Texte intégral
Sénat - 7 octobre 1996
Colloque « Les Villes et l’Emploi »
Monsieur le secrétaire général de l’OCDE,
Monsieur le président Baumel,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Permettez tout d’abord au ministre en charge de la politique de la ville de vous remercier de l’avoir invité à suivre vos débats dont les conclusions l’intéressent au plus haut point.
À l’heure où le chômage, et notamment le chômage des jeunes, atteint des proportions tout à fait préoccupantes dans de nombreux pays et où tous les gouvernements s’interrogent non seulement sur les façons les plus appropriées de créer des emplois et de les requalifier, mais aussi sur les façons de réduire les inégalités sociales et territoriales qui nuisent au développement économique, je salue l’initiative prise par l’OCDE et son secrétaire général Donald Johnston, et par l’Alliance villes-emploi et son président Jacques Baumel. Organisant ce symposium international, ils ont en effet souhaité faire connaître et partager les innovations mises en place par les collectivités publiques pour diminuer les difficultés que rencontrent les habitants de nos différents pays pour entrer sur le marché du travail et s’y maintenir, et pour mettre à jour de nouveau gisements d’emplois.
Cette double préoccupation est, vous le savez partagée par les plus hautes autorités françaises : pas plus tard que la semaine dernière, le président de la République n’exaltait-il pas dans le nord de la France, les mérites de l’initiatives locale ? « On ne réglera pas les problèmes d’emplois, disait-il, si on n’améliore pas la croissance. Et la croissance, est une pyramide dont la base est constituée par les initiatives locales, initiatives en matière de mise en œuvre de projets, initiatives pour l’insertion des jeunes, initiatives pour l’expérimentation de nouvelles organisations et de la réduction du temps de travail.
Mesdames et Messieurs, votre présence aujourd’hui témoigne de l’implication qui est la vôtre et souligne la conviction qui est la vôtre que mettre en lumière les initiatives locales en matière de lutte pour l’emploi, c’est permettre un premier pas vers la croissance.
Les collectivités locales remplissent en effet un rôle de plus en plus important en matière de développement économique. J’en fais l’expérience chaque jour en tant que maire de Marseille et en tant que président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur : une entreprise dépose son bilan ? Une entreprise souhaite s’installer ? Une entreprise souhaite exporter ? Elle se tourne quasi systématiquement vers les collectivités locales, soit parce qu’elle met des salariés au chômage et qu’elle cherche des solutions dans son plan de licenciement, soit parce qu’elle fait jouer la concurrence entre les territoires et demande des primes à l’installation ou des exonérations fiscales…
Ainsi, les collectivités locales, surtout les communes, sont-elles souvent en première ligne dans la lutte pour l’emploi. Ceci ne veut pas dire que l’État, au-delà de la recherche des équilibres budgétaires et sociaux qui conditionnent la compétitivité des économies nationales, ne joue pas aussi un rôle considérable dans ce domaine : Monsieur Barrot et Madame Couderc vous en auront certainement convaincus pour ce qui concerne leur sphère de compétences.
Pour ma part je dirai d’un mot que l’État doit bien sûr fournir un cadre favorable à l’éclosion des initiatives privées et locales. Mais au-delà de cette évidence je voudrais en ma qualité de ministre de l’aménagement du territoire, de la ville et de l’intégration, essayer d’expliquer comment, dans ces domaines de l’action étatique dont je suis en charge, l’État s’efforce de tout mettre en œuvre pour développer l’emploi.
Pour une meilleure clarté, j’organiserai mon propos en deux temps :
– Aménagement du territoire ville et emploi ;
– Politique de la ville et emploi,
étant cependant entendu que les politiques de la ville font, à mes yeux, partie intégrante des politiques d’aménagement du territoire et ne s’en distingues que parce qu’elles interviennent sur des territoires plus circonscrits.