Texte intégral
L’Equipe - 3 juillet 1997
L’Équipe : Comment partager jeunesse et sports ?
M.-G. Buffet : Il faudra un travail interministériel permanent. En ce qui concerne le sport, qui constitue la passerelle idéale pour la jeunesse, il faut revitaliser la mission du service public à tous les niveaux. Je veux faire passer un message fort sur un sport qui maîtrise ses choix. Il faut donc un mouvement sportif fort qui développe sa propre démocratie. (…) Les fondement de la loi de 1984 demeurent, mais nous devons travailler dans deux directions : la maîtrise de l’argent par le sport. La clarification des compétences entre l’État, les collectivités locales, territoriales et le mouvement sportif. À cet effet, dès septembre, je vais mettre en place des groupes de travail, faisant appel à toutes les parties prenantes afin de déboucher sur un débat parlementaire en 1998.
L’Équipe : La priorité du Gouvernement concerne l’emploi. Quelle mesures allez-vous prendre ?
M.-G. Buffet : D’abord je vais arrêter les suppressions d’emploi qui concerne directement mon ministère. (…) Ensuite, il faut que le tissu associatif donc sportif, permette aux exclu de rejoindre le tissu social. Je vais demander une meilleure transversalité des brevets d’État pour ouvrir la palette des titulaires. Je vais encourager davantage les financements croisés à travers les contrats emplois-sportifs. À ce propos, dès la rentrée, je vais réunir des élus locaux pour leur faire mieux connaître ces contrats. J’aimerais aussi que les équipements dont nous ne manquons pas en France, soient utilisés à plein, ce qui pourrait développer des emplois d’encadrement, d’animation, de gardiennage.
L’Équipe : Allez-vous définir les priorités du FNDS ?
M.-G. Buffet : Oui, absolument. Je demande une vraie clarification. Il faut que le Fonds national de solidarité (FNDS) retrouve sa vraie fonction et qu’on ne le ponctionne pas, soit avec le financement d’équipements lourds, soit avec les conventions d’objectifs.
L’Équipe : Un statut fiscal avait été mis au point pour les sportifs professionnels.
M.-G. Buffet : Je ne pense pas que ce statut, outre qu’il était mal perçu par le Français moyen, aurait pu résoudre la fuite des footballeurs vers l’étranger. D’un côté, il faut ouvrir des pistes communautaires. De l’autre, il faut réfléchir, et c’est ce pourquoi j’organiserai, en septembre, deux journées de travail avec le monde du football, l’une consacré aux professionnels, l’autre aux amateurs.
L’Équipe : Allez-vous rétablir la préparation olympique ?
M.-G. Buffet : Absolument. J’ai demandé à Bercy de prolonger le GIP SEPO, alors qu’il devait s’arrêter le 30 juin. Il faut redonner toute sa mission à la PO (Préparation olympique), structure essentielle d’évaluation technique entre le ministère et les fédérations.
L’Équipe : Votre position par rapport au sponsoring ?
M.-G. Buffet : Pour moi c’est très clair : la santé publique est plus importante que le sponsoring. Il existe une loi, la loi Evin, il faut la respecter et non pas l’ébrécher. Une étude récente indique que les jeunes boivent et fument davantage que par la passé. Alors n’allons pas les encourager par la publicité.
L’Équipe : Les grillages : retrait ou maintien ?
M.-G. Buffet : Je n’ai pas encore rencontré le ministre de l’Intérieur à ce propos. Mais nous voulons une Coupe du monde de la convivialité, créer un climat festif autour et dans les stades. Il serait dommage que les grillages viennent réduire ce côté festif. Je pense que nous agirons au coup par coup.
L’Équipe : L’avenir du Stade de France ?
M.-G. Buffet : La concession engage très fortement l’État. Aussi, je serai à l’initiative d’une solution pour trouver un club résident, Je pense que la région parisienne, et notamment le nord de celle-ci, représente un suffisant capital humain pour monter une deuxième équipe de première division qui ait un lien avec la population de proximité.
Libération - 21 juillet 1997
Libération : Comment le mouvement sportif a-t-il accueilli son premier ministre communiste ?
Marie-George Buffet : Certains m’attendaient avec scepticisme, comme femme et comme communiste. Mais, dans l’ensemble, l’idée de restaurer un véritable service public du sport, de redonner un sens à ce ministère, de porter des valeurs et une éthique est largement partagée. Je me rends compte que dans le sport aussi la vague ultralibérale reflue.
