
MOUNIR MAHJOUBI
Redonnons ce contexte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
c'est comme une sorte de règlement de comptes, pour vous, entre eux ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, je ne connais pas bien l'histoire, ça ressemble, en tout cas de loin, à un règlement de comptes. Aujourd'hui, laissons avancer les choses, ne commentons pas ce qui n'est pas « commentable », quand on n'a pas d'informations, j'ai peu d'informations, ça ne m'intéresse pas de commenter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dès qu'elle s'engage, la société dite civile, c'est-à-dire vous, vous faites l'expérience des rudesses et du cynisme de la politique. Est-ce que vous étiez préparé ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je ne sais pas si on peut parler de cynisme et de rudesses. Regardez, l'environnement politique dans lequel moi je circule aujourd'hui, c'est celui d'Emmanuel MACRON et d'Edouard PHILIPPE, et je pense qu'on a plutôt établi des nouvelles règles, autour de la bienveillance, de l'efficacité, de l'exemplarité, et c'est cette politique-là que j'ai toujours voulue. C'est pour ça que j'ai rejoint, c'est pour ça que je suis là, et j'ai l'impression qu'on est en train de diffuser ces valeurs un peu partout. Après, je fais une campagne locale, je vois bien, au niveau national, les positions de personnes, à l'extérieur, qui commencent à exprimer des désaccords avec
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A l'extérieur, à l'extérieur de votre circonscription ?
MOUNIR MAHJOUBI
A l'extérieur du gouvernement, des parties prenantes qui commencent à exprimer des désaccords. Donc oui, je ne suis pas non plus un naïf et je vois bien qu'il va falloir être fort, et vous savez ce qui est intéressant, c'est que c'est plus facile d'être fort quand on sait où on va, quand on connaît la direction et quand on a un socle de valeurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on apprend tous les jours.
MOUNIR MAHJOUBI
Et on apprend tous les jours, et on grandit tous les jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Depuis que vous êtes sur le terrain, qu'est-ce que vous découvrez que vous ignoriez ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est plus quelque chose de très personnel. Faire une campagne sur le terrain ça fait naître en vous des éléments un peu particulier. On pense être empathique, quand on fait une campagne on voit qu'il y a quelque chose d'encore plus fort. Quand on dit que pour représenter les gens il faut les aimer, eh bien ce n'est pas juste une parole en l'air, en fait il se passe quelque chose de très fort. Quand vous passez votre journée dehors, à dire aux gens de vous faire confiance, et que les gens viennent vous voir en vous disant « je vous fais confiance, ne me trahissez pas »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On pense à Mounir MAHJOUBI ou d'abord à Emmanuel MACRON ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est un mélange des deux. Je suis le candidat de la majorité présidentielle autour d'Emmanuel MACRON, donc il y en a beaucoup qui viennent vers moi parce que Emmanuel MACRON, et puis il y en a beaucoup, aujourd'hui, qui viennent me voir parce que je suis un exemple. Alors, ça peut être des gens qui disent « j'aimerai que mon fils il puisse se dire que lui aussi il puisse être député ou ministre »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, qu'est-ce que ça veut dire, dire « soi-même on est un exemple » ? Racontez.
MOUNIR MAHJOUBI
Je vais vous raconter quelque chose qui a été très émouvant cette semaine, c'est cette maman, elle m'a fit « moi mon enfant je veux qu'il se dise » - là on est dans le 19e, on est place des Fêtes « c'est possible que plus tard, s'il réussit à l'école », et moi j'ai envie de lui dire « réussis à l'école », « il peut faire comme vous. » Et après, parfois il y a des gens ils me parlent en arabe, ils me parlent dans toutes les langues, en me disant « franchement, de vous voir là, eh bien je ne sais pas, c'est quelque chose qu'on n'avait pas prévu de voir et ça nous surprend. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, ça c'est le 19e, ils se disent on pourra aller dans le 7e et dans le 8e
MOUNIR MAHJOUBI
Moi je me suis rarement dit que je pouvais aller dans ces arrondissements-là. J'ai grandi à Paris, je suis né à Paris, pourtant il y a toute une zone de Paris qui était étrangère pour moi, et c'était ces quartiers
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Etrangère, c'est-à-dire ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est-à-dire que quand j'y arrivais je me sentais étrange, pas forcément étranger, mais je trouvais une étrangeté à ces territoires. J'ai étudié là-bas, pourtant toutes les années où j'ai étudié là-bas j'étais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous étiez à Sciences-Po
MOUNIR MAHJOUBI
A Sciences-Po, à la Sorbonne, place du Panthéon
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'était étranger déjà
MOUNIR MAHJOUBI
C'était étrange, et j'ai mis du temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là vous faites campagne dans le 19e, je n'insiste pas, et vos bureaux ils sont où ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mes bureaux, en tant que secrétaire d'Etat, sont dans le 7e, et donc je découvre et je m'approprie ce territoire qui est celui de tous les
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes l'un des premiers « marcheurs », avec Richard FERRAND, avec d'autres, avec d'autres, avec François PATRIAT, etc., mais vous n'êtes pas tout à fait un novice en politique, vous avez commencé quand ?
