Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Dans moins de cent jours, nous aurons un choix décisif à faire, un choix qui engagera notre pays pour longtemps, au-delà même des cinq ans du mandat du futur Président de la République. Les termes du choix qui nous est soumis peuvent être ainsi résumés. Nous avons quelques trappes à voix. Ainsi, le Pen et Laguiller stérilisent des voix qui voudraient le changement. Nous avons des rabatteurs de voix, Madelin et Bayrou d'un côté, Hue et Mamère de l'autre. Mais, pour l'essentiel, nous avons deux possibilités. Soit continuer la même politique du pareil au même que nous subissons depuis des lustres au-delà des alternances factices et des cohabitations en trompe l'oeil. Soit redonner tout son sens à la République. La première option, c'est celle présentée par nos deux sortants. La seconde option, c'est celle que nous propose Jean-Pierre Chevènement. Et, nous pouvons constater que déjà il a créé la surprise de cette campagne présidentielle. Faisons en sorte qu'il soit aussi la surprise du scrutin.
Que Noël Mamère se rassure, Jean-Pierre Chevènement n'est pas le Général Boulanger. Il n'a pas l'intention d'aller se suicider sur la tombe de sa maîtresse à Bruxelles. Bien au contraire, il ira à Bruxelles pour défendre notre mère à tous, la France républicaine. Plus largement, les verts devraient arrêter leur verbiage convenu sur la nature du rassemblement qui grandit autour de Jean-Pierre Chevènement. Ils ont certes du mal à comprendre que l'on puisse se rassembler sur un projet, eux qui ne se liguent que pour des honneurs et des places, comme le prouve encore leur misérable marchandage avec le Parti Socialiste. Le mot d'ordre des Verts : des places. Leur rôle dans la vie politique française n'est même pas celui d'un trublion. Ils se comportent en poids mort qui leste le pays et son économie pour mieux nous enfoncer. Ils stérilisent l'avenir.
Avec une grande hypocrisie, les deux sortants ne se sont pas encore ouvertement déclarés candidats. D'un commun accord, ils veulent limiter le temps du débat quasiment au minimum légal. Ils souhaitent ainsi dissimuler la profonde similitude de leur programme respectif, en dehors de quelques apparences qui seront utilisées jusqu'à la corde pour faire croire à de réelles différences. Jacques Chirac et Lionel Jospin refusent une confrontation démocratique des propositions de chacun. Ils empêchent ainsi les citoyens de se prononcer en toute clarté. Toutefois, malgré cette attitude, nos deux compères continuent à discourir sur la nécessaire transparence. Faites ce que je dis ! Ne faites pas ce que je fais !
Jean-Pierre Chevènement, lui, ne craint pas de s'engager dans un véritable débat national. Il a d'authentiques propositions à présenter. Il veut mettre en place une autre politique. Il incarne une alternative, qui ne confond pas avec une simple alternance des hommes, des équipes et surtout des appétits ! Pour toutes ces raisons, Jean-Pierre Chevènement a pu, lui, soumettre sa candidature aux Français dès septembre dernier. Il n'a rien à cacher ni la puissance de sa pensée, ni une résignation devant les événements.
Les idées de Jean-Pierre Chevènement ne sont pas si mauvaises que nous le disent tant de commentateurs. Les autres le pillent sans vergogne. Ainsi, Jacques Chirac reprend ses thèses sur la décentralisation. Ainsi, Lionel Jospin se rallie à son point de vue sur la présomption d'innocence. Car, Jean-Pierre Chevènement n'est pas l'affreux croque-mitaine archaïque qu'aiment à évoquer les idéologues dans leurs caricatures. Jean-Pierre Chevènement est pour la décentralisation, mais sans défaire la France. Jean-Pierre Chevènement pense que la sécurité des personnes et des biens est la première des libertés et d'abord pour les plus faibles d'entre nous.
