Texte intégral
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de rendre visite aux habitants de Koungou, pour la seconde fois, et ainsi, monsieur le maire, de répondre à votre invitation. Vous venez d'évoquer le développement économique et social de Mayotte. Sujet qui évidemment vous tient à cur, comme à moi-même et au gouvernement de Lionel Jospin. Nous l'avons prouvé : nous avons donné à Mayotte les moyens d'une activité économique plus soutenue. Et nous le ferons encore, convaincus que l'archipel a des ressources et qu'il faut tout faire pour les exploiter.
Vous vous interrogez, à juste titre, sur le port de Longoni, qui est un atout pour votre commune et pour Mayotte toute entière. Je veux vous répondre : l'Etat participera, de manière conséquente, aux travaux d'aménagement.
C'est tout un symbole : celui du dynamisme et de l'ouverture de l'île, celui d'un avenir qui, ces dernières années et particulièrement l'année dernière, s'est éclairci.
Mayotte fait partie de la République française. Elle ne veut pas en sortir. Le consentement de la population, votre consentement s'est exprimé. Vous avez dit " oui " massivement au texte qu'avec vos élus, le gouvernement vous a proposé, " l'accord sur l'avenir de Mayotte ". Nous avons entendu votre aspiration et nous avons agi. Vous avez voulu sortir du provisoire, nous avons fait adopter une loi qui transforme Mayotte en une collectivité territoriale. Vous voulez pleinement participer à l'essor de notre communauté nationale, le gouvernement a pris des mesures d'urgence pour l'emploi, pour l'égalité sociale, pour la solidarité à l'égard des plus démunis.
L'effort pour créer des emplois à Mayotte est sans précédent. Juste un chiffre, car il parle de lui-même : les fonds consacrés aux mesures pour l'emploi à Mayotte ont augmenté de deux fois et demi en 2002 par rapport à 2001. Ce sont plus de 18,6 millions d'euros (122 millions de francs) qui y sont maintenant consacrés.
Concrètement, ces sommes se traduisent par un effort pour le travail des jeunes. Ils sont l'avenir de Mayotte, mais c'est à nous de leur donner les moyens d'exercer une activité. J'ai voulu et décidé la création de 700 emplois-jeunes, cette année 2002, dans l'archipel pour 700 Mahoraises ou Mahorais qui pourront ainsi entrer dans le monde du travail. J'ai également étendu à Mayotte le Projet Initiative Jeune, mesure qui existait déjà dans les départements d'outre-mer et qui permet à des jeunes ou de monter leur entreprise, avec une aide en capital, ou de se former ailleurs qu'à Mayotte, dans l'hexagone ou à l'étranger. Le Projet Initiative Jeune est un succès aux Antilles ou à la Réunion. Je suis persuadé qu'il en sera un également à Mayotte. Dès 2002, 1.000 jeunes pourront bénéficier de ce dispositif.
Il faut aussi aider les entreprises et favoriser l'embauche dans des secteurs clés pour l'archipel. Je veux pour cela développer les activités d'utilité sociale, qui embauchent surtout des jeunes et des femmes, par exemple dans la restauration scolaire ou la protection de l'environnement. Une agence spécialement consacrée à cela sera créée dans les prochains jours. Dans les petites entreprises enfin, j'ai prévu des aides à la création d'emplois.
Ces mesures sont toutes essentielles pour le rattrapage économique que le gouvernement de Lionel Jospin veut mettre en uvre à Mayotte. Ce rattrapage, cependant, ne peut avoir lieu sans une politique d'éducation cohérente et globale. C'est la clé de la réussite : tout faire pour que vos enfants puissent réussir leur scolarité, acquérir des connaissances et se former.
