Le nombre de personnes sans-abri en France est estimé à environ 350 000. Dans le budget de l'État, le programme 177 (P 177) est consacré à la politique d'hébergement et d'accès au logement qui vise à garantir une réponse aux personnes les plus vulnérables. L'Inspection générale des finances (IGF), l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l’administration (IGA) ont réalisé une première revue des dépenses consacrées à l’hébergement d’urgence. Leur rapport a été publié en juillet 2025.
Un nombre de places d'hébergement stable depuis 2021
Le programme 177 est piloté par la délégation interministérielle à l'hébergement et au logement (Dihal). Il finance le parc dit généraliste. L'hébergement généraliste est régi par deux principes législatifs inscrits au code de l'action sociale et des familles (CASF) :
- l'inconditionnalité (art. L. 345-2-2 du CASF) ;
- la continuité de l'accueil des personnes sans abri et en situation de détresse (art. L. 345-2-3 du CASF).
En 2024, l'État finance un total de 320 000 places dont 203 000 dans le parc généraliste. Le parc généraliste comprend trois types d'établissements :
- les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), qui sont des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) (51 707 places en 2024) ;
- les autres centres d’hébergement, qualifiés "d’hébergements d’urgence hors CHRS" (HU hors CHRS), de "centres d’hébergement d’urgence" (CHU) ou de "résidences hôtelières à vocation sociale" (RHVS) (85 435 places en 2024) ;
- les nuitées hôtelières, achetées par les opérateurs d’hébergement auprès d'hôteliers privés pour une moyenne de 64 213 nuitées chaque soir en 2024.
Le rapport note que le nombre de places du parc d'hébergement généraliste est stable depuis 2021 alors que le nombre de demandeurs d'hébergement a augmenté de 49% sur la même période. En moyenne, chaque jour, 61% des demandes d'hébergement ne sont pas satisfaites.
Le rapport s'intéresse aussi au dispositif national d'accueil destiné aux demandeurs d'asile qui relève du programme budgétaire 303. Ce parc comprend cinq types de structures et propose 121 000 places.
Si le nombre de places est stable, les crédits budgétaires alloués à l'hébergement ont progressé, notamment pour faire face à l'évolution des besoins et à des phénomènes locaux de saturation.
Une prise en charge limitée
Malgré un cadre juridique protecteur, l'hébergement généraliste est soumis à des insuffisances qui compromettent la prise en charge intégrale des demandeurs d'hébergement :
- une sous-budgétisation récurrente du P 177, la gestion du parc d'hébergements ayant dû s'adapter à de nombreux facteurs externes (accueil de réfugiés ukrainiens, mise à l'abri des personnes sans domicile lors des jeux Olympiques, revalorisations salariales décidées dans le cadre du Ségur de la santé…) ;
- l'inadéquation entre l'offre d'hébergement et les besoins effectifs des publics sans domicile causée par l'absence de données exhaustives sur les profils des publics, ce qui créée une insuffisance structurelle ;
- le manque de coordination et de lisibilité d'actions des services intégrés d'accueil et d'orientation (SIAO) ;
- la variabilité des coûts des nuitées hôtelières en fonction du marché ;
- la répartition territoriale inégale du taux d'occupation du parc (certains départements sont sur-occupés tandis que d'autres ont des places vacantes).