Quand il fut ministre de l'Education Nationale, il transféra aux collectivités territoriales la responsabilité des collèges et des lycées. Bien évidemment, il leur donna aussi les moyens financiers correspondants. A partir de cette mesure, la France connut ce formidable développement de l'enseignement secondaire nécessaire à son avenir. De même, en tant que ministre de l'Intérieur, il fut le promoteur de l'intercommunalité, indispensable pour que la décentralisation soit réelle, ne soit pas une dispersion, une gabegie, une impasse. En revanche, comme vous le savez, il s'est opposé au démantèlement de la République, à la rupture de l'égalité des citoyens devant la loi, à l'éclatement du pouvoir législatif. Le projet de statut pour la Corse, proposé par Lionel Jospin, ne relève pas de la décentralisation, mais de la destruction de la nation et de la République !
Chacun se souvient de l'émoi suscité par les propos de Jean-Pierre Chevènement sur les sauvageons. Chacun a en mémoire l'opposition d'Elisabeth Guigou à toutes les mesures de bon sens qu'il proposait pour contrer la délinquance des mineurs, notamment la révision de l'ordonnance de 1945, Lionel Jospin arbitrant toujours contre lui. Chacun se rappelle ses demandes réitérées tant pour obtenir des crédits que pour élaborer une loi de programmation sur cinq ans pour la Police et une autre pour la justice. Mais, l'angélisme régnait. Le libéralisme libertaire des verts à la Cohn-Bendit était l'idéologie à la mode. Il ne fallait pas déplaire à tous les soixante huitards attardés. La fameuse loi sur la présomption d'innocence, bien qu'elle comporte quelques dispositions positives, en est le point d'orgue. Aujourd'hui, comme nous l'avions demandé avec Jean-Pierre Chevènement, le gouvernement revient en arrière. C'est bien, mais il aura quand même fallu ce mouvement inouï des gendarmes pour qu'il reconnaisse son erreur. Chacun se rend compte de la gravité de ce précédent. Mais, surtout, le gouvernement ne va pas assez loin. Il ne remet pas en cause l'indépendance du parquet. Il y a désormais dans notre pays autant de politiques pénales que de procureurs. Il se développe une véritable anarchie judiciaire. Avec le Janus exécutif actuel, le désordre est dans l'Etat.
Alors quand Jacques Chirac ou Lionel Jospin reprennent les idées de Jean-Pierre Chevènement qu'ils le fassent complètement, correctement, dans la cohérence de la problématique républicaine. Mais, ils en sont incapables. Car, ils seraient obligés de remettre en cause les fondements de leur politique du pareil au même. Ils se contentent seulement de prendre telle ou telle mesure avec comme seul souci l'affichage et la communication.
Dans un procès comme celui qui vient de se dérouler à Ajaccio, on peut n'être que frappé par le déséquilibre du verdict. Certes, il atténue les réquisitions du procureur, mais il s'inscrit néanmoins dans une même logique. Le préfet est condamné à de la prison ferme alors qu'il nie avoir donné cet ordre imbécile et qu'aucune preuve ne vient le contredire. En revanche, le tenancier d'une paillote, construite illégalement sur le domaine public et que ce même préfet avait ordre de détruire par décision de justice, est lui indemnisé.
Les magistrats doivent toujours avoir en mémoire que leur pouvoir n'est légitime que s'il exerce dans le strict respect de la loi au nom du peuple français. Ils ne sont pas des intouchables en-dehors et au-dessus de la République. Les récents propos du Premier Président de la Cour de Cassation, tenus devant le Président de la République, posent quelques questions. Malgré des dénégations tardives, il a bien mis en cause le droit du législateur, donc du peuple français, de corriger des jurisprudences qui ne lui conviennent pas. Le peuple souverain ne peut accepter qu'on lui impose de telles limites, qu'on lui adresse de telles injonctions. Oui à l'indépendance garantie du juge du siège, mais dans le respect de la loi, dans le respect des principes de la République.
Dans ce contexte, au fond, pour nos deux sortants, la seule perspective politique est l'attente, l'attente des conclusions de la convention pour la réforme de l'Union Européenne, qui commencera pour un an ses travaux le 1er mars prochain. Déjà, on sait quel est le double objectif de cette pseudo-concertation. D'une part, elle proposera une constitution européenne. D'autre part, elle demandera qu'elle soit précédée comme préambule de la charte des droits fondamentaux. Il faut bien se rendre compte des conséquences.
