Texte intégral
La Tribune. - Face aux fusions entre opérateurs téléphoniques qui se multiplient dans le monde, France Télécom n'est-il pas handicapé par l'obligation d'avoir pour actionnaire majoritaire l'État ?
Christian Pierret. - Il me semble que le problème ne se pose pas en ces termes. La question est de savoir si une fusion, telle que celle que Deutsche Telekom a tentée avec Telecom Italia, est un objectif stratégique en soi pour France Télécom. Au stade actuel des réflexions de l'entreprise, la démonstration du bien-fondé d'une telle stratégie n'est pas faite. Des acquisitions, en revanche, peuvent apparaître nécessaires. Rien n'indique que l'actionnariat de l'État soit, dans ce contexte, un handicap.
La Tribune. – Regrettez-vous la fin de l'alliance franco-allemande ?
– Je constate avec regret que les accords avec Deutsche Telekom n'avaient pas encore permis le développement d'une réelle stratégie commune. Le préjudice pour France Télécom est certain, mais il n'entame pas le potentiel de développement international de l'entreprise. Le champ est aujourd'hui ouvert pour une nouvelle stratégie, et je fais pleinement confiance à l'entreprise pour la mettre en œuvre.
La Tribune. – Le gouvernement envisage-t-il de modifier la loi de réglementation des télécoms de 1996 ?
– Il n'y a pas lieu aujourd'hui de la réviser profondément. Il faudra en revanche procéder prochainement à la transposition de certaines dispositions communautaires et poursuivre la réflexion sur le service universel qui reviendra en discussion, comme le prévoit la loi, en 2000.
La Tribune. – Quel calendrier envisagez-vous pour l'introduction de la boucle locale radio ?
– Les expérimentations prendront fin en décembre prochain. D'ici là, j'envisage de publier les modalités et les conditions d'attribution des autorisations définitives, sur proposition de l'ART. Un appel à candidatures sera lancé avant fin 1999, et nous envisageons d'accorder les autorisations définitives au cours du premier semestre 2000. La sélection des opérateurs dépendra de leur demande, notamment de leurs besoins en fréquences, et de la disponibilité de ces dernières.
La Tribune. – Souhaitez-vous l'introduction du dégroupage (location de la boucle locale de France Télécom à ses concurrents) ?
– Ni les directives communautaires, ni la loi de 1996 qui les transposent, n'ont prévu explicitement la mise en œuvre du dégroupage de la boucle locale. Ce sujet n'a d'ailleurs pas été abordé dans les débats parlementaires de 1996. Je considère que la mise en œuvre de ce dégroupage nécessiterait une mesure législative, et que cette décision relève du Parlement. C'est d'ailleurs ce qu'a fait l'Allemagne puisque, dans ce pays, la loi prévoit explicitement le dégroupage de la boucle locale. Je constate que ce dossier suscite un débat chez les opérateurs et que ceux qui investissent dans la boucle locale n'y sont pas favorables.