MOUNIR MAHJOUBI
J'ai commencé à être un militant syndical à l'âge de 18 ans, c'est dès là que tout commence. J'ai commencé à bosser à 16 ans, 2 ans après j'ai compris qu'il fallait, et que c'était important, de s'engager pour arriver à transformer les choses autour de soi, et j'ai rejoint le Parti socialiste quelques années après. Et donc, pendant longtemps, j'étais un militant du Parti socialiste, et j'ai soutenu Ségolène ROYAL, j'ai soutenu François HOLLANDE en 2011, et j'ai été très déçu, moi je vais vous le dire Je n'ai pas été très déçu de tout le quinquennat, moi j'ai soutenu beaucoup de choses dans le quinquennat HOLLANDE, il y a des réussites, il y a des réussites économiques, il y a des réussites sociales. Et puis il y a eu, pour moi, une défaite, qui a été celle des quartiers et de la jeunesse. On avait promis beaucoup, moi je m'étais engagé coeur et âme en 2011 et en 2012
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors vous, Mounir MAHJOUBI, votre passion, votre expertise, c'est d'abord le numérique et l'économie d'Internet, que vous fréquentez pratiquement depuis l'adolescence. Et alors, le 19 juin, si vous êtes, ministre naturellement, vous serez chargé des grands chantiers décidés par le président de la République Emmanuel MACRON. Il y a d'abord le plan France très haut débit, pour couvrir tout le territoire d'ici à 2022, vous pensez que ça sera fait ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ça c'est un plan qui est porté par Richard FERRAND, avec mon soutien, mais c'est un plan sur l'égalité des territoires
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lui, c'est vrai, il est ministre de la Cohésion des territoires, mais vous pourriez l'être aussi, parce qu'il y a des inégalités en matière d'Internet
MOUNIR MAHJOUBI
C'est pour ça qu'on le fait ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sur le territoire.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est pour ça qu'on le fait ensemble et c'est très important, mais c'est important que ce soit porté par le ministre qui s'occupe des territoires, parce que c'est une question d'infrastructures territoriales, c'est une question d'égalité entre les citoyens. Donc ce sujet, Richard FERRAND l'a déjà annoncé, c'est une de ses priorités, moi je l'accompagne, parce que c'est une de nos priorités. La priorité numérique de ce quinquennat c'est celle du numérique d'inclusion, le numérique inclusif, c'est redonner Internet dans tous les endroits où il n'est pas là, et refaire accéder à Internet ceux qui n'y accèdent pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est du boulot !
MOUNIR MAHJOUBI
C'est beaucoup de boulot.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous dites aussi, ou il dit, « un Etat 100 % numérique », et les deux ministres les plus jeunes du gouvernement en sont chargés, vous, 33 ans, et Gérald DARMANIN, 34 ans. Et là, quel but ?
MOUNIR MAHJOUBI
Là c'est le deuxième pilier, c'est l'Etat numérique, c'est comment on fournit des services plus efficaces, et qui créent plus de valeur pour les citoyens, tout en incluant tous ceux pour qui s'est compliqué. Il ne faut pas oublier, il y a beaucoup de Français pour qui c'est dur d'utiliser les services publics numériques, eh bien pour eux on va créer des capacités de médiation numérique, ça va être des gens qui vont les accompagner pour utiliser ces nouveaux services.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis il y a la création d'un fonds européen de plusieurs milliards d'euros pour financer les start-up. Ce qui va créer de la valeur, on nous le répète, c'est l'économie de la donnée, c'est-à-dire on dit que ça sera la matière première, le pétrole du 21e siècle. On n'est pas en train de rêver là ?
MOUNIR MAHJOUBI
Il y a plein d'enjeux autour de cette économie de la donnée. La donnée ce n'est pas quelque chose de monnayable, c'est aussi votre vie, c'est la mienne, donc la donnée elle a aussi des enjeux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La mienne ou la vôtre contrôlée par les GAFA aujourd'hui, les grands.
MOUNIR MAHJOUBI
Justement, on veut savoir, il faut mieux savoir, et donc ce qui est important c'est que les Français aujourd'hui se rendent compte de la valeur de leurs propres données. Nous, ce qu'on a souhaité, et ce qui sera important dans les prochains mois, les prochaines années, c'est d'avoir un regard sur la transparence de ces données, où est-ce qu'elle sont connectées, où est-ce qu'elles sont transformées, où est-ce qu'elles créent de la valeur, où est-ce qu'elles sont retraitées, et c'est pour ça qu'on a beaucoup parlé
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire éviter qu'elles partent dans des entreprises, ou dans des grands groupes dominants qui sont à l'extérieur, aux Etats-Unis ou en Chine
MOUNIR MAHJOUBI
Ou, si c'est le cas, qu'au moins on le sache.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le faire en Europe, mais qu'on le sache, parce que les données elles sont captées, pour ne pas dire capturées, à notre insu.
MOUNIR MAHJOUBI
Et c'est pour ça que tous les enjeux, tout le travail de la CNIL par exemple, en ce moment, tout le travail au niveau européen, il est sur cette prise de conscience de la capture de ces données, son utilisation et de son enrichissement. Et donc, oui, il y a beaucoup de valeur à avoir, oui on est plutôt pas mauvais, on est même plutôt très bon, et donc il y a tout un secteur du numérique français, un secteur du numérique européen, qu'on doit développer. Et puis si on crée un vrai marché unique européen du numérique, si on crée un marché unique qui permet qu'une entreprise française, au lieu de s'adresser uniquement au public français, puisse s'adresser à tout le public européen, on va peut-être créer nos grands champions, et ça c'est le troisième enjeu. Il faut créer des champions du numérique, qui vont créer de l'emploi, créer de la valeur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y en a en France.
MOUNIR MAHJOUBI
On en a plusieurs, et il nous en faut des dizaines d'autres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a des dizaines, petits, qui peuvent s'agglomérer, se coaliser, etc., et il y a quelques grands. La révolution numérique va créer une vague vertigineuse, une vague vertigineuse de croissance et d'emplois nouveaux, c'est Thierry BRETON, le patron de ATOS, qui promet une vague vertigineuse. Est-ce que vous ne croyez pas qu'il est un peu optimiste Thierry BRETON ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, il a raison. Il a raison, mais, il a raison, mais après, une vague qui arrive il faut qu'on sache la prendre, c'est-à-dire il faut être un surfeur sur cette vague, et pour ça il va falloir qu'il n'y ait pas que les stars, les supers héros des start-up, qui la prennent. Il faut que toutes nos TPE-PME la prennent, cette vague du numérique, il faut que nos grosses ETI, nos grosses industries, elles la prennent cette vague du numérique. Et tout l'enjeu économique des prochaines années c'est comment l'Etat il va, de façon utile et efficace, accompagner toute l'économie traditionnelle, l'économie innovante, pour aller sur cette vague et créer aussi nos supers héros.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quels sont les secteurs prévus par vous, qui peuvent émerger ? Il y a différentes enquêtes, on le voit.