Une constitution européenne signifiera que la France ne sera plus indépendante. Le texte juridique suprême qui nous régira ne sera plus la constitution de la République mais la constitution de l'Union Européenne. La France deviendra en quelque sorte la Louisiane de l'Europe. Aujourd'hui, au moins en théorie, la constitution de la République est au-dessus des traités européens, celui de Rome, celui de Maastricht, celui d'Amsterdam et d'autres encore. Demain, le peuple français aura ainsi perdu toute souveraineté et ne comptera plus que pour le pourcentage de son poids démographique. Nous ne serons plus maîtres chez nous. Si vous ajoutez que, probablement, cette constitution favorisera les régions jusqu'à leur attribuer un pouvoir législatif, la France ne sera plus qu'un souvenir historique, une expression géographique, au mieux une référence culturelle.
La charte des droits fondamentaux est un autre danger pour la République. Pour l'essentiel, ce texte a été élaboré selon les conceptions anglo-saxonnes de la société. Ainsi, le droit du travail y a été limité au strict minimum au nom de la liberté du contrat entre les individus. En France, nous pensons au contraire que loin d'opprimer, la loi protègera les plus faibles, quand le contrat favorise le plus souvent le plus fort. Autre exemple, la charte ignore tout de la laïcité. L'individu ne s'affirme pas à travers la citoyenneté, comme le veut la République mais se trouve enfermé dans sa communauté, religieuse, ethnique, sexuelle, territoriale ou autre. Nous pensons donc que cette charte est une régression pour la France et pour les Français.
Enfin, celle-ci ignore, condamne même le service public tel que nous le concevons et le pratiquons à la satisfaction tant des citoyens que des usagers. Le service public suppose l'égal accès de tous à l'activité proposée. Par exemple, le prix de l'électricité est le même sur l'ensemble du territoire de la République. Le service public est aussi un moteur pour impulser et entraîner l'économie nationale. Ainsi, depuis cinquante ans, toutes les grandes réalisations technologiques françaises ont dépendu de commandes des services publics. L'électronucléaire, la téléphonie, le T.G.V., le métro en sont quelques illustrations.
Pour la charte, le service public, qui peut prendre d'ailleurs d'autres dénominations, se limite à la charité en direction des personnes les plus démunies. Il y a confusion entre le service public et la solidarité nationale, mais une solidarité nationale qui pourrait être privatisée c'est à dire qu'elle deviendrait aléatoire et discriminatoire. Car, une solidarité privatisée ne peut que satisfaire des intérêts privés. Elle deviendrait en quelque sorte partie intégrante du budget publicitaire, du budget d'image des grandes entreprises.
En même temps, la charte nous montre que la privatisation des grands services publics français relève moins de la concurrence qui serait le moteur de l'efficacité, que de l'idéologie que partagent en commun sociaux-libéraux et libéraux-sociaux, Lionel Jospin et Jacques Chirac. Nous, avec Jean-Pierre Chevènement, parce que nous sommes républicains, nous savons que la puissance publique doit intervenir dans l'économie. Elle doit permettre à chaque citoyen de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, tout en favorisant l'initiative des plus entreprenants. A cette fin, la République a besoin d'outils. Les services publics sont ces outils.
Mais, nos deux complices de la campagne présidentielle croupion viennent d'une même voix d'approuver à Laeken cette marche vers une constitution européenne, précédée d'une charte composant des principes incompatibles avec la République. Jean-Pierre Chevènement a, au contraire, dénoncé ce nouvel abandon. En revanche, il demande que l'ensemble des traités soit remis à plat afin de pouvoir négocier un nouveau traité, plus simple, plus cohérent, plus accessible. Ce nouveau texte devra clairement laisser toute leur place aux Etats nationaux, sans permettre des extensions imprévues par des dérives jurisprudentielles du droit. Surtout, ce texte devra rester un traité et donc demeurer inférieur à la constitution de la République dans la hiérarchie des normes juridiques. Le peuple français pourra déléguer des parts de sa souveraineté, il ne la perdra pas dans sa totalité.
