Déclaration de M. Jacques Brunhes, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les pratiques touristiques des jeunes de 18 à 25 ans et sur les propositions du Conseil Economique et Social visant à renforcer la cohérence de l'intervention publique pour leur permettre un meilleur accès aux vacances , Paris, le 18 décembre 2001.

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Circonstance : Débat au Conseil Economique et Social sur "l'accès aux vacances des jeunes adultes de 18 à 25 ans" à Paris, le 18 décembre 2001

Texte intégral

En mai dernier, à l'initiative de Michelle DEMESSINE, le Premier ministre avait chargé le Conseil économique et social d'un rapport sur les pratiques touristiques des jeunes, afin de réunir l'ensemble des éléments du diagnostic sur leurs demandes et leurs attentes spécifiques, ainsi que sur le rôle et l'action des différents acteurs intervenant dans le domaine du tourisme des jeunes.
Le Conseil était également invité à formuler des propositions tendant à renforcer la cohérence de l'intervention publique et favoriser l'accès aux vacances des jeunes.
Compte tenu de la qualité du travail qui nous est aujourd'hui remis, je ne peux qu'en féliciter chaleureusement le rapporteur, Mme MITRANI. Cet outil répond avec toute la pertinence que nous pouvions souhaiter aux enjeux soulevés par la problématique de l'accès aux vacances des jeunes adultes.
Un retard important avait été pris pour considérer de manière spécifique le tourisme des jeunes, mieux les comprendre pour davantage anticiper les demandes, mieux les connaître pour s'efforcer de réduire les inégalités persistantes entres jeunes et adultes et entre jeunes eux-mêmes.
Le rapport du Conseil vient utilement combler cette lacune, en offrant une analyse particulièrement rigoureuse de la situation concrète des jeunes adultes dans leur diversité. Analyse d'autant plus précieuse que nous savons que les jeunes constituent une catégorie hétérogène et particulièrement difficile à cerner.
Il met en relief l'importance des attentes des jeunes en matière d'accès aux vacances. L'importance que revêtent effectivement les vacances dans le processus de socialisation des 18-25 ans et dans la conquête de leur autonomie. Dans le même temps, il dresse un constat sombre sur les difficultés auxquelles la majorité d'entre eux se heurte pour concrétiser cette légitime aspiration à la mobilité et à l'épanouissement.
Cette situation n'est pas acceptable. D'autant moins que c'est parmi les jeunes, que nous observons le plus grand déficit de départ et même un recul préoccupant du taux de départ.
Madame MITRANI insiste dès lors sur la nécessité d'une meilleure coordination de l'action publique et de la mise en oeuvre d'une démarche plus partenariale entre les différents acteurs publics et associatifs concernés.
Nous partageons bien évidemment cet objectif et ces orientations.
C'est ainsi que pour m'en tenir à mes attributions et à l'action du secrétariat d'Etat au tourisme, un travail spécifique est par exemple conduit depuis l'année dernière avec les associations souhaitant travailler sur le thème "tourisme des jeunes", afin d'améliorer l'information et les conditions d'hébergement des jeunes, qu'ils soient ou non scolarisés.
Un premier partenariat a été engagé, conformément d'ailleurs aux préconisations du Conseil, avec le CIDJ (Centre d'information et de documentation jeunesse) qui poursuit l'objectif de développer dès 2002 l'information des jeunes sur l'offre de vacances.
Le partenariat ainsi construit va déboucher sur un état des outils et moyens permettant le départ en vacances des jeunes.
Il est également prévu que sur la base des conclusions des rapports du CNT et de celui que nous examinons actuellement, des lignes d'intervention soient identifiées et proposées pour la mise en oeuvre de conventions en 2002.
Ces mesures, comme le présent rapport, s'inscrivent dans une démarche globale visant à compléter les dispositifs tendant à garantir l'égal accès aux loisirs et promouvoir le droit aux vacances.
Des premiers pas ont déjà été réalisés :