Libération : Le Parti communiste a eu très tôt une réflexion sur le sport, avec une défense des pratiques de masse par rapport à l’élitisme. Que revendiquez-vous de cet héritage ?
Marie-George Buffet : De cet héritage, il reste une valeur fondée sur l’idée que le sport doit être accessible à tous. Il faut imaginer le progrès qu’a pu représenter la pratique du sport sur son lieu de travail. Le mouvement syndical français ainsi qu’une organisation comme la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail) ont, de ce point de vue, le mérite historique d’avoir sorti le sport d’une « ghettoïsation » sociale selon telle u telle discipline : la rue pour le foot, l’université pour le rugby. Le ligne de partage s’est alors déplacée vers une position entre amateurisme et professionnalisme. C’est cette approche qui à mon sens, est dépassée. Nous savons bien que le professionnalisme est un fait dans la quasi-totalité des disciplines et qu’il se révèle nécessaire pour parvenir au plus haut niveau. Le vrai clivage se situe aujourd’hui dans le rapport du sport à l’argent. Va-t-on laisser le sport sous l’emprise unique de l’argent ? Ou au contraire, maîtriser ce rapport en fixant des règles capables de préserver une éthique ? Je me suis fixé pour priorité de favoriser tout ce qui permettra au sport de porter des valeurs d’égalité, de citoyenneté, de solidarité entre les individus, entre les peuples.
Libération : Les sponsors du tabac et de l’alcool sont de grands financiers du sport. Laisserez-vous, au nom du respect de la loi Evin, disparaître certaines manifestations sportives ?
Marie-George Buffet : La loi Evin n’est pas destiné à règlementer le sponsoring sportif. C’est une loi santé de santé publique, qui reste, ô combien ! d’actualité, si l’on se réfère au dernier rapport du Haut comité sur la santé constatant une recrudescence inquiétante du tabagisme et de l’alcoolisme chez les jeunes. Cette loi, qui a déjà connu des entorses, fera bientôt l’objet d’une évaluation, cinq ans après son adoption. Ma position reste très ferme : nous ne devons pas céder aux pressions. Les démarches actuelles de la marque Budweiser, qui vise à obtenir une dérogation à la loi, sont injustifiées, dans la mesure où cette société a signé un contrat en toute connaissance de la loi Evin. Si différend il y a, il concerne exclusivement les signataires du contrat, en l’occurrence le sponsor et la Fédération internationale de football. Dans cette affaire, mon rôle est de faire respecter par tous la loi de la République.
Libération : Et pour le Grand Prix de France de Formule 1
Marie-George Buffet : J’ai évoqué le sujet avec Alain Prost. La nature du conflit avec la Fédération internationale des sports automobiles porte moins sur la loi Evin que sur les contrats d’exclusivité avec une chaîne de télévision. Au nom de ce contrat, on voudrait restreindre considérablement l’accès d’un Grand Prix de Formule 1 à la presse écrite et audiovisuelles. C’est le droit à l’information pluraliste qui, inévitablement, se trouve remis en cause. Je suis profondément attachée à cette liberté. La meilleure solution serait de se mettre autour d’une table pour définir un code de bonne conduite capable de concilier un accord commercial et la liberté des journalistes. J’ajoute que nous devons réfléchir à la place prise par les droits de télévision dans le financement de certaine discipline. À partir du moment où l’on soumet l’existence d’un sport aux règles de l’Audimat, il faut savoir que tout peut s’effondrer du jour au lendemain.
Libération : Quel jugement portez-vous sur le bilan de Guy Drut au ministère ?
Marie-George Buffet : Ce bilan est conforme à ce que fut la politique du gouvernement précédent. La fuite en avant dans un ultralibéralisme échevelé à placé le sport de haut niveau dans des logiques exclusivement marchandes. Le désengagement de l’État a eu pour corollaires un afflux d’argent privé qui, limité à certaines disciplines spectacles, a fait quelques gagnants et beaucoup de victimes. La politique de changement que j’ai engagée est en rupture avec cette dérive. Le chantier législatif ouvert par mon prédécesseur, et qui visait à renoncer à toute ambition publique pour le sport, est abandonné. J’ai également décidé de prolonger la préparation olympique, de suspendre les projets antérieurs de suppressions de poste de cadres techniques et d’impulser une aider nouvelle aux structures de base. C’est ainsi, je le crois, que nous pouvons mettre en cohérence le sport pour tous et la nécessité d’une pratique de haut niveau.
Libération : De quels moyens disposez-vous ?
