Texte intégral
Dominique Strauss-Kahn : … avant son départ et qui est l’idée que nous avons mise au point collectivement que l’équipe économico-commercialo-industrielle que nous représentons allait se porter un peu sur la politique du Gouvernement, la politique budgétaire, la politique fiscale, etc., etc. et avec comme objectif de rendre visite à chacune des régions métropolitaines d’ici la fin de l’année. Au cours de ces visites, on rencontrera les différents acteurs sociaux, les syndicats, le patronat, visites d’entreprises, etc., etc. Ce sera une journée d’animation économique en région avec encore une fois plusieurs séances selon les cas, j’allais dire, un peu pédagogique, c’est un peu exagéré, enfin en tout cas informative sur à la fois le budget et puis l’ensemble de la politique économique.
À vrai dire, j’ai un peu commencé à Grenoble samedi dernier, en avant-première et puis sinon cela va démarrer assez vite. Je vous donne les premières dates si cela vous amuse.
Marylise Lebranchu sera le 7 novembre en Bourgogne, le même jour Christian Sautter en Basse-Normandie. Christian Pierret sera le 3 novembre en Lorraine, ce qui ne surprendra personne, chacun… dans le même esprit, je serais aussi la première quinzaine de novembre en Île-de-France et Jacques Dondoux en novembre en Rhône-Alpes. Et puis toutes les semaines, grosso modo ou tous les 10 jours, on fera chacun une région en sorte que d’ici la fin de l’année, on ait couvert à peu près tout le terrain.
Comme j’avais prévu que chacun vous dise un petit mot sur la façon dont ils voyaient les thèmes qu’il fallait mettre en avant et que Christian comme je vous le disais va se sauver, je lui donne la parole tout de suite et on reprendra la discussion après dès qu’il sera parti.
Christian Sautter : Bonjour, d’abord, je vous présente mes excuses de devoir partir très, très vite parce que le Parlement m’appelle. Pourquoi dans mon esprit, ces déplacements sur le terrain ? C’est parce que de Paris, nous avons tous, me semble-t-il, une vision trop uniforme du monde des entreprises alors que dans la pratique sur le terrain, il y a une très grande diversité des entreprises. Donc, je compte aller en région pour dire que dans le budget qui est en cours de discussion à l’Assemblée, il y a des mesures pour les créateurs d’entreprise. Il y a des mesures pour les entrepreneurs, c’est-à-dire ceux qui créent des richesses et qui créent des emplois. Il y a un crédit d’impôt emploi pour ceux qui accroissent leurs effectifs. Il y a des incitations puissantes à réorganiser l’outil de production pour, avec les mêmes effectifs ou davantage d’effectifs, produire encore mieux.
Je ne sais pas si le mot pédagogique est exactement celui que j’emploierai parce que je crois que nous avons aussi à apprendre en allant sur place, en visitant des entreprises, en constatant la diversité des expériences de ceux qui, déjà sans bruit, ont réorganisé leurs horaires, travaillent efficacement à 32 heures, conquièrent des débouchés dans les pays émergents, modernisent leur appareil de production, font des efforts de recherche. Voilà donc le sens de la démarche qui sera la mienne et qui je crois sera la nôtre.
Dominique Strauss-Kahn : Marylise trois mots…
Marylise Lebranchu : Le contact, j’ai un peu commencé aussi, puisque j’étais à Montpellier la semaine dernière. Le contact est enrichissant à deux titres. D’une part parce que je reste persuadée qu’en dehors de la grande qualité des médias, les messages ne passent pas forcément extrêmement bien ou en tout cas sont très déformés. On a pu le constater à Montpellier l’autre jour, autant sur les efforts concernant la fiscalité et sa réorientation, autant sur le paquet de la création jeunes par exemple qui était important ; nos jeunes en dehors des emplois jeunes des premiers 350 000, donc les différentes propositions qui ont pu être faites sur les créateurs, on s’est rendu compte que sur le terrain, cela n’était pas bien passé.
Et puis, dans mon secteur des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et de la consommation, il est important de parler de développement local et d’organisation régionale. Il ne servira à rien de continuer à travailler avec force sur le développement du capital dit de risque ou du capital développement si on ne trouve pas sur place une organisation qui porte les créateurs ou qui porte les entreprises en période de croissance.
C’est extrêmement important pour nous de rencontrer les organisations consulaires sur place, des associations type fonds de garantie, plis, etc. Et enfin, je reste persuadée aussi que le développement et la création d’emplois passent par un échange non seulement avec les chefs d’entreprise qu’on rencontre à Paris et en région, mais également avec les syndicats parce qu’un certain nombre de contacts pris la semaine dernière par exemple au capital développement et l’organisation territoriale de la prise en charge des entreprises.
Et enfin pour terminer, je ne pense pas que ce pays puisse aller très vite sur la réforme au fond de sa distribution si on n’échange pas sur place, les grands schémas d’équipements commerciaux.
Christian Pierret : Je suis sans doute le plus favorisé d’entre nous parce que la production industrielle va bien…
Dominique Strauss-Kahn : On va en parler après.
Christian Pierret : … me déplacer en province à la demande de Dominique Strauss-Kahn sera pour moi assez facile. L’industrie est la base de la croissance économique, la base du renouvellement en avant du tissu économique français. C’est aussi l’occasion pour moi de souligner l’importance des réseaux qui existent entre petites et moyennes industries et grandes industries, le maillage très étroit et très efficace qui existe en France dans ce secteur et qui raisonne sur l’ensemble des régions.
Je crois que ce que j’aurais à dire dans le droit-fil de ce qui a été annoncé précédemment, c’est d’abord qu’il doit exister une confiance forte au niveau de nos industries dans la politique économique qui est suivie. Cette confiance repose sur un certain nombre de piliers, tout d’abord le dialogue social et la nécessité d’associer l’ensemble des forces productives qui concourent au sein de l’entreprise au défi industriel. Montrer combien dans la préparation et dans ce qui a été décidé récemment en matière budgétaire, l’innovation est au cœur de la démarche industrielle. J’ai eu l’occasion de rappeler récemment que la création d’une nouvelle ligne budgétaire pour les technologies de l’information et de la communication était un peu une image très forte de ce que nous voulons faire en matière d’innovation et de diffusion de l’innovation dans les petites et moyennes industries. Et enfin donner la réalité d’une lisibilité de la politique économique qui crée avec le dialogue social, avec la force du progrès technique et de l’innovation, la confiance d’une démarche de politique économique globale au service de l’ensemble des acteurs de la société, que cela soit les forces du travail comme les forces de création d’entreprises, d’innovation et de jeunesse de l’économie industrielle.
Dominique Strauss-Kahn : C’est beau comme de « l’antica ». Jacques !
Jacques Dondoux : J’ai un message qui est plutôt positif puisqu’aussi bien actuellement, le commerce extérieur est un des rares pôles qui créent des emplois en France et qui participent pour à peu près la moitié en 1996 et autant en 1997 à la croissance du produit intérieur brut. L’excédent commercial, on vous l’a dit, est très important sur les sept premiers mois de l’année, 100 milliards de plus que pour l’année 1996 au complet et nous avons des taux de croissance supérieurs à deux chiffres puisque c’est 12 % par rapport à 1996 sur les sept premiers mois de l’année.