Il y aurait bien d'autres sujets à évoquer avec vous ce soir. Le chômage augmente à nouveau. Comme sur Anne, le gouvernement en est réduit à attendre une hypothétique reprise venant d'Outre-Atlantique. Avec le terrorisme, le monde connaît une crise majeure. La France est muette en dehors de quelques moulinets présidentiels et de quelques palinodies ministérielles. La France est muette, parce que la France est désarmée. La France est désarmée parce que Jacques Chirac, chef des armées, l'a désarmée. Il a démantelé le centre d'expérimentation nucléaire de Mururoa condamnant notre force de frappe à une lente mais inéluctable obsolescence. Il a supprimé le service militaire sans prévoir un véritable système de compensation. La France est désarmée parce que Lionel Jospin a refusé à notre défense les crédits nécessaires à la hauteur, toute comparaison gardée, de ceux attribués aux armées des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne. Encore un exemple déplorable. Léopold Sédar Senghor, inutile ici de faire son éloge funèbre, mais quelle tristesse que ni le Président de la République, ni le Premier Ministre n'aient cru bon de faire le voyage de Dakar pour son enterrement. Ils étaient en vacances ! ! ! Il y a désormais des discours qui sonneront creux.
Cher Amis,
Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement est candidat : pour relever la France avec la République. Voilà pourquoi des hommes et des femmes avec des passés politiques si différents soutiennent sa candidature : parce qu'il est l'homme de la nation. Voilà pourquoi nous nous rassemblons si divers, si nombreux, ici et ailleurs, maintenant et demain : parce que nous avons un espoir crédible. A nous de savoir nous démultiplier pour que s'élargisse sans cesse, pour que grossisse de plus en plus le pôle républicain.
Considérons que cette soirée est un départ, un bon départ, mais un départ seulement. Jusqu'au 21 avril, gagnons chacun de nos concitoyens à la cause de la République, c'est une belle cause. Ainsi, au soir de ce 21 avril, nous saurons pour qui voter le 5 mai : pour Jean-Pierre Chevènement, pour l'homme de la nation.
(Source http://www.mdc-France.org, le 21 janvier 2002)
Chers Amis,
Dans moins de cent jours, nous aurons un choix décisif à faire, un choix qui engagera notre pays pour longtemps, au-delà même des cinq ans du mandat du futur Président de la République. Les termes du choix qui nous est soumis peuvent être ainsi résumés. Nous avons quelques trappes à voix. Ainsi, le Pen et Laguiller stérilisent des voix qui voudraient le changement. Nous avons des rabatteurs de voix, Madelin et Bayrou d'un côté, Hue et Mamère de l'autre. Mais, pour l'essentiel, nous avons deux possibilités. Soit continuer la même politique du pareil au même que nous subissons depuis des lustres au-delà des alternances factices et des cohabitations en trompe l'oeil. Soit redonner tout son sens à la République. La première option, c'est celle présentée par nos deux sortants. La seconde option, c'est celle que nous propose Jean-Pierre Chevènement. Et, nous pouvons constater que déjà il a créé la surprise de cette campagne présidentielle. Faisons en sorte qu'il soit aussi la surprise du scrutin.
Que Noël Mamère se rassure, Jean-Pierre Chevènement n'est pas le Général Boulanger. Il n'a pas l'intention d'aller se suicider sur la tombe de sa maîtresse à Bruxelles. Bien au contraire, il ira à Bruxelles pour défendre notre mère à tous, la France républicaine. Plus largement, les verts devraient arrêter leur verbiage convenu sur la nature du rassemblement qui grandit autour de Jean-Pierre Chevènement. Ils ont certes du mal à comprendre que l'on puisse se rassembler sur un projet, eux qui ne se liguent que pour des honneurs et des places, comme le prouve encore leur misérable marchandage avec le Parti Socialiste. Le mot d'ordre des Verts : des places. Leur rôle dans la vie politique française n'est même pas celui d'un trublion. Ils se comportent en poids mort qui leste le pays et son économie pour mieux nous enfoncer. Ils stérilisent l'avenir.
