Texte intégral
La Tribune
Qu’avez-vous obtenu au congrès mondial de l’Union postale universelle (UPU) qui se réunit tous les cinq ans ?
Christian Pierret
— L’UPU, dont les travaux se sont terminés hier, a été une grande réussite pour la France. L’avancée majeure porte sur les frais terminaux, c’est-à-dire les mécanismes qui financent les courriers internationaux. D’ici à cinq ans, ces tarifs devront se situer à 1,60 francs pour un courrier de 20 grammes. Aujourd’hui, La Poste perçoit seulement 60 centimes, ce qui ne couvre pas ses frais. Le repostage, pratique illégale, lui coûte 600 à 700 millions de francs par an (91,5 à 106,7 millions d’euros). Les pays en voie de développement continueront, par solidarité, à bénéficier du tarif antérieur et recevront une aide d’environ 120 millions de francs par an (18,3 millions d’euros) pour moderniser leurs services postaux.
La Tribune
Allez-vous donner à La Poste les moyens de son développement international ?
Christian Pierret
— Les investissements qu’elle est autorisée à engager ont été multipliés par deux depuis 1997 et atteignent aujourd’hui 4 milliards de francs. La Poste doit également utiliser au mieux ses actifs, notamment immobiliers, d’une valeur de 25 milliards de francs.
La Tribune
Etes-vous favorable à un rapprochement entre la SNCF et La Poste dans la messagerie et la logistique ?
Christian Pierret
— Pourquoi pas ? Ce qui ne veut pas dire qu’il faut le faire sans discernement. Si les nécessités du marché imposent de croître et que les entreprises veulent le faire ensemble, alors nous regarderons le dossier.
La Tribune
La Poste exploite un réseau national de 17 000 bureaux dont le coût est estimé à 4 milliards de francs par an. Est-il normal que La Poste supporte seule cette charge ?
Christian Pierret
— Il ne faut tout d’abord pas oublier que La Poste bénéficie à ce titre d’un allègement fiscal très important. Il a été décidé de maintenir le réseau postal actuel tout en le renforçant, notamment dans les zones urbaines sensibles. A cet effet, 10 % des 600 nouveaux bureaux de poste prévus par le contrat seront installés dans ces quartiers. Concernant les zones rurales, j’ai créé une commission départementale de présence postale territoriale qui étudie au cas par cas les meilleures conditions pour assurer la présence postale. La méthode de concertation préalable à toute décision avec les acteurs prévaut. Ceci marque une nette différence avec ce qui se passe dans des entreprises privées.
La Tribune
Ces accords avec des collectivités locales vont-ils permettre un partage des coûts du service public ?
Christian Pierret
— Je ne cherche pas à faire des transferts de coûts. Lorsqu’une agence s’installe, par exemple, dans une gare rurale, elle doit lui verser un loyer. Elle peut bénéficier de partenariats avec les collectivités territoriales. C’est le cas dans ma ville, Saint-Dié : elle fournit le personnel et elle a largement participé à l’investissement. Les collectivités locales qui le souhaitent pourront adhérer à cette logique.
La Tribune
Où en est la mise en place des 35 heures à La Poste ?
Christian Pierret
— D’ici à la fin de l’année, il y aura plus de 100 000 postiers qui seront concernés par une forme d’aménagement et de réduction du temps de travail à partir des négociations locales qui déclinent l’accord national conclu en février 1998. Aujourd’hui, 3 000 accords ont été signés concernant 15 000 postiers.