Une étude publiée en mars 2022 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) se penche sur des patients ayant présenté une forme grave de Covid-19 durant les quatre premières vagues épidémiques (de mars 2020 à novembre 2021). Elle montre que des facteurs cliniques mais aussi socioéconomiques majorent le risque d’hospitalisation et de complication (admission en soins critiques ou décès).
Les facteurs de risques cliniques
Le risque de développer une forme sévère du coronavirus est accru chez :
- les personnes âgées. Les 60 ans ou plus représentent 27% de la population mais 72% des individus hospitalisés. La proportion de patients admis en soins critiques augmente jusqu’à 72 ans puis baisse car la ventilation et l’intubation sont des pratiques invasives à risque, surtout chez les plus âgés. L’âge médian des personnes décédées à l’hôpital est de 82 ans ; le taux de mortalité en médecine, chirurgie et obstétrique passe de 3% chez les 35-50 ans à 13% pour les 60-70 ans et 32% chez les 80 ans ou plus ;
- les hommes. Leur risque d’hospitalisation est 1,6 fois plus élevé que les femmes. Ils constituent 53% des personnes hospitalisées et 66% des individus pris en charge en soins critiques. Le taux de mortalité hospitalière atteint 12% chez les hommes (8% pour les femmes) et 42% chez ceux de 80 ans ou plus ;
- les personnes soufrant de comorbidités.
Des déterminants socioéconomiques
L’hospitalisation pour Covid-19 et les complications éventuelles touchent plus souvent les individus :
- au faible niveau de vie, qui ont davantage de comorbidités. Le risque d’hospitalisation augmente régulièrement à mesure que le niveau de vie recule. La part des plus modestes au sein de la population hospitalisée s’élève à 53% au cours de la première vague, et respectivement à 57% et 63% lors de la troisième et de la quatrième. Chez les moins de 75 ans, plus le revenu augmente, plus le risque de décéder diminue ;
- nés hors d’Europe. 17% des individus hospitalisés de 35 ans ou plus sont nés au Maghreb ou en Afrique subsaharienne, contre 9% des 35 ans ou plus vivant en France métropolitaine ;
- ayant un logement surpeuplé ou appartenant au parc social. Le risque d’hospitalisation, comme celui d’être exposé au virus, augmente à mesure que la surface disponible par habitant diminue. 33% des 50-74 ans hospitalisés vivent dans un logement dont la surface par personne est inférieure à 30 mètres carrés (c’est le cas de 24% de tous les individus de cette classe d’âge). Occuper un logement social multiplie par 1,5 le risque d’hospitalisation.
Lors de la quatrième vague (juillet-novembre 2021), l’effet de l’âge sur le risque d’être hospitalisé s’atténue, et celui du niveau de vie s’intensifie. Cela peut s’expliquer par une répartition inégale de la vaccination, donc de ses effets protecteurs, dans la population (le recours à la vaccination s’amplifie avec l’âge et le niveau de vie).