Marie-George Buffet : Pour le moment, ils sont notoirement insuffisants. Le budget de mon ministère représente 0,18 % du budget de l’État. Et une fois que l’on a retiré le plus dû à la Coupe du monde de football, il tombe à 0,16 %. Une vraie misère. La baisse est constante depuis 1993. La quasi-totalité des subventions aux association ont diminué d’année en année. En dix ans, ce ministère a été amputé de 800 emplois, dont de très nombreux emplois de proximité, utiles sur le terrain. Rien que pour l’année 1997, 130 emplois ont été supprimés.
C’est évidemment inacceptable. Pour répondre aux attentes de changement dans ce domaine, nous devons lancer deux signaux forts. Le premier serait une augmentation sensible du budget Jeunesse et Sports dès 1998, avec l’objectif d’arriver assez rapidement à 0,50 % du budget de l’État. L’autre signal doit porter sur l’emploi. La pratique sportive et la vie associative constituent un important gisement d’emploi. Notre ministère est donc partie prenante du plan de création de 350 000 emplois pour les jeunes.
Libération : Considérez-vous le cannabis comme un produit dopant ?
Marie-George Buffet : La toxicomanie et le dopage sont deux problèmes différents. Je suis personnellement hostile à la dépénalisation des drogues douces, au regard, en particulier, de l’échec cuisant de cette disposition là où cela a été appliquée. La lutte contre la drogue ne concerne pas seulement le mouvement sportif mais bien l’ensemble de la société. Cela dit, il convient d’être rigoureux dans ce domaine, le cannabis n’est pas un produit dopant, et sa consommation n’est pas propre au milieu du sport.
En revanche, j’ai une responsabilité particulière dans la lutte contre le dopage. Contrairement à une idée reçue, l’utilisation produits dopants n’est pas exclusivement le fait du sport de haut niveau. Ce phénomène commence de plus en plus tôt et se révèle particulièrement dangereux chez les jeunes qui ont recours à des mélanges médicamenteux. L’une des décisions les plus choquantes du ministère précédent a été de réduire les moyens consacrés à la lutte contre le dopage. Je souhaite y consacrer davantage d’argent en 1998. C’est une question d’éthique sportive et de santé publique. En même temps, je suis favorable au développement de l’information et de la prévention auprès des jeunes, des clubs et des familles. Nous réfléchissons aussi à la mise en place d’une structure indépendante de tout pouvoir et qui pourrait prendre des décisions. On a trop laissé faire dans ce domaine, et c’est un combat essentiel qu’il convient de mener.
La Provence - Mardi 29 juillet 1997
La Provence : Votre première réunion de travail, vous la réservez à des jeunes de Vitrolles. Pourquoi ?
Marie-George Buffet : Je prépare pour la fin de l’année plusieurs mesures destinées à permettre aux jeunes des associations d’avoir un meilleur accès à la citoyenneté, et mon déplacement ici à un double objectif. Le droit des jeunes ne doit d’abord pas être un vain mot, et mon devoir est de faire en sorte qu’il soit inscrit dans la réalité. Quant à la situation de Vitrolles, j’y prête attention. Beaucoup d’associations y ont perdu leur subvention et nous nous attacherons à les aider, dans la mesure de nos moyens. Je suis très soucieuse de respect des libertés et je le prouverai…
La Provence : Vous avez contesté l’arrêté pris par plusieurs maires sur la circulation des enfants, la nuit. Fallait-il les laisser errer ?
Marie-George Buffet : Certainement pas. J’ai moi-même rencontré un enfant dehors en pleine nuit, et je l’ai immédiatement ramené. C’est ce que font d’ailleurs les policiers. Il est donc préoccupant que des enfants si jeunes soient livrés à eux-mêmes et, souvent, entrainés dans des sphères de violence voire de drogue. Mais cherchons les bonnes réponses ! Plutôt que de placer des gamins de 10 ou 11 ans en confrontation avec la police ; mieux vaudrait agir simultanément vers les parents et les enfants. Sans culpabiliser personne…
La Provence : C’est-à-dire ?
Marie-George Buffet : Quand le chômage frappe, que la vie quotidienne devient difficile, on se sent dans une spirale d’échec et on a parfois du mal à assumer ses responsabilités vis-à-vis des gosses. D’un autre côté, le mouvement associatif est là pour ouvrir un dialogue franc avec les jeunes. Il y a des animateurs dans toutes les villes formés et trop souvent mal utilisés. L’écoute, l’échange, l’attention et la compréhension peuvent faire beaucoup. Plus en tous cas que les textes décrétés d’en haut qui sont inapplicables.
