Déclaration de M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, sur la formation professionnelle des fonctionnaires au sein des IRA, et la politique de coopération administrative internationale, Bastia le 8 septembre 1997.

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Intervenant(s) : 
  • Émile Zuccarelli - ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation

Circonstance : Journée d'accueil de la 17ème promotion de l'IRA de Bastia, le 8 septembre 1997

Texte intégral

Monsieur le préfet,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire,
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec un plaisir évident que j’ai accepté de clore la journée d’accueil de la XVIIe promotion de l’institut régional d’administration de Bastia.

C’est ma première sortie en province et ce n’est pas un hasard.

Deux attentats m’ont interpellé, en Corse et à l’ENA, dont j’ai la tutelle.

On pourrait se contenter d’en relever la sottise, si le caractère odieux de ces actes criminels n’en ressortait pas d’abord.

Le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour identifier les auteurs et les remettre aux mains de la justice.

J’adresse ma sympathie à la gendarmerie, aux enseignants et aux élèves de l’ENA.

Il est vrai que je ne suis pas en terre inconnue puisque j’étais il y a encore peu de temps membre de droit du conseil d’administration et que la mairie de Bastia s’est toujours préoccupée de la situation de l’IRA et de son rayonnement.

J’aime à rappeler que j’ai usé les mêmes bancs d’école que vous, Mesdames et Messieurs les stagiaires, lorsque ce bâtiment était le pavillon scientifique du lycée Giocante-de-Casablanca, inauguré au début de 1956.

C’était avant la rénovation de 1979 qui vous permet d’avoir aujourd’hui un cadre de travail aussi agréable, en plein centre-ville, grâce notamment aux efforts de la ville.

La sollicitude particulière des Corses et des Bastiais à l’égard de l’institut est sans doute liée à l’attachement qu’ils portent traditionnellement aux métiers de la fonction publique. Et ils peuvent être fiers de ce qu’est devenu l’institut, quinze ans après son inauguration par Anicet Le Pors.

Mais le plaisir que j’exprime ici est avant tout celui du ministre de la fonction publique, heureux de réserver sa première visite au plus jeune des cinq instituts régionaux d’administration, qui est aussi l’un des plus dynamiques.

J’ai l’intention dans les mois qui viennent de visiter tous les IRA, pour pouvoir me rendre compte de la manière dont ils accomplissent leurs missions et des difficultés qu’ils rencontrent le cas échéant.

La formation professionnelle des fonctionnaires sera une priorité forte dans mon action et j’entends que les IRA puissent y jouer le rôle premier qui est le leur.

Le législateur et le Gouvernement ont assigné en 1970 une triple vocation aux IRA, dans un contexte de crise des recrutements :

- améliorer la formation professionnelle initiale dans l’administration tout d’abord ;
- assurer ensuite, pour les corps administratifs de catégorie A, une harmonisation des conditions de recrutement et une formation professionnelle en rapport avec les responsabilités à assurer ;
- participer enfin, dans le cadre de l’éducation permanente, à la formation professionnelle continue des agents de l’État et des collectivités territoriale.

Le bilan, vingt-cinq ans après, est éloquent.

Les IRA ont formé près de 10 000 fonctionnaires, et sont devenus le pivot de la formation des fonctionnaires de catégorie A autres que ceux recrutés par la voie de l’École nationale d’administration.

Ils ont également fortement développé la formation permanente, qui représente aujourd’hui 35 à 45 % de l’activité annuelle des établissements, avec 12 500 bénéficiaires chaque année. Membres de la conférence des écoles administratives, aux côtés de l’ENA et de l’IIAP, les IRA participent enfin activement à la politique de coopération administrative internationale.

Cette place que les IRA ont acquise, je souhaite qu’ils la consolident encore, notamment en matière de formation permanente et plus particulièrement en direction des collectivités locales.

Comment se situe le petit dernier de la grande famille des IRA dans ce concert élogieux ? Il n’a pas à rougir de son bilan.

Sa jeunesse, sa localisation insulaire, le développement universitaire récent de l’île, présentés comme des handicaps, sont aujourd’hui devenus des atouts.

Naguère parfois choisi par défaut, l’IRA attire aujourd’hui les meilleurs élèves du concours, séduits par sa réputation et les carrières qu’il offre.

L’ouverture pour la première fois en grand nombre, en juillet dernier, de postes de débouché au sud de la Loire devrait encore renforcer son attrait, et je souhaite que cette promotion puisse également en bénéficier.

Par ailleurs, de 1990 à 1996, 510 stages de perfectionnement ont été organisés, au bénéfice de 5 638 fonctionnaires. La collaboration avec la préfecture de la région Corse, ou avec les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Midi-Pyrénées offre en la matière d’importantes perspectives.

