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© Léna Constantin - stock.adobe.com

Retraites : un système "durablement en déficit" selon le rapport 2024 du COR

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Le Conseil d'orientation des retraites (COR) produit des rapports sur la soutenabilité financière du système de retraite, à court et moyen terme. Son rapport 2024 prévoit des déficits dès cette année et pour toute la période de projection étudiée (jusqu'en 2070).

Remis le 13 juin 2024, le rapport sur les évolutions des retraites en France se propose "d’éclairer la viabilité financière de notre système de retraite". Il en ressort qu'à partir de 2024, et jusqu'en 2070, aucun retour à l'équilibre du financement des retraites n'est attendu.

Jusqu'alors, le COR présentait quatre scénarios bâtis sur des hypothèses d'évolution de variables clés (taux de croissance, de chômage, productivité…). Le COR modifie cette année la façon d’analyser les résultats de ses projections : il décrit un "scénario de référence". Il s'agit d'un "choix politique" assumé, le rôle du COR étant "la construction [d'un] diagnostic partagé", propre à éclairer la décision publique.

Des prévisions financières dégradées

À l'horizon 2030, en dépit du report à 64 ans de l'âge de départ à la retraite, le rapport du COR 2023 prévoyait un déficit du système de retraite à hauteur de 0,2% du PIB. Or, le déficit serait finalement de 0,4% du PIB, soit -5,8 milliards d'euros (Md€), du fait notamment de dépenses non anticipées (revalorisation des pensions : Agirc-Arrco et régimes de base) et de prévisions macroéconomiques dégradées.

Dans le scénario de référence, le déficit serait constant. Il s'établirait à -0,8% du PIB en 2070.

Les projections financières sont cependant très sensibles aux évolutions démographiques et économiques à venir, "à bien des égards incertaines".

La situation financière serait très différente selon les régimes. Les régimes de base des salariés du privé, le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), les régimes de la fonction publique et les régimes spéciaux "connaîtraient des besoins de financement". Les déficits de la CNRACL (fonctions publiques territoriale et hospitalière) seraient particulièrement aigus. En revanche, les régimes complémentaires des salariés du privé et celui des non-salariés hors indépendants seraient excédentaires.

Des ressources qui baissent plus vite que les dépenses

Si les dépenses reculent sur longue période (13,4% du PIB en 2023, 13,2 % en 2070), "les ressources diminuent plus encore" (13,6 % du PIB en 2023, 12,4 % en 2070).

Les dépenses par rapport au PIB constituent un indicateur "déterminant" pour évaluer la "soutenabilité financière du système". À 13,4% du PIB en 2023, elles "pèsent" 380 Md€, soit 23,6% des dépenses publiques. Depuis 2002, "une grande partie de l'augmentation" de celles-ci s'explique par l'évolution des dépenses de retraites.

Le rapport prévoit une légère diminution des dépenses à l'horizon 2070, en dépit du vieillissement démographique : ses effets seraient atténués par un âge de départ qui passerait de 62,6 ans en 2021 à 64,5 ans à partir des années 2040. 

Le niveau de vie des retraités augmenterait moins que celui des actifs : il serait de 83% en 2070 contre 98,7% en 2021, ce qui conduirait, soit à davantage d'épargne en carrière, soit à un départ volontairement plus tardif en retraite.

Sur les 384 Md€ qui composent, en 2023, les ressources du système de retraite, seuls 257 Md€ sont financés par des cotisations : interviennent également, par exemple, des contributions et subventions visant à assurer l'équilibre des régimes déficitaires. Ainsi le rapport "permet d’alerter sur le besoin de financement des régimes ne bénéficiant pas de subventions d’équilibre". L'État équilibre près d'un quart des dépenses de l'ensemble du système de retraite.