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui on travaille sur tous ces sujets, mais il y en a quelques-uns qui émergent. En France on est plutôt très bon sur l'environnement, eh bien je pense que sur le numérique et l'environnement, on pourra être
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le numérique, la santé, l'éducation, les transports, l'énergie
MOUNIR MAHJOUBI
Tout ce sur quoi on est parmi les meilleurs au monde. Eh bien, vous prenez ça, vous multipliez par le numérique, eh bien on sera peut-être capable de créer les grands géants du numérique de ces sujets-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais est-ce qu'il ne faut pas soustraire, parce que vous dites il faut ajouter, est-ce qu'il ne faut pas soustraire ou diviser avec tous les emplois qui vont être perdus dans une première phase ? Et on voit aujourd'hui, dans les banques, dans les services, dans les assurances, qu'il y a des gens qui quittent, ou qui doivent quitter leur emploi.
MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez raison, et c'est pour ça qu'un des premiers grands projets économiques de ce quinquennat ça va être la transformation de la formation professionnelle et de l'Assurance chômage, parce qu'il va y avoir des bouleversements et que le seul moyen d'affronter ces bouleversements c'est de former, d'accompagner et de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous prévoyez, si vous êtes ministre, avec tout votre gouvernement, etc., une fiscalité spéciale pour encourager le développement des start-up ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors il y a un élément qu'on a annoncé pendant tout le programme, et qui est le plus essentiel, qui est le prélèvement forfaitaire unique, c'est-à-dire que tous les investisseurs du monde, tous les investisseurs français, tous ceux qui iront investir dans des start-up, eh bien ils sauront que pendant une durée, longue, on ne va pas changer les règles du jeu. Parce que, ce qui est le plus compliqué ce n'est pas le taux d'imposition, c'est le fait qu'il y ait une instabilité. Donc, nous, on s'est engagé sur une stabilité sur ces sujets-là, et, vous savez, ces investisseurs, s'ils savent qu'à la fin ils vont payer 30, ils vont payer 40, mais qu'ils savent, eh bien ils vont plus facilement investir. C'était ça la plus grande demande.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière question sur ce thème-l. Des décisions concernent la cyber-défense et les cyber contre-attaques prévues. La France, depuis Jean-Yves LE DRIAN, est en train de créer une cyber-armée, elle est toute petite encore. Est-ce que vous êtes associé, vous le spécialiste du numérique, ou on vous dit « ça, ne touches pas, ce n'est pas ton job » ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ça, ça fait partie des sujets où la ministre des Armées, Sylvie GOULARD, où le ministre des Affaires étrangères, où autour du président de la République, qui ont en charge ce sujet-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous aurez un strapontin, si vous êtes l'expert.
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas, vous savez que c'est un sujet sur lequel je me suis beaucoup exprimé, vous savez que c'est un sujet qui est très secret, qui est très protégé, et qui est pourtant très essentiel. Donc, on s'est engagé pendant la campagne, et aujourd'hui moi je continuerai à m'engager sur ce sujet, oui la France doit avoir les capacités de défense, doit avoir toutes les capacités sur ce sujet, sur lequel nous sommes plutôt bons. Et tout à l'heure, vous disiez sur quelle autre économie on peut être très bon ? Eh bien, sur la cybersécurité, vous savez quoi, la France peut devenir un champion mondial.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a déjà ATOS pour le faire et qui fait beaucoup dans le domaine. A vous seul donc, Mounir MAHJOUBI, vous symbolisez ou vous représentez deux symboles, la société civile et le numérique. En quoi ça vous est utile pour les batailles politiques que vous menez ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est utile parce qu'en venant de la société civile, avec mon âge, avec mon parcours, j'incarne notre promesse qui est de dire qu'on veut changer la règle du jeu politique des 20 dernières années, des 30 dernières années. C'est-à-dire que maintenant
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On l'a entendu souvent ce discours.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais non, parce que moi je ne compte pas rester toute ma vie député du 19e, moi je compterai ensuite changer, faire d'autres morceaux dans ma vie, redevenir entrepreneur, repartir, revenir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Faire de l'argent ? Non.
MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, l'argent ce n'est pas sale, et l'enjeu c'est, quand on va dans le privé, ce n'est pas faire de l'argent, c'est découvrir des nouvelles choses. Moi dans le privé j'ai fait plein de métiers, j'ai été entrepreneur, j'ai été salarié, j'ai appris plein de choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous êtes aussi, aujourd'hui, l'acteur d'un des duels les plus spectaculaires des législatives à Paris, vous affrontez dans le 19e Jean-Christophe CAMBADELIS, qui est implanté dans sa circonscription depuis 30 ans. Vous pensez qu'elle est gagnable ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je pense en tout cas que la dynamique aujourd'hui elle est de notre côté. Aujourd'hui on a près de 3000 adhérents dans le 19e, qui sont avec nous au quotidien, on est plusieurs centaines dans la rue tous les jours, tracter, frapper aux portes
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'est dans chaque circonscription, peut-être que lui aussi le fait, il viendra bientôt en parler lui-même. Mais ça veut dire que la République En Marche vous a donné la mission d'éliminer CAMBADELIS et de décapiter le PS, à vous, ancien PS ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, elle m'a donné une mission, c'est de gagner, et c'est celle-là que j'essaye d'exercer, c'est celle que j'exécute. Tous les jours, j'essaye de gagner.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous connaissez l'argument de Jean-Christophe CAMBADELIS, il dit « si Mounir MAHJOUBI gagne, il reste ministre, il ne siègera pas à l'Assemblée. S'il perd, il ne sera plus ministre, il ne siègera pas à l'Assemblée. » Alors, à quoi ça sert de vous élire ?
MOUNIR MAHJOUBI
A quoi ça sert de m'élire, c'est qu'on oublie, dans cette histoire, que le gouvernement il n'est là que parce qu'on a créé une majorité au Parlement, et donc c'est essentiel que dans un gouvernement, il y a des gens qui partent au combat des législatives. Et vous savez, pour les habitants du 19e, s'ils votent pour moi, c'est deux fois gagnants, ils auront un habitant du 19e au gouvernement, une habitante du 19e qui sera ma suppléante à l'Assemblée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils montreront qu'on peut venir du 19e à Paris, 7e, 8e, etc., que tout Paris, toute la France, est ouverte à ceux qui viennent du 19e. Mais le président de la République vous a prévenu, si vous voulez rester ministre, il ne faut pas être battu. Si vous êtes battu, vous démissionnerez.
