Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l'organisation des élections en France a été déposé le 28 mai 2025. Les travaux parlementaires ont abouti à un rapport de plus de 500 pages, comportant 115 recommandations dans différents domaines concernant la mobilisation des électeurs pour le vote, l'organisation des élections, la protection de l'information électorale et l'intégrité du scrutin, ou encore la régulation des sondages.
L'abstention, "un phénomène massif, durable et inquiétant"
Le rapporteur de la commission d’enquête évoque les différents facteurs qui ont pu favoriser l'augmentation de l’abstention constatée de 2002 à 2022 :
- les difficultés administratives, dans certaines situations qui peuvent conduire à une non-inscription, à une mal-inscription voire à une radiation, et qui affectent plus particulièrement les populations les plus jeunes et les plus pauvres ;
- une défiance à l'égard du régime représentatif, qui s’inscrit dans une dynamique internationale de remise en cause du suffrage universel comme mécanisme exclusif d'expression de la volonté démocratique ;
- une perte d’influence des canaux traditionnels d’information tandis que des mécanismes d’information plus "opaques" se développent.
La commission s’est attachée aux autres déterminants comme la nature de l’élection (locale, nationale, européenne…), l’âge des électeurs, leur statut social (lieu de vie, situation professionnelle). Sur ce dernier point, elle relève des écarts de taux de participation significatifs selon les catégories sociales concernées (avec notamment une progression de l’abstention chez les ouvriers et les non-diplômés).
Opacité des sondages, ingérences étrangères, implication des acteurs économiques...
Une large partie du rapport est consacrée à d'autres facteurs pouvant influer sur le cours des élections dont la production abondante de sondages. Selon le rapport, les analyses et les réponses fournies à la commission concernant l'interprétation des sondages ont semblé parfois peu explicites.
Le système d’encadrement des médias assuré par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) remplit sa fonction de garant du pluralisme, mais le rapporteur observe que les débats politiques sur les plateaux relèvent plus souvent de la "mise en scène" que de la "mise en perspective".
Deux vulnérabilités majeures alertent particulièrement les rapporteurs :
- les ingérences étrangères (étoiles de David, mains rouges...), de plus en plus fréquentes, qui visent à produire de la confusion dans l’information et dans les débats, et qui sont accentuées par des "failles médiatiques" ;
- le financement "para-politique" (sélection de candidats, mise à disposition d’outils technologiques, renforcement de la présence dans les médias) de la part d’acteurs économiques animés par des "finalités de positionnement idéologiques ou stratégiques".
Sur ce dernier point, la commission suggère de mettre en place une commission d'enquête consacrée spécifiquement au projet Périclès initié par Pierre-Édouard Stérin dont l'objectif assumé est la victoire électorale de certains courants politiques sur le long terme, "le tout adossé à une projection budgétaire de 150 millions d'euros sur dix ans".