Image principale 1
Image principale 1
© Zawinul / Stock-adobe.com

La jeunesse française vit-elle mieux ou moins bien que celle d'hier ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Éducation, emploi, logement, patrimoine… Une note du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan apporte un éclairage sur le sentiment de déclassement des jeunes Français, qui estiment vivre moins bien aujourd’hui que leurs parents et grands-parents.

En 2024, 73% des Français considèrent que "c’était mieux avant", dont 67% des moins de 35 ans. Cette idée s’est imposée dans le débat public. Elle traduit à la fois un sentiment de déclassement, de désillusion face au présent et d’inquiétude pour l’avenir. Mais qu’en est-il vraiment ? 

Une note publiée en octobre 2025 par le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan tente d’éclairer cette question en comparant la situation des jeunes d’aujourd’hui à celles de leurs aînés il y a 50 ans.

Le logement, un facteur majeur de déclassement intergénérationnel

Trois domaines en particulier nourrissent le sentiment de déclassement des jeunes d’aujourd’hui : le diplôme, le patrimoine et le logement. 

En 2023, plus d'un jeune sur deux est diplômé du supérieur alors qu'ils étaient un sur cinq dans les années 1970. Si ces diplômes sont devenus presque incontournables pour entrer sur le marché du travail, leur valeur s’est érodée, en particulier pour les emplois intermédiaires. L’élévation du niveau de diplôme a été plus rapide que l'évolution de la structure des emplois. En 2024, 15% des jeunes actifs jugent leurs compétences supérieures à ce qui est attendu sur leur poste. 

L’insertion professionnelle est aussi devenue plus difficile : les jeunes entrent plus tard dans la vie active et sont plus exposés au chômage et aux emplois précaires (CDD, intérim...). En 2023, seuls 35% des moins de 25 ans ont un emploi, et parmi eux, 43% disposent d’un poste stable (CDI ou fonction publique), contre 75% en 1982. Cela s'explique par un contexte économique moins favorable que dans les années 1970 (faible croissance, taux de chômage élevé...).

En 50 ans, le patrimoine s’est fortement concentré entre les mains des générations les plus âgées. Cette concentration est due, d'une part, au recul de l’âge moyen des héritiers, passé de 43 ans dans les années 1980 à 52 ans en 2020, et par la difficulté croissante pour les jeunes d’accéder à la propriété. Là où il fallait une dizaine d’années de remboursement d'emprunt pour acquérir un logement en 1975, il faut désormais 23 ans en 2025. Plus globalement, l'accès au logement joue un rôle central dans le déclassement que ressentent les jeunes actifs d'aujourd'hui. L’effort financier des locataires a plus que doublé entre 1975 et 2025.

Les jeunes actifs gagnent mieux leur vie que leurs aînés

Par rapport à leurs aînés, les jeunes d'aujourd'hui ont vu leurs conditions de vie s’améliorer dans plusieurs domaines. Le salaire d’un jeune en premier emploi est actuellement plus de 10% supérieur à celui d’un jeune salarié de 1975, même en tenant compte de l'inflation. L’écart salarial entre les femmes et les hommes a été divisé par deux entre le début des années 1980 et aujourd’hui.

Le temps de travail annuel des Français a également diminué de 17% en moyenne pour s'établir à 1 592 heures en 2024. Cependant, les horaires atypiques de travail (de nuit ou le dimanche), se sont généralisés, et le rythme de travail s'est intensifié. Les générations actuelles travaillent moins d’heures au cours d’une année, mais aussi sur l'ensemble de leur carrière, et ce malgré l’allongement de la durée d’assurance requise pour percevoir une retraite à taux plein. 

Les jeunes d’aujourd’hui bénéficient de davantage de temps pour eux. Le temps consacré aux activités professionnelles et domestiques a reculé, laissant plus de place aux loisirs. Le "temps libre" a ainsi augmenté de 1 heure 20 par jour entre 1974 et 2010.