Mieux associer la population à la Coupe du monde
La Provence : Est-il exact que vous êtes inquiète quant à la Coupe du monde à Marseille ?
Marie-George Buffet : Inquiète ? Non. Attentive et très concernée, oui. Je suis satisfaite de la tâche déjà accomplie par le Comité France Organisation. Mais je voudrais mieux associer, partout, la population à cet évènement. Tout le monde connaît les liens unissant Marseille au football. Il s’agit maintenant de valoriser la participation de chacun. Quant au degré d’avancement de l’organisation, je le découvrirai sur place. Je viens sans a priori, dans un esprit constructif. Mon objectif est que personne ne se sente écarté de la fête.
La Provence : Est-il vrai que vous avez nommé des « superviseurs » régionaux afin de mieux voir ce qui se fait dans chaque ville d’accueil ?
Marie-George Buffet : C’est un contre-sens. J’ai demandé à des personnalités de mon ministère d’aller sur place. Mais pas pour contrôler quoi que ce soit ! Nous sommes un partenaires – certes important – parmi d’autres de la Coupe du monde. Nous ne prendrons la place de personne. Je m’y engage.
La Provence : Quelles première évaluation faites-vous de votre tâche ? Êtes-vous surprise, ou découragée, par la complexité des problèmes ?
Marie-George Buffet : Bien sûr, il y a des problèmes budgétaires, la lenteur et la lourdeur des circuits administratifs. Mais il m’apparait surtout qu’on n’utilise pas assez notre richesse associative. Il y a tant de bonne volonté, tant de compétences. Appuyons-nous sur elles ! Ma conception du pouvoir et de la responsabilité est très éloignée des coups médiatiques ou de la petite phrase qui fait mouche. Je crois pouvoir insuffler quelque chose de neuf, né de mon expérience passée. Et ce serait mal me connaître que de penser que je serais découragée…
La Provence : Vous préparez aussi un projet de loi-cadre pour 1998 sur le sport dont vous avez réservé la primeur à Noël Le Graët…
Marie-George Buffet : Il faut repartir de la loi de 1984 qui a beaucoup vieilli. Certes, elle permet l’accès de principe aux activité sportives mais ne prend pas en compte l’évolution du sport professionnel ni l’afflux considérable d’argent. La nouvelle loi-cadre devrait fixer des règles qui permettent de mieux le maîtriser. Elle concernera aussi le statut des clubs pros – notamment de football. Une harmonisation des statuts fiscaux à l’échelle européenne pourrait être envisagée à condition qu’elle ne s’apparente pas au libéralisme sauvage.
France 2 - Jeudi 31 juillet 1997
France 2 : Le Gouvernement part en vacances avec, pour la plupart de ses ministres, des devoirs de vacances. Quelle appréciation portez-vous sur ce premier trimestre de deux mois ?
Marie-George Buffet : Je dirais que nous avons beaucoup travaillé. Nous avons travaillé de façon intelligente, c’est-à-dire en recherchant au maximum à se concerter entre nous, mais également à recevoir les avis des personnes concernées dans nos différents domaines de compétence. Cela va nous permettre, début septembre, d’avancer réellement vers des projets qui répondent à des attentes.
France 2 : Vous étiez dans le sud mardi, à Marseille et à Vitrolles, Vous annoncez 500 000 francs de subventions gouvernementales pour les associations de la municipalité Front national de Vitrolles. Est-ce qu’il faut considérer que c’est un premier acte de guerre contre les villes tenues par les amis de J.-M. Le Pen ?
Marie-George Buffet : Je suis venue à Marseille à l’invitation d’associations de jeunes. Des associations qui ont des activités sur la jeunesse à Vitrolles ont fait appel au ministère pour une aide d’urgence pour pouvoir faire la soudure avec l’année 1998. Ce sont des associations qui sont des partenaires officiels du ministère depuis des années et j’ai trouvé tout à fait normal de répondre à cet appel parce que je ne souhaitais pas que leur activité en direction de la jeunesse soit stoppée totalement alors qu’elle est si nécessaire en plein été.
France 2 : C’est quand même une attitude signifiante par rapport à une mairie Front national.
Marie-George Buffet : Je crois qu’un ministère comme le nôtre, qui est aussi un ministère de la vie associative, doit jouer un rôle pour préserver ces associations qui sont devenues des lieux de citoyenneté et de liberté.
France 2 : Vous êtes également ministre des Sports On vous a un petit moins entendu sur ce sujet, mais il semble que vous avez beaucoup d’idées sur le sujet. Le sport, dans bien des disciplines, est devenu un spectacle avec des enjeux énormes. Comment préserver l’esprit même du sport avec ces enjeux financiers ?
