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DNA : Entre l'effort pour revitaliser l'espace rural initié par la loi de développement et d'aménagement du territoire de 1995, et la priorité accordée aujourd'hui aux banlieues et aux grandes agglomérations, y a-t-il de la place pour une politique en faveur des petites villes ?
Emile Zuccarelli : Oui, car il y a un point commun entre toutes ces politiques, c'est la volonté d'assurer l'égalité des chances des Français quel que soit le lieu où ils vivent. Dans cette optique, les petites villes ont un rôle à jouer car elles soutiennent le développement des zones rurales environnantes, et en même temps elles offrent une véritable qualité de vie. Elles offrent une alternative à la vie dans les grands centres urbains avec lesquels, précisément, elles doivent travailler en réseau. De notre côté, nous avons l'intention d'ancrer et de dynamiser l'intercommunalité en créant des synergies et en assurant une bonne péréquation des ressources pour aider, notamment, les petites villes à supporter leurs charges de centralité.
DNA : Pendant la campagne électorale, le débat sur une nouvelle étape de la décentralisation a été relancé. Êtes-vous en faveur d'un nouveau transfert de compétences vers les collectivités locales ?
Emile Zuccarelli : Il faut poser le débat autrement. Le gouvernement n'écarte pas de nouveaux transferts de compétence. Mais la priorité, c'est de clarifier les compétences respectives des différentes collectivités locales. On a notamment vu se multiplier des financements croisés et, aujourd'hui, on ne sait plus toujours qui fait quoi… Il faut donc une remise en ordre, même s’il ne s'agit pas de créer des blocs de compétences monolithiques. Nous procédons par étape. D'abord un projet de loi précisera au printemps 98, les compétences locales en matière d'action économique. Ensuite, nous nous attaquerons à un autre point d'abcès relativement urgent qui est celui de la répartition des compétences en matière sanitaire et sociale entre l'État et les départements. Quant aux petites villes, elles ont tout à gagner car elles pourront mieux cibler leurs partenaires.
DNA : Peut-on vraiment rendre l'État plus efficace en lui imposant simultanément des économies de fonctionnement alors que les citoyens réclament des services publics plus étoffés, plus performants et plus proches ?
Emile Zuccarelli : Il ne faut pas présenter les fonctionnaires comme une charge alors qu'ils sont, à nos yeux, une composante essentielle du pacte républicain. Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a donné une inflexion très nette en promettant de stopper la politique de réduction des effectifs prévue dans la fonction publique pour 1998. Cela dit, rien ne nous interdit de rechercher une plus grande efficacité qui passerait par la formation, par la reconnaissance et la motivation des compétences, et surtout par une déconcentration des services de l'État bien préparée par la concertation en haut comme à la base sur le terrain.
DNA : Le dossier ENA ne cesse de rebondir depuis la délocalisation active de l'école en 1991. Êtes-vous aujourd'hui en mesure de rassurer les strasbourgeois sur la pérennité de la présence de l'école à Strasbourg ? Par ailleurs, un rapport de la Cour des comptes aurait épinglé le gaspillage entraîné par la répartition de la scolarité entre Strasbourg et Paris. Faut-il, selon vous, trancher une bonne fois et choisir ?
Emile Zuccarelli : C’est clair : le gouvernement n'envisage pas de remettre en cause l'implantation de l’ENA à Strasbourg. Les éléments de bilan dont je dispose soulignent un enrichissement pour la scolarité depuis le transfert de l'école en Alsace. Pour ce qui concerne le rapport de la Cour des comptes, il ne sera rendu public qu'à la mi-novembre. La réponse du gouvernement sera jointe à ce rapport. Chacun disposera de tous les éléments du dossier. Mais ce que je veux dire, dès à présent, c'est que le grand pôle scientifique et administratif qui a été développé à Strasbourg autour de l'ENA est une chance et que ses perspectives devraient résoudre les problèmes d'occupation insuffisante des locaux de l'ENA qui ont prêté, parfois, à polémique.