Et nous estimons que les créations d’emplois seront de l’ordre au moins de 200 000 emplois grâce au commerce extérieur. Pour que le commerce extérieur soit vigoureux, il faut bien sûr qu’il y ait des grands programmes. C’est-à-dire qu’il y ait quand même des grands projets en France. Alors je m’inquiète toujours un peu. A-t-on, à échéance de 10 ans, des grands projets qui sont lancés et qui nous permettront de poursuivre notre marche actuelle qui est très vigoureuse dans le domaine de l’aviation, dans le domaine du ferroviaire, dans de nombreux domaines nous sommes tout à fait à la pointe du développement (INAUDIBLE) en disant serons-nous bien et cela je compte sur M. Allègre comme sur M. Pierret et M. Strauss-Kahn pour que dans dix ans cela se poursuive.
Quoi qu’il en soit, si on a envie d’avoir un commerce extérieur vigoureux, il faut que ce commerce extérieur s’appuie sur les PME. En France, elles ne représentent que 30 à 40 % des exportations, c’est-à-dire nettement moins qu’en Allemagne ou en Italie où elles ne sont pas loin de 50 à 60 %. Et elles sont peu implantées à l’étranger. Nous estimons qu’il y a moins de PME en effectifs… d’effectifs de PME plus exactement implantés à l’étranger que d’effectifs totaux dans la société Alcatel. On est au-dessous des 150 000 personnes implantées à l’étranger, c’est insuffisant. Il faut que nous poussions nos PME à s’internationaliser. Alors nous allons le faire par un certain nombre de procédés. D’abord en développant les foires expositions à l’étranger et nous en aurons une de plus que cette année, l’année prochaine. Nous irons beaucoup dans le Sud-Est asiatique où j’ai été moi-même et j’en rentre après une tournée de dix jours en étant parti avec des PME. Je n’ai peut-être pas le droit de le dire mais j’ai été disons scout dans le temps et alors cela me donne la même impression, à la tête d’une dizaine ou d’une quinzaine d’une petite troupe derrière moi, et on essaie de dire aux gens, travaillez avec nos PME. Je suis allé voir des grands groupes étrangers à Singapour ou à Brunei ou au Vietnam et puis nous nous efforcerons pour que vos PME viennent en France et nous essayons donc de le faire par des foires, par des déplacements et j’ai aussi rappelé ainsi au Président Chirac, qu’il fallait que l’on fasse de la même manière quand on est allé en Russie, ce n’était pas normal, il y avait, disons 20 grandes sociétés et 5 PME. Si on veut faire un effort du côté des PME, il faut les emmener aussi sous la houlette présidentielle puisqu’aussi bien lorsque j’ai été au Vietnam la semaine passée, c’était pour préparer le voyage présidentiel au milieu du mois prochain, au Vietnam.
Alors, nous allons donc sur le terrain et c’est relativement bien préparé et, par exemple, cet après-midi je vais à Toulouse avec les Japonais, avec l’ambassadeur au Japon pour dire « mais c’est possible d’aller au Japon ». Nous aurons une exposition au mois de juillet au Japon, une grande exposition française mais dès cet après-midi, nous sommes à Toulouse pour expliquer qu’une PME peut aller au Japon et ce n’est pas un traquenard, qu’il y a un marché et que les gens sont assez friands d’acheter des produits français. J’ai aussi demandé au Japon qui me reparlait des automobiles que, mon dieu, il fallait qu’ils déréglementent sur le gros opérateur, le Japan Airlines devait faire des appels d’offres et que MTT devait aussi faire des appels d’offres lorsqu’ils achetaient des équipements, c’était comme cela que le commerce mondial se faisait et que c’était un facteur de paix.
Enfin, dernière chose, indépendamment de l’emploi et je voudrais le dire à M. Strauss-Kahn, nous nous sommes aussi préoccupés qu’il n’y ait pas une seule nation qui s’occupe un peu d’améliorer les mœurs et aussi bien les Suédois que nous-mêmes, l’autre jour à Tokyo, nous avons demandé qu’il y ait une mise en pratique de lutte contre la corruption et le financement des partis politiques, le rapprochement des législations entre les Amériques et l’Europe de l’Ouest et que disons tout le monde se mette d’accord sur un minimum minomorum, je ne demande pas un code déontologique en tête du moment que sur une quinzaine de pages, on dise ce qui n’est quand même vraiment pas convenable et qu’il faut quand même le faire. (INAUDIBLE). J’ai rencontré le meilleur écho contrairement à ce qu’on m’avait dit, au Japon et dans un certain nombre d’autres pays parce que dans la plupart de ces pays-là, les juges commencent à s’inquiéter de certaines mœurs qui datent évidemment de plusieurs millénaires mais qui ne sont quand même pas bien convenables pour autant.
Voici Monsieur le ministre, …
Dominique Strauss-Kahn : Vous voyez que ce que l’on va pouvoir dire sera divers. On va peut-être s’arrêter une seconde sur ce point-là et puis nous reprendrons la suite après. Je ne sais pas si vous allez poser beaucoup de questions sur une démarche qui démarre mais, s’il y en a, elles sont bienvenues.
Question (anonyme) : Je voulais savoir si c’était exprès qu’aucun d’entre vous n’avait mentionné les 35 heures lorsque vous allez vous déplacer sur le terrain ?
Dominique Strauss-Kahn : Cela fait partie de l’ensemble de la politique économique. Il est difficile aujourd’hui de rencontrer des acteurs sociaux, patronaux, syndicaux sans qu’une partie de la conversation ne se fasse sur les 35 heures. Non, non… la liste est longue. C’est la politique économique, budgétaire, fiscale, en ce qui concerne l’innovation en matière de PME, la réduction d’un temps de travail, les aides à l’exportation, tout est sujet à débat.
Question (anonyme) : Comment interpréter cette sorte de tournée, je n’allais pas dire propagande, mais au même moment où le CNPF en fait une aussi ? Allez-vous l’articuler avec celle de Martine Aubry qui va faire sur les 35 heures ?
Dominique Strauss-Kahn : Le CNPF n’a rien à voir avec cela. Nous avons attendu que le budget soit voté donc on a cette idée depuis un moment. Simplement, c’était quand même assez difficile de faire un tour donc, une bonne partie, même si c’est loin d’être la totalité, repose sur des mesures fiscales ou budgétaires dont il n’était pas très courtois vis-à-vis de l’Assemblée et elle nous l’aurait fait remarquer de faire comme si elles étaient adoptées alors qu’elles ne l’étaient pas. Là, cela a été voté en première lecture, donc il y a trois jours. À partir de ce moment-là, on considère qu’on est un peu libéré même si on n’est pas au bout du vote du budget.