MOUNIR MAHJOUBI
Je démissionnerai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'appartenir à la société civile c'est un atout ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est un atout
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Même quand on fait de la politique comme vous, vous l'avez dit.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais c'est un atout pour les habitants qui se disent « bon, eh bien voilà, c'est quelqu'un qui connaît être salarié, qui sait ce que ça veut dire de payer son loyer lui-même, qui sait ce que ça veut dire de s'engager pour les autres, qui sait ce que ça veut dire d'entreprendre », parce que je viens de la société civile, mais j'ai eu un double parcours. J'ai été salarié, j'ai été syndicaliste, j'ai été entrepreneur, j'ai créé plusieurs associations
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Polyvalent.
MOUNIR MAHJOUBI
Polyvalent civil.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais aujourd'hui, en plus, Mounir MAHJOUBI a la chance d'être adoubé par Emmanuel MACRON, et ça c'est un atout ?
MOUNIR MAHJOUBI
Adoubé, je ne sais pas. Je porte le projet présidentiel, je suis soutenu par la République En Marche, le président de la République m'a fait confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vais vous poser une question peut-être personnelle, indiscrète pour finir
MOUNIR MAHJOUBI
Dites-moi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vos parents, est-ce qu'ils sont fiers de l'ascension actuelle de leur fils et de la place qu'il occupe déjà, ou qu'il est en train d'arracher, dans la République ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ils sont inquiets, et très heureux, et très fiers. Mais, quand on s'expose comme ça, on inquiète toujours ses parents. Ma mère me dit « attention, attention ils vont être méchants avec toi, fais gaffe à ce que tu fais », et puis après elle fait « mais je suis fière, vas-y, continues. » Donc voilà, vous savez
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils viennent tous les deux du Maroc.
MOUNIR MAHJOUBI
Ils viennent tous les deux du Maroc, ils sont arrivés en France dans les années 70, et j'ai toujours été à Paris avec eux, et eux ont toujours eu confiance dans notre avenir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'ils faisaient, si je ne suis pas indiscret ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ma mère était femme de chambre et mon père il était peintre en bâtiment, et ils croyaient très fort à l'école, donc la seule motivation qu'il y avait tous les soirs c'était de me dire « il faut que tu sois bon à l'école, il faut que tu sois bon à l'école. » Et moi c'est le message que j'ai eu pour ma petite soeur et pour toutes les familles que je croise, c'est « soi bon à l'école, engage-toi à l'école », et c'est pour ça que je crois très fort au projet de l'école et que dans les quartiers populaires il va falloir qu'on dédouble ces classes de CP et de CE1 pour que tout le monde réussisse. Parce que quand on réussit, d'où que l'on vienne, eh bien on peut aller, tracer sa trajectoire, son chemin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vive l'école de la République !
MOUNIR MAHJOUBI
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venu.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonne journée.Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er juin 2017
Secrétaire d'Etat chargé du Numérique
CNews, Jean-Pierre Elkabbach 8h05
31 mai 2017
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord, je vous dis avec plaisir bienvenue Mounir MAHJOUBI, bonjour.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes un des 11 ministres qui vient de la société civile. Vous êtes secrétaire d'Etat au Numérique et vous êtes désormais un politique. Est-ce que vous estimez que Richard FERRAND a raison de vouloir se maintenir dans le gouvernement ?
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, et je pense que la seule position qu'on doit entendre, écouter, répéter, qui est la mienne, c'est celle d'Edouard PHILIPPE hier soir. Edouard PHILIPPE l'a répété, Edouard PHILIPPE a redonné les règles qui sont celles qui sont les nôtres. La justice ne s'est pas saisie de ce dossier, aujourd'hui on peut
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il n'est pas en train de ternir ? Là vous me dites le refrain officiel, etc., c'est normal
MOUNIR MAHJOUBI
Ce n'est pas que le refrain officiel, c'est celui qui nous unit et c'est celui que nous portons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il ne ternit pas un Exécutif qui, par ailleurs, a réussi partout, et à qui tout réussi, même la croissance, aujourd'hui ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors, la croissance d'aujourd'hui
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle est fragile, mais elle est là.
MOUNIR MAHJOUBI
Elle est fragile, elle est là, elle doit nous donner espoir de porter le projet qu'on a défendu tous ces derniers mois pendant la campagne présidentielle, et que nous portons aujourd'hui dans le gouvernement d'Edouard PHILIPPE. Sur Richard FERRAND, attendons, regardons ce qui se passe, mais aujourd'hui moi je ne crois pas Vous savez, je fais campagne tous les jours, ce n'est pas le sujet qui revient, les gens ne me demandent pas en permanence « on en est où avec FERRAND ? »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En tout cas lui-même réfute et condamne tous les soupçons qui pèsent et qui pleuvent sur lui, il dit qu'il n'a rien fait d'illégal
MOUNIR MAHJOUBI
Et j'ai toute confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il est jugé au nom de la morale. Mais aujourd'hui, par ailleurs, qui incarne les principes et la morale, qui ? Le juge, la conscience personnelle ou l'électeur ?
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui le seul qui décide de ce qui est moral ou pas moral c'est l'électeur et ce sera le législateur. L'électeur dira s'il veut donner sa confiance à Richard FERRAND ou pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ce que disait François FILLON, quand il était attaqué.
MOUNIR MAHJOUBI
Et c'est ce qu'il est en train de faire, il fait une campagne, dans une circonscription où il est attendu, où il est accompagné, où il est aimé. Et, il y a l'autre sujet que vous portez, qui est celui de la probité en politique pour les années à venir, et c'est un des premiers projets que nous portons dans ce gouvernement, ça va être certainement la première loi, que nous porterons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est bien que la morale elle est dite aujourd'hui par l'Exécutif ou le législatif ? La morale privée, elle a tellement fichu le camp, qu'il faut que la morale soit décidée par l'Etat et la politique ?
