L’étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du 4 septembre 2024 a porté sur les cinq régions qui concentrent 71% de la facture énergétique industrielle. Ces régions accueillent des industries fortement consommatrices d'énergie (métallurgie, chimie, agroalimentaire, verre, carton, papier), qui ont diversement ressenti l'effet de la hausse des prix.
Des secteurs industriels plus énergivores que d'autres
La cartographie régionale de la consommation d’énergie par secteurs industriels permet de distinguer les régions qui ont été le plus affectées par la hausse des prix de l’énergie : Hauts-de-France (+20%), Grand-Est (+17%), Auvergne-Rhône-Alpes (+13%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (11%) et Normandie (+10%).
Ces cinq régions représentent 46% de l’emploi industriel national précise l’Insee.
On distingue les conséquences de la hausse des prix en fonction des secteurs industriels et des types d'énergies nécessaires dans le processus de fabrication :
- l’agroalimentaire et la production de minéraux non métalliques (verre, ciment...) sont les secteurs les plus impactés, avec un triplement du prix du gaz entre 2019 et 2022, source d’énergie indispensable pour le processus de chauffage ;
- la chimie et la production de papier ou de carton subissent une augmentation de 169% du prix de la vapeur ;
- la métallurgie est moins durement touchée, avec une hausse de 75% du prix de l’électricité et de la houille.
À l’échelle nationale, la chimie et la métallurgie représentent près de la moitié de la consommation énergétique industrielle, précise la note.
Le poids de ces secteurs industriels dans le bassin d’emploi régional est variable : il est central dans certaines communes comme Saint-Dié-des Vosges (fabrication de papier, de carton et de verre) mais beaucoup plus faible par exemple en région Auvergne-Rhône-Alpes, rapporté à l’économie locale.
Quelles stratégies d'adaptation ?
L’impact de la hausse des coûts de l’énergie dépend également de la capacité des industriels à faire baisser le prix unitaire en fonction de la quantité d’énergie achetée. Des écarts de un à quatre sur les prix du mégawattheure pour le gaz naturel ont été observés.
Les évolutions de prix dépendent également de la nature des contrats entre le fournisseur d'énergie et l'industriel, selon que le prix soit indexé ou fixe. Les grandes industries fortement consommatrices de gaz ont davantage subi le renchérissement des prix de l'énergie, le prix du gaz étant le plus souvent indexé sur le prix du gros.
En réponse à ces hausses, différentes stratégies d’adaptation ont été déployées par le secteur industriel, parmi lesquelles :
- la hausse du prix de vente du produit final (52% des entreprises) ;
- la réduction des marges bénéficiaires (45% des entreprises) ;
- la réduction de l’activité (notamment dans la métallurgie et la fabrication de produits non minéraux) ;
- l’investissement dans de nouvelles méthodes de production, pour des économies à plus long terme (29% des entreprises, en particulier dans la chimie et l’industrie du papier et du carton).