Texte intégral
LIONEL GOUGELOT
8h12 sur Europe 1, l'heure de retrouver l'invitée politique de la matinale, Nathalie ELIMAS, secrétaire d'Etat chargée de l'Education prioritaire, bonjour madame.
NATHALIE ELIMAS
Bonjour.
LIONEL GOUGELOT
On va revenir dans un instant sur la préparation de la rentrée scolaire dans le cadre de la crise sanitaire, mais d'abord première question Nathalie ELIMAS au lendemain de cette fameuse décision du Conseil constitutionnel, qui a donc assez largement validé hier les dispositions de la loi sur le pass sanitaire, vous faites partie, vous aussi j'imagine, des membres du Gouvernement qui n'avez aucun doute sur la validation de ce texte.
NATHALIE ELIMAS
Je n'ai plus aucun doute sur la validation du texte, puisque d'ailleurs le Conseil constitutionnel a rendu sa décision hier…
LIONEL GOUGELOT
Non, mais avant la décision il y avait comme une espèce de sérénité, de tranquillité au sein du Gouvernement.
NATHALIE ELIMAS
Oui, oui… alors, vous savez les choses ont été faites, la procédure a été parfaitement suivie, le Conseil d'Etat a été consulté, les Chambres ont largement débattu pendant plus de 60 heures, elles se sont entendues à l'occasion de la commission mixte paritaire, donc voilà, tout ce qui devait achopper précédemment, eh bien avait été soit amendé, soit retiré, et j'étais effectivement, comme l'ensemble des membres du Gouvernement, sereine, en tout cas sur les principales dispositions du texte.
LIONEL GOUGELOT
Pas de surprise donc par rapport à une décision rendue par une juridiction, politisée et inféodée au pouvoir, comme le dit Jordan BARDELLA, le numéro 2 du Rassemblement national.
NATHALIE ELIMAS
Oui, Jordan BARDELLA, et tant d'autres politiques, qui malheureusement instrumentalisent la crise sanitaire, et on le voit bien d'ailleurs dans les appels aussi à manifester ce samedi, je trouve ça assez déplorable. Je crois que cette crise elle est vraiment inédite, elle nous touche toutes et tous, et il faudrait plutôt que nous soyons rassemblés et responsables pour lutter collectivement contre la crise, plutôt que de chercher à cliver et, ici ou là, comme ça, avoir des jeux de politique politicienne, je trouve que vraiment ce n'est pas responsable.
LIONEL GOUGELOT
Il faut continuer d'expliquer que finalement cette loi, et c'est reconnu à travers la décision du Conseil Constitutionnel, reste acceptable compte tenu des exigences de santé publique ?
NATHALIE ELIMAS
Absolument, et c'est d'ailleurs tout l'équilibre que cherche, de manière traditionnelle si je puis dire, à mettre en oeuvre le Conseil constitutionnel, qui regarde effectivement la nécessité, la pertinence et la proportionnalité des éléments qui sont proposés, et effectivement il faut encore faire preuve de pédagogie parce qu'il faut que les Français aillent se faire vacciner. Notre principal ennemi c'est le virus et rien d'autre, et donc il faut… nous continuons à faire de la pédagogie, le président de la République continue à faire de la pédagogie, et il faut le faire vraiment collectivement pour endiguer, pour éradiquer ce virus, tout simplement.
LIONEL GOUGELOT
Cela dit, Nathalie ELIMAS, le Conseil constitutionnel met en garde quand même, ces restrictions de liberté ne sont acceptables que parce qu'elles sont temporaires.
NATHALIE ELIMAS
Absolument, c'est parfaitement clair et c'est écrit dans le texte, c'est temporaire, de la date de promulgation de la loi, au 15 novembre, effectivement c'est un cadre qui est restreint, et heureusement parce que, bien sûr que c'est contraignant, bien sûr qu'il y a des restrictions, et ça évidemment on l'entend bien, mais il faut regarder l'objectif et ce pourquoi on le fait, donc voilà, il faut que, encore une fois, on fasse cet effort collectif dans ce temps qui est contraint, il ne faut surtout pas que les Français imaginent que cela entrerait dans le droit commun, ce n'est pas du tout ce qui se passe, c'est vraiment borné, et selon la situation sanitaire évidemment, mais en tout cas, à l'heure où on se parle, au 15 novembre.
