La Cour des comptes a publié un rapport consacré aux soutiens publics aux zones non interconnectées (ZNI), le 27 novembre 2023. Les ZNI sont des territoires français situés hors de l'Hexagone qui ne sont pas raccordés au réseau électrique hexagonal.
Les six principales zones sont : la Corse, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion et Mayotte.
La production d'électricité dans les ZNI
À l’exception de la Corse (dont le réseau est interconnecté avec celui de la Sardaigne, lui-même relié au réseau italien continental), les ZNI doivent compter exclusivement sur leurs propres moyens de production électrique pour faire face à la consommation de leurs territoires.
Sauf dans les territoires où le potentiel d’énergies renouvelables est important et déjà développé, les ZNI sont presque totalement dépendantes de l’extérieur pour approvisionner leurs centrales en combustibles fossiles (fioul, charbon) et produire de l’électricité.
En conséquence, par rapport à celle de l’Hexagone, la production d’électricité dans les ZNI :
- est encore très carbonée ;
- a un coût systématiquement supérieur.
Dans certaines ZNI, la production assurée par les énergies renouvelables est plus élevée que dans l'Hexagone. En l’absence de ressources minières, les énergies renouvelables disponibles varient selon les territoires :
- biomasse (dont bagasse à partir de canne à sucre) ;
- rayonnement solaire (Corse, Antilles, La Réunion) ;
- énergie hydraulique (Guyane, Corse, La Réunion) ;
- énergie éolienne et géothermie (Guadeloupe).
Toutefois la composition du mix de production dans les ZNI a peu évolué depuis dix ans. Selon la Cour : "Cette lenteur s’explique par les délais inhérents aux investissements et au décalage inévitable entre les annonces, les décisions et le raccordement d’un site au réseau."
Anticiper le développement de la voiture électrique
Les ventes de véhicules électriques pour les particuliers ont quadruplé dans les ZNI entre 2019 et 2021. Les zones insulaires de petite taille sont particulièrement adaptées à l’autonomie réduite des véhicules électriques. Ce développement s'observe aussi dans des territoires de plus grande taille avec une multiplication des ventes :
- par dix, entre 2018 et 2021 en Corse (plus de 3 000 immatriculations/an) ;
- par cinq en Guyane, sur la même période.
Si l'augmentation du nombre de véhicules électriques dans les 10 ou 20 prochaines années ne présente pas un enjeu majeur en termes de besoin global d’énergie électrique, il fait peser un "risque sur le système électrique en termes de puissance appelée au moment du foisonnement des recharges".
Le pilotage de la recharge des véhicules électriques va donc constituer un enjeu important de la transition énergétique. La recharge pilotée permet de pondérer la puissance de la recharge pour recharger davantage de véhicules en simultané.
Une recharge massive des véhicules électriques non-pilotée engagée en fin de journée lorsqu'ils sont stationnés pour la nuit, aggrave fortement la pointe de consommation déjà existante.
D'après la Cour : "Il est inenvisageable de laisser le parc de véhicules électriques se développer à grande vitesse ces prochaines années, sur la lancée de ce qu’on observe actuellement, sans encadrer les modalités de recharge afin de soulager le réseau."