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Une colère médiatisée mais des opinions sociétales plus tolérantes

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Des débats plus agressifs aujourd'hui ? Une société française fracturée ? Une enquête du Crédoc montre, au contraire, que, sur de nombreuses questions, les opinions deviennent moins radicales qu'autrefois. Pourtant, dans les médias, l'intensité émotionnelle semble s'accentuer, donnant l'impression d'une société divisée.

Dans une enquête publiée en décembre 2025, le Centre de recherche pour l'étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) montre que les chaînes d'information en continu et les réseaux sociaux tendent à exacerber des émotions négatives, en rendant la contestation plus visible. En conséquence, 70% des personnes interrogées estimaient, en 2023, que le pays était plus divisé que par le passé alors que les enquêtes en sciences sociales montrent le contraire.

Des opinions sociétales moins polarisées

Les enquêtes mettent en évidence une augmentation nette de la tolérance sur de nombreux sujets sociaux. Par exemple, 77% des personnes interrogées se déclarent favorables au mariage homosexuel, contre 55% en 2007. De même, sur des questions comme l’euthanasie, le travail des femmes, ou encore le divorce, on observe une progression générale des opinions favorables.

Cette évolution ne se fait toutefois pas au même rythme selon les sujets. Pour l'avortement, il a fallu près de 30 ans pour passer de 40% à 60% d’avis favorables. À l’inverse, 12 ans ont suffi pour connaître une forte progression du soutien à l'adoption par des couples de même sexe.

Les clivages générationnels tendent aussi à se réduire. Les opinions des personnes âgées se rapprochent de celles des plus jeunes. En 2007, 75% des moins de 25 ans étaient favorables au mariage homosexuel, contre 21% des 70 ans et plus. En 2025, ces proportions atteignent respectivement 81% et 70%.

 

De nouvelles oppositions naissent aujourd’hui, notamment sur la gestation pour autrui (GPA) ou l'introduction d’un genre autre dans les papiers d'identité. Ces sujets restent sensibles, mais les débats sont globalement moins radicaux que par le passé.

Surreprésentation des émotions négatives

À partir de données observées par le Crédoc, on observe depuis 2019 une hausse marquée du registre émotionnel sur les chaînes d'information en continu. Le champ lexical du bonheur recule nettement, tandis que la tristesse, la peur et surtout la colère progressent fortement. Cette montée de la colère dans les médias, également repérée dans les discours des parlementaires à l'Assemblée nationale, participe à renforcer cette perception de division dans le pays.
 

 

Les réseaux sociaux ont aussi leur part de responsabilité. 64% des personnes interrogées estiment que les opinions les plus extrêmes y sont surreprésentées et qu’elles constituent une menace pour la démocratie. 

Pour comprendre ce sentiment de polarisation, le Crédoc évoque aussi un phénomène de "retour de bâton" (backlash). Après une longue période de progrès, certaines catégories de la population manifestent davantage de résistances. 

Ce mouvement, qui concerne principalement les jeunes hommes et les personnes peu diplômées, alimente l’impression que la société se fracture, alors qu'il s’agit surtout de personnes moins convaincues, et non d’une opposition massive.