Texte intégral
La Lettre de l'Outre-mer : L'Outre-mer est une priorité. L'égalité des chances est le nouvel objectif que vous vous êtes fixé. Comment allez-vous procéder ?
Jean-Jacques de Peretti : Vous connaissez l'attachement du président de la République et du Premier ministre à l'Outre-mer, ce n'est un secret pour personne. Cette forte volonté conditionne tout. Elle se retrouve naturellement dans l'action gouvernementale qui a permis d'achever l'égalité sociale – un mythe, cinquante ans après le vote des lois de départementalisation – mais aussi de régler bien des dossiers et d'ouvrir de nouveaux chantiers dans le cadre du pacte de développement annoncé par Alain Juppé. L'égalité des chances est une nouvelle frontière au sein de chaque DOM et dans les relations des DOM avec la métropole. Elle passe par plus de logements, car c'est la base de tout, par l'aide aux PME créatrices d'emplois, par une formation adaptée et par un renforcement des liens avec l'Europe et l'environnement régional. Ce sont nos priorités et leur calendrier est celui du septennat.
La Lettre de l'Outre-mer : Vous avez signé une convention avec le territoire de la Polynésie Française pour reconvertir son économie avec la fin des essais. Êtes-vous confiant ?
Jean-Jacques de Peretti : Tous les atouts sont réunis pour créer les conditions d'un développement économique durable en Polynésie Française. Je pense aux transferts de compétences grâce au nouveau statut d'autonomie élargie, au maintien des flux financiers à hauteur de 900 millions de francs par an durant 10 ans, aux nombreuses compétences locales, aux potentialités en matière de pêche, de perliculture, de tourisme... Je ne sous-estime pas les difficultés mais c'est vrai, j'ai confiance !
La Lettre de l'Outre-mer : Restons toujours dans le Pacifique Sud : l'avenir de la Nouvelle-Calédonie passe-t-elle par le referendum d'auto-détermination prévu en 1998 ?
Jean-Jacques de Peretti : Le referendum d'auto détermination, prévu par la loi du 9 novembre 1988, est le cadre juridique en vigueur. Il résulte des accords de Matignon el donc, dès l'origine, d'une solution acceptée par tous. C'est pourquoi il ne doit pas être perçu comme une menace.
Le principe de libre détermination des peuples dans les TOM est reconnu par la Constitution. Pour 1998, toute solution consistant à sortir du schéma mis en place lors des accords de Matignon ne pourrait être fondée que sur ce principe. Elle ne serait évidemment possible que si les Calédoniens eux-mêmes en décident ainsi, à la demande de l'ensemble des partenaires. Si ceux-ci souhaitent reprendre les discussions, pour rechercher une solution commune que chacun puisse replacer dans sa propre perspective, l'État reste évidemment prêt à les y aider.
La Lettre de l'Outre-mer : Parlons Europe enfin. Réussirez-vous à défendre l'idée du caractère spécifique de l'Outre-mer français et de son droit à dérogation ?
Jean-Jacques de Peretti : Un long travail de sensibilisation a été effectué. Cela nous a valu le POSÉIDON, le doublement des fonds européens à deux reprises, l'organisation commune du marché de la banane el bien d'autres mesures positives adaptées au contexte propre des DOM. C'est une réussite qu'il faut confirmer et c'est l'un des objectifs que poursuit le Gouvernement. Quant au régime particulier des pays et territoires d'Outre-mer, nous avons pour objectif de moderniser leurs relations avec l'Union européenne. L'Europe doit concourir de manière plus intense à leur développement économique et social.