Texte intégral
Discours du Premier ministre, à Onet-le-Château (Aveyron), le vendredi 13 janvier 1995
Monsieur le Ministre,
Madame et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux et départementaux, Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à vous remercier de l'accueil qui m'est fait aujourd'hui dans le département de l'Aveyron, à Rignac, à Rodez et ici à Onet-le-Château.
Je remercie particulièrement M. Jean Puech, Président du Conseil Général et M. François Rey, Vice-Président et Maire d'Onet-le-Château pour leurs aimables paroles de bienvenue.
Il y a, à un jour près, un an et demi, je me trouvais à Mende, dans un département voisin, pour y présider le premier Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire. Des décisions importantes ont été prises à cette occasion.
Plusieurs concernaient l'Aveyron.
D'abord en matière de désenclavement, un crédit exceptionnel de 300 millions de francs a été affecté à la modernisation de la RN 88 qui, reliant Lyon à Toulouse, a été placée par le Gouvernement au rang des priorités nationales. Il vous revient, aux côtés de l'État, de tout faire pour utiliser rapidement ces crédits.
Un achèvement rapide de l'autoroute A 75, s'impose également pour rendre effectif un nouvel axe routier européen Nord-Sud. Les instructions ont été données pour accélérer la procédure. Le décret prononçant l'utilité publique du contournement de Millau sera signé dans les prochains jours. Par ailleurs, 2,5 millions de francs seront alloués à la construction d'une aire de service à Séverac. Le trafic nouveau apporté par l'A 75 contribuera ainsi au progrès économique de cette région.
Le désenclavement passe aussi par les télécommunications. La couverture de l'ensemble du département par le réseau ITINERIS sera accélérée. M. José Rossi, ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce Extérieur, s'y emploie. Cela aussi facilitera l'activité en Aveyron des entreprises existantes et à venir.
Le développement d'un enseignement universitaire constitue un moyen essentiel de faire obstacle à l'exode des jeunes gens les plus qualifiés. C'est parce que vous l'avez compris que vous avez pris les devants en mettant en place l'IUT de Rodez, lequel projette aujourd'hui de passer de 4 à 6 départements. C'est afin d'encourager ces efforts que 3 postes dont un de professeur agrégé y seront prochainement créés.
Des postes de personnel administratif, techniciens et ouvriers de service seront également attribués puisque je viens de décider 500 recrutements supplémentaires de ce personnel, au plan national, pour l'enseignement supérieur.
Il faut aussi à ce Sud du Massif Central, un grand projet qui présente un caractère exemplaire au plan national. Il s'agit de l'aménagement de la vallée du Lot.
Inscrit dans une stratégie de progrès économique grâce au tourisme fluvial, le projet facilitera la cohérence des opérations prévues par différents partenaires.
Le projet est ambitieux : il intéresse 4 régions, 5 départements, 590 communes. Il s'appuie sur l'Entente interdépartementale du Bassin du Lot et l'Association pour l'aménagement de la vallée du Lot.
Le projet est exemplaire : voulu comme une opération nationale d'aménagement du territoire, il intéresse tous les secteurs de l'économie, que ce soit l'environnement, les activités agricoles, artisanales, industrielles, ainsi que le désenclavement routier. Autour de ce grand projet, pouvoirs publics et entreprises privées sont invité à conjuguer leur action.
Le projet nécessite des investissements importants : une première tranche de travaux de 800 MF sera engagée tians les 5 ans qui viennent : considérant l'envergure du programme, le Gouvernement a décidé un effort exceptionnel : en incluant les crédits européens et les contributions de l'EDF et de l'Agence de l'eau, il assure plus de la moitié de l'effort.
Le Parc naturel des Grands Causses placé sous la responsabilité de la Région Midi-Pyrénées, disposera du décret de classement avant la fin du mois d'avril. Les obstacles administratifs à la pleine mise en valeur, du site de la Graufesenque, dont vous savez qu'il constitua le principal centre industriel de la Gaule romaine, seront levés.
Ainsi un effort important d'équipement a été engagé par l'État.
Que la situation géographique ne constitue pas fatalement un handicap, j'en veux pour preuve le fait que le directeur de la société BoschFrance réside à Rodez, alors que bien des sociétés françaises croient devoir installer leur direction à Paris. Il y a là un exemple, offert par l'Aveyron, dont je souhaite qu'il soit suivi.
Mais le ressort principal du développement, ce sont les hommes : leur capacité de travail, de créativité, d'initiative. C'est pour encourager la création d'entreprises, en cohérence avec la loi sur l'aménagement du territoire qui créé un fonds national de développement des entreprises dans les zones prioritaires, et pour poursuivre la reconversion du bassin minier, que la Société de Réindustrialisation du Bassin de Decazeville sera dotée d'une nouvelle enveloppe de 10 millions de francs et verra son ressort géographique étendu à trois nouveaux cantons.
Dans la grande bataille de l'aménagement du territoire dont cette terre constitue un enjeu majeur, le Gouvernement s'est engagé. C'est maintenant à vous de jouer.
Je fais confiance aux Aveyronnais.
Je fais confiance à leur capacité de prendre leur pleine part dans la construction de la France de l'an 2000, une France que nous voulons forte, dynamique et moderne mais aussi équilibrée, fidèle à ses traditions et à visage humain.
Les Aveyronnais ont d'ailleurs largement participé au grand débat national sur l'aménagement du territoire, lequel tout au long des mois écoulés a été une des préoccupations majeures du Gouvernement.
Je voulais par-là renouer avec ce qui fut pendant près de 30 ans une politique française exemplaire. Mais j'avais surtout le devoir de répondre à une nécessité nationale devenue urgente, du fait de la croissance mal contrôlée des métropoles, de la désertification de pans entiers de notre territoire et de l'inégalité croissante entre les régions.
J'ai voulu que le débat engagé soit le plus large possible, que le plus grand nombre de Français puissent s'exprimer sur ce qu'ils voulaient que fut ou que ne fut pas la France du prochain millénaire. Le succès rencontré par le débat, conduit efficacement par Charles Pasqua, montre qu'il répondait indéniablement à une attente.
(Interviews non disponibles)