Les demandes d’hébergement émanent du 115, le numéro d’urgence pour les sans-abris. C'est sur cette base qu'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) ont réalisé un baromètre de l'hébergement d'urgence ciblé en particulier sur le cas des familles avec de jeunes enfants, dans le contexte de la rentrée scolaire.
Les mères isolées davantage exclues du logement
Pour 59% des demandes d'hébergement au 115, il s’agit de personnes en famille et, parmi elles, 31% sont des femmes seules avec enfants. Les chiffres confirment que les mères isolées sont plus touchées par la pauvreté et l’exclusion liée au logement.
Selon le baromètre 2024, 2 043 enfants sont restés sans solution d'hébergement au soir du 19 au 20 août. Ce chiffre ne prend pas en compte :
- les familles ayant renoncé au 115 après plusieurs échecs ;
- les demandes émanant de mineurs non accompagnés sans abri (1 067 cas selon la Coordination nationale des jeunes exilés en danger).
La région Île-de-France concentre le plus grand nombre de cas de familles sans solution d'hébergement à la rentrée mais d’autres régions sont concernées : l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est, l’Occitanie ou la région Provence Alpes-Côte d’Azur.
Les causes qui conduisent à ces situations sont multiples :
- départs précipités d’un logement ;
- refus d’orientation vers des solutions d’hébergement jugées inadéquates par les familles ;
- fin d’une prise en charge par les services sociaux après passage par un "sas d’hébergement" (accueil en famille par des particuliers, hébergement momentané dans d’autres régions…).
Focus sur les enfants de moins de 3 ans
Le 6e baromètre "Enfants à la rue" décompte 8 333 enfants de moins de 3 ans hébergés à l’hôtel dans la nuit du 19 au 20 août 2024 ; 467 enfants restés sans solution d’hébergement après une demande de leur famille au 115 (+27% par rapport à l’année 2022) ; 370 enfants dormant dans la rue à la veille de la demande au 115.
Quelles politiques publiques ?
Unicef France et FAS s’inquiètent de la baisse, en 2024, du budget consacré à l’hébergement d’urgence (-100 millions d’euros par rapport au budget précédent) dans un contexte de "crise du logement et de recul de la production et des attributions des logements sociaux."
Ils craignent également que la loi du 27 juillet 2023, dite loi "anti-squat", ne renforce le nombre de familles sans-abris.
Certaines initiatives sont saluées comme le Plan logement d'abord lancé en 2018 et renouvelé en 2023 et le Pacte des solidarités, présenté en septembre 2023. Mais elles sont considérées comme "de trop court terme", pour la première, et "incomplète et sans financement garanti" pour la seconde.
Les auteurs du baromètre formulent neuf recommandations auprès des pouvoirs publics, dont :
- une action sur les dysfonctionnements des politiques publiques ayant un impact sur le sans-abrisme ;
- une loi de finances garantissant a minima le maintien de la capacité du parc d’hébergement ;
- une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement ;
- un diagnostic social conduisant à une solution de relogement en cas d’expulsion d’un lieu de vie ;
- une réforme de la procédure de premier accueil des mineurs non accompagnés.
