La Cour des Comptes a, le 27 novembre 2024, publié ses observations sur la lutte contre les trafics de stupéfiants. Celle-ci coûte chaque année 1,8 milliard d’euros à l’État. C'est peu, à côté des 3,5 milliards d’euros de bénéfices générés par les narcotrafiquants français.
L'Office anti-stupéfiants (Ofast)
L’Office anti-stupéfiants est une unité spécialisée rattachée à la direction centrale de la police judiciaire. Il est créé par un décret du 26 décembre 2019. Depuis cette date, son budget a augmenté de près de 51% et ses effectifs ont doublé.
Le narcotrafic touche une part de plus en plus large du territoire
Circonscrit encore à environ 10% du territoire, "le trafic s’étend" et se professionnalise, souligne la Cour.
Le plan anti-stupéfiants 2019-2024 contenait six objectifs :
- amélioration de la connaissance des trafics ;
- intensification et rationalisation des activités de terrain ;
- accroissement de la lutte contre l’économie souterraine et les circuits de blanchiment du trafic de stupéfiants ;
- renforcement de la saisie des avoirs criminels ;
- développement de la coopération internationale ;
- renforcement des capacités des services.
Or, le suivi du plan de lutte contre le trafic de drogue 2019-2024 n’est plus assuré à "haut niveau" depuis l’été 2022 et certaines des priorités du plan ont été insuffisamment mises en œuvre.
Le rapport pointe toutefois des évolutions, parmi lesquelles :
- la stratégie du harcèlement des points de deal qui a porté ses fruits à court terme avec un tassement des activités même si cet effet s'estompe peu à peu ;
- la lutte anti-blanchiment, objectif prioritaire, qui manque néanmoins d’enquêteurs spécialisés ;
- le nombre de cyber-enquêteurs qui reste faible face à l’importance des nouvelles modalités de vente de stupéfiants, "37% des achats se faisant via internet et les réseaux sociaux".
Face à ce constat, le nouveau plan de lutte contre le trafic de stupéfiants en cours d'élaboration "nécessitera un pilotage plus resserré" estime la Cour.
Une forte hausse des enquêtes judiciaires pour corruption
Les profits générés par le trafic de stupéfiants permettent aux criminels d'exercer une "influence corruptrice" avec des formes variées. Cette corruption s'exerce aussi bien au sein des agents publics que des entreprises privées.
Le rapport cite les dockers, les agents des douanes, les forces de l'ordre, les magistrats et leurs auxiliaires, le personnel pénitentiaire, mais aussi des agents municipaux mis à contribution pour stocker les stupéfiants dans des bâtiments publics.
Une consommation importante avec une offre diversifiée
Si le cannabis est la première drogue consommée en France (900 000 consommateurs en 2019 contre 550 0000 en 2010), la consommation de cocaïne a triplé en douze ans. Quant à la consommation d'héroïne, elle est restée stable avec une forte concentration dans les territoires du nord-est du pays du fait de la proximité des Pays-Bas. Enfin, le marché des nouveaux produits de synthèse est dynamique et ces produits connaissent un fort développement.