Martine et moi d’ailleurs allons faire ensemble quelques réunions, un peu de même nature, en rencontrant les acteurs sociaux, alors là plus centrées sur les 35 heures. Elle en a dit un mot, je crois, à son point de presse de lundi, cela ressort un peu de la même logique, de la même idée, à savoir qu’il faut aller expliquer. Mais l’équipe bercyenne est plus centrée sur la politique économique en général. Les réunions que l’on veut faire avec Martine seront plus, alors pour le coup, centrées sur les 35 heures. Mais enfin, encore une fois les deux sont assez mêlés.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Les déchets d’entreprises, vous savez dans cette maison, on en rencontre tous les jours. En général par petit paquet ou par individu et puis parfois quand on fait des réunions notamment en province, de façon plus groupée. Je ne peux pas répondre pour tout le monde mais je trouve que les choses se passent plutôt bien y compris depuis le 10 octobre où il y a un peu ce psychodrame. Les chefs d’entreprise, surtout ceux que l’on peut rencontrer en province, qui sont généralement des chefs d’entreprise de taille moyenne, petite, sont des gens extrêmement pragmatiques.
Ce qu’ils veulent, c’est comprendre ce qui se passe vraiment. Quel va être le cadre dans lequel ils vont travailler, le cadre fiscal, le cadre financier, le cadre législatif en matière du temps de travail, etc. Et puis d’en tirer les conséquences qui, là aussi, (INAUDIBLE) d’en mesurer les conséquences sur leur activité et quand on discute clairement, alors cela vaut pour la fiscalité comme cela vaut pour le reste, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas obligatoirement d’accord de façon automatique et généralisée avec ce que propose le Gouvernement, un certain nombre le sont, un certain nombre ne le sont pas. Mais qu’en tout cas, le dialogue se fait de façon relativement facile.
Je suis toujours très surpris de voir que ces réunions sont généralement des réunions, pas généralement, tout le temps, des réunions dans une plutôt bonne ambiance. Ce qui n’empêche pas éventuellement d’avoir des positions un peu fermes. Je suppose quand Christian va expliquer qu’il faut que l’on trouve une suite au plan textile parce que le Gouvernement précédent s’est embarqué dans une voie sans issue mais que cette suite n’est pas facile à mettre au point, et là les industriels du textile (INAUDIBLE) dans les Vosges notamment qui lui disent, « c’est bien gentil mais il faut trouver ». Cela peut donc être assez « viri ». Mais néanmoins, c’est généralement constructif et puis c’est extrêmement utile parce qu’on ne construit pas une politique économique au-delà de ses grands axes dans sa composante un peu quotidienne sans que ce ne soit en relation avec et les chefs d’entreprise et les structures syndicales. On vous racontera plus en détail, d’ailleurs peut-être que certains d’entre vous auront envie de perdre leur temps en nous accompagnant et sinon, on vous racontera plus en détail ensuite. Tu voulais dire un truc.
Non, je voulais simplement prolonger dans le même esprit que le tien pour répondre à la question « Quand on rencontre des chefs d’entreprise, en ce moment, que se passe-t-il ? ». D’abord, on a le sentiment qu’ils sont un peu plus optimistes sur les perspectives économiques qu’ils ne l’étaient il y a quelques mois. Donc leur réactivité aux possibilités de croissance est forte et on a le sentiment qu’ils sont prêts dans les starting-blocks et même au-delà, ils ont déjà démarré et ils sont prêts à avancer.
Deuxièmement, ils veulent en effet une lisibilité de la politique économique et sociale et ils veulent savoir où on va, d’où la nécessité de ces déplacements en province pour donner un certain nombre d’incitations qui leur permettront d’asseoir leurs démarches, leurs prévisions, leurs efforts d’investissements et de croissance et, enfin, ils sont très centrés sur ce que peut apporter le progrès technique et sur les défis d’innovations qui sont les leurs.
On a une industrie puisque je ne parle que de cet aspect des choses, vraiment je crois très réactive en ce moment et qui se prépare à bien gérer une période de meilleure croissance et de meilleur dynamisme économique. Tout cela suppose de notre part un effort de lisibilité que l’on voit clair sur le futur proche et sur les prochaines années. C’est notre boulot de bien démontrer comment cette politique économique va produire les conditions d’une bonne croissance et d’un bon développement des entreprises.
Parlons justement un peu de conjoncture à moins que vous ayez encore des questions sur ces déplacements ? On a dû vous distribuer quelques graphiques. Cela ne saurait tarder. Certains d’entre vous l’ont déjà écrit et l’ont déjà un peu commenté mais il n’est pas mauvais d’y revenir.
Vous savez que l’on a un indice de la production industrielle qui est particulièrement bon. Vous allez l’avoir sous les yeux dans quelques instants. Ce qui à soi seul ne suffit pas pour se réjouir, encore que c’est mieux qu’en avoir un mauvais, mais qui vient conforter ce que l’on peut avoir comme information qui vient des autres sources. En gros, il faut toujours regarder ces indicateurs conjoncturels avec prudence parce que c’est très volatile. Pourtant l’ensemble de ce dont on dispose aujourd’hui me conduit à être plutôt un peu plus optimiste que ce qu’on pouvait l’être il y a encore un mois lorsque les hypothèses budgétaires ont été établies.
Du côté de la production, vous avez vu que l’accélération dans l’industrie devient très forte. En juillet et août, c’est le premier graphique que vous devez avoir d’ailleurs si je ne me trompe pas. En juillet et août, la croissance de l’indice de la production industrielle, la production manufacturière a été de 3,8 %, ce qui est quand même un chiffre assez fort. C’est le premier graphique et le second qui n’est pas une statistique au sens d’un constat mais qui est une mesure d’opinion et qui traduit l’opinion des chefs d’entreprise au travers de l’enquête mensuelle qui est menée dans l’industrie, elle fait apparaître avec beaucoup de force que mois après mois depuis maintenant plusieurs mois, 5-6 mois, leurs perspectives de production personnelle ou leur estimation des produits de la perspective générale a tendance à s’améliorer. Et on voit que c’est très directement lié parce que c’est toujours comme ça avec les carnets de commande. Il y a un très léger décalage entre les deux courbes. La courbe qui donne la production et les perspectives et les courbes qui donnent les carnets de commande.
Tout cela, encore une fois, l’histoire le montre, ces graphiques qui sont un peu longs, puisqu’ils commencent en 1977, l’illustrent, tout cela peut se retourner, et on voit bien comment en 1995, il y avait un démarrage ou un début de reprise très important de l’économie française qui a été cassé pour les raisons que l’on sait. Mais, pour autant, même si c’est fragile, je crois qu’il ressort assez fortement de l’ensemble des indicateurs dont on peut disposer que du côté de la production, la perspective que se trace pour eux-mêmes ou pour la collectivité des chefs d’entreprise interrogés dans cette enquête mensuelle est plutôt une perspective positive, et surtout, ce qui est le plus important à mon avis, une perspective qui s’améliore de mois en mois.
Du côté de la demande, la situation est un peu la même, les exportations restent extrêmement dynamiques. On est en juillet à un glissement annuel de juillet sur juillet de 18 % de croissance des exportations et ce qui est le plus important encore, c’est que la consommation des ménages est de mieux en mieux orientée. Vous avez là-dessus tous les chiffres que vous connaissez par cœur sur les immatriculations automobiles qui, après la chute liée à l’arrêt de la jupette, sont reparties assez fortement, sur les demandes en matière de produits (INAUDIBLE) manufacturés, etc.