LIONEL GOUGELOT
Est-ce que cette validation du texte ne risque pas de braquer finalement encore plus les opposants au pass sanitaire, qui vont encore manifester ce week-end dans plusieurs villes de France, qui ont manifesté hier soir devant le siège du Conseil constitutionnel, et qui ont déjà exprimé leur colère par rapport à cette décision ?
NATHALIE ELIMAS
Oui, j'ai bien vu ces manifestations hier et puis ces appels divers pour samedi, mais moi, vous savez, j'ai un raisonnement assez simple et de bon sens, et je crois qu'il faut qu'on s'y tienne. J'écoutais hier le témoignage d'un patron de bar marseillais qui a été hospitalisé, qui a attrapé le virus, qui n'était pas vacciné et qui le regrette aujourd'hui, donc voilà, il faut regarder aussi ces choses-là et se dire que finalement la solution c'est la vaccination, ou bien le test, parce qu'il faut se protéger soi-même et protéger les autres. Encore une fois, j'entends les restrictions, j'entends les contraintes individuelles, mais là on parle vraiment de protéger le collectif, et pas protéger le collectif de n'importe quoi, d'un virus qui tue.
LIONEL GOUGELOT
Alors, j'insiste malgré tout Nathalie ELIMAS parce que, Emmanuel MACRON il semble qu'il ait quand même attisé la colère des opposants à la vaccination en les qualifiant de menace pour la démocratie, en assurant qu'il ne cédera rien face à leur violence radicale, on sent quand même que les, comment dirais-je, que les positions se durcissent.
NATHALIE ELIMAS
Alors, effectivement le président a eu ces propos, mais enfin il faut clarifier les choses. Ce n'est pas tant contre les manifestants, parce que tout le monde a le droit évidemment de manifester, c'est contre peut-être les plus radicaux de ceux-là. Je vais quand même revenir un instant sur ce que vivent notamment les élus, qui reçoivent des menaces, des menaces de mort, des tentatives diverses, qui reçoivent des balles à leur domicile, à leur domicile je dis bien, qui sont victimes d'intimidations, je rappelle aussi ces guillotines qui ont été installées dans les Landes, ça c'est de la violence, et cette violence-là évidemment qu'il faut la condamner, et face à cela bien sûr que nous disons que nous ne céderons en rien, et je crois que ce que le président de la République dit c'est cela et pas autre chose, il faut être très clair sur les faits.
LIONEL GOUGELOT
Nathalie ELIMAS, vous êtes secrétaire d'Etat, je le disais, à l'Education prioritaire. L'école, le collège et le lycée, ne seront pas concernés par le pass sanitaire, on est bien d'accord ?
NATHALIE ELIMAS
Absolument, pas concernés, on est bien d'accord.
LIONEL GOUGELOT
Vous en avez pris l'engagement, mais le fait de contraindre les élèves non vaccinés aux cours à distance en cas de contamination dans une école, est-ce que ce n'est pas un élément de discrimination ? Certains syndicats notamment ont dénoncés une école à deux vitesses, je sais que ça vous fait bondir quand on dit ça.