L’IRA peut aussi s’enorgueillir d’être le seul à offrir des formations aux concours administratifs de catégorie A, ailleurs assurées par les universités ou les instituts d’études politiques.

L’IRA développe enfin une politique d’intégration dans son environnement et participe à de nombreux échanges, notamment grâce à sa revue de science administrative et les colloques qui y sont associés.

Il est d’ailleurs le seul à faire paraître une publication scientifique, la revue de science administrative de la Méditerranée occidentale, dont chacun s’accorde à reconnaître la qualité.

Les voyages d’étude des élèves sont également l’occasion d’assurer le rayonnement de l’institut dans le bassin méditerranéen. J’ai appris que les derniers déplacements ont été l’Italie, les Îles Baléares, Barcelone, la Tunisie, le Portugal. Je crois que la prochaine promotion se rendra au Maroc.

Cette réussite incontestable est l’œuvre de ses conseils d’administrations successifs et de ses présidents, parmi lesquels je salue Monsieur Jacky Simon, qui a effectué trois mandats successifs. Il convient également d’en rendre hommage au personnel administratif et pédagogique.

Il ne faut pas pour autant s’endormir sur ses lauriers et le prochain conseil d’administration n’aura pas la tâche facile.

J’ai choisi de nommer à sa tête un éminent professeur de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, Michel Ganzin, né à Bastia et qui bénéficie de toute ma confiance. Son expérience universitaire nationale et internationale apportera beaucoup à l’institut.

Je formule pour lui tous les vœux de réussite.

La scolarité à l’IRA ne sera pas seulement l’occasion de faire du tourisme administratif. Elle comprendra également des stages et une formation exigeante, délivrée le plus souvent par des praticiens.

Cet accent mis sur la pratique est la marque des écoles d’application que sont les IRA. Car plus encore que le savoir théorique, plus encore que la compétence technique, les cadres de l’administration de demain devront faire la preuve de leur capacité à gérer les hommes et à adapter le service public aux attentes de la société.

Car la permanence des missions de l’administration ne l’exonère pas du devoir d’adaptation.

Bien au contraire, la meilleure garantie du statut des fonctionnaires et du rôle du service public dans la cohésion sociale et territoriale de notre pays est cette capacité permanente de réforme et d’innovation.

Les fonctionnaires ont droit à la considération du Gouvernement, mais elle n’est donc pas sans contrepartie.

La réforme de l’État est donc un enjeu au quotidien et je suis heureux que Messieurs Vallemont et Join-Lambert aient pu vous entretenir de certains de ses aspects les plus importants. Il n’y a pas de meilleurs interlocuteurs sur le sujet.

Le Gouvernement fera de la réforme de l’État un élément essentiel du nouveau pacte républicain proposé par le Premier ministre dans son discours de politique générale.

Les fonctionnaires seront les principaux acteurs de cette nouvelle ambition pour l’État.

Ils doivent être fiers de leurs valeurs et de leur contribution à l’histoire de notre République. Ils n’ont pas à nourrir un quelconque sentiment de culpabilité à l’égard du pays, comme on a parfois essayé de leur donner.

L’État doit d’abord être proche des citoyens et de leurs préoccupations. L’exigence de proximité est celle d’une « République moderne », comme le souhaiterait Pierre Mendès-France.

Proche, il doit l’être par la qualité de l’accueil réservé, mais aussi par la simplicité, la transparence et la rapidité des décisions qu’il est amené à prendre. Des décisions anonymes, lentes ou opaques minent la confiance en l’État.

La déconcentration sera donc poursuivie, et les administrations locales auront une responsabilité croissante, en cohérence avec le mouvement de décentralisation des années quatre-vingt.

L’administration doit également faire des progrès en matière de gestion des ressources humaines et de conduite du changement, afin de renforcer l’adhésion et la responsabilité des agents publics. C’est une des grandes questions que je m’attacherai à faire progresser. J’ai demandé un rapport à une haute personnalité sur les problèmes de formation initiale et continue des agents de l’encadrement des collectivités locales.

En matière de haute technologie, l’administration devra rattraper son retard, par exemple en matière de paiement par carte bleue.

Je souhaite que ces différentes préoccupations se retrouvent toujours davantage dans les enseignements de l’IRA. Vous le voyez, l’administration du XXIe siècle que j’appelle de mes vœux sera proche, moderne et fière d’elle-même. Je mesure la responsabilité qui sera la vôtre quand vous serez en fonctions, mais la tâche est exaltante.

À toutes et à tous, j’adresse mes compliments et mes souhaits de réussite au service de l’État.

Source : fonction-publique.gouv.fr