Et last but not least, ce qui se passe du côté de l’investissement qui, pour le coup est un moins net que le reste parce qu’il y a toujours un décalage mais qui commence à apparaître, c’est qu’on peut avoir une dose raisonnable d’optimisme sur le redémarrage de l’investissement. Je vous en donne trois éléments. La production des biens d’équipements a augmenté de près de 2 % en juillet et août. Les carnets de commande dans le secteur des biens d’équipements sont très bien orientés et pas seulement les commandes qui proviennent de l’étranger, et à l’inverse les importations des biens d’équipements qui traduisent aussi un certain redémarrage de l’investissement ont augmenté de 7 % en juillet par rapport au mois de juin. Encore une fois les chiffres mensuels, il y a des hauts et il y a des bas. Mais ce qui commence à être significatif, c’est le foisonnement des différents indicateurs qui vont tous dans le même sens.
Voilà donc la conclusion que l’on peut en tirer à mon avis, la reprise est là, chaque semaine vient le conforter. Elle s’étend ou elle s’est étendue maintenant, ce n’est même plus elle s’étend, elle s’est étendue à l’ensemble des secteurs de l’activité économique et donc elle est très profonde, très large et que la solidité pour l’année qui vient semble de plus en plus établie, c’est donc bien le moment d’investir et c’est ce que l’on commence à voir donc dans les chiffres d’investissement que j’évoquais avec vous.
Pourquoi je dis tout cela ? Parce qu’il y a eu un petit débat, c’est normal lors de discussions parlementaires sur les hypothèses de croissance qui sous-tendaient le budget et nous avons tellement perdu l’habitude dans notre pays d’avoir une croissance pas très forte, 3 % ce n’est quand même pas très fort, d’avoir une croissance à peu près raisonnable, en tout cas, une croissance à la moyenne de l’Europe, un peu au-dessus même et un peu au-dessus de la croissance américaine, on a tellement perdu cette habitude qu’on a du mal à y croire nous-mêmes. Après la faiblesse de la croissance de 1996, je vous rappelle, c’était à 6 %, et celle de 1997 qui a été prévue vous vous en souvenez par la loi de finances de 1997 à 2,3 qui, au mois de juin-juillet, paraissait bien difficile à atteindre ces 2,3 et plutôt sur 2-2,1 et puis fin août on se disait on fera peut-être 2,2, et puis maintenant on se dit on fera 2,3. Autrement dit, la prévision d’abord était plutôt juste, ce qui rassure toujours les conjoncturistes mais au-delà de cela, le socle de croissance de 1997 pour 1998 apparaît à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. C’est sans doute ce qui fonde en partie la solidité de la prévision pour 1998.
On peut s’interrompre là-dessus si vous avez des remarques, des questions.
Question (anonyme) : Cela veut-il dire que vous maintenez votre prévision de 3,0 pour 1998 ou vous augmentez cela aussi ?
Dominique Strauss-Kahn : Non, non, je la maintiens. Mais j’ai dit à l’Assemblée en présentant le budget il y a 15 jours, qu’elle me paraissait prudente, raisonnable, et s’il devait y avoir une surprise, ce serait plutôt dans le bon sens et donc je maintiens aussi cette affirmation. Vous avez vu que la Commission européenne a publié ses statistiques et ses prévisions en mettant le taux de croissance français à 3,1, cela vient sans doute principalement de ce qu’elle a fait ses prévisions plus tard que les nôtres et donc elle a enregistré plus fortement l’accélération que l’on sent en ce moment. Mais il me semble raisonnable de rester sur 3 %.
Je ne vous sens pas enthousiastes comme vous le devriez.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE) ils craignent que le débat sur les 35 heures ait un effet négatif sur la croissance ? (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : J’entends le même discours, là une crainte, c’est-à-dire, cela va-t-il avoir un effet ou pas ? Ma réponse personnelle mais enfin elle ne vaut que pour moi, c’est que je ne crois pas. Je ne le crois pas pour deux raisons.
La première est que ce qui tire la croissance et ce qui peut être à l’origine d’un redémarrage fort de l’investissement, c’est à la fois des exportations qui continuent à être très soutenues et là-dessus évidemment, le débat interne n’a pas d’influence et d’autre part, un redémarrage de la consommation interne qui vient des consommateurs et pour lequel, là aussi, le débat qu’il peut y avoir n’a pas beaucoup d’influence et s’il doit y en avoir une, c’est plutôt dans le bon sens. C’est-à-dire que du côté des consommateurs pour majorité des salariés, le débat sur les 35 heures mais pas seulement sur les 35 heures, sur le transfert de la CSG, sur l’augmentation du pouvoir d’achat que cela entraîne, etc., etc., commence à rentrer dans les esprits. C’est-à-dire qu’il n’y a pas simplement l’enregistrement de hausses de pouvoir d’achat qui ont déjà eu lieu et qui, somme toute, ont quand même été modestes en quelques mois. Parce que quand même, quand on hausse le SMIC de 4 points, cela ne joue que dans la durée. Le premier mois, cela ne rentre pas des ressources considérables en plus et donc l’idée que en effet 1998 allait être une année avec plus de pouvoir d’achat, ceux d’entre vous qui étiez là lors de la présentation du budget se souviennent que la prévision c’est une hausse de 2,3 % du pouvoir d’achat du revenu disponible brut. Cette idée-là commence à apparaître de façon évidemment diffuse, pas chiffrée, pas technique mais intuitive chez les consommateurs, et donc cette deuxième composante de la demande et donc de la croissance est tout à fait indépendante du débat qui peut exister sur le temps de travail. Et au contraire, encore une fois, (INAUDIBLE) ce serait plutôt vers le haut.
Alors reste la question qui était ce que vous disiez, de savoir si l’interrogation sur cette affaire de réduction du temps de travail est susceptible de poser des problèmes en matière d’investissement et de conduire un certain nombre de chefs d’entreprise à attendre, à s’interroger, etc. ?
Sur le fond, je ne crois pas. Et les contacts que nous avons les uns et les autres avec les chefs d’entreprise qui, soit des chefs de grandes entreprises que l’on rencontre dans cette maison tous les jours, que ce soit une population plus vaste de patrons, des entrepreneurs de petites et moyennes entreprises qu’on a rencontrés déjà un peu, que l’on va rencontrer beaucoup plus au travers de ce que l’on a évoqué tout à l’heure. Lorsque l’on discute avec eux, je ne dirais pas que la majorité dise que c’est une bonne idée de vouloir faire la réduction du temps de travail. Et on connaît les sondages sur ce sujet. C’est le cas d’un quart, un tiers qui disent ce n’est pas une si mauvaise idée. La majorité n’est pas de cet avis. Mais dans ce groupe majoritaire, qui n’est pas de cet avis, il n’y a qu’une petite minorité qui défende l’opinion que ça leur pose un vrai problème. Et donc au centre, il y a une sorte de gros noyau qui dit, on pense que ce n’est pas une voie que l’on recommande mais néanmoins, cela ne me pose pas à moi de problèmes particuliers. Et cela c’est très important parce qu’il nous reste maintenant à transformer cette situation dubitative en une situation positive, c’est-à-dire à être capable de montrer que pas du tout, cela va au contraire avoir ce qui est notre conviction un effet positif et à les entraîner dans cette direction. De ce point de vue-là, je vais en profiter pour saluer au passage la position qu’a prise l’Association française des banques hier venant après discussions internes denses soutenir la politique du Gouvernement et en se mettant en position parmi les premiers dans les fédérations professionnelles pour organiser ce passage aux 35 heures.
