Articles de M. Vilbenoît, président de la CFE CGC, dans "La Lettre confédérale" du 13 mai et du 28 mai 1996, sur la réduction des déficits publics et la baisse des impôts prévues pour le budget 1997 ("Bons sens") et sur les objectifs revendicatifs de la CFE CGC ("Il ne suffit pas de manifester ").

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Média : La Lettre confédérale web CFE-CGC

Texte intégral

La Lettre Confédérale CGC : 13 mai 1996

Bon sens

La semaine dernière, réunissant tous ses ministres, Alain Juppé arrêtait le principe d'une réduction sans précédent des dépenses publiques. Ce principe est confirmé par le rapport du gouvernement au Parlement, en vue du débat d'orientation budgétaire pour 1997.

Pour être comprise, une diminution du budget de 60 milliards ou plus doit être fondée sur des choix clairs et justifiables. À cet égard, on peut remarquer que les aides à l'emploi semblent particulièrement visées, d'autant plus facilement que le patronat, après les avoir réclamées et « empochées » des années durant, les décrie aujourd'hui par crainte d'avoir à en justifier l'utilisation ou à les financer.

Attention aux fantasmes ! Si un ménage peut être fait dans le maquis des innombrables formules de ces aides, pour notre part, c'est d'abord leur efficacité maximale, mesurée en termes d'emplois créés ou sauvés, que nous défendons. C'est aussi le contrôle de leur utilisation que nous réclamons et non leur suppression totale.

Ces objectifs pourraient être atteints par la création du Contrat de générations visant à l'embauche de 200 000 jeunes, que la CFE-CGC propose sans relâche.

Mais il faut aussi que cette austérité budgétaire, qui nécessairement demandera des sacrifices et des efforts, soit largement acceptée.

Rencontrant le 6 mai au matin, le Président de la République, nous lui avons demandé que les économies dégagées ne soient pas uniquement consacrées à la réduction des déficits, mais se traduisent également par un allègement des charges des salariés.

Nous avons plaidé, bien sûr, la cause de ceux qui, toujours moins nombreux, mais toujours plus sollicités, alimentent par l'impôt sur le revenu le budget de l'État. Vous avez bien sûr reconnu l'encadrement !

Si seulement 50 % des ménages participent aux charges communes de la maison France, pour l'encadrement c'est 100 %. Et c'est toujours plus. Et il n'en peut plus !

Une réduction de l'impôt sur le revenu, cela peut se faire vite et simplement – sans attendre une réforme fiscale mythique si vaste et si complexe qu'elle est toujours renvoyée en commission – par un abattement sur les versements à venir et la déductibilité de la CSG.

Jacques Chirac nous a dit qu'il demandait au gouvernement de prévoir une baisse d'impôt dès 1997, ce qu'il confirmait l'après-midi même.

Nous serons présents, attentifs et actifs sur le chantier qu'a ouvert le Président de la République.


La Lettre confédérale CGC – 28 mai 1996

Il ne suffit pas de manifester !

Oh bien sûr nous savons le faire lorsque c'est nécessaire. Par exemple, en avril dernier, la métallurgie CFE-CGC l'a montré à Montbéliard, plus récemment la chimie et le textile, actuellement le BTP et aussi nombre de sections syndicales CFE-CGC engagées contre des plans sociaux et autres fermetures de site.

Mais, aujourd'hui, nous laisserons certaine organisation – qui par ailleurs attaque violemment la principale fédération de la CFE-CGC pour avoir signé l'accord sur l'aménagement du temps de travail dans la métallurgie – manifester sa désillusion face au CNPF.

Nous qui ne sommes pas des jeteurs d'illusions, ni des dispensateurs de panacée, nous qui n'attendions pas tout de l'altitude du patronat, ni de la seule réduction du temps de travail, n'avons sans doute pas à exprimer le même dépit.

S'agirait-il aussi d'aider la même organisation à tenter de recréer son unité interne ?

La nôtre va bien, merci, grâce à la cohérence et à la permanence de nos positions, grâce à la cohésion de nos actions !

C'est ce que nous avons montré encore le 20 mai à Poitiers au cours de cette réunion décentralisée du comité exécutif élargi à toutes les fédérations ainsi qu'aux unions départementales et régionales par nos débats sur la charte de la CFE-CGC pour l'emploi.

Nous sommes au bout d'un cycle où l'austérité salariale et les prélèvements fiscaux ont tué la consommation intérieure, où la précarisation déstabilise la société, où les allègements de charges des entreprises ont démontré leur coûteuse inefficacité, où le discours économique a perdu tout crédit, où l'encadrement – pressuré, stressé, surmené ou viré, pour reprendre les termes cent fois entendus - a perdu confiance dans les dirigeants des entreprises.

Dans les multiples et prochaines échéances sociales nationales sur l'emploi, nos propositions, validées à Poitiers, seront la base d'un plan d'action et d'une capacité d'expression.

Restaurer un développement interne durable par un nouveau pariage de la valeur ajoutée et une participation des salariés aux gains de productivité, alléger les prélèvements sur les revenus du travail, baisser les impôts, modifier radicalement l'assiette des contributions des entreprises, alourdir la fiscalité des revenus des capitaux, sont quelques-unes des mesures proposées pour mettre l'économie au service de l'emploi.

Mettre en place le contrat de générations en faveur de l'emploi des jeunes. c'est utiliser efficacement l'argent public.

Impliquer totalement l'encadrement dans une adaptation de l'organisation et du temps au travail dans un contexte de partage des gains de productivité et un objectif d'emploi est l'autre grande ligne d'action. Si nous ne le faisions pas, les évolutions se feraient quand même sans nous ou contre nous !

Le rôle premier d'une organisation syndicale responsable comme la nôtre, dans un monde mouvant, changeant, incertain, c'est de reconstituer des pôles de stabilité, essentiellement par la négociation et si cela ne s'avérait pas possible, par la loi.

Le temps est venu de la réhabilitation des choix collectif. Adaptation ne doit plus être synonyme de précarisation. Nous devons être des producteurs de nouvelles garanties adaptées aux organisations des temps nouveaux.