MOUNIR MAHJOUBI
Attention, l'Etat ne va pas définir la morale de la vie de chacun, on va définir la morale des élus politiques, c'est autre chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais hier Edouard PHILIPPE, auquel vous vous référez, et que vous allez voir tout à l'heure, il a dit trois règles, pas de mise en examen, il a dit pas d'emplois familiaux, et il a dit aussi exemplarité du comportement public et privé. C'est-à-dire il y a même un contrôle sur la vie privée.
MOUNIR MAHJOUBI
Pour les membres du gouvernement. Oui, parce que, quand on est membre du gouvernement, quand on est dans le gouvernement, on s'engage corps et âme, tout son temps, à être exemplaire, parce que les gens nous font confiance et nous donnent une délégation. On va décider des choses pour les Français, eh bien c'est important que les gens qui vont décider des choses pour nous, eh bien ils s'engagent à quelques règes. Et c'est pour ça que cette loi elle va être importante, parce qu'elle va redéfinir et elle va écrire parce qu'on a souvent dit « ce n'était pas écrit », « ce n'était pas illégal » - eh bien maintenant on va l'écrire, ce sera dans un texte, un texte qu'on va partager tous, les Français, le législateur, les membres du Parlement, et les membres du gouvernement, et donc ça va devenir notre nouvelle vérité, et ça c'est important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous souhaitez que ça soit appliqué aussi aux syndicats, comme le demandait ici quelqu'un qui avait été député, Noël PERRUCHOT (sic), qui avait fait une commission d'enquête, un rapport, qui est enterré jusqu'en 2036, on l'applique aussi ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ce n'est pas ce qui était prévu à l'origine dans ce texte
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais si on l'élargit
MOUNIR MAHJOUBI
Il concerne les élus politiques, les élus de la République. Vous parlez des syndicalistes, moi j'ai été délégué syndical pendant 8 ans, moi j'ai été engagé dans un syndicat très longtemps dans ma vie, j'ai commencé à travailler à 16 ans. J'ai représenté mes camarades, j'ai représenté mes collègues salariés. Quand je les ai représentés, j'ai voulu être exemplaire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais vous n'avez pas été syndicaliste toute votre vie
MOUNIR MAHJOUBI
Non, mais j'ai voulu être exemplaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là on donne que seuls sont corrompus et corrupteurs, les politiques, les élus, tous.
MOUNIR MAHJOUBI
Non, pas tous. Regardez la nouvelle génération qui arrive, regardez dans deux semaines, autorisez-vous à être surpris, le visage, les parcours de vie, de ceux qui seront élus à l'Assemblée nationale. Moi je crois, et notamment grâce au mouvement la République En Marche, qu'on va changer les règles du jeu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Autre chose. Marielle de SARNEZ est l'objet d'une enquête préliminaire, pas pour les emplois fictifs, mais à propos du travail des attachés parlementaires. Evidemment elle dément et elle porte plainte. Elle peut rester ministre d'Edouard PHILIPPE ?
MOUNIR MAHJOUBI
Encore une fois c'est la même règle, et vous noterez sur le cas de Marielle de SARNEZ qu'elle n'est pas seule, qu'ils sont très nombreux et que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une vingtaine dénoncés par une délatrice du Front national, on donne toujours son nom, madame Sophie
MOUNIR MAHJOUBI
Redonnons ce contexte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
c'est comme une sorte de règlement de comptes, pour vous, entre eux ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, je ne connais pas bien l'histoire, ça ressemble, en tout cas de loin, à un règlement de comptes. Aujourd'hui, laissons avancer les choses, ne commentons pas ce qui n'est pas « commentable », quand on n'a pas d'informations, j'ai peu d'informations, ça ne m'intéresse pas de commenter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dès qu'elle s'engage, la société dite civile, c'est-à-dire vous, vous faites l'expérience des rudesses et du cynisme de la politique. Est-ce que vous étiez préparé ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je ne sais pas si on peut parler de cynisme et de rudesses. Regardez, l'environnement politique dans lequel moi je circule aujourd'hui, c'est celui d'Emmanuel MACRON et d'Edouard PHILIPPE, et je pense qu'on a plutôt établi des nouvelles règles, autour de la bienveillance, de l'efficacité, de l'exemplarité, et c'est cette politique-là que j'ai toujours voulue. C'est pour ça que j'ai rejoint, c'est pour ça que je suis là, et j'ai l'impression qu'on est en train de diffuser ces valeurs un peu partout. Après, je fais une campagne locale, je vois bien, au niveau national, les positions de personnes, à l'extérieur, qui commencent à exprimer des désaccords avec
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A l'extérieur, à l'extérieur de votre circonscription ?
MOUNIR MAHJOUBI
A l'extérieur du gouvernement, des parties prenantes qui commencent à exprimer des désaccords. Donc oui, je ne suis pas non plus un naïf et je vois bien qu'il va falloir être fort, et vous savez ce qui est intéressant, c'est que c'est plus facile d'être fort quand on sait où on va, quand on connaît la direction et quand on a un socle de valeurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on apprend tous les jours.
MOUNIR MAHJOUBI
Et on apprend tous les jours, et on grandit tous les jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Depuis que vous êtes sur le terrain, qu'est-ce que vous découvrez que vous ignoriez ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est plus quelque chose de très personnel. Faire une campagne sur le terrain ça fait naître en vous des éléments un peu particulier. On pense être empathique, quand on fait une campagne on voit qu'il y a quelque chose d'encore plus fort. Quand on dit que pour représenter les gens il faut les aimer, eh bien ce n'est pas juste une parole en l'air, en fait il se passe quelque chose de très fort. Quand vous passez votre journée dehors, à dire aux gens de vous faire confiance, et que les gens viennent vous voir en vous disant « je vous fais confiance, ne me trahissez pas »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On pense à Mounir MAHJOUBI ou d'abord à Emmanuel MACRON ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est un mélange des deux. Je suis le candidat de la majorité présidentielle autour d'Emmanuel MACRON, donc il y en a beaucoup qui viennent vers moi parce que Emmanuel MACRON, et puis il y en a beaucoup, aujourd'hui, qui viennent me voir parce que je suis un exemple. Alors, ça peut être des gens qui disent « j'aimerai que mon fils il puisse se dire que lui aussi il puisse être député ou ministre »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, qu'est-ce que ça veut dire, dire « soi-même on est un exemple » ? Racontez.