Donc l’interrogation est légitime. Je ne pense pas que les risques soient importants au contraire. Je crois qu’après une période de tension inévitable qui est en train de disparaître, les fils entre les partenaires sociaux vont se renouer et que dans un esprit plus positif que combatif, l’ensemble des forces vives comme on dit de la nation vont essayer de travailler à la croissance en général parce que c’est quand même par la croissance que tout le reste se déboucle.
Question (anonyme) : Certains secteurs comme le textile, l’habillement ou le cuir, par exemple, les industriels parlent de vague de licenciements à l’heure actuelle. Le président de Bata parlait l’autre jour de licencier le quart de ses effectifs. Un certain nombre d’entreprises parlent de licencier le tiers de leurs effectifs. On n’a pas vraiment l’impression que la reprise est là chez eux.
Dominique Strauss-Kahn : Tu veux en dire un mot Christian ?
Christian Sautter : Oui, c’est assez variable. Cela dépend du degré d’innovation et de créativité. Il y a des gens qui réussissent très très bien dans le textile en ce moment. Il y en a même qui réussissent très très bien en abaissant le temps de travail fortement et évidemment c’est extrêmement variable. Les cuirs et peaux, les chaussures ont en effet des difficultés particulières, concurrencées qu’ils sont par des marchés de certains pays émergents ou de certains pays d’Europe de l’Est, mais il n’y a pas de raison de penser que ce secteur est condamné à décliner perpétuellement. Il y a beaucoup d’entreprises de pointe sur le plan technologique, sur le plan de leur marché, sur le plan commercial, sur le plan de la créativité dans ces secteurs-là.
Dominique Strauss-Kahn : Je lisais ce matin dans un journal du matin, le compte rendu d’une réunion de l’Union des industries textiles qui s’est tenue à Paris, hier et où il me semble que les avis étaient partagés quand même sur ce sujet. Vous êtes d’accord ?
Christian Sautter : Oui !
Dominique Strauss-Kahn : Même plutôt positif parfois. Je suis toujours très prudent dans les appréciations.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Macroéconomique ou sur la réduction du temps de travail ?
Question (anonyme) : Oui, sur les conséquences des 35 heures, en matière de création d’emploi, d’hypothèses pour les finances publiques ?
Dominique Strauss-Kahn : C’est assez… oui, il y a des éléments et c’est assez compliqué parce que comme vous le savez les modèles macroéconomiques intègrent rarement des concepts plus sophistiqués que la règle de trois et du coup, la façon, dont entreprise par entreprise, un dialogue peut se nouer n’est pas encore quelque chose que l’on sache clairement modéliser. Il reste qu’à partir de l’ensemble des travaux qui existent sur la question on a quand même une idée assez précise de ce qui peut se passer.
Le coût pour les finances publiques, lui, est assez variable. Comme vous le savez, on a prévu une provision de 3 milliards de francs. L’idée quand même qui est sous-jacente aux mesures que Martine Aubry a présentées, c’est que, en régime de croisière, ce système s’autofinance pratiquement, pas totalement mais pratiquement et il y a donc un coût résiduel qui n’est pas très élevé. Ce qu’il y a en revanche, c’est qu’il ne s’autofinance qu’au bout d’un certain temps et donc il y a un coup de démarrage qui est relativement important, ce sont les 3 milliards de provisions qui ont été faites et si, de deux choses l’une, ou bien ceux qui pensent que la réduction du temps de travail n’a aucun effet sur l’emploi, qu’aucune entreprise ne s’engagera dans une procédure que l’on propose etc. Ce que je ne crois pas. Mais à ce moment-là, cela n’aura aucun effet, d’accord, mais cela n’aura aussi aucun coût. Ou bien comme je le pense, les solutions qui sont proposées sont extrêmement réalistes, très près des préoccupations de compétitivité des entreprises, peut-être pas dans tous les secteurs, peut-être pas pour toutes les entreprises, la situation est très diverse, très variée, mais dans un assez grand nombre de cas, et dans ce cas-là, il y aura un coût pour les finances publiques qui est important, mais cela veut dire aussi qu’il y aura eu des créations d’emplois considérables. Et si au bout du compte, on s’aperçoit au milieu de l’année 1998 par exemple, que la provision qui a été prévue risque de se révéler insuffisante, n’ayez crainte, c’est un sujet sur lequel nous trouverons les ressources nécessaires parce que cela voudra dire qu’en contrepartie, il y a des dizaines et des dizaines de milliers d’emplois qui ont été créés.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE) l’idée initiale était de les financer par redéploiement donc suppression d’autres aides à l’emploi, est-ce que c’est la direction qui est toujours suivie pour les prochains budgets ?
Dominique Strauss-Kahn : Il n’y a pas d’hypothèse sur les finances publiques de ce côté-là. Dans le budget 1998, le coût des emplois jeunes a été totalement budgété. Je dis cela parce que cela pourrait paraître une évidence. Un journaliste OVNI qui apparaîtrait en France aujourd’hui se dirait, « c’est quand même curieux de faire remarquer que le coût d’une dépense a été budgétée », mais comme cela n’a pas toujours été la pratique dans les années passées je tiens à le préciser clairement. Donc c’est totalement budgété, nous savons pour le nombre qui a été prévu ce que cela doit coûter en 1999, en l’an 2000 et ceci sera totalement budgété, sans aucun problème. Il a été dit que ce serait financé par redéploiement et c’est largement par redéploiement. Ceux d’entre vous qui ont fait l’analyse fine du budget savent que cela a été très largement financé par redéploiement. Il n’est pas évident d’ailleurs que l’année prochaine, cela dépendra un peu du succès de la mesure elle aussi. Il semble plutôt grand quand je regarde ce qui se passe soit du côté des universités, soit du côté des communes. Mais il faut attendre encore un peu plus pour savoir quand même. Mais si le succès est aussi grand que celui des premiers chiffres que l’on a, laisse attendre alors le financement pour les années qui suivent sera là aussi pour partie par redéploiement et éventuellement pour partie par crédits nouveaux. Vous savez pour toutes ces mesures il y a de gros avantages à la mesure emploi jeunes pour lesquels j’ai un certain attachement comme pour les mesures de réduction du temps de travail, c’est que ce sont des mesures qui ne coûtent que si elles fonctionnent, contrairement à d’autres mesures de dégrèvements divers et variés qui sont lancées tous azimuts et dont on espère que cela aura un effet sur l’emploi mais dont on n’est pas sûr que cela en ait un. Ces mesures-là sont des mesures qui ne coûtent que si elles fonctionnent, c’est évident pour les emplois jeunes. C’est s’il y a des jeunes qui sont embauchés qu’elles coûtent, sinon cela ne coûte pas et c’est vrai aussi des modalités d’appui sur la réduction du temps de travail qui ont été proposées. Si cela coûte c’est que nous avons un résultat de l’autre côté.