NATHALIE ELIMAS
Oui, ça me fait bondir, parce que pour moi ce qui est à deux vitesses c'est ce que nous avons vécu en mars l'année dernière quand nous avons totalement fermé nos écoles, là effectivement on était à deux vitesses, et je peux vous le dire parce que je l'ai vécu, j'étais alors députée, entre nos élèves qui étaient installés dans des conditions convenables, correctes, et celles et ceux qui ne disposaient même pas d'un outil informatique à la maison pour travailler à distance, donc oui, là on était à deux vitesses. Aujourd'hui on a un protocole sanitaire, proposé fin juillet par le ministre, avec quatre hypothèses, qui a un double objectif, continuer évidemment à protéger nos élèves et nos personnels, et que tous puissent continuer à travailler et donc que l'éducation ne soit pas interrompue. Je rappelle, je rappelle, que nous n'avons fermé, pendant toute l'année scolaire écoulée, nos écoles que pendant quatre semaines, dont deux semaines de congés scolaires, il faut le rappeler, l'école c'est notre priorité, et c'est une exception française, et de cela nous devons être particulièrement fiers. Alors, sur les cas contacts, puisque vous me disiez en effet dès lors qu'il y aura un cas dans l'école, eh bien les élèves non vaccinés, cas contacts, seront isolés. J'ai envie de vous dire que ce que nous proposons là c'est mieux que ce que nous avons mis en place encore jusqu'au mois de juillet, parce qu'aujourd'hui il y a la vaccination évidemment qui est ouverte aux plus jeunes, mais jusqu'alors je rappelle que dès lors qu'il y avait un cas positif dans une classe, la classe dans son ensemble était fermée, aujourd'hui on progresse, les élèves qui sont vaccinés pourront rester en classe, les élèves qui ne sont pas vaccinés, et qui sont cas contacts, seront isolés et travailleront pendant la semaine de façon virtuelle, à distance. Enfin puisque vous avez abordé…
LIONEL GOUGELOT
Simplement, sur ce point, là aussi on pourrait vous dire c'est une façon déguisée de forcer à la vaccination des jeunes, enfin des élèves, ou des collégiens, ou des lycéens.
NATHALIE ELIMAS
Alors ce n'est pas forcer, en effet c'est fortement incitatif parce que, encore une fois, le vaccin protège. ensuite, si je reviens un petit peu sur les chiffres, notamment, vous savez ce qui se passe dans les écoles c'est en général le miroir de ce qui se passe dans la société, quand on a décidé de fermer les écoles au mois d'avril dernier, on avait 28.000, un peu plus de 28.000 de nos élèves qui étaient positifs, ce qui était le taux le plus élevé, on avait 0,23% tout de même, voyez que ça reste modéré, de nos élèves qui étaient positifs. On sait que généralement la contamination de nos élèves elle est intrafamiliale, et donc plus il y a de parents qui se font vacciner, moins il y aura d'élèves qui seront contaminés, et donc les choses devraient pouvoir aller dans le bon ordre, si je puis dire.
LIONEL GOUGELOT
Est-ce qu'on pourrait envisager, Nathalie ELIMAS, à terme, un pass sanitaire ou une vaccination obligatoire pour les enseignants, comme le suggèrent certains élus, et même les médecins de la Société française de pédiatrie ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, de mon point de vue ce n'est absolument pas indispensable, les enseignants avaient appelé à la vaccination en mars-avril dernier, on avait alors mis en place des coupe-file spécifiques pour les enseignants, puisque rappelez-vous on était par critères d'âge, de comorbidités, etc., ils sont allés se faire vacciner déjà au mois d'avril, et d'après des enquêtes internes, dont nous disposons, qui nous éclairent dans nos décisions, il y a aujourd'hui environ 80 % des enseignants qui sont vaccinés, ils le font massivement.
LIONEL GOUGELOT
Est-ce que c'est suffisant 80 % ?
NATHALIE ELIMAS
Mais, ils ont encore tout le mois d'août pour aller se faire vacciner, et vous dire qu'on sera 100 %, je ne le pense pas, de même qu'on ne le sera probablement pas peut-être dans la population en général. Je rappelle qu'en 2018, quand on a débattu longuement en séance sur la vaccination obligatoire des enfants, rappelez-vous, sur les 11 vaccins obligatoires, il y avait évidemment des gens qui étaient réfractaires, il y a des gens qui ne veulent pas se faire vacciner, mais ça reste quand même minoritaire.
LIONEL GOUGELOT
Merci Nathalie ELIMAS d'avoir répondu à l'invitation de d'Europe 1 ce matin, Nathalie ELIMAS, secrétaire d'Etat chargée de l'Education prioritaire, merci, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 août 2021