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Libération
Quatre minutes de pub en moins et 1 milliard de francs en plus, cela suffira-t-il à redonner un cap à la télévision de service public ?
Catherine Trautmann
Ce ne sont pas les seules mesures en ce sens. Pour le public, c’est aussi l’assurance de bénéficier de plus de 300 heures de programmes en plus (substitués à la pub, ndlr), ainsi que d’une limitation de l’autopromotion des chaînes (bandes-annonces), cette dernière mesure étant spécifiée dans le cahier des charges des chaînes. Plus généralement, l’objectif est de revenir à un équilibre économique qui garantisse l’identité du service public et qui le rende plus libre de prendre des risques.
Libération
Pour faire quel type de programmes ?
Catherine Trautmann
Il y aura d’avantage de place pour des émissions ambitieuses, pas nécessairement ennuyeuses parce qu’on les qualifierait de « culturelles », mais pour l’information, des débats, bref tout ce qui fait une chaîne généraliste. France 2 reste la chaîne maîtresse, celle qui doit rassembler tous les publics. C’est pourquoi je suis fondamentalement opposée à une réduction du service public à quelques missions mises bout à bout, dans lesquelles il n’y aurait plus ni la séduction, ni le plaisir, ni le rebondissement.
Libération
Les députés, de l’opposition comme de votre majorité, ont réclamé que le pouvoir de nomination des présidents de chaîne publique soit repris au CSA et rendu au gouvernement.
Qu’est-ce qui s’y oppose ?
Catherine Trautmann
Le gouvernement n’a pas souhaité remettre en question cette procédure de nomination. Peut-être que la question se posera ultérieurement. Nous nous maintenons dans le respect d’une autorité indépendante, qu’on a d’ailleurs voulu conforter en lui donnant des responsabilités et des moyens supplémentaires. C’eut été contradictoire de revenir sur l’une de ses prérogatives essentielles.
Libération
Que répondez-vous à ceux qui accusent le gouvernement d’avoir freiné le développement de la télévision numérique hertzienne au profit des bouquets satellite ?
Catherine Trautmann
Je réponds qu’ils ont tort. La situation française est particulière : nous avons le câble et deux bouquets par satellite, donc les questions ne se posent pas comme en Allemagne ou en Angleterre. Une concertation préalable est nécessaire. Nous n’aurons pas de retard, puisque cette concertation se terminera fin septembre et que les dispositions décidées ensuite pourront être appliquées dans la foulée. Le numérique hertzien sera présent dans la loi lors de sa deuxième lecture.