Tensions sur les effectifs et compétences dans l'industrie et dispositifs de formations associés

Pour lire les formats PDF et ePub vous avez besoin d’un lecteur adapté.

Alors que le pays s'engage depuis quelques années dans un mouvement de réindustrialisation, les tensions sur un large spectre de métiers industriels liés à France 2030 restent à un niveau très élevé, notamment pour les techniciens de maintenance et les ouvriers qualifiés, fonctions qui irriguent toutes les filières de production. Même si d'un point de vue quantitatif, la somme des publics en formation (jeunes en formation initiale, demandeurs d'emploi, publics en transition professionnelle, etc.) devrait permettre de couvrir les besoins en emplois nouveaux, que la mission d'inspection a estimé à environ 40 000, les tensions sur les métiers restent à leur niveau le plus élevé.

Il existe en effet une forte déperdition à l'issue des formations de tous niveaux menant aux métiers de l'industrie. Les apprentis, élèves et étudiants s'orientent vers d'autres débouchés. Les décalages entre l'offre de formation du bassin d'emploi et la demande des entreprises, le peu de mobilité géographique des personnes, l'insuffisante adéquation des flux d'individus en formation aux niveaux de qualification déficitaires, expliquent cette déperdition.
Mais l'image dégradée de l'industrie reste encore aujourd'hui le facteur déterminant, responsable de ce constat. Certes les programmes de découverte des métiers, le programme Avenir(s), la première campagne de communication inter-industrie menée par l'opérateur OPCO 2I, même si celle-ci reste notoirement insuffisante, peuvent changer cette image. Il faut penser à long terme, transformer la perception des métiers manuels et technologiques.

Le rapport propose d'introduire un enseignement de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) dès le primaire, à l'instar des pays asiatiques et anglo-saxons. Elle alerte également sur la nécessité de continuer à revaloriser le lycée professionnel, soutenir l'apprentissage notamment au niveau 4 et porter une attention particulière sur les enseignants ou formateurs pour garantir leur recrutement et leur formation continue.

Face à la superposition peu lisible des instances de connaissance et de pilotage des besoins en compétences industrielles, le rapport plaide, enfin, pour la nomination sur une durée déterminée d'une personnalité qualifiée. Sa mission serait d'inciter au dialogue les acteurs nationaux, régionaux, professionnels sur des outils de diagnostic, sur des instances de décision communes, en matière de formation initiale ou continue, sur les grands projets liés à France 2030 comme sur la réindustrialisation générale du pays.

INTRODUCTION 

1. LE PREMIER ENJEU POUR L’EMPLOI INDUSTRIEL EST LA RÉSOLUTION DES TENSIONS ACTUELLES DE RECRUTEMENT ET LE REMPLACEMENT DES DÉPARTS EN FIN DE CARRIÈRE 

1.1. Plus de 280 000 recrutements sont attendus en 2023 dans le secteur industriel et les difficultés de recrutement continuent d’augmenter dans un contexte global de tension sur le marché du travail
1.2. 966 000 départs en fin de carrière sont anticipés sur les métiers industriels d’ici 2030 et leur remplacement constitue un autre enjeu de développement des compétences industrielles pour les années à venir
1.3. Les créations nettes d’emploi attendues pour les années à venir sont estimées à 45 000 d’ici 2030, en l’état des hypothèses de réindustrialisation 
1.4. Au-delà des besoins en recrutement, les compétences des salariés occupant des métiers industriels doivent évoluer 

2. LE VOLUME GLOBAL DE PERSONNES FORMÉES POUR L’INDUSTRIE AUGMENTE MAIS NE COUVRE PAS LES BESOINS EN RAISON DES DIFFICULTÉS D’INSERTION, DE L’ORIENTATION FINALE DES PERSONNES FORMÉES ET DE L’INADÉQUATION QUALITATIVE DES FORMATIONS 

2.1. L’évaluation des effectifs formés pour l’industrie ne peut être réalisée finement 
2.2. Le nombre d’inscrits en formation dans un diplôme relevant de la spécialité production ou scientifique a augmenté de 10 % entre 2011 et 2021 mais la formation initiale scolaire pour les niveaux techniciens et ouvriers qualifiés, qui concentrent les tensions de recrutement, est en baisse 
2.3. Malgré un vivier qui diminue, les entrées en formations industrielles des demandeurs d’emploi ont doublé depuis 2015, ce qui traduit une priorité donnée à ce domaine par le service public de l’emploi 
2.4. Le compte personnel de formation a permis à 271 428 stagiaires de se former sur des formations liées à des métiers industriels depuis 2021 et est un outil utilisé par les salariés pour développer leurs compétences
2.5. L’ensemble des financements de la formation professionnelle bénéficiant à l’industrie ne peut pas être consolidé mais représente au moins 2,7 Md€ en 2021 
2.6. L’État investit massivement pour l’adaptation des formations avec l’appel à manifestation d’intérêt compétences et métiers d’avenir (AMI CMA), avec 30 % des premiers projets bénéficiant à l’industrie et l’énergie 
2.7. A court et moyen terme, le volume de personnes inscrites en formations pour l’industrie est supérieur aux besoins de recrutement tels qu’estimés à ce jour
2.8. Pour autant, les tensions de recrutement demeurent à un niveau élevé, ce qui s’explique par l’orientation finale dans un contexte de concurrence entre secteurs et par l’inadéquation qualitative des formations 

