Le travail social est "un investissement majeur pour le bon fonctionnement de la société". Plus d’un million de professionnels interviennent chaque jour auprès d’une large partie de la population.
Le 5 décembre 2023, le Haut Conseil du travail social (HCTS) a rendu au gouvernement le Livre blanc du travail social, avec des préconisations pour repenser l’organisation et les conditions de travail mais aussi la conception et les pratiques du métier.
Le document s’inscrit dans la continuité de travaux précédents, des États généraux du travail social en 2013 jusqu’au Livre vert 2022 du travail social.
Une crise d'attractivité sans précédent
Difficultés de recrutement, forte rotation, désaffection des jeunes générations pour les formations... cette dégradation est une alerte sur "l’état d’urgence qui touche le secteur". Elle engendre une baisse de la qualité des accompagnements et du service rendu à la population.
Le Livre blanc précise d'ailleurs que :
- 71% des établissements du secteur rencontrent des difficultés de recrutement, 30 000 postes sont vacants dans le secteur ;
- les organisations professionnelles anticipent 150 000 départs à la retraite d’ici 2025
au sein des 35 000 établissements qui le composent ; - 90 000 salariés ont quitté le secteur en 2021 ;
- le secteur médico-social se caractérise par un nombre de journées de travail perdues du fait d'accidents de travail ou de maladies professionnelles (AT-MP) trois fois supérieur à la moyenne constatée pour l'ensemble des secteurs d'activité ;
- 21 millions de journées d’absence (toutes causes confondues) enregistrées en 2019 dans les établissements sociaux et médico-sociaux (+17% d’absentéisme par rapport à 2016).
14 grandes recommandations
La valorisation de ces métiers implique des mesures structurelles et un choix politique de société, souligne le Livre blanc qui recommande notamment :
- la revalorisation des salaires, qui ont connu une évolution très faible depuis le début des années 2000, sans rapport avec l’inflation ;
- l'engagement d'une concertation sur la question des ratios d’encadrement pour limiter le nombre maximum de personnes accompagnées par équivalent temps plein ;
- une reflexion sur l’accompagnement des personnes en réhabilitant la notion de temporalité et en distinguant quatre temps : celui de l’accueil, de l’écoute, de l’accompagnement et de la coopération ;
- la réaffirmation des fondamentaux du travail social en promouvant les démarches "d'aller vers" (meilleur maillage territorial des maisons France service) ;
- l'organisation de la communication autour des métiers du social en diffusant une information accessible sur les emplois et les trajectoires possibles auprès des acteurs de l’orientation ;
- le développement de réponses à long terme sur les transitions numériques, démographiques et écologiques.