MOUNIR MAHJOUBI
Je vais vous raconter quelque chose qui a été très émouvant cette semaine, c'est cette maman, elle m'a fit « moi mon enfant je veux qu'il se dise » - là on est dans le 19e, on est place des Fêtes « c'est possible que plus tard, s'il réussit à l'école », et moi j'ai envie de lui dire « réussis à l'école », « il peut faire comme vous. » Et après, parfois il y a des gens ils me parlent en arabe, ils me parlent dans toutes les langues, en me disant « franchement, de vous voir là, eh bien je ne sais pas, c'est quelque chose qu'on n'avait pas prévu de voir et ça nous surprend. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, ça c'est le 19e, ils se disent on pourra aller dans le 7e et dans le 8e
MOUNIR MAHJOUBI
Moi je me suis rarement dit que je pouvais aller dans ces arrondissements-là. J'ai grandi à Paris, je suis né à Paris, pourtant il y a toute une zone de Paris qui était étrangère pour moi, et c'était ces quartiers
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Etrangère, c'est-à-dire ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est-à-dire que quand j'y arrivais je me sentais étrange, pas forcément étranger, mais je trouvais une étrangeté à ces territoires. J'ai étudié là-bas, pourtant toutes les années où j'ai étudié là-bas j'étais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous étiez à Sciences-Po
MOUNIR MAHJOUBI
A Sciences-Po, à la Sorbonne, place du Panthéon
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'était étranger déjà
MOUNIR MAHJOUBI
C'était étrange, et j'ai mis du temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là vous faites campagne dans le 19e, je n'insiste pas, et vos bureaux ils sont où ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mes bureaux, en tant que secrétaire d'Etat, sont dans le 7e, et donc je découvre et je m'approprie ce territoire qui est celui de tous les
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes l'un des premiers « marcheurs », avec Richard FERRAND, avec d'autres, avec d'autres, avec François PATRIAT, etc., mais vous n'êtes pas tout à fait un novice en politique, vous avez commencé quand ?
MOUNIR MAHJOUBI
J'ai commencé à être un militant syndical à l'âge de 18 ans, c'est dès là que tout commence. J'ai commencé à bosser à 16 ans, 2 ans après j'ai compris qu'il fallait, et que c'était important, de s'engager pour arriver à transformer les choses autour de soi, et j'ai rejoint le Parti socialiste quelques années après. Et donc, pendant longtemps, j'étais un militant du Parti socialiste, et j'ai soutenu Ségolène ROYAL, j'ai soutenu François HOLLANDE en 2011, et j'ai été très déçu, moi je vais vous le dire Je n'ai pas été très déçu de tout le quinquennat, moi j'ai soutenu beaucoup de choses dans le quinquennat HOLLANDE, il y a des réussites, il y a des réussites économiques, il y a des réussites sociales. Et puis il y a eu, pour moi, une défaite, qui a été celle des quartiers et de la jeunesse. On avait promis beaucoup, moi je m'étais engagé coeur et âme en 2011 et en 2012
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors vous, Mounir MAHJOUBI, votre passion, votre expertise, c'est d'abord le numérique et l'économie d'Internet, que vous fréquentez pratiquement depuis l'adolescence. Et alors, le 19 juin, si vous êtes, ministre naturellement, vous serez chargé des grands chantiers décidés par le président de la République Emmanuel MACRON. Il y a d'abord le plan France très haut débit, pour couvrir tout le territoire d'ici à 2022, vous pensez que ça sera fait ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ça c'est un plan qui est porté par Richard FERRAND, avec mon soutien, mais c'est un plan sur l'égalité des territoires
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lui, c'est vrai, il est ministre de la Cohésion des territoires, mais vous pourriez l'être aussi, parce qu'il y a des inégalités en matière d'Internet
MOUNIR MAHJOUBI
C'est pour ça qu'on le fait ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sur le territoire.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est pour ça qu'on le fait ensemble et c'est très important, mais c'est important que ce soit porté par le ministre qui s'occupe des territoires, parce que c'est une question d'infrastructures territoriales, c'est une question d'égalité entre les citoyens. Donc ce sujet, Richard FERRAND l'a déjà annoncé, c'est une de ses priorités, moi je l'accompagne, parce que c'est une de nos priorités. La priorité numérique de ce quinquennat c'est celle du numérique d'inclusion, le numérique inclusif, c'est redonner Internet dans tous les endroits où il n'est pas là, et refaire accéder à Internet ceux qui n'y accèdent pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est du boulot !
MOUNIR MAHJOUBI
C'est beaucoup de boulot.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous dites aussi, ou il dit, « un Etat 100 % numérique », et les deux ministres les plus jeunes du gouvernement en sont chargés, vous, 33 ans, et Gérald DARMANIN, 34 ans. Et là, quel but ?
MOUNIR MAHJOUBI
Là c'est le deuxième pilier, c'est l'Etat numérique, c'est comment on fournit des services plus efficaces, et qui créent plus de valeur pour les citoyens, tout en incluant tous ceux pour qui s'est compliqué. Il ne faut pas oublier, il y a beaucoup de Français pour qui c'est dur d'utiliser les services publics numériques, eh bien pour eux on va créer des capacités de médiation numérique, ça va être des gens qui vont les accompagner pour utiliser ces nouveaux services.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis il y a la création d'un fonds européen de plusieurs milliards d'euros pour financer les start-up. Ce qui va créer de la valeur, on nous le répète, c'est l'économie de la donnée, c'est-à-dire on dit que ça sera la matière première, le pétrole du 21e siècle. On n'est pas en train de rêver là ?
MOUNIR MAHJOUBI
Il y a plein d'enjeux autour de cette économie de la donnée. La donnée ce n'est pas quelque chose de monnayable, c'est aussi votre vie, c'est la mienne, donc la donnée elle a aussi des enjeux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La mienne ou la vôtre contrôlée par les GAFA aujourd'hui, les grands.
