Dans un contexte de risques liés au développement de bactéries de plus en plus résistantes pouvant conduire à l'antibiorésistance, le rapport de Santé publique France (SPF), publié le 17 novembre 2025, souligne que la France s’éloigne des objectifs de réduction des prescriptions d’antibiotiques.
Prescriptions et consommations en hausse depuis la pandémie de Covid-19
Pendant la pandémie de Covid-19, en raison des difficultés d'accès aux soins et des mesures instaurées durant la pandémie, le niveau de prescription était plutôt faible, indique Santé publique France. Mais il atteint désormais, en 2024, un chiffre équivalent à celui d'avant la pandémie restant toutefois inférieur à 2014.
SPF déplore pourtant que la France se hisse désormais à la deuxième place des pays européens les plus consommateurs d'antibiotiques avec 22,1 doses définies journalières (DDJ) pour 1 000 habitants.
Une recrudescence en 2024 non sans conséquences : en effet, l'objectif cible de la stratégie nationale est d'atteindre 650 prescriptions pour 1000 habitants par an d’ici 2027, au lieu des 860 pour 1000 observées. Quant aux objectifs européens, ils préconisent une réduction de 27% de la prise d'antibiotiques d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de référence.
Qui consomme le plus ?
Cette hausse des prescriptions s’est produite notamment chez les enfants au troisième trimestre 2024. Selon le rapport, cela ne justifiait pas pour autant la prise d'antibiotiques, malgré la circulation de maladies infectieuses virales. Cette augmentation est également marquée chez les seniors de 65 à 79 ans et chez les plus de 80 ans, avec respectivement 1 010 et 1 202 prescriptions pour 1 000 habitants en 2024.
Les femmes consomment aussi davantage d’antibiotiques que les hommes. En 2024, elles représentaient 54,7% des DDJ et 51,8% des prescriptions, alors qu’elles ne constituent que 51,6% de la population.
Au niveau géographique, d’importantes disparités existent entre les régions, liées notamment aux différences d'accès aux soins et aux caractéristiques sociodémographiques propres à chaque territoire. la Corse et Provence-Alpes-Côte d'Azur sont les régions où les prescriptions et la consommation d'antibiotiques sont les plus élevées, tandis que les Pays de la Loire, la Bretagne, l'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Outre-mer présentent les niveaux les plus faibles.
Pour comprendre cette hausse, le rapport de SPF conclut à un retour aux habitudes de consultation et à une circulation plus importante des infections saisonnières après la pandémie de Covid-19. 2024 a été marquée par une grippe plus intense, qui a pu entraîner une hausse des prises d’antibiotiques, 2024 ayant connu aussi une augmentation des cas de bronchiolite et de coqueluche.
