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Industrie de défense européenne (BITDE) : une structuration inadaptée au nouveau contexte géopolitique ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

La base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) a longtemps reposé sur une dimension d'intégration (Airbus, missiles MBDA) désormais insuffisante pour assurer une autonomie stratégique européenne. Le contexte géopolitique et économique, fortement instable, a changé. La mission d'information sur la BITDE du Sénat fait le point.

La base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) peut être définie comme "l'ensemble des acteurs impliqués dans la conception, le développement, la production, la maintenance et la modernisation des équipements de défense, au degré d'intégration variable, présents dans l'Espace économique européen, au Royaume-Uni et en Ukraine, disposant d'une capacité à investir et innover et de l'autorité de conception sur leurs produits".

Un rapport d'information du Sénat paru le 3 décembre 2025 décrit la BITDE comme "une ambition à muscler" dans un nouveau contexte géopolitique.

La BITDE : une réalité partielle et fragmentée

Dans la période de réduction drastique des budgets militaires qu'a connue l'Europe, notamment avant la guerre en Ukraine, les États ont privilégié de grands programmes pour mutualiser les investissements.

Le nouveau contexte tant géopolitique qu'économique invite, selon la commission sur la BITDE du Sénat, à privilégier de véritables projets industriels qui répondent aux attentes des États et de leurs armées, fondés sur des commandes nationales ou à l'exportation.

 

S'il existe bien un ensemble d'entreprises de défense qui contribuent à produire des équipements pour les armées européennes, parfois en coopération, la BITDE repose largement sur des industries nationales, en concurrence, sans confiance suffisante pour lancer des projets communs. La BITD française, la plus complète du continent, dispose d'une avance technologique sur plusieurs segments, notamment la dissuasion nucléaire.

Les rapporteurs estiment nécessaire d'agrandir le périmètre de la BITDE à d'autres États hors UE : Islande, Royaume-Uni, Norvège, Suisse, Ukraine, Turquie… tout en soulignant l'inexistence d'une BITD transatlantique au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

Quelles solutions pour renforcer la BITDE  ?

Le rapport suggère d'expliquer aux citoyens européens que la hausse des crédits consacrés aux armées en Europe, liée au contexte géopolitique, pourrait être un moteur économique dans un monde où les ruptures technologiques déterminent l'avenir des économies.

Les petites et moyennes entreprises (PME) ou de taille intermédiaire (ETI), dont le rôle est primordial, doivent faire l'objet d'un soutien accru.

Tout en préservant leur souveraineté, les perspectives de coopération sur la dissuasion nucléaire entre le Royaume-Uni et la France doivent être réexaminées.

Les structures de commandement européennes doivent être développées afin de faire converger les besoins des forces.

Selon le rapport, l'essor de la BITDE doit être repensé en vue :

  • d'une autonomie stratégique européenne ;
  • d'un éventuel engagement de haute intensité à l'Est de l'Europe ;
  • de la préférence donnée trop souvent par les États membres à des matériels américains, dans une période où l'engagement des États-Unis a changé de nature.

Du fait des difficultés rencontrées dans les grands programmes européens, notamment le chasseur de 6e génération SCAF ou le "char du futur" MGCS, le rapport suggère de réintroduire des logiques d'entreprise afin de répondre aux besoins opérationnels.

Initier des partenariats sur le continent, notamment dans les technologies de rupture (spatial, intelligence artificielle, quantique), en s'appuyant sur la spécificité des industries d'armement et le rôle facilitateur de l'UE, devrait renforcer la BITDE.

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