3. LA PRIORITÉ DOIT ÊTRE DONNÉE AUX DISPOSITIFS DE FORMATION QUI FAVORISENT L’INSERTION DANS LES EMPLOIS INDUSTRIELS ET À L’ACCOMPAGNEMENT DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES INDUSTRIELLES POUR LA FORMATION ET LA RECONVERSION DE LEURS SALARIÉS 

3.1. L’offre de formations industrielles, initiales et continues, qui aboutissent le plus à une orientation vers un emploi industriel doit être développée 
3.2. La reconversion et le développement des compétences des salariés des petites et moyennes entreprises (PME) industrielles doivent être davantage accompagnés 

4. L’ATTRACTIVITÉ DES MÉTIERS ET DES FORMATIONS RESTE UN ENJEU MAJEUR ET NÉCESSITE DE MOBILISER TOUS LES LEVIERS ET PAS UNIQUEMENT CEUX DE LA COMMUNICATION 

4.1. L’attractivité des métiers et formations industrielles reste un enjeu majeur 
4.2. Des évolutions récentes devraient favoriser l’attractivité des formations et métiers industriels 
4.3. L’amélioration de l’attractivité du métier d’enseignant en lycée professionnel et technique dans les filières industrielles est une priorité qui mérite des actions supplémentaires
4.4. L’attractivité des formations dans l’industrie nécessite des contenus pédagogiques rénovés, avec l’introduction de la culture STIM 
4.5. L’attractivité des formations dans l’industrie passe par une meilleure lisibilité de l’offre de certification et la poursuite de sa mise à jour 
4.6. La part des femmes dans l’industrie augmente avec le niveau de formation mais reste inférieure à 30 % parmi les salariés de l’industrie et les actions engagées n’ont pas encore eu d’effet 

5. DE NOUVELLES GOUVERNANCES SONT À TROUVER

5.1. La gouvernance territoriale apparaît trop éclatée pour s’assurer de la mobilisation cohérente de l’ensemble des leviers en réponse aux besoins de recrutement de l’industrie à court et moyen terme 
5.2. Le suivi de la mise en œuvre des projets de l’AMI CMA doit être renforcé 
5.3. La gouvernance et l’organisation administrative pourraient être renforcées au niveau national pour mieux prendre en compte les enjeux de développement des compétences dans l’industrie

ANNEXES

ANNEXE I : ÉLÉMENTS D’ÉVALUATION DES BESOINS EN EMPLOI ET FORMATION
ANNEXE II : PANORAMA DES DISPOSITIFS DE FORMATION PROFESSIONNELLE DANS LE SECTEUR DE L’INDUSTRIE
ANNEXE III : ÉVALUATION DES BESOINS EN RECRUTEMENT ET DU VOLUME DE FORMÉS POUR LES MÉTIERS INDUSTRIELS AVEC L’OUTIL OCTOPILOT
ANNEXE IV : MOBILISATION DU SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI ET DES OPÉRATEURS DE L’INTERMÉDIATION POUR DIVERSIFIER LES VIVIERS DE RECRUTEMENT DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES
ANNEXE V : GOUVERNANCE TERRITORIALE DE LA POLITIQUE DE FORMATION PROFESSIONNELLE EN FAVEUR DE L’INDUSTRIE
ANNEXE VI : LES ENTREPRISES INDUSTRIELLES, LIEUX MAJEURS POUR L’ACQUISITION ET L’ÉVOLUTION DES COMPÉTENCES
ANNEXE VII : FÉMINISATION DES MÉTIERS ET DES COMPÉTENCES DE L’INDUSTRIE
ANNEXE VIII : CONTRIBUTION DE L’APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT
COMPÉTENCES ET MÉTIERS D’AVENIR AU DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES INDUSTRIELLES
ANNEXE IX : ATTRACTIVITÉ DE L’INDUSTRIE
ANNEXE X : LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES
ANNEXE XI : LETTRE DE MISSION

  • Type de document : Rapport d'inspection
  • Pagination : 438 pages
  • Édité par : Inspection générale des finances : Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche : Inspection générale des affaires sociales