Déclaration de Mme Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les missions de l'Organisation mondiale du tourisme, en particulier la promotion d'un tourisme facteur d'échanges et de paix entre les nations, respectueux des cultures et de l'environnement, et sur le projet d'un Code mondial d'ethique du tourisme, Santiago, le 27 septembre 1999.

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Circonstance : XIIIe Assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme, à Santiago, le 27 septembre 1999

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Mes chers collègues,
Mesdames, Messieurs,

Si vous le permettez, avant de démarrer mon propos, je voudrai, en tout premier lieu, me tourner vers notre hôte et le remercier à mon tour d'accueillir ici, à Santiago, cette 13ème Assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme.

Permettez-moi également de vous dire le plaisir que j'ai de vous retrouver, aujourd'hui, deux ans après l'Assemblée générale d'Istanbul et quelques mois, à peine, après cette conférence sur les comptes satellites du tourisme, que la France a eu l'honneur de recevoir en juin dernier, à Nice.

Monsieur le Secrétaire général, mes chers collègues, je dois vous dire que c'est un grand honneur, pour moi, d'intervenir en ce début de séance.

A l'aube de ce troisième millénaire, permettez-moi de me réjouir avec vous que les prévisions annoncées par notre organisation sur l'avenir de l'activité touristique mondiale se vérifie chaque jour un peu plus et pour l'ensemble d'entre nous.

Pour ce qui est de mon pays, la France, pour la troisième année consécutive, elle a enregistré une croissance sensible tant en terme de fréquentation que de volume d'activité, confortant ainsi, avec plus de 71 millions de visiteurs étrangers et près de 770 milliards de francs de chiffre d'affaire - soit environ 130 milliards de dollars -, son rang de première destination touristique choisie au monde.

Au-delà des chiffres, vous le savez, la France s'efforce de porter, à travers le développement de ce secteur d'activités, les valeurs qu'au sein de l'Organisation mondiale du tourisme nous nous attachons à défendre.

J'entends par-là ce qui constitue l'objectif fondateur de notre organisation.

A savoir, la volonté commune de promouvoir le tourisme, en tant qu'important moyen de renforcement de la paix et de la compréhension entre les nations, par le développement d'un secteur créateur de richesses et d'emplois pour les pays qui s'y investissent ; un secteur favorisant, par ailleurs, l'échange entre les cultures, entre les peuples.

Comme vient de le rappeler Monsieur FRANGIALLI, l'Assemblée Générale d'ISTANBUL avait été l'occasion de réaffirmer cet objectif, et de réitérer notre engagement commun d'uvrer - chacun dans nos pays respectifs, mais également au travers des missions de coopération qui nous incombent -, pour construire, tous ensemble, un tourisme harmonieux, respectueux de l'environnement, des hommes et des cultures.

Depuis deux ans - comme il a été dit, également - beaucoup de choses se sont passées et de nombreux événements aussi importants que la 7ème session de la Conférence pour le Développement Durable, la conférence organisée, en France, sur la mesure de l'Impact économique du Tourisme, ou encore l'élaboration d'un Code Mondial d'Éthique du tourisme.

Tout cela nous invite à nous projeter dans l'avenir de notre organisation et très concrètement, à réfléchir ensemble sur son évolution dans ce nouveau contexte de modernité.

Nous le ferons en confirmant le rôle moteur et novateur de notre Institution afin que le secteur touristique, en forte croissance internationale, dispose d'une organisation internationale vivante, à la pointe de la connaissance et des recherches, susceptible d'assumer dans les meilleures conditions son rôle de carrefour d'échanges, d'impulsion, de coordination et de diffusion de la connaissance.

I - MAINTENIR LE CARACTÈRE INTERGOUVERNEMENTAL DE L'OMT

J'avais eu l'occasion, il y a deux ans, à ISTANBUL, d'y insister et de souligner l'importance et le nécessaire engagement des États dans cet objectif.

Aux yeux de la France, il importe toujours autant de conserver à l'OMT, sa composante intergouvernementale, que d'assurer son ouverture au secteur opérationnel du tourisme.

C'est, en effet, dans l'équilibre entre ces deux forces que notre organisation pourra trouver des perspectives d'avenir et apporter la contribution la plus efficace au développement d'un tourisme durable dans le monde entier.

Ma conviction est d'autant plus forte que dans l'expérience française, l'Etat, les professionnels du secteur privé ou associatif font, chaque jour, la preuve de l'intérêt qu'ils ont à écouter et à travailler ensemble, sous l'impulsion d'une politique publique cohérente.

C'est donc solennellement que je voudrai vous dire que cette conception d'un organisme international, où devrait maintenir une répartition équilibre des compétences entre public et privé, nous devons, aujourd'hui, nous donner les moyens de la faire vivre concrètement avec méthode et en y prenant chacun la mesure de nos responsabilités.

Et ce, d'autant que :

Plus nous serons structurés et forts sur le plan international...

Plus nous affinerons ensemble une stratégie d'actions pour développer, partout, un tourisme équilibré et durable, porteur de ces valeurs que je viens d'évoquer...

Plus - je le crois - nous parviendrons à prendre part aux débats essentiels qui se jouent, en ce moment même, sur l'avenir du commerce et des services, pour n'évoquer que l'exemple de l'Organisation mondiale du commerce.