Marie-George Buffet : Je crois que c’est la question d’actualité, une question qu’il faut que l’on règle très rapidement. L’argent, en ce moment, a tendance à maîtriser le sport, à imposer au sport des conditions alors qu’il faudrait que le sport, qui a certes besoin de cet argent pour fonctionner, puisse maîtriser cet argent Cela demande certainement de retravailler une loi qui donne aux sportifs, par une pratique démocratique, par une gestion transparente, par un nouveau rapport à l’État et au ministère, les moyens de garder leur indépendance et de pouvoir ainsi développer le sport de haut niveau – donc professionnel – mais aussi le sport pour tous. On va y travailler avec les partenaires sportifs et j’espère avoir un projet de loi pour 1998.
France 2 : Qui dit sport, dit sponsors et donc les fabricants d’alcool et de tabac qui frappent à la porte et notamment à celle de la Coupe du monde de football. Quelle est votre position ?
Marie-George Buffet : Les sponsors concernés, lorsqu’ils ont signé leur contrat avec la FIFA, avaient connaissance qu’il existait, en France, une loi de santé publique qui interdisait les publicités d’alcool et de tabac dans la retransmission des événements sportifs. Donc je crois qu’il faut, par rapport à ces sponsors, rappeler qu’il y a des lois en France et qu’il faut les respecter. C’est ma position et je n’en bougerai pas. J’ajoute que si vous avez vu le dernier rapport sur la santé des jeunes, il y a, de nouveau, une hausse très forte de l’alcoolisme et du tabagisme et je pense donc que ce n’est pas à I ‘occasion de la Coupe du monde qu’il faut modifier cela.
France 2 : Vous avez dit que vous reviendriez sur le projet de révision de la fiscalité des joueurs de foot. Est-ce que l’on ne risque pas d’accélérer la fuite des joueurs français vers l’étranger ?
Marie-George Buffet : Je précise que j’ai dit que je ne pensais pas que c’était la solution la plus efficace mais je vais organiser, avec la Fédération française de foot, deux journées sur le foot, à la rentrée de septembre : une sur le foot professionnel et une sur le foot amateur. On va essayer de trouver des solutions. J’ai interrogé les joueurs. Si on faisait cette réforme de la fiscalité, pour certains, cela leur ferait gagner 10 000 francs supplémentaires mais dans le même temps, ces joueurs se verront proposer par les clubs étrangers – comme espagnols jusqu’à 400 000 francs supplémentaires. On voit que ce n’est pas cela qui va régler le problème. Moi, je réfléchis plutôt et on va y réfléchir pendant ces journées avec les clubs et les joueurs, à une piste européenne, autrement dit à un code de bonne conduite entre les sportifs européens.
France 2 : Certains ont critiqué cette annonce de la révision de la fiscalité en disant que c’était une vision communiste du sport. Est-ce que c’est plus difficile d’être ministre communiste dans le milieu sportif et au-delà ?
Marie-George Buffet : C’est une vision sportive du sport et elle est partagée par beaucoup de monde dans le milieu sportif. Au contraire, il y a peut-être une attente nouvelle devant un ministre femme et communiste qui apporte peut-être une certaine éthique, une certaine conception du sport et de sa pratique reposant sur l’épanouissement individuel et la solidarité collective. Je pense qu’il y a peut-être au contraire une écoute intéressante.
France 2 : Comment faire avec un tout petit budget de 0,18 % du budget de l’État ?
Marie-George Buffet : Quel que soit le niveau du budget, il y a des choix à faire dans celui-ci et certainement à réorienter l’utilisation de l’argent public pour permettre le développement de la vie associative et un sport de haut niveau pour tous qui soit un sport qui réponde bien au désir du mouvement sportif. Et puis, j’agis réellement pour que ce budget soit un peu plus important. Je pense que cela sera le cas.
France 2 : Quelle sera votre part dans la prise en charge de la création de 350 000 emplois jeunes ?
Marie-George Buffet : Tout le ministère est mobilisé sur cette question comme les partenaires sportifs et associatifs. Il y a vraiment une réaction extrêmement forte. Ce sont des emplois qui pourront être des emplois d’animation sportive ou sociale, d’encadrement, de médiateurs. J’estime qu’il y a entre 25 000 et 30 000 besoins réels d’emplois dans le milieu sportif et associatif. Premières estimations avec nos partenaires : nous allons arriver à 8 000 emplois pour l’année 1998 et on pense arriver à 10 000 emplois créés pour 1999.