MOUNIR MAHJOUBI
Justement, on veut savoir, il faut mieux savoir, et donc ce qui est important c'est que les Français aujourd'hui se rendent compte de la valeur de leurs propres données. Nous, ce qu'on a souhaité, et ce qui sera important dans les prochains mois, les prochaines années, c'est d'avoir un regard sur la transparence de ces données, où est-ce qu'elle sont connectées, où est-ce qu'elles sont transformées, où est-ce qu'elles créent de la valeur, où est-ce qu'elles sont retraitées, et c'est pour ça qu'on a beaucoup parlé
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire éviter qu'elles partent dans des entreprises, ou dans des grands groupes dominants qui sont à l'extérieur, aux Etats-Unis ou en Chine
MOUNIR MAHJOUBI
Ou, si c'est le cas, qu'au moins on le sache.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le faire en Europe, mais qu'on le sache, parce que les données elles sont captées, pour ne pas dire capturées, à notre insu.
MOUNIR MAHJOUBI
Et c'est pour ça que tous les enjeux, tout le travail de la CNIL par exemple, en ce moment, tout le travail au niveau européen, il est sur cette prise de conscience de la capture de ces données, son utilisation et de son enrichissement. Et donc, oui, il y a beaucoup de valeur à avoir, oui on est plutôt pas mauvais, on est même plutôt très bon, et donc il y a tout un secteur du numérique français, un secteur du numérique européen, qu'on doit développer. Et puis si on crée un vrai marché unique européen du numérique, si on crée un marché unique qui permet qu'une entreprise française, au lieu de s'adresser uniquement au public français, puisse s'adresser à tout le public européen, on va peut-être créer nos grands champions, et ça c'est le troisième enjeu. Il faut créer des champions du numérique, qui vont créer de l'emploi, créer de la valeur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y en a en France.
MOUNIR MAHJOUBI
On en a plusieurs, et il nous en faut des dizaines d'autres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a des dizaines, petits, qui peuvent s'agglomérer, se coaliser, etc., et il y a quelques grands. La révolution numérique va créer une vague vertigineuse, une vague vertigineuse de croissance et d'emplois nouveaux, c'est Thierry BRETON, le patron de ATOS, qui promet une vague vertigineuse. Est-ce que vous ne croyez pas qu'il est un peu optimiste Thierry BRETON ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, il a raison. Il a raison, mais, il a raison, mais après, une vague qui arrive il faut qu'on sache la prendre, c'est-à-dire il faut être un surfeur sur cette vague, et pour ça il va falloir qu'il n'y ait pas que les stars, les supers héros des start-up, qui la prennent. Il faut que toutes nos TPE-PME la prennent, cette vague du numérique, il faut que nos grosses ETI, nos grosses industries, elles la prennent cette vague du numérique. Et tout l'enjeu économique des prochaines années c'est comment l'Etat il va, de façon utile et efficace, accompagner toute l'économie traditionnelle, l'économie innovante, pour aller sur cette vague et créer aussi nos supers héros.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quels sont les secteurs prévus par vous, qui peuvent émerger ? Il y a différentes enquêtes, on le voit.
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui on travaille sur tous ces sujets, mais il y en a quelques-uns qui émergent. En France on est plutôt très bon sur l'environnement, eh bien je pense que sur le numérique et l'environnement, on pourra être
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le numérique, la santé, l'éducation, les transports, l'énergie
MOUNIR MAHJOUBI
Tout ce sur quoi on est parmi les meilleurs au monde. Eh bien, vous prenez ça, vous multipliez par le numérique, eh bien on sera peut-être capable de créer les grands géants du numérique de ces sujets-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais est-ce qu'il ne faut pas soustraire, parce que vous dites il faut ajouter, est-ce qu'il ne faut pas soustraire ou diviser avec tous les emplois qui vont être perdus dans une première phase ? Et on voit aujourd'hui, dans les banques, dans les services, dans les assurances, qu'il y a des gens qui quittent, ou qui doivent quitter leur emploi.
MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez raison, et c'est pour ça qu'un des premiers grands projets économiques de ce quinquennat ça va être la transformation de la formation professionnelle et de l'Assurance chômage, parce qu'il va y avoir des bouleversements et que le seul moyen d'affronter ces bouleversements c'est de former, d'accompagner et de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous prévoyez, si vous êtes ministre, avec tout votre gouvernement, etc., une fiscalité spéciale pour encourager le développement des start-up ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors il y a un élément qu'on a annoncé pendant tout le programme, et qui est le plus essentiel, qui est le prélèvement forfaitaire unique, c'est-à-dire que tous les investisseurs du monde, tous les investisseurs français, tous ceux qui iront investir dans des start-up, eh bien ils sauront que pendant une durée, longue, on ne va pas changer les règles du jeu. Parce que, ce qui est le plus compliqué ce n'est pas le taux d'imposition, c'est le fait qu'il y ait une instabilité. Donc, nous, on s'est engagé sur une stabilité sur ces sujets-là, et, vous savez, ces investisseurs, s'ils savent qu'à la fin ils vont payer 30, ils vont payer 40, mais qu'ils savent, eh bien ils vont plus facilement investir. C'était ça la plus grande demande.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière question sur ce thème-l. Des décisions concernent la cyber-défense et les cyber contre-attaques prévues. La France, depuis Jean-Yves LE DRIAN, est en train de créer une cyber-armée, elle est toute petite encore. Est-ce que vous êtes associé, vous le spécialiste du numérique, ou on vous dit « ça, ne touches pas, ce n'est pas ton job » ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, ça, ça fait partie des sujets où la ministre des Armées, Sylvie GOULARD, où le ministre des Affaires étrangères, où autour du président de la République, qui ont en charge ce sujet-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous aurez un strapontin, si vous êtes l'expert.