Avec une grande hypocrisie, les deux sortants ne se sont pas encore ouvertement déclarés candidats. D'un commun accord, ils veulent limiter le temps du débat quasiment au minimum légal. Ils souhaitent ainsi dissimuler la profonde similitude de leur programme respectif, en dehors de quelques apparences qui seront utilisées jusqu'à la corde pour faire croire à de réelles différences. Jacques Chirac et Lionel Jospin refusent une confrontation démocratique des propositions de chacun. Ils empêchent ainsi les citoyens de se prononcer en toute clarté. Toutefois, malgré cette attitude, nos deux compères continuent à discourir sur la nécessaire transparence. Faites ce que je dis ! Ne faites pas ce que je fais !
Jean-Pierre Chevènement, lui, ne craint pas de s'engager dans un véritable débat national. Il a d'authentiques propositions à présenter. Il veut mettre en place une autre politique. Il incarne une alternative, qui ne confond pas avec une simple alternance des hommes, des équipes et surtout des appétits ! Pour toutes ces raisons, Jean-Pierre Chevènement a pu, lui, soumettre sa candidature aux Français dès septembre dernier. Il n'a rien à cacher ni la puissance de sa pensée, ni une résignation devant les événements.
Les idées de Jean-Pierre Chevènement ne sont pas si mauvaises que nous le disent tant de commentateurs. Les autres le pillent sans vergogne. Ainsi, Jacques Chirac reprend ses thèses sur la décentralisation. Ainsi, Lionel Jospin se rallie à son point de vue sur la présomption d'innocence. Car, Jean-Pierre Chevènement n'est pas l'affreux croque-mitaine archaïque qu'aiment à évoquer les idéologues dans leurs caricatures. Jean-Pierre Chevènement est pour la décentralisation, mais sans défaire la France. Jean-Pierre Chevènement pense que la sécurité des personnes et des biens est la première des libertés et d'abord pour les plus faibles d'entre nous.
Quand il fut ministre de l'Education Nationale, il transféra aux collectivités territoriales la responsabilité des collèges et des lycées. Bien évidemment, il leur donna aussi les moyens financiers correspondants. A partir de cette mesure, la France connut ce formidable développement de l'enseignement secondaire nécessaire à son avenir. De même, en tant que ministre de l'Intérieur, il fut le promoteur de l'intercommunalité, indispensable pour que la décentralisation soit réelle, ne soit pas une dispersion, une gabegie, une impasse. En revanche, comme vous le savez, il s'est opposé au démantèlement de la République, à la rupture de l'égalité des citoyens devant la loi, à l'éclatement du pouvoir législatif. Le projet de statut pour la Corse, proposé par Lionel Jospin, ne relève pas de la décentralisation, mais de la destruction de la nation et de la République !
Chacun se souvient de l'émoi suscité par les propos de Jean-Pierre Chevènement sur les sauvageons. Chacun a en mémoire l'opposition d'Elisabeth Guigou à toutes les mesures de bon sens qu'il proposait pour contrer la délinquance des mineurs, notamment la révision de l'ordonnance de 1945, Lionel Jospin arbitrant toujours contre lui. Chacun se rappelle ses demandes réitérées tant pour obtenir des crédits que pour élaborer une loi de programmation sur cinq ans pour la Police et une autre pour la justice. Mais, l'angélisme régnait. Le libéralisme libertaire des verts à la Cohn-Bendit était l'idéologie à la mode. Il ne fallait pas déplaire à tous les soixante huitards attardés. La fameuse loi sur la présomption d'innocence, bien qu'elle comporte quelques dispositions positives, en est le point d'orgue. Aujourd'hui, comme nous l'avions demandé avec Jean-Pierre Chevènement, le gouvernement revient en arrière. C'est bien, mais il aura quand même fallu ce mouvement inouï des gendarmes pour qu'il reconnaisse son erreur. Chacun se rend compte de la gravité de ce précédent. Mais, surtout, le gouvernement ne va pas assez loin. Il ne remet pas en cause l'indépendance du parquet. Il y a désormais dans notre pays autant de politiques pénales que de procureurs. Il se développe une véritable anarchie judiciaire. Avec le Janus exécutif actuel, le désordre est dans l'Etat.