Oui, j’avais deux ou trois autres trucs que je voulais vous dire mais alors c’est peut-être là-dessus. Je vais peut-être les balayer rapidement s’il n’y a plus de questions vraiment sur les problèmes conjoncturels ?
Il n’y a pas de scoop. Je voulais dire un mot de l’accord industriel sur Thomson, il y a eu en matière industrielle trois événements importants la semaine dernière. Je vais juste les rappeler.
Thomson, je crois que le Gouvernement, conformément à ses engagements dans les délais qu’il avait annoncés, a pris une décision, après avoir tenté d’ailleurs un regroupement plus large et dont je ne désespère pas qu’il puisse avoir lieu un jour, mais il fallait avancer et donc la décision qui a été prise permet maintenant avec le temps qu’il va falloir sur le plan juridique pour formaliser tout cela, permet de résoudre la première partie de ce qui était l’objectif qu’a avancé le Gouvernement : c’est-à-dire la partie regroupement franco-français.
La deuxième partie commence en parallèle qui est celle des alliances européennes. D’ores et déjà à vrai dire, Thomson ne s’est pas mal internationalisée dans cette sorte de fusion avec les activités de défense d’Alcatel puisqu’Alcatel dans l’affaire amène tout ce que sont ses filiales allemandes, mais il faut aller bien au-delà et donc parallèlement doivent commencer les discussions visant à la constitution d’un pôle européen en matière d’électronique de défense. C’est évidemment au président de l’entreprise et à ses actionnaires mais dont l’État d’y réfléchir mais très rapidement cette démarche qui, à vrai dire, avait déjà commencé du côté de Thomson, mais qui avait du mal à se concrétiser parce que son avenir capitalistique n’était pas tranché. Très rapidement, ceci devrait pouvoir avoir des résultats.
La deuxième chose qu’évidemment je veux saluer rapidement, c’est l’opération France Télécom avec deux remarques. La première est sans doute que le prix auquel j’ai décidé de fixer le titre n’était pas trop mal choisi. Vous vous rappelez que les premières estimations donnaient une fourchette entre 150 et 160 francs. En le fixant à 187, ce qui est le haut de ce qu’avait proposé la Commission de privatisation, il n’y avait non pas un risque mais en tout cas l’appréciation d’une situation qui est que le marché serait fortement demandeur. Chacun connaît les chiffres aujourd’hui aussi bien du côté des particuliers que de la demande des investisseurs institutionnels. Ce pari-là a été réussi.
Et je crois, et c’est la deuxième remarque, que cela montre que la stratégie du Gouvernement dans cette affaire a été bien comprise, bien comprise des épargnants français et bien comprise des investisseurs institutionnels français, ce n’était pas une surprise, mais étrangers, ce qui pouvait pour certain être une interrogation. Les 20 milliards qui leur ont été proposés ont été couverts 20 fois puisque la demande est de 400 milliards dont une très large part venant d’opérateurs des États-Unis et je crois que cela montre clairement que le discours sur le thème « qu’une entreprise publique ne peut pas être compétitive, c’est un mauvais choix, on ne peut pas s’associer avec l’État, une entreprise dans lequel l’État est majoritaire, cela a des préoccupations qui ne sont pas des préoccupations de marché et donc c’est un mauvais placement etc., etc., tout ce discours a volé en éclats devant la demande du marché lui-même. Comme je le disais l’autre jour, je crois que c’était devant certains d’entre vous, moi je n’ai pas le fétichisme de l’indicateur que constituent les marchés. Mais pour ceux qui considèrent que c’est le nec plus ultra de l’appréciation d’une opération économique, alors ils sont obligés de reconnaître que l’association avec l’État français apparaît comme un must dans l’économie d’industrie des télécoms.
En tout cas, cela va nous permettre de mener à bien la stratégie qui a été conçue et donc l’alliance avec Deutsche Telekom et puis comme vous le savez une augmentation de capital de France Télécom un peu plus tard, pour lui donner les moyens de son développement.
Au passage, vous aurez noté qu’un grand nombre de salariés ont eux-mêmes trouvé de l’attrait à l’offre qui leur était faite.
Et puis le troisième élément industriel, c’est la lettre de mission du président d’Air France qui, donc, a été hier en conseil des ministres nommé à la fonction de président du groupe Air France. Vous savez que la fusion avait obligé à deux opérations séparées. Cette lettre de mission comprend en fait trois éléments. D’abord la poursuite du redressement de l’activité du groupe Air France et y compris – je ne dirais pas surtout – mais y compris son activité domestique, nationale, la poursuite des alliances internationales ou de la recherche des alliances internationales qui a été initiée par le prédécesseur de l’actuel président et puis la préparation de l’ouverture du capital d’Air France, elle aussi liée très directement, pas seulement, mais notamment, à ces alliances internationales, pour la mi-1998. Et je pense que doté de cette feuille de route, plan de vol plutôt en l’occurrence, Jean-Cyril Spinetta sera à même de remplir les objectifs que son actionnaire lui fixe même s’il est clair pour tout le monde qu’Air France est un groupe compliqué parce que c’est un domaine qui est très concurrentiel mais dont vous savez que les perspectives à moyen terme sont plutôt bonnes. Nous entrons dans un cycle très haussier en matière de trafic aérien et donc j’ai tout à fait confiance en la capacité d’Air France de quitter la situation actuelle qui est celle du retour à l’équilibre auquel Christian Blanc l’a amené à partir de pertes importantes pour passer du côté d’une entreprise très normalement profitable.
Deux mots financiers pour la même semaine. La réforme des Caisses d’épargne est maintenant lancée avec les deux éléments qui permettaient de faire cela dans la sérénité. La première a été de confier à Raymond Douillère une mission d’exploration qui va durer jusque fin janvier où il rencontrera les différents partenaires sociaux, les comités d’orientation et de surveillance des Caisses d’épargne, etc., etc., en sorte que le Gouvernement soit en situation fin janvier d’avoir pour proposer les éléments de sa réforme, enfin discuter avec les COS (Conseils d’orientation et de surveillance) des Caisses d’épargne projet de réforme de discuter avec eux et préparer un projet de loi.
Pour cela, il fallait repousser la réélection de ces COS parce que c’est très difficile d’avoir en même temps cela et en même temps une campagne électorale qui dure 4 mois. Tout cela s’est fait je crois dans un climat de consensus assez large puisque l’Assemblée comme le Sénat ont voté à l’unanimité cette affaire, et donc nous sommes maintenant clairement engagés la préparation d’une réforme qui devra permettre au réseau des Caisses d’épargne d’être un grand réseau susceptible de supporter la concurrence dans un monde financier qui est complètement ouvert et chaque acteur je crois syndical, la direction des Caisses d’épargne reconnaît que ce toilettage est nécessaire et on a donc quelques mois pour s’y livrer.