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas, vous savez que c'est un sujet sur lequel je me suis beaucoup exprimé, vous savez que c'est un sujet qui est très secret, qui est très protégé, et qui est pourtant très essentiel. Donc, on s'est engagé pendant la campagne, et aujourd'hui moi je continuerai à m'engager sur ce sujet, oui la France doit avoir les capacités de défense, doit avoir toutes les capacités sur ce sujet, sur lequel nous sommes plutôt bons. Et tout à l'heure, vous disiez sur quelle autre économie on peut être très bon ? Eh bien, sur la cybersécurité, vous savez quoi, la France peut devenir un champion mondial.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a déjà ATOS pour le faire et qui fait beaucoup dans le domaine. A vous seul donc, Mounir MAHJOUBI, vous symbolisez ou vous représentez deux symboles, la société civile et le numérique. En quoi ça vous est utile pour les batailles politiques que vous menez ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est utile parce qu'en venant de la société civile, avec mon âge, avec mon parcours, j'incarne notre promesse qui est de dire qu'on veut changer la règle du jeu politique des 20 dernières années, des 30 dernières années. C'est-à-dire que maintenant
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On l'a entendu souvent ce discours.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais non, parce que moi je ne compte pas rester toute ma vie député du 19e, moi je compterai ensuite changer, faire d'autres morceaux dans ma vie, redevenir entrepreneur, repartir, revenir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Faire de l'argent ? Non.
MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, l'argent ce n'est pas sale, et l'enjeu c'est, quand on va dans le privé, ce n'est pas faire de l'argent, c'est découvrir des nouvelles choses. Moi dans le privé j'ai fait plein de métiers, j'ai été entrepreneur, j'ai été salarié, j'ai appris plein de choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous êtes aussi, aujourd'hui, l'acteur d'un des duels les plus spectaculaires des législatives à Paris, vous affrontez dans le 19e Jean-Christophe CAMBADELIS, qui est implanté dans sa circonscription depuis 30 ans. Vous pensez qu'elle est gagnable ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je pense en tout cas que la dynamique aujourd'hui elle est de notre côté. Aujourd'hui on a près de 3000 adhérents dans le 19e, qui sont avec nous au quotidien, on est plusieurs centaines dans la rue tous les jours, tracter, frapper aux portes
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'est dans chaque circonscription, peut-être que lui aussi le fait, il viendra bientôt en parler lui-même. Mais ça veut dire que la République En Marche vous a donné la mission d'éliminer CAMBADELIS et de décapiter le PS, à vous, ancien PS ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, elle m'a donné une mission, c'est de gagner, et c'est celle-là que j'essaye d'exercer, c'est celle que j'exécute. Tous les jours, j'essaye de gagner.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous connaissez l'argument de Jean-Christophe CAMBADELIS, il dit « si Mounir MAHJOUBI gagne, il reste ministre, il ne siègera pas à l'Assemblée. S'il perd, il ne sera plus ministre, il ne siègera pas à l'Assemblée. » Alors, à quoi ça sert de vous élire ?
MOUNIR MAHJOUBI
A quoi ça sert de m'élire, c'est qu'on oublie, dans cette histoire, que le gouvernement il n'est là que parce qu'on a créé une majorité au Parlement, et donc c'est essentiel que dans un gouvernement, il y a des gens qui partent au combat des législatives. Et vous savez, pour les habitants du 19e, s'ils votent pour moi, c'est deux fois gagnants, ils auront un habitant du 19e au gouvernement, une habitante du 19e qui sera ma suppléante à l'Assemblée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils montreront qu'on peut venir du 19e à Paris, 7e, 8e, etc., que tout Paris, toute la France, est ouverte à ceux qui viennent du 19e. Mais le président de la République vous a prévenu, si vous voulez rester ministre, il ne faut pas être battu. Si vous êtes battu, vous démissionnerez.
MOUNIR MAHJOUBI
Je démissionnerai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'appartenir à la société civile c'est un atout ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'est un atout
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Même quand on fait de la politique comme vous, vous l'avez dit.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais c'est un atout pour les habitants qui se disent « bon, eh bien voilà, c'est quelqu'un qui connaît être salarié, qui sait ce que ça veut dire de payer son loyer lui-même, qui sait ce que ça veut dire de s'engager pour les autres, qui sait ce que ça veut dire d'entreprendre », parce que je viens de la société civile, mais j'ai eu un double parcours. J'ai été salarié, j'ai été syndicaliste, j'ai été entrepreneur, j'ai créé plusieurs associations
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Polyvalent.
MOUNIR MAHJOUBI
Polyvalent civil.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais aujourd'hui, en plus, Mounir MAHJOUBI a la chance d'être adoubé par Emmanuel MACRON, et ça c'est un atout ?
MOUNIR MAHJOUBI
Adoubé, je ne sais pas. Je porte le projet présidentiel, je suis soutenu par la République En Marche, le président de la République m'a fait confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vais vous poser une question peut-être personnelle, indiscrète pour finir
MOUNIR MAHJOUBI
Dites-moi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vos parents, est-ce qu'ils sont fiers de l'ascension actuelle de leur fils et de la place qu'il occupe déjà, ou qu'il est en train d'arracher, dans la République ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ils sont inquiets, et très heureux, et très fiers. Mais, quand on s'expose comme ça, on inquiète toujours ses parents. Ma mère me dit « attention, attention ils vont être méchants avec toi, fais gaffe à ce que tu fais », et puis après elle fait « mais je suis fière, vas-y, continues. » Donc voilà, vous savez
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils viennent tous les deux du Maroc.
MOUNIR MAHJOUBI
Ils viennent tous les deux du Maroc, ils sont arrivés en France dans les années 70, et j'ai toujours été à Paris avec eux, et eux ont toujours eu confiance dans notre avenir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'ils faisaient, si je ne suis pas indiscret ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ma mère était femme de chambre et mon père il était peintre en bâtiment, et ils croyaient très fort à l'école, donc la seule motivation qu'il y avait tous les soirs c'était de me dire « il faut que tu sois bon à l'école, il faut que tu sois bon à l'école. » Et moi c'est le message que j'ai eu pour ma petite soeur et pour toutes les familles que je croise, c'est « soi bon à l'école, engage-toi à l'école », et c'est pour ça que je crois très fort au projet de l'école et que dans les quartiers populaires il va falloir qu'on dédouble ces classes de CP et de CE1 pour que tout le monde réussisse. Parce que quand on réussit, d'où que l'on vienne, eh bien on peut aller, tracer sa trajectoire, son chemin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vive l'école de la République !
MOUNIR MAHJOUBI
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venu.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonne journée.Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er juin 2017