Alors quand Jacques Chirac ou Lionel Jospin reprennent les idées de Jean-Pierre Chevènement qu'ils le fassent complètement, correctement, dans la cohérence de la problématique républicaine. Mais, ils en sont incapables. Car, ils seraient obligés de remettre en cause les fondements de leur politique du pareil au même. Ils se contentent seulement de prendre telle ou telle mesure avec comme seul souci l'affichage et la communication.
Dans un procès comme celui qui vient de se dérouler à Ajaccio, on peut n'être que frappé par le déséquilibre du verdict. Certes, il atténue les réquisitions du procureur, mais il s'inscrit néanmoins dans une même logique. Le préfet est condamné à de la prison ferme alors qu'il nie avoir donné cet ordre imbécile et qu'aucune preuve ne vient le contredire. En revanche, le tenancier d'une paillote, construite illégalement sur le domaine public et que ce même préfet avait ordre de détruire par décision de justice, est lui indemnisé.
Les magistrats doivent toujours avoir en mémoire que leur pouvoir n'est légitime que s'il exerce dans le strict respect de la loi au nom du peuple français. Ils ne sont pas des intouchables en-dehors et au-dessus de la République. Les récents propos du Premier Président de la Cour de Cassation, tenus devant le Président de la République, posent quelques questions. Malgré des dénégations tardives, il a bien mis en cause le droit du législateur, donc du peuple français, de corriger des jurisprudences qui ne lui conviennent pas. Le peuple souverain ne peut accepter qu'on lui impose de telles limites, qu'on lui adresse de telles injonctions. Oui à l'indépendance garantie du juge du siège, mais dans le respect de la loi, dans le respect des principes de la République.
Dans ce contexte, au fond, pour nos deux sortants, la seule perspective politique est l'attente, l'attente des conclusions de la convention pour la réforme de l'Union Européenne, qui commencera pour un an ses travaux le 1er mars prochain. Déjà, on sait quel est le double objectif de cette pseudo-concertation. D'une part, elle proposera une constitution européenne. D'autre part, elle demandera qu'elle soit précédée comme préambule de la charte des droits fondamentaux. Il faut bien se rendre compte des conséquences.
Une constitution européenne signifiera que la France ne sera plus indépendante. Le texte juridique suprême qui nous régira ne sera plus la constitution de la République mais la constitution de l'Union Européenne. La France deviendra en quelque sorte la Louisiane de l'Europe. Aujourd'hui, au moins en théorie, la constitution de la République est au-dessus des traités européens, celui de Rome, celui de Maastricht, celui d'Amsterdam et d'autres encore. Demain, le peuple français aura ainsi perdu toute souveraineté et ne comptera plus que pour le pourcentage de son poids démographique. Nous ne serons plus maîtres chez nous. Si vous ajoutez que, probablement, cette constitution favorisera les régions jusqu'à leur attribuer un pouvoir législatif, la France ne sera plus qu'un souvenir historique, une expression géographique, au mieux une référence culturelle.
La charte des droits fondamentaux est un autre danger pour la République. Pour l'essentiel, ce texte a été élaboré selon les conceptions anglo-saxonnes de la société. Ainsi, le droit du travail y a été limité au strict minimum au nom de la liberté du contrat entre les individus. En France, nous pensons au contraire que loin d'opprimer, la loi protègera les plus faibles, quand le contrat favorise le plus souvent le plus fort. Autre exemple, la charte ignore tout de la laïcité. L'individu ne s'affirme pas à travers la citoyenneté, comme le veut la République mais se trouve enfermé dans sa communauté, religieuse, ethnique, sexuelle, territoriale ou autre. Nous pensons donc que cette charte est une régression pour la France et pour les Français.
Enfin, celle-ci ignore, condamne même le service public tel que nous le concevons et le pratiquons à la satisfaction tant des citoyens que des usagers. Le service public suppose l'égal accès de tous à l'activité proposée. Par exemple, le prix de l'électricité est le même sur l'ensemble du territoire de la République. Le service public est aussi un moteur pour impulser et entraîner l'économie nationale. Ainsi, depuis cinquante ans, toutes les grandes réalisations technologiques françaises ont dépendu de commandes des services publics. L'électronucléaire, la téléphonie, le T.G.V., le métro en sont quelques illustrations.
