Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur la politique gouvernementale dans les domaines de l'enseignement, du logement et de l'emploi à Mayotte, Dzoumogné le 25 février 2002.

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Circonstance : Déplacement de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, à Mayotte les 25 et 26 février 2002

Texte intégral

Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,

Vous venez de me montrer le site sur lequel sera prochainement construit un lycée professionnel, le lycée des métiers du bâtiment qui proposera des formations du CAP au BTS. Et c'est pour moi tout un symbole. Celui de l'avenir de Mayotte, qui passe par l'éducation d'une jeunesse nombreuse et dynamique. Celui d'une nouvelle histoire qui s'ouvre dans cet archipel.

Mayotte a franchi une étape. Mayotte a souhaité appartenir à la République française dans laquelle elle se reconnaît et en laquelle elle croit. Vous êtes français parce que vous avez voulu être français. Vous êtes désormais enracinés dans la République française parce que le gouvernement de Lionel Jospin a su vous écouter et donner suite à votre demande. Quand le texte " l'accord sur l'avenir de Mayotte " a été soumis à la population mahoraise, vous avez massivement dit " oui ". Depuis vingt-cinq ans, vous étiez dans l'incertitude, dans l'inquiétude, dans le provisoire. Cette période, enfin, est terminée : Mayotte fait partie de la République française, puisque vous l'avez voulu et puisque vous avez exprimé votre volonté
Votre avenir est aujourd'hui plus clair. Car être dans une collectivité départementale de la République française à part entière donne des droits : le droit à des prestations sociales, le droit à des logements décents, le droit pour tous les enfants d'accéder à l'éducation, le droit d'accéder à un emploi, le droit d'être soigné quand on est malade. Le gouvernement de Lionel Jospin ne vous a pas fait de vagues promesses. En son nom, j'ai pris des engagements et je les ai tenus.

J'ai pris, ainsi, l'engagement qu'à Mayotte, je mettrai en place une réelle politique d'éducation, cohérente et complète. Je l'ai fait.

Une politique d'éducation, c'est d'abord la construction d'établissements scolaires en nombre suffisant et d'une qualité telle qu'ils peuvent accueillir les élèves mahorais, toujours plus nombreux. Le contrat de plan prévoyait 76,22 millions d'euros (500 millions de francs) pour construire des collèges, des lycées, généraux et professionnels. Cela était insuffisant parce que les besoins sont importants. J'ai obtenu 103,82 millions d'euros (681 millions de francs) supplémentaires pour construire, avec les fonds du contrat de plan, onze établissements (6 collèges et 5 lycées).

Mais agir pour l'éducation à Mayotte, ce n'est pas seulement construire des établissements. C'est permettre à chaque enfant, dès son plus jeune âge, de réussir sa scolarité. Les fournitures scolaires coûtent cher ; elles sont pourtant indispensables. J'ai voulu que dès le mois d'octobre dernier, l'allocation versée aux familles pour chaque enfant scolarisé soit doublée : 46 euros (300 francs) au lieu de 23 euros (150 francs) dans le primaire, 106 euros (700 francs) au lieu de 53 euros (350 francs) dans le secondaire. Plus de 50 000 de vos enfants sont concernés.

Il faut aussi que vos enfants puissent manger à midi un repas équilibré. Or, pour certaines familles mahoraises, la cantine est trop chère. J'ai décidé qu'elles pourraient bénéficier d'une aide à la restauration scolaire, versée directement aux écoles, dès la rentrée prochaine.

Améliorer les conditions d'accueil dans les écoles est une exigence. Veiller à la formation et au statut des maîtres en est une autre. L'Institut de Formation des Maîtres de Mayotte dispensera des enseignements adaptés aux instituteurs pour qu'ils améliorent encore leurs performances. Nous devons avoir les mêmes exigences pour les enfants de Mayotte et ceux de toutes les autres régions de France. Les instituteurs mahorais, pour cette raison, seront progressivement intégrés dans la fonction publique d'Etat. Jack Lang et moi-même nous y sommes engagés.

Ce n'est pas tout. Cette politique d'éducation ne serait pas complète si nous n'avions pas prêté attention à ce qui se passe après le bac. Je suis convaincu que Mayotte doit développer l'enseignement supérieur, notamment parce qu'il est souvent difficile aux jeunes mahorais d'aller étudier dans l'hexagone.

