Laïcité, religions, égalité femmes-hommes, personnes LGBT+... Un rapport fait le point sur les forces et les faiblesses de la politique éducative pour le développement de l’esprit critique chez les élèves. À l'issue de sa mission, l'Inspection générale de l'éducation formule des propositions pour affermir l'esprit critique de l'école au lycée.
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Rendu public le 28 avril 2022, le rapport de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche fait un état des lieux des moyens mis en place pour forger l'esprit critique chez les élèves. Il a été rédigé à la demande du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Les auteurs du rapport, Alain Abécassis et Paul Mathias, rappellent la nécessité de renforcer l'esprit critique des enfants dans un monde où l'information est de plus en plus dominée par internet et les réseaux sociaux. Ils évaluent la pertinence et l'efficacité des outils éducatifs existants et leur pilotage tant administratif que politique.
Renforcer et pérenniser les outils existants
Parmi les outils et moyens pouvant jouer un rôle dans l'apprentissage de l'esprit critique dans la sphère éducative, les inspecteurs évoquent :
- le Centre pour l'éducation aux médias et à l'information (Clémi), créé en 1983 et aujourd'hui affilié au réseau Canopé de formation des professeurs ;
- l'éducation aux médias et à l'information (EMI), discipline inscrite dans la loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République pour répondre aux besoins liés à la multiplication des usages de supports et réseaux numériques par les élèves. Dans le cadre de l'EMI peuvent être abordées des questions sociétales comme l'égalité femmes-hommes, la place du religieux dans la société ou encore la laïcité ;
- le rôle des professeurs-documentalistes, essentiel dans le déploiement de l'EMI. Ils sont parfois relégués à des fonctions plus pratiques qu'éducatives et trop cantonnés à la gestion des centres de documentation et d'information (CDI).
Le rapport évoque également la difficile articulation, en particulier pour les enseignants du second degré, entre l'apprentissage théorique des disciplines académiques (développement de l'esprit critique "à bas bruit") et le décryptage du monde réel tel qu'il est fait à travers les médias et l'information ("à haut bruit").
Un pilotage ministériel et académique
Le rapport milite pour un pilotage ministériel de l'éducation aux médias au long cours et non pas uniquement dicté par l'actualité politique ou médiatique.
Il salue la mise en place – soutenue et suivie par les ministères – de la Semaine de la presse et des médias à l'École mais regrette une discontinuité dans l'attention portée en temps ordinaire à ces questions.
Dans cette optique, les auteurs du rapport préconisent notamment :
- la création d'un délégué ministériel à l'EMI ;
- la publication nationale annuelle d'un bilan chiffré et par académie des actions conduites en matière d'éducation aux médias et à l'information ;
- une plus forte imprégnation de l'EMI dans les épreuves terminales du baccalauréat.
À la lumière des informations recueillies auprès de responsables académiques, la mission de l'Inspection observe également des différences d'approches, selon les académies, dans la façon dont sont traités ces enjeux, en particulier dans la place accordée au coordonnateur Clémi. Face à cette situation, le rapport suggère de nommer au moins un référent EMI par département et de multiplier les échanges entre les académies.