L’autre affaire c’est la procédure sur le CIC. Le cahier des charges sera publié avant la fin novembre. Là aussi, il y a une concertation très large qui a lieu avec les partenaires sociaux, la direction du groupe, les élus puisqu’il s’agit d’une banque à forte implantation régionale et donc la connotation régionale doit être préservée et cela conduit donc à la rédaction d’un cahier des charges qui sera disponible à la fin du mois de novembre et les opérations pourront à ce moment-là se lancer assez vite.
Voilà un petit peu le tour sur l’activité hebdomadaire.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : On ne peut pas avoir de candidats avant d’avoir ouvert l’appel d’offres.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Certes ! Je ne peux pas vous répondre tant que je n’ai pas de dossier déposé, mais j’envisage facilement en regardant le paysage qu’il puisse y avoir plusieurs candidats.
Question (anonyme) : Il va y avoir une bataille de (INAUDIBLE) groupes étrangers qui vont… (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Il y a une bataille frontale formidable. Non, je pense que c’est un groupe intéressant mais qui a beaucoup de perles comme on dit dans le métier et qui donc peut intéresser pas mal de repreneurs.
Question (anonyme) : Beaucoup de gens ont le sentiment (INAUDIBLE) des Caisses d’épargne (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Oui. Enfin, moi je ne m’intéresse pas beaucoup à ce genre de chose. Je ne suis pas désobligeant avec vous en disant cela mais je lis sur différents sujets que telle affaire est bouclée et que untel fera cela et on s’aperçoit le lendemain que c’est le contraire.
Je crois avoir lu l’autre jour un communiqué des Caisses d’épargne disant qu’elles donnaient priorité à leur réforme sur tout autre choix stratégique… Bon, tout cela vous laisse froid, de glace.
Question (anonyme) : Vous parliez finances, peut-on avoir quelques éléments complémentaires sur l’assurance vie et le lobbying en cours de toutes les associations qui essaient de vous faire modifier les dispositions puisque rien ne semble encore définitif à les en croire.
Dominique Strauss-Kahn : Tout est définitif ! Cela a été voté par l’Assemblée nationale. Evidemment, le Sénat peut vouloir le changer, au retour à l’Assemblée tout peut changer de nouveau parce que le Parlement est roi. Mais à ce détail près, les dispositions ont été précisées. Les réformes introduites cette année en matière d’assurance vie visent une taxation à la sortie des intérêts accumulés qui étaient jusqu’à maintenant exonérés de toute imposition. Le Gouvernement a considéré que c’était là une forme d’épargne qu’il fallait privilégier mais que néanmoins zéro c’était beaucoup comme privilège et donc nous avons mis en place un prélèvement libératoire qui est la moitié du prélèvement libératoire de droit commun 7,5 % la moitié de 15 (…) avec un plafond relativement élevé pour les petits contrats qui restent totalement exonérés et avec une autre clause d’exonération qui, pour moi, me paraît beaucoup plus importante, qui restent à exonérer les contrats dont une part relativement importante il est vrai est placée en titre, qui sont des titres à risque. C’est-à-dire actions non cotées, etc., cotées au second marché, de façon à réorienter une partie des financements de l’assurance vie dans le pays vers le financement des investissements et les entreprises plutôt qu’uniquement disons pour aller vite vers le financement de la dette de l’État. Tout cela est stabilisé et je ne vois aucune raison que cela bouge.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE) vous pensez que cela ne bougera pas d’ici la deuxième étude ?
Dominique Strauss-Kahn : Non, je ne crois pas non plus, le Gouvernement avait fait une proposition qui reposait principalement pour aller vite sur un durcissement des conditions de l’agrément. L’Assemblée a souhaité, a rajouté à cela, ce qu’on appelle en termes un peu technique, pardonnez-moi, la tunnellisation pour les entreprises, c’est-à-dire la manière dont les pertes se déduisent des bénéfices futurs, de recettes futures, je pense que maintenant, en effet, la situation est stabilisée.
Question (anonyme) : Envisagez-vous une ouverture du capital d’Air France autour de 10 % ou un peu plus ?
Dominique Strauss-Kahn : J’envisage ce qui est écrit dans la lettre de mission du président d’organiser, de faire des propositions au Gouvernement sur l’ouverture du capital à la mi-98. Donc on verra les propositions du président de l’entreprise dont c’est la responsabilité et à ce moment-là l’actionnaire qui est l’Etat donnera son sentiment s’il veut suivre ses propositions ou les infléchir dans un sens ou un autre, mais c’est au président de l’entreprise de faire d’abord les propositions.
Question (anonyme) : Est-ce que cela exclut les 49 % par exemple ?
Dominique Strauss-Kahn : Cela n’exclut rien. N’allez pas écrire je n’exclus rien parce qu’un jour j’ai dit que tout est ouvert, cela a déclenché dans ce pays une tempête absolument incroyable. Je dis simplement que vous posez une question sur un pourcentage, je vous réponds que ce pourcentage n’est pas fixé, que c’est au président de le fixer en fonction des objectifs. La stratégie en matière d’Air France (INAUDIBLE) du capital est rigoureusement la même que celle que nous mettons en œuvre pour France Télécom. L’ouverture du capital est rendue utile par les alliances que l’on veut créer, les échanges de participation que cela peut entraîner et donc il faut calibrer la nécessaire ouverture du capital à ce que ces alliances requièrent et c’est donc au président de nous faire des propositions.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Sur la question de principe, il n’y a pas de déséquilibre. La Banque centrale est indépendante, cela veut dire qu’elle agit indépendamment. Chacun est libre de commenter ce qu’elle fait.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Non ! Non, mais pas du tout. J’ai fait le commentaire qui me semblait adapté.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : On va vous faire une explication de gravure. La banque de France ou plutôt l’ensemble des banques européennes a décidé d’aligner à la hausse leur taux d’intervention. J’ai dit ceci – ce qui était ma responsabilité – ne me semblait avoir qu’une influence extrêmement marginale, voire pas sur la croissance attendue l’année prochaine et sur l’équilibre budgétaire. Que voulez-vous que je dise de plus…
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Ah, sur cette question, il y a des mètres cubes de littérature économique. De savoir avec quel décalage par rapport au démarrage de la croissance, il convient que les taux suivent ? Je ne peux pas m’engager dans cet intéressant débat si un jour j’ai l’honneur de participer au Comité de politique monétaire, membre de cette instance, j’aurais l’occasion d’en discuter mais l’idée que lorsque les perspectives de croissance sont affirmées, les taux doivent suivre est une idée très répandue. Mais dans ces conditions, je vois simplement dans la hausse des taux en question, la reconnaissance par l’ensemble des banques centrales que la croissance est solidement établie en Europe.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE) prudent (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Ah oui, oui, mais je reste très prudent, c’est pourquoi je considère la hausse qui a eu lieu est une hausse qui n’a pas beaucoup d’influence. D’ailleurs, pour être très précis…
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : … oui, cela on verra ce qu’il en ait. En tout état de cause, le budget a été établi sur une hypothèse de taux qui est loin d’être atteinte par la hausse qui a eu lieu. Et c’est en ce sens que je dis que cela n’est pas sensible pour le moment dans l’équilibre budgétaire qui a été prévu.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Les délibérations du Gouvernement aussi. Cela n’empêche pas de le critiquer.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Oui, parce que vous avez une culture de la Banque centrale opposante mais dans ce pays, c’est en train de changer. On va avoir une culture d’une Banque centrale européenne qui fait son travail et en face, comme vous le savez, et les Français n’y sont pas pour rien, un Conseil de l’euro qui discutera de la politique économique. Le dialogue n’est pas obligatoirement une critique.
