La note publiée par France Stratégie le 29 juin 2023 dresse un état des lieux de l’exposition de certains métiers à la chaleur et aux conséquences du changement climatique. L’étude établit la liste des 23 métiers les plus concernés par la hausse des températures dans un contexte de préparation du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).
Pour France Stratégie, l’adaptation au changement climatique doit passer par une approche plus systémique, que ce soit en matière d’évaluation des risques ou de coordination des plans d’actions.
Le coût économique des risques professionnels liés au changement climatique
Selon France Stratégie, l’ensemble des travailleurs sera affecté par les effets du réchauffement climatique, mais à des degrés divers selon la situation professionnelle.
La hausse des températures ou l’intensité de certains aléas climatiques engendrent un stress thermique qui favorise la fatigue, voire l’épuisement. Elle accroît les risques d’accident de travail, notamment dans les petites entreprises, où la gestion préventive des risques est souvent moins développée que dans les grandes entreprises.
L’altération des capacités cognitives et physiques des travailleurs liée à la chaleur a un coût économique. Même si ce coût est encore mal évalué, les années ayant connu de fortes vagues de chaleur auraient eu un coût estimé entre 0,3% et 0,5% du produit intérieur brut (PIB) européen. À l’échelle mondiale, l’exposition à la chaleur occasionnerait plus de 650 milliards d’heures de travail perdues par an (soit l’équivalent de 148 millions d’emplois à temps plein).
En France, si les pertes économiques enregistrées restent en moyenne plus faibles que celles des pays du Sud, les projections climatiques à horizon 2055-2064 anticipent une baisse d’environ 1,5% du PIB. À l’horizon 2080, les pertes de productivité pourraient même atteindre 3% en moyenne dans les régions du sud de la France (voire 8% dans le scénario le plus pessimiste).
Les secteurs les plus touchés par le réchauffement
Les travailleurs des métiers exercés en extérieur, tels que les ouvriers du bâtiment et des travaux publics, du béton et de l’extraction, les maraîchers, jardiniers, viticulteurs agriculteurs et les éleveurs, sont surexposés au changement climatique. L'exercice de métiers en espace clos, aux conditions de travail déjà réputées pénibles, pourrait être rendu plus difficile, par exemple, pour les fondeurs, les soudeurs, les boulangers ou les cuisiniers.
Les 30 zones d’emploi qui subiraient l’augmentation la plus marquée de ces anomalies de chaleur se situent principalement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans les zones montagneuses de la région Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie pour la France métropolitaine. Elles abritent environ 7% des travailleurs du territoire métropolitain.
Globalement, France Stratégie constate que les réglementations qui protègent les travailleurs intègrent encore très peu la dimension environnementale, notamment lors des périodes de canicule. L'étude préconise en outre d'affiner la protection des travailleurs au regard de la diversité des réalités sociales, économiques, territoriales et environnementales.