Dans un rapport paru le 28 janvier 2025, le Conseil général de l'alimentation de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) considère que les terres agricoles délaissées sont "un angle mort des politiques foncières". Pourtant, elles se trouvent au cœur de nombreux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et politiques, aux intérêts souvent contradictoires.
Parmi les principales causes d'abandon des terres agricoles, le rapport cite notamment :
- l'agrandissement des exploitations (parcelles trop éloignées du siège de l'exploitation) ;
- la fiscalité défavorable du foncier agricole ;
- la perte d’attractivité des métiers de l’agriculture.
Mieux connaître les terres agricoles délaissées en vue de leur valorisation
Selon le CGAAER : "l'évaluation nationale des terres agricoles abandonnées est difficile en raison de la disparité des sources de données, souvent divergentes, et de l’absence de travaux récents sur cette question."
Le Conseil plaide ainsi pour la réactivation de l’Observatoire national des espaces naturels, agricoles et forestiers (OENAF) qui permettrait un pilotage plus documenté au niveau national (les espaces forestiers doivent aussi être pris en considération car la plus grande partie des terres agricoles abandonnées se transforme progressivement en espaces forestiers plus ou moins sauvages).
Il y a tout intérêt à intégrer l’abandon des terres agricoles dans la gestion du foncier, que cela soit dans le cadre :
- de la politique du "Zéro artificialisation nette" (ZAN) ;
- des arbitrages fonciers en faveur de la biodiversité ;
- du maintien de la souveraineté alimentaire.
Quatre scénarios à l’horizon 2050 pour orienter les politiques publiques
Au cours des prochaines années, l’abandon des terres agricoles devrait se poursuivre au moins au même rythme qu’actuellement, notamment à cause :
- de la baisse du nombre d’animaux élevés (en particulier les ruminants) conduisant à une réduction des surfaces dédiées à la production de lait et/ou de viande ;
- des perspectives défavorables d’installation dans le secteur de l’élevage (plus d’une exploitation agricole sur trois sans successeur).
Le CGAAER a élaboré quatre scénarios à l’horizon 2050 sur l'abandon des terres agricoles :
- "Bataille de l'eau" avec un usage des terres agricoles directement impacté par de très fortes tensions sur la ressource en eau et les conflits d'usage ;
- "Mosaïques territoriales" avec une grande diversité d’usages et de productions agricoles et/ou forestières à l'échelle des territoires ;
- "Vive la renaturation !" avec un priorité donnée à la renaturation (restauration de la biodiversité et réduction des émissions de gaz à effet de serre) ;
- "Pacte productif" avec la valorisation de toute les terres, sans en laisser à l'abandon, pour assurer la souveraineté alimentaire et énergétique de la France.
Selon les termes du CGAAER, "cet exercice de prospective conclut d’abord à l’urgence à mettre explicitement cette question des terres abandonnées (demain convoitées ?) à l’agenda politique pour anticiper, accompagner, favoriser les transitions."