D'abord l'identification d'une ligne "jeunes " au sein du Budget du tourisme pour aider à la réalisation de projets associatifs de départ à l'étranger.
C'est ensuite un travail de sensibilisation des professionnels du tourisme pour qu'ils mettent en place des offres de vacances adaptées aux aspirations des jeunes. Le club jeunes de Maison de la France travaille également à élaborer cette offre spécial jeunes et la promouvoir en France comme à l'étranger. Cette réflexion approfondie est menée en collaboration avec le Conseil national de la Jeunesse et avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
Enfin La Bourse solidarité vacances créée en 1999, a permis en 2001 le départ en vacances de familles défavorisées, grâce à un partenariat inédit (20 000 personnes). Cette année un secteur spécifique ce met en place en direction des jeunes.
Les actions engagées en faveur du tourisme social et associatif répondent également à cet impératif de développement du tourisme des jeunes.
Je rappelle par ailleurs que deux conventions interministérielles ont été signées en juin et juillet 2000 :
La convention nationale d'accueil des jeunes dans les stations touristiques, qui permet de mettre en relation les communes favorisant le départ des jeunes par l'accompagnement dans la préparation et le déroulement de leurs séjours.
La convention nationale pour l'égal accès aux loisirs et plus précisément aux discothèques, qui s'inscrit dans le cadre du suivi des Assises nationales de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations.
Ces mesures demeurent sans doute insuffisantes. Le rapport identifie en effet des enjeux qui appellent à la fois l'approfondissement de la démarche gouvernementale et l'ouverture de pistes de réflexion nouvelles.
Pour m'en tenir au préconisations qui intéressent directement mes compétences, nous accueillons très favorablement les propositions formulées en faveur de l'extension du bénéfices des chèques-vacances, du développement partenarial des méthodologies visant à aider les jeunes à construire leurs projets, ou encore du développement des "initiatives jeunes".
Nous croyons également utile que le secrétariat d'Etat s'attache à formuler des préconisations en direction des professionnels de façon à favoriser l'information des jeunes... Nous partageons également la préoccupation de simplifier les relations entre les jeunes et les administrations...
Je souhaite enfin que les vacances soient à nouveau un objectif de travail des Caisses d'Allocations Familiales conformément au souhait du rapport nous sommes d'ailleurs déjà intervenus dans ce sens. De la même manière je crois fondamental de mettre plus largement en oeuvre les moyens matériels et financiers permettant de garantir une véritable autonomie des jeunes.
Le droit aux vacances pour tous, constitue vous le savez, un élément identitaire de la politique menée par le Gouvernement depuis cinq ans. Il est d'ailleurs inscrit dans le dispositif de lutte contre l'exclusion arrêté en 1998.
Il se fonde et s'appuie sur un constat simple: celui de la place croissante qu'occupent les loisirs dans la vie quotidienne, les préoccupations et les aspirations de l'immense majorité de nos concitoyens.
L'accès aux vacances n'est pas seulement aujourd'hui vécu comme un droit mais comme une nécessité sociale, comme un besoin dont la satisfaction est devenue impérieuse et l'exclusion, douloureuse.
Les causes de cette exclusion ne sont pas qu'économiques. Le fait est que des carences subsistent concernant l'information des jeunes, l'aide à la réalisation des projets, la mobilisation des acteurs publics et associatifs autour du public jeunes.
Ces carences sont particulièrement dommageable pour l'avenir et l'épanouissement des jeunes. Par delà le droit aux vacances, l'enjeu est donc d'abord de citoyenneté.
Le mérite majeur du rapport remis aujourd'hui est d'identifier clairement l'existence d'un public jeune autonome, avec des besoins spécifiques, mais très divers et rarement reconnus comme tels.
Qu'il me soit donc permis de remercier encore très vivement le Conseil pour l'expertise approfondie qui une fois de plus honore cette Assemblée.
(source http://www.ces.fr, le 1er février 2002)