L’étude publiée le 6 février 2025 par le HCFEA pointe une dégradation de plusieurs indicateurs de santé mentale des enfants et adolescents depuis la crise sanitaire de 2020 ainsi qu'un manque d’accompagnement des parents qui rencontrent des difficultés pour gérer les problèmes psychologiques de leurs enfants.
Ce rapport intervient alors que le Gouvernement a désigné, jeudi 11 octobre 2024, la santé mentale comme Grande cause nationale pour l’année 2025.
Hausse de la consommation de médicaments chez les moins de 19 ans depuis le Covid-19
En 2021, à la suite de l’épidémie de Covid-19, la consommation de médicaments psychotropes chez les 0-19 ans a augmenté de 16% pour les anxiolytiques, de 224% pour les hypnotiques, de 23% pour les antidépresseurs et de 7,5% pour les antipsychotiques. La crise sanitaire n'est toutefois pas la seule responsable. Entre 2010 et 2023, le nombre de prescriptions annuelles par patient augmente pour les hypnotiques (+137%), les antidépresseurs (+88%), les antiépileptiques (+62%), les neuroleptiques (+50%) et les psychostimulants (+40%).
Outre les symptômes anxieux, de nombreux élèves présentent aussi des symptômes dépressifs : manque d’énergie, tristesse, sentiment de découragement, sentiment d’inutilité. Chez les lycéens, 24% déclarent des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, 13% affirment avoir déjà fait une tentative de suicide (TS) et 3% ont été hospitalisés après une TS.
Seulement 59% des collégiens et 51% des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental. Ce niveau diminue au fil de la scolarité.
Sur la période 2018-2022, les collégiens et lycéens ont globalement connu une dégradation de leur santé mentale, plus marquée chez les filles.
Développer d'autres moyens et accompagner des parents
Le HCFEA constate à la fois une augmentation de la demande et un déficit chronique de l’offre de soins. Le rapport insiste sur des délais d’attente déraisonnables en pédopsychiatrie.
Une prise en charge globale des enfants et un meilleur accompagnement des familles nécessitent une approche pluridisciplinaire et interprofessionnelle. Cette approche requiert un engagement renforcé des pouvoirs publics et une dotation de moyens humains, institutionnels, de formation et de recherche conséquente. Elle implique de lutter contre l’éclatement du parcours de soins et d’intégrer l’environnement immédiat de l’enfant dans la démarche préventive.
La France souffre aussi d’un déficit d’accompagnement des parents. Les dispositifs de soutien à la parentalité demeurent très dispersés et mal connus. Ils ne touchent que 10% à 15% des familles. Les parents se sentent parfois exclus de la prise en charge de l’enfant et pas toujours écoutés.