Pour la charte, le service public, qui peut prendre d'ailleurs d'autres dénominations, se limite à la charité en direction des personnes les plus démunies. Il y a confusion entre le service public et la solidarité nationale, mais une solidarité nationale qui pourrait être privatisée c'est à dire qu'elle deviendrait aléatoire et discriminatoire. Car, une solidarité privatisée ne peut que satisfaire des intérêts privés. Elle deviendrait en quelque sorte partie intégrante du budget publicitaire, du budget d'image des grandes entreprises.
En même temps, la charte nous montre que la privatisation des grands services publics français relève moins de la concurrence qui serait le moteur de l'efficacité, que de l'idéologie que partagent en commun sociaux-libéraux et libéraux-sociaux, Lionel Jospin et Jacques Chirac. Nous, avec Jean-Pierre Chevènement, parce que nous sommes républicains, nous savons que la puissance publique doit intervenir dans l'économie. Elle doit permettre à chaque citoyen de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, tout en favorisant l'initiative des plus entreprenants. A cette fin, la République a besoin d'outils. Les services publics sont ces outils.
Mais, nos deux complices de la campagne présidentielle croupion viennent d'une même voix d'approuver à Laeken cette marche vers une constitution européenne, précédée d'une charte composant des principes incompatibles avec la République. Jean-Pierre Chevènement a, au contraire, dénoncé ce nouvel abandon. En revanche, il demande que l'ensemble des traités soit remis à plat afin de pouvoir négocier un nouveau traité, plus simple, plus cohérent, plus accessible. Ce nouveau texte devra clairement laisser toute leur place aux Etats nationaux, sans permettre des extensions imprévues par des dérives jurisprudentielles du droit. Surtout, ce texte devra rester un traité et donc demeurer inférieur à la constitution de la République dans la hiérarchie des normes juridiques. Le peuple français pourra déléguer des parts de sa souveraineté, il ne la perdra pas dans sa totalité.
Il y aurait bien d'autres sujets à évoquer avec vous ce soir. Le chômage augmente à nouveau. Comme sur Anne, le gouvernement en est réduit à attendre une hypothétique reprise venant d'Outre-Atlantique. Avec le terrorisme, le monde connaît une crise majeure. La France est muette en dehors de quelques moulinets présidentiels et de quelques palinodies ministérielles. La France est muette, parce que la France est désarmée. La France est désarmée parce que Jacques Chirac, chef des armées, l'a désarmée. Il a démantelé le centre d'expérimentation nucléaire de Mururoa condamnant notre force de frappe à une lente mais inéluctable obsolescence. Il a supprimé le service militaire sans prévoir un véritable système de compensation. La France est désarmée parce que Lionel Jospin a refusé à notre défense les crédits nécessaires à la hauteur, toute comparaison gardée, de ceux attribués aux armées des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne. Encore un exemple déplorable. Léopold Sédar Senghor, inutile ici de faire son éloge funèbre, mais quelle tristesse que ni le Président de la République, ni le Premier Ministre n'aient cru bon de faire le voyage de Dakar pour son enterrement. Ils étaient en vacances ! ! ! Il y a désormais des discours qui sonneront creux.
Cher Amis,
Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement est candidat : pour relever la France avec la République. Voilà pourquoi des hommes et des femmes avec des passés politiques si différents soutiennent sa candidature : parce qu'il est l'homme de la nation. Voilà pourquoi nous nous rassemblons si divers, si nombreux, ici et ailleurs, maintenant et demain : parce que nous avons un espoir crédible. A nous de savoir nous démultiplier pour que s'élargisse sans cesse, pour que grossisse de plus en plus le pôle républicain.
Considérons que cette soirée est un départ, un bon départ, mais un départ seulement. Jusqu'au 21 avril, gagnons chacun de nos concitoyens à la cause de la République, c'est une belle cause. Ainsi, au soir de ce 21 avril, nous saurons pour qui voter le 5 mai : pour Jean-Pierre Chevènement, pour l'homme de la nation.
(Source http://www.mdc-France.org, le 21 janvier 2002)