Question (anonyme) : L’autre façon de poser la question, c’est n’avez-vous pas été le rédacteur de la loi (INAUDIBLE) ?
Dominique Strauss-Kahn : Personne n’est parfait, non !
Question (anonyme) : Auriez-vous fait la même loi ? (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Très honnêtement, tout cela n’est d’aucun intérêt parce que dans 12 mois, on aura une Banque centrale dont les statuts sont ceux que vous connaissez et les statuts nationaux des banques centrales n’ont strictement plus d’importance. Donc on peut s’interroger sur la question que vous posez. En effet, à vrai dire, je n’en sais rien, probablement pas. Non, je n’aurais probablement pas fait exactement la même chose que mon prédécesseur, ne serait-ce que parce que si je dis que j’aurais fait la même chose, on se demande pourquoi on aurait changé. C’est mon prédécesseur, mais bon, c’est celui d’avant encore.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Mais de toute façon, ce sont des questions qui sont un peu derrière nous comme les commentaires que j’entendais hier au Sénat sur l’idée selon laquelle, la banque centrale française dans cette affaire n’avait fait que suivre ce qu’avait la banque allemande. Dans cette proposition, de la part de ceux qui (INAUDIBLE) une sorte de regret. Je ne sais pas si ce sénateur avait raison ou tort, ce qui est sûr c’est que c’est la dernière fois que cela se passe comme ça. Puisque quand on aura une banque centrale européenne, il n’y aura plus de suivi envisageable d’une banque à une autre et nous allons donc rentrer dans une période complètement différente. Il faut se mettre en tête et c’est cette période-là qu’il convient de préparer, ce à quoi on s’emploie, qu’il convient d’encadrer pour lequel il faut que le pôle économique dont nous avons beaucoup discuté puisse exister. Je pense qu’il est en passe d’exister. La façon dont elles peuvent agir aujourd’hui, les banques centrales, deviendront rapidement un sujet d’étude historique.
Question (anonyme) : Vous pensez que (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Non, la politique du Gouvernement est claire là-dessus. Le Premier ministre a demandé que le budget de 1998 soit établi sur la base de la stabilité des effectifs et je ne pense pas que d’une quelconque manière on ait envie de changer cette politique. Si vous faites allusion, ça traverse mon esprit une seconde, à la note rédigée par un fonctionnaire de ce ministère comme cela a été dit dans un communiqué, elle n’engage que lui. Il y a dans le ministère des finances des corps qui ont loisir de pouvoir écrire des notes quand ils ont envie d’en écrire…
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Personne !
Question (anonyme) : Il vous l’a envoyée ?
Dominique Strauss-Kahn : Oui, je l’ai reçue. Oui, absolument !
Jacques Dondoux : Il l’a envoyée au Canard enchaîné semble-t-il aussi ?
Dominique Strauss-Kahn : M. Dondoux, je vous en prie. Mais elle n’a été demandée par personne, elle a été rédigée à l’initiative de son auteur qui exprime ses vues personnelles, je ne peux pas en dire plus.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Je n’ai pas entendu cette déclaration. Tout ce que je peux vous dire, c’est que l’arbitrage du Premier ministre pour 1998 est celui de la stabilité des effectifs qu’on a respectés et on discutera pour 1999 le moment venu de ce qu’il convient de faire en matière de fonction publique. De toute façon, on n’est évidemment pas sur la ligne du papier auquel vous faisiez allusion tout à l’heure, perfidement.
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Évidemment, je veux dire (INAUDIBLE) c’est un calcul que l’on peut faire. Nous revenons de deux départs à la retraite sur quatre à peu près de 300 milliards, de trois à la retraite sur quatre, cela ferait 450 milliards…
Question (anonyme) : (INAUDIBLE)
Dominique Strauss-Kahn : Non ! La rigidité ce n’est pas là qu’il pense ce sont les faits (INAUDIBLE). La dépense n’est rigide que parce que les faits sont rigides. La question est : « Le pays a-t-il besoin d’un service public dans lequel on ne remplacerait pas un fonctionnaire sur quatre chaque année, pendant 10 ans et la réponse est que cela fait beaucoup de fonctionnaires en moins et donc beaucoup de services publics moins bien rendus. Parce que j’entends beaucoup de discours, et c’est plutôt en période électorale que l’on entend cela sur le thème « il faut, il faut, il faut », mais ensuite on ne dit jamais où il faut moins de fonctionnaires. Au contraire, les mêmes disent souvent dans d’autres discours parfois simplement une phrase plus loin que l’on manque d’instituteurs, de postiers ou d’infirmières. La rigidité de la dépense publique est qu’en effet nous sommes un pays, et je m’en réjouis, dans lequel une grande partie des services collectifs sont rendus par des services publics, c’est-à-dire des services non marchands et dans ces conditions, à l’arrivée, évidemment, la diminution du nombre de fonctionnaires sauf liée à des gains de productivité formidables qui peuvent exister sur la longue période ou dans certaines activités très précises. Mais globalement la réduction d’un nombre de fonctionnaires conduit à la réduction du service public.
Vous savez, Claude Allègre évoquait l’autre jour, je ne sais plus à quelle occasion, le fait qu’il y avait plus d’enseignants par habitant et je crois qu’il parlait des enseignants du primaire, aux États-Unis qu’en France. Personne ne fait de critiques au contraire, on aurait plutôt tendance à dire « voilà un pays qui s’occupe de former sa jeunesse ». Mais comme en France, les enseignants sont des fonctionnaires pour l’immense majorité, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis, se forme une critique sourde sur le thème « les charges de l’État sont trop grandes ». Peut-être mais les services qui sont rendus en face sont particulièrement importants.
Et quand je mets cela en relation avec ce que me disait le président d’IBM l’autre jour lorsque j’inaugurais à Corbeil la deuxième ligne de leur production de leur (INAUDIBLE) 64 mégabits, en disant « entre les différents pays, on pouvait faire cette deuxième ligne de production, il y avait la France et puis quelques autres pays et la France n’était pas là mieux placée au regard d’un certain nombre de critères sur la fiscalité, etc., etc., ce qui nous a fait quand même choisir la France, c’est que le personnel qu’on pouvait y embaucher était mieux formé, mieux susceptible de continuer à être formé à l’intérieur de l’entreprise et pour nous c’était déterminant ». Je me dis que notre système éducatif et l’investissement de la collectivité dans le système éducatif, notamment au travers de ce que cela représente en termes d’hommes et de femmes parce que c’est là principalement des hommes et des femmes, n’est peut-être pas un si mauvais investissement.
Sur ces fortes paroles républicaines, si vous n’avez pas d’autres questions, je vous propose que l’on se revoit le jeudi 5 novembre si cela vous va où on aura sans aucun doute quelques nouveaux événements à vous commenter. Merci de vous être dérangés.