Interview de M. Alain Lamassoure, ministre délégué au budget et porte-parole du gouvernement, à "Eclair Pyrénées" le 3 mars 1997, sur la situation économique, la réforme fiscale, la réforme de l'Etat, la préparation des élections législatives et la modernisation du district Bayonne - Anglet - Biarritz.

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Circonstance : Déplacement de M. Lamassoure à Pau le 3 mars 1997-visite du centre des impôts de Pau

Média : L'Eclair des Pyrénées

Texte intégral

Éclair-Pyrénées : Contrairement aux avis des conjoncturistes, les derniers chiffres de l'INSEE montrent une hausse de la consommation des ménages, est-ce bon signe pour l'année 97 ?

Alain Lamassoure : En effet, en 1996, la consommation des ménages a augmenté de 2,3 %, contredisant tout ce que certains prétendaient sur les conséquences de la "morosité". Jamais les Français n'avaient autant acheté depuis 1990 ! Ce haut niveau s'est maintenu en janvier 1997. C'est évidemment un très bon signe pour 1997.

Comme, dans le même temps, les exportations sont dopées par la hausse du dollar, et le moral des chefs d'entreprise s'est fortement amélioré, nous avons toutes les raisons de penser que tous les moteurs de la croissance – les achats des Français, les achats étrangers, l'investissement des entreprises – seront allumés au printemps.

Éclair-Pyrénées : Certaines études publiées dernièrement Indiquent que ta réforme de l'impôt accroît l'Inégalité entre les contribuables. Que répondez-vous ?

Alain Lamassoure : Les études que vous évoquez ont été faites partir du régime fiscal antérieur à la réforme ! Au contraire, la réforme que nous avons fait voter par le Parlement a permis de simplifier l'impôt sur le revenu, de le rendre plus juste et surtout de le réduire. Les familles et les salariés sont les principaux bénéficiaires. Ainsi, un salarié célibataire gagnant 5.500 F par mois verra cette année son impôt baisser de 10 %. Une famille avec deux enfants avec un revenu mensuel de 16.000 F (correspondant à l’addition d'un salaire moyen et d'un SMIC) a payé près de 9.000 F en 1996, ne sera plus que 7 cette année et peine 700 F en 2001, à l'aboutissement de la réforme.

En sens inverse, nous avons supprimé les avantages fiscaux de 110 professions et nous avons mis fin aux abus des déductions de déficits de faux bénéfices industriels et commerciaux, qui était la technique qui permettait les évasions fiscales les plus fortes.

Éclair-Pyrénées : Les relations entre l'administration et le public sont de plus en plus critiquées. Où en est-on de la réforme de l'Etat ?

Alain Lamassoure : Elle est en cours. En ce moment même, le Parlement examine un projet de loi qui simplifiera beaucoup les relations entre l'État et les citoyens. Ainsi, en cas de changement d'adresse, il suffira de prévenir la Poste, à charge pour elle de prévenir toutes les administrations fiscales, sociales, l'état civil, etc.

De même, nous multiplions les cas, y compris dans le domaine fiscal, où le silence de l'administration vaut consentement et non plus refus. Vous voyez ce sont les mesures très concrètes qui traduisent un vrai changement d'état d'esprit.

Éclair-Pyrénées : Pensez-vous que la Majorité est aujourd'hui bien placée pour emporter les élections législatives de l'année prochaine ?

Alain Lamassoure : Une élection est comme un match : rien n'est jamais joué d'avance. Mais après avoir connu le premier goût, parfois amer, des réformes sociale, Défense nationale, grandes entreprises publiques, formation professionnelle et universitaire, nouveau régime de l'immigration, etc., – nos compatriotes vont commencer en 1997 à en toucher les bénéfices concrets, Le redémarrage de l'économie est désormais évident et ses effets bénéfiques contre le chômage se feront sentir dans la deuxième moitié de l'année. Les impôts baissent cette année et baisseront encore l'an prochain. La France bénéficiera enfin des avantages de la participation à l'Union monétaire européenne. Nous aborderons donc l'échéance de 1998 avec confiance et en position offensive, face à une opposition socialiste qui veste bien en peine de concevoir une politique alternative dans quelque domaine que ce soit.

Éclair-Pyrénées : L'agglomération paloise est en train de faire son intercommunalité. Vous êtes à la tête du District Bayonne-Anglet-Biarritz. Cette structure vous donne-t-elle aujourd'hui satisfaction ?

Alain Lamassoure : Le développement de la coopération intercommunale est la grande étape nouvelle qui doit franchir la décentralisation. Voilà un quart de siècle que Bayonne. Anglet et Biarritz sont unis dans un District. Après une phase de construction de grands équipements, nous entrons dans une ère nouvelle, avec comme priorités : la qualité du cadre de vie, l'accueil d'entreprises nouvelles, développement d'un enseignement supérieur scientifique et technique, le développement des relations avec le Pays Basque intérieur et nos voisins de Saint Sébastien. Le District BAB nous a donné plusieurs longueurs d'avance sur d'autres agglomérations pour le traitement des grands problèmes d'aménagement urbain. Mais le salut du District doit être modernisé. Et surtout nous avons besoin de réaliser une vraie communauté d'intérêts en mettant en commun la taxe professionnelle. Mon intention est de faire décider ces réformes majeures dans le courant de 1997.