Pour cela, j'ai souhaité que l'on augmente les aides de rentrée scolaire afin que dans chaque famille, les enfants aient ce dont ils ont besoin pour travailler à l'école. Pour chaque enfant scolarisé, une famille a perçu dès le mois d'octobre dernier : 46 euros (300 francs) au lieu de 23 euros (150 francs) dans le primaire, 106 euros (700 francs) au lieu de 53 euros (350 francs) dans le secondaire. J'ai voulu aussi que l'on aide les familles à payer la cantine à leurs enfants, parce qu'il est essentiel qu'ils puissent prendre une collation ou un repas équilibré. Elles pourront ainsi bénéficier d'une aide à la restauration scolaire qui sera versée directement aux écoles.
L'éducation à Mayotte est bien une priorité. Nous devons avoir les mêmes exigences de qualité et de performance que dans l'hexagone. C'est pour cela qu'il faut prêter attention au statut des maîtres, qui seront progressivement intégrés dans la fonction publique d'Etat, et à leur formation, qui doit être adaptée. C'est aussi pour cela que j'ai obtenu 103,67 millions d'euros (681 millions de francs) qui s'ajoutent aux 76,22 millions d'euros (500 millions de francs) prévus dans le contrat de plan pour construire onze nouveaux établissements scolaires, 5 collèges et 6 lycées.
Avec une politique forte et décidée en faveur de l'éducation, avec une action marquée pour créer des emplois, nous parviendrons à ce rattrapage économique que toute la population mahoraise attend.
Le rattrapage est aussi social. Le nouveau statut de Mayotte se traduit concrètement dans la vie quotidienne de ses habitants. Auparavant, seules 7 000 familles touchaient des allocations familiales. Ces allocations, nous les avons augmentées et étendues en avril 2002, dans moins de deux mois, plus de 20 000 familles en bénéficieront. Une famille avec deux enfants touchait 41 euros par mois (270 francs): elle recevra désormais 61 euros par mois (400 francs). Une famille avec trois enfants recevait 55 euros par mois (360 francs), elle touchera désormais 73 euros par mois (480 francs). Les personnes âgées ou handicapées sont également aidées par une allocation minimale qui a été augmentée de 50 % en deux étapes, au mois d'octobre dernier et au mois de mars de cette année. J'ajoute que tous les Mahorais et les Mahoraises qui ont travaillé et perçu un salaire doivent pouvoir bénéficier d'une retraite méritée. Tous les Mahorais auront également droit à une couverture maladie qui permettra à des médecins, des dentistes, des infirmiers de s'installer et d'être accessibles par tous. Ce sera l'objet de toute une série de mesures qui vont entrer en vigueur très prochainement. C'est un acquis social de notre République, c'est une question de justice.
Mesdames et Messieurs,
Nous avons pris des engagements, nous les avons tenu. C'est notre manière de faire : des décisions, prises en concertation avec les élus et la population, suivies rapidement d'effets concrets. Nous avons voulu aller vite parce que la liberté, l'égalité et la solidarité n'attendent pas, parce que la population mahoraise a soif de changement et de progrès. Vous vous êtes reconnu depuis longtemps dans les valeurs de la République. La République ne doit pas vous décevoir. Elle le prouve aujourd'hui, par ma voix, et prouvera encore qu'elle sait tenir ses engagements.
Nous avons fait ce que nous avons dit. Mayotte a un nouveau statut, et une nouvelle étape. Une nouvelle dimension sociale et économique et une nouvelle dimension internationale. Mayotte porte, avec la Réunion, les couleurs de la France dans l'Océan Indien puisqu'elle participe maintenant au rayonnement de notre pays dans les négociations internationales, puisqu'elle a un rôle clé dans la coopération régionale. Mayotte ne doit plus avoir de complexe : elle fait partie d'une communauté nationale qui est riche et forte parce qu'elle sait être plurielle et qui sait défendre tous les siens.
Votre enthousiasme me touche, comme il m'a touché toutes les fois que je suis venu ici. Il est pour moi la plus belle des récompenses à l'action que j'ai menée, et le plus vif des encouragements à aller, avec vous, encore plus loin.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 25 février 2002)