Fin 2020, le président de la République a chargé 19 chercheurs, responsables associatifs et artistes de proposer 300 à 500 noms de femmes et d'hommes sur 230 ans d'histoire pour baptiser de futurs lieux publics (noms de rues, d'écoles, de gares...).
Publié en mars 2021, le rapport sur les "Portraits de France" contient la liste de 318 personnalités dressée par ce conseil scientifique. Chaque profil est assorti d’une fiche biographique.
Quels noms dans l’espace public ?
Les noms de personnalités les plus attribués à des rues et des bâtiments, en France, sont Charles de Gaulle puis Louis Pasteur, Victor Hugo, Jean Jaurès et Jean Moulin. Ces noms, connus et reconnus, font consensus.
Certains noms ont un intérêt régional ou local. La plupart sont des noms de personnes décédées depuis longtemps, qui ne parlent pas toujours à la génération actuelle.
Peu de lieux publics portent le nom :
- de personnes nées à l’étranger ou de parents immigrés ;
- d’Ultramarins ;
- de femmes.
Les noms dans l’espace public marquent un discours historique sur les militaires illustres, les femmes et les hommes politiques, les grands auteurs, les savants… Ces noms renvoient à une stratégie commémorative et mémorielle. Ils constituent, pour la population, un miroir et un espace de reconnaissance. Adopter des noms issus de la diversité contribue à combattre les discriminations et à réparer ainsi les oublis des générations précédentes.
Des profils pour mieux refléter la diversité
Le chef de l’État, lors du 75e anniversaire du débarquement de Provence, en 2019, a appelé les maires à nommer des lieux en hommage aux combattants venus d’Afrique en août 1944. La ministre de la ville a étendu cette initiative à l’ensemble de la Nation et à des profils de personnalités.
Le conseil scientifique a exploré l’histoire de France depuis la Révolution pour proposer des noms de personnalités susceptibles de faire résonance surtout dans les quartiers populaires, en outre-mer et auprès des jeunes. Il a validé 318 profils sur les milliers de noms identifiés au départ. Ces personnalités diverses (résistants, sportifs, artistes...) ont un rapport fort à l’Hexagone, où elles se sont installées définitivement ou non.
Depuis 1790, les maires (et les conseils municipaux à partir de 1884) choisissent les noms de lieux publics. Le recueil s’adresse aux élus des communes et aux riverains, qui sont consultés le plus souvent pour la désignation d’un lieu. Il facilite leur choix en leur faisant découvrir la richesse de l’histoire française et la diversité de ses acteurs. La pratique recommande aussi de demander l’accord de la personne dont le nom est retenu ou de ses descendants.
De plus en plus de personnes, qui se sont illustrées par des services rendus à l’État ou par une contribution éminente à la science, aux arts ou aux lettres, voient leur nom donné à un lieu de leur vivant. La présidence de la République ne peut pas rendre hommage à des personnalités contemporaines en dehors de processus institutionnalisés. Le recueil ne recense donc que des personnes disparues.