Une étude publiée le 6 juillet 2023 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révèle dans quelle mesure "les automobilistes ajustent leur consommation de carburant aux variations de prix à court terme". Cette étude montre que l’augmentation des prix du carburant survenue en 2022 a induit une baisse des volumes achetés, malgré les remises instaurées par le gouvernement.
Prix du carburant : des fluctuations en 2022
Le déclenchement de la guerre en Ukraine (le 24 février 2022) a provoqué une forte augmentation des cours du pétrole et une hausse brutale des prix du carburant en mars 2022. Cette hausse a mis en difficulté de nombreux ménages dépendants de la voiture et contraints financièrement. Les remises à la pompe, destinées à compenser en partie cette hausse, ont affecté le prix du carburant, qui a :
- reculé sous l’effet d’une remise de 0,18 euro par litre toutes taxes comprises (TTC) effective dès le 1er avril 2022 ;
- augmenté en mai et juin 2022 puis décru ;
- chuté en raison d’une remise supplémentaire de 0,12 euro par litre au 1er septembre 2022 avant de remonter progressivement ;
- fluctué depuis le plafonnement des remises à la pompe à 0,10 euro par litre intervenu mi-novembre 2022 et leur suppression au 1er janvier 2023.
La hausse des prix du carburant fait baisser sa consommation
Lorsque les prix augmentent de 1%, les quantités de carburant achetées diminuent à court terme de 0,21% à 0,40%, d’après des analyses de données bancaires menées de septembre 2021 à janvier 2023. Cette baisse de volume est en moyenne de :
- 1,06% pour les "petits rouleurs", qui dépensent moins de 17 euros par mois en carburant ;
- 0,32% pour les "gros rouleurs" (plus de 120 euros de carburant par mois), dont font partie les habitants des zones rurales et périurbaines.
Variations de prix : des effets budgétaires, redistributifs, environnementaux
Si les prix des carburants étaient restés à leur niveau de janvier 2022 (avant le début de la guerre en Ukraine) :
- la facture des automobilistes aurait connu une hausse de 93 à 127 euros sur toute l’année 2022. Les ménages ruraux auraient vu leurs dépenses progresser de 127 à 160 euros, les périurbains de 107 à 133 euros et les urbains de 57 à 79 euros. Les remises à la pompe ont allégé :
- la facture annuelle moyenne des automobilistes de 51 à 81 euros,
- celle des 25% les plus aisés, qui ont davantage de frais de carburant, de 64 à 115 euros. Cela ne représente que 0,09% à 0,17% de leurs revenus, pour une facture annuelle d’environ 2 000 euros,
- celle des 25% les plus modestes de 29 à 48 euros (soit 0,26% à 0,42% de leurs revenus, pour une facture de près de 1 000 euros par an) ;
- l’empreinte carbone d’un ménage automobiliste aurait augmenté en moyenne de 66 à 128 kilogrammes de gaz carbonique (CO2). Mais la baisse de la consommation de carburant consécutive à la hausse des prix a réduit dans une certaine mesure l’empreinte carbone des ménages.