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© Darren Baker - stock.adobe.com

Enfants d'immigrés : un "sentiment de discrimination" persistant

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Les descendants d’immigrés ont en général un niveau de vie, d’études et des conditions de logement plus favorables que les immigrés. Cette progression sociale est moins marquée pour les personnes originaires de pays non européens, notamment d’Afrique, de Turquie ou du Moyen-Orient, qui se disent aussi davantage victimes de discriminations.

Un éclairage contenu dans l’édition 2024 de l’ouvrage France, portrait social, publiée le 21 novembre 2024 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), analyse le sentiment de discrimination éprouvé par des immigrés et leurs descendants en 2019-2020.

L’origine géographique, principal facteur de discrimination

Parmi les 18-59 ans, 25% des descendants d’immigrés et 24% des immigrés ont connu des traitements inégalitaires ou discriminatoires durant les cinq dernières années. C’est le cas de 26% des immigrés nés hors d’Europe et de 19% de ceux nés en Europe. L’écart se creuse à la génération suivante : 13% des descendants d’immigrés d’origine européenne rapportent de telles expériences, contre 34% de ceux d’origine asiatique et africaine.

Le risque de subir des discriminations est accru chez les immigrés et descendants d’immigrés :

  • d’origine extra-européenne, surtout maghrébine (risque multiplié par 2,1 par rapport aux origines européennes) et d’autres pays africains (risque multiplié par 2,9) ;
  • de religion musulmane ;
  • en mauvaise santé ;
  • diplômés du supérieur ;
  • au chômage ;
  • de 18 à 29 ans.

Les femmes qui descendent d’immigrés européens déclarent 2,5 fois plus souvent des discriminations que les hommes de même origine. Le genre n’a pas d’effet pour les autres descendants d’immigrés ni pour les immigrés.

Les différences de profils sociodémographiques entre générations n’expliquent que 40% de la hausse des discriminations chez les descendants d’immigrés non européens, et une part résiduelle de la baisse vécue par les descendants d’immigrés européens.

L’exposition aux discriminations diffère dès l’enfance

19% des descendants d’immigrés d’Afrique et d’Asie ont connu des discriminations à l’école, contre 8% de descendants d’immigrés européens. 15% des descendants d’immigrés maghrébins en ont subi en matière d’orientation, de même que 14% de ceux des autres pays d’Afrique et 12% de ceux de Turquie ou du Moyen‑Orient.

45% des descendants d’immigrés non européens ont déjà été la cible de propos ou de comportements racistes, contre 22% des descendants d’immigrés européens. L’expérience du racisme augmente nettement entre la première et la deuxième génération pour ceux qui ne sont pas d'origine européenne.

Le sentiment de déni de l’identité française

Les immigrés se sentent plus souvent tenus à distance de la communauté nationale par le regard des autres que les descendants d’immigrés :

  • 8% des descendants d’immigrés européens estiment ne pas être vus comme des Français, contre 40% des immigrés de même origine ;
  • 29% des descendants d’immigrés non européens le pensent également, dont 34% des descendants d’Afrique hors Maghreb (contre 48% des immigrés de même origine) et 30% de ceux issus du Maghreb (43% pour la première génération).

Les descendants d’immigrés non européens affirment qu’on leur demande plus fréquemment leur origine. Selon l'Insee, ce renvoi à leurs origines et le sentiment de se voir nier la qualité de Français renforcent leur "vécu discriminatoire".