Telle sont les grandes lignes de cette politique dont nous avons, dans votre commune, des signes sensibles. Il faut aussi, à Mayotte, une politique du logement. Elle passe d'abord par la résorption de l'habitat insalubre, encore trop présent dans l'archipel. Les crédits qui y sont consacrés, je les ai augmentés très largement : désormais, 4,88 millions d'euros par an (32 millions de francs) y seront consacrés. C'est près de 850 familles mahoraises qui seront chaque année, grâce à cet argent, sorties de l'insalubrité et logés dans des conditions décentes.
La visite que je viens de faire dans cette commune prouve que nous sommes ici sur la bonne voie. La politique du logement social ne concerne pas seulement la réhabilitation de l'habitat insalubre. Elle passe par la construction de logements. Au cours des cinq dernières années, les dotations de l'Etat ont augmenté de près de 45 % et ce sont des milliers de logements que nous avons ainsi pu construire. Le gouvernement de Lionel Jospin a souhaité également que les familles puissent accéder à la propriété, grâce à une allocation de logement, qui permettra également le développement du secteur locatif social.

Etre une collectivité départementale de la République française, je l'ai dit, donne des droits. Ces droits, je veux les garantir à chaque Mahoraise et à chaque Mahorais. En France, la solidarité n'est pas un vain mot, c'est une valeur fondatrice de notre République. Sans la solidarité, et l'égalité des droits il n'y pas de République en marche. C'est elle dont je veux vous assurer aujourd'hui, non par des formules creuses jetées au vent, mais sur le terrain, par des actes qui vont changer les conditions dans lesquelles vous vivez.

Il en est ainsi des prestations sociales auxquelles vous avez droit. Avant, seules 7 000 familles touchaient des allocations familiales. Elles seront maintenant plus de 20 000. Nous avons en outre augmenté le montant de ces allocations. Une famille avec deux enfants touchait 41 euros par mois (270 francs) : elle recevra désormais 61 euros par mois (400 francs). Une famille avec trois enfants recevait 55 euros par mois (360 francs), elle touchera désormais 73 euros par mois (480 francs).

Il en est ainsi également de la lutte contre le chômage et pour l'emploi que nous voulons mener dans cet archipel, comme nous la menons dans toute la France. J'ai voulu des mesures fortes pour l'emploi. Pour l'emploi des jeunes d'abord, avec plus de 700 emplois-jeunes créés ici à Mayotte et avec l'instauration du Projet Initiative Jeune, déjà en vigueur dans les départements d'outre-mer, qui permet à un jeune de monter son entreprise ou d'aller se former hors de Mayotte, dans l'hexagone ou à l'étranger ; 1 000 jeunes mahorais pourront en bénéficier en 2002. En outre, les petites entreprises de moins de onze salariés bénéficieront d'une aide à toute création supplémentaire d'emplois. Enfin, quatrième mesure significative, je veux développer les activités d'utilité sociale par une agence qui leur sera spécialement consacrée et qui embauchera surtout des jeunes et des femmes pour des emplois, par exemple, dans la restauration scolaire ou dans l'environnement.

Il faut créer des emplois afin que chacun puisse vivre de ses revenus. Il faut aussi s'occuper de ceux qui, à ce moment de leur vie, connaissent le chômage. Ils n'étaient pas indemnisés jusqu'à maintenant. Le gouvernement, pour remédier à ce manque, a créé un cadre juridique pour l'indemnisation de ceux qui sont licenciés. Je souhaite que les partenaires sociaux s'en emparent et puissent rapidement donner réalité à cette mesure de justice sociale.

Le gouvernement a donné un statut définitif à Mayotte. Il lui donne aussi les moyens d'un développement économique et social, comme il lui donne les moyens d'une présence renforcée dans son environnement régional. Car Mayotte ne doit plus s'inquiéter de sa place dans l'océan indien, mais au contraire en être fière.

Avec la Réunion, elle porte les couleurs de la France. Elle participe maintenant à son rayonnement dans les négociations internationales et dans la coopération régionale que j'ai souhaité renforcer.

Elle représentera, ainsi, notre communauté nationale aux Jeux de l'Océan Indien comme ces jeunes l'ont représenté au mois d'août dernier à Madagascar aux côtés des jeunes sportifs réunionnais.

Pour Mayotte, une nouvelle période commence. Une période de changement profond, d'évolutions sereines, à l'image d'une population qui sait s'ouvrir et s'adapter, sans renoncer à sa culture, à ses traditions, à sa religion, à tout ce qui fait de Mayotte un archipel accueillant et attachant. Nous avons posé ensemble les fondations pour l'avenir. Je peux vous assurer qu'elles sont solides.

(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le27 février 2002)