Tous ces sujets sont, en effet, des domaines transversaux au tourisme et sur lesquels nous pouvons apporter notre contribution et faire, partager notre expérience.

Nous avons pu d'ailleurs le vérifier, en avril dernier, lors de la réunion de la 7ème session de la conférence sur le Développement durable, issue du processus enclenché après le Sommet de la Terre à Rio.

Je me réjouis en effet que, dans son relevé de décisions, cette conférence fasse largement référence aux travaux déjà engagés par l'OMT sur ce thème et lui confie la mission de suivi et de coordination du groupe de travail ad hoc au sein duquel la France prendra toute sa part.

Et je tiens là, d'ailleurs - si vous me le permettez -, à féliciter tout particulièrement Monsieur FRANGIALLI pour son opiniâtreté et la conviction avec laquelle il a relayé le travail de l'OMT.

II - AFFICHER NOTRE VOLONTÉ DE TRANSPARENCE

Monsieur la Secrétaire Général, mes chers collègues, à l'aube de ce nouveau millénaire où tant de défis sont à relever - au premier rang desquels cette multiplication des flux touristiques internationaux que toutes nos études s'accordent à annoncer - je pense que l'Organisation mondiale du tourisme aura à franchir un nouveau cap.

Pour que chaque État, chaque territoire, puisse tirer les fruits de cette croissance annoncée et faire que cette dernière soit réellement synonyme de mieux être pour nos populations et pour nos entreprises en favorisant notamment, la création d'emplois de qualité.

C'est pourquoi je souhaite que cette 13ème Assemblée générale soit l'occasion d'en débattre et de mettre en place des outils de fonctionnement qui permettent à l'OMT d'être plus efficace dans ses préconisations et dans le soutien qu'elle apporte à chacun de ses membres.

La France soutient à cet égard la politique qui vise à accroître le rayonnement et la notoriété de l'organisation par l'adhésion de nouveaux membres dont des territoires.

Il est devenu, à cet égard, indispensable que le travail conduit par l'Organisation mondiale du tourisme avec l'appui du Programme des Nations unies pour le développement, fasse l'objet d'une procédure de coordination et de programmation renforcée avec ceux des pays membres de l'OMT et notamment, ceux qui mènent déjà des coopérations bilatérales voire multilatérales, au sein de leurs organisations régionales.

Dans un même souci de plus grande clarification et de meilleure préparation des missions d'assistances techniques, il apparaît nécessaire que le Comité du programme soit davantage consulté, et mieux impliqué, dans leur programmation, et qu'il puisse, par ailleurs, superviser l'élaboration d'une liste d'experts, mandatés par l'Organisation pour les exécuter.

En tout état de cause, j'ai la conviction que nous gagnerions en crédibilité en affichant clairement notre volonté de transparence dans les résolutions que nous allons adopter, mais également dans les nouveaux modes de fonctionnement que nous saurons imprimer à l'OMT, au lendemain de cette 13ème conférence.

Je tiens d'ailleurs à souligner le travail du dernier conseil exécutif qui a mandaté la France et le Portugal afin d'élaborer un projet de résolution sur ces sujets essentiels.

Je tiens à remercier le conseil exécutif et son président de la confiance qu'ils nous ont accordée.

III - SE DOTER D'UNE ÉTHIQUE

Pour devenir un interlocuteur de poids, capable de peser sur les grands choix opérés au niveau international, je suis convaincue que nous serons tous d'accord, ici, pour nous doter de règles de "bonne conduite". Ce qui nous donnera d'autant plus de force pour défendre l'idée de ce Code mondial d'éthique du tourisme, actuellement en projet.

A cet égard, je tiens à dire combien l'élaboration d'un tel code - mais peut-être conviendrait-il davantage de parler d'une "charte" - me semble être une démarche fondamentale.

C'est vrai, le tourisme n'est pas une activité économique comme les autres, il n'est pas une marchandise - oserai-je dire comme les autres.

Le tourisme porte et vivifie les valeurs fondamentales indispensables à la vie en société ; il témoigne aussi des profondes mutations dans les modes de vie enfin il a des devoirs de respect de la nature, de la culture, des populations locales.

C'est pourquoi, les instruments que nous mettons et que nous mettrons en place - ce lieu d'échanges, de partage d'expériences, et de soutien que représente l'OMT - n'ont de véritables sens que si nous plaçons l'homme au cur de nos préoccupations, que si nous nous préoccupons autant du bien-être de celles et ceux qui, aujourd'hui, voyagent, que de celui des populations qui les accueillent, et des conditions de travail des hommes et des femmes qui uvrent dans ce secteur.

En cette journée Mondiale du Tourisme, placée sous le thème du " Patrimoine ", permettez-moi de conclure en rappelant que si ce patrimoine nous a été transmis, c'est qu'il y a eu, des hommes pour en poser la première pierre, et qu'il en faudra beaucoup d'autres pour le préserver et le développer.

Et, parce que le tourisme participe à la construction de la tolérance et de la paix, permettez-moi de terminer ici, à SANTIAGO du CHILI, par ces quelques vers du grand poète Pablo NERUDA :

" Branche après branche s'entrelacera le feuillage,
Feuille après feuille s'élèveront les jours,
Et de fruit en fruit surviendra la paix :
L'arbre du bonheur grandit,
D'une racine obstinée qui cherche pour survivre l'eau, la vérité, la vie ".

Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 21 octobre 1999)