Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur l'engagement et l'action de la France ainsi que la mobilisation internationale dans la lutte contre le sida, Paris le 15 novembre 2003.

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Circonstance : Huitièmes états généraux des élus locaux contre le sida (ELCS), à Paris le 15 novembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Président d'ELCS et Cher Jean-Luc Roméro,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Monsieur le Médiateur de la République,
Mes chers Collègues du gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Elus, les Représentants des Associations
et les Personnalités invitées,
Chère Sheila, Présidente d'honneur d'ELCS,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Depuis biens des années déjà, ELCS (élus locaux contre le sida) et son fondateur se battent contre le sida et pour le soutien à tous ceux qui sont atteints ou menacés par lui.
J'en témoigne, à titre personnel, car comme élu et comme "adhérent de base" d'ELCS, j'ai soutenu d'emblée la démarche de Jean-Luc Roméro, que je pouvais voir agir au quotidien, d'ailleurs, puisque nous siégions ensemble, à l'époque, au Conseil régional d'Ile-de-France.
Je suis heureux de pouvoir à mon tour rendre hommage aujourd'hui à son action et à celle de toutes celles et de tous ceux qui participent à la même bataille, que ce soit au sein d'ELCS ou dans d'autres cadres.
On ne dira jamais assez combien la lutte contre le sida doit être l'affaire de tous et qu'elle ne doit jamais se relâcher.
Vous vous battez, nous nous battons contre le sida, en France.
Vous luttez, nous luttons en France pour la prise en charge des malades, pour la prévention, pour le dépistage, pour des traitements accessibles et efficaces, pour le renforcement de la recherche. Il faut entretenir sans cesse et amplifier la mobilisation.
Mais n'oublions pas que ce combat est mondial, que la France doit y participer et y participe. C'est de ce combat dont je voudrais vous parler.
Au sein du gouvernement, il me revient en effet d'animer et de coordonner l'action internationale de notre pays dans ce domaine, en étroite collaboration avec mon collègue Jean-François Mattei, ministre de la Santé, qui anime le réseau Esther (qui réunit des hôpitaux français et des hôpitaux des pays du Sud).
Vous le savez, on estime à environ 40 millions le nombre de personnes atteintes par le VIH-sida aujourd'hui (c'est un chiffre approximatif et probablement sous-estimé, faute de statistiques fiables dans beaucoup de pays). Sur ce total, environ 30 millions sont en Afrique, en particulier au sud du Sahara.
La lutte contre le VIH-sida et les maladies qui l'accompagnent a pris dix ans de retard au moins en Afrique, ce qui explique l'ampleur de la pandémie.
La France fait partie des pays qui se sont engagés vigoureusement sur ce terrain.
Une part croissante de notre coopération est consacrée à la lutte contre le sida dans les 56 pays de notre Zone de solidarité prioritaire et principalement sur le continent africain. En 2002, environ 70 millions d'euros ont été attribués à cette action, que ce soit dans des projets réalisés de façon bilatérale avec un certain nombre d'Etats, par nos participations à des organisations et à des fonds multilatéraux, ou encore par un soutien financier aux ONG qui travaillent sur le terrain.
Nous avons plus d'une centaine d'experts qui, au titre de l'assistance technique, apportent sur place leurs compétences et leur dévouement. Nos organismes de recherche, en particulier l'Agence nationale de recherche sur le sida, consacrent une part importante de leurs moyens aux problèmes spécifiques des pays en développement.
A chacun de mes déplacements en Afrique, le volet sida de notre coopération occupe une place prioritaire.
Car il y a urgence et la tâche est immense.
Aider l'Afrique (mais aussi les pays de la Caraïbe et ceux de l'Asie) à endiguer ce fléau est un devoir moral, un acte de solidarité humaine.
Mais c'est aussi une condition du succès de notre bataille globale, y compris en Europe et en France. Nous ne nous sauverons pas si nous nous replions sur nous-mêmes et si nous laissons la maladie exploser sur le continent africain, à nos portes.
Dans certains pays, en particulier en Afrique Australe, les ravages de la maladie provoquent déjà une forte baisse de l'espérance de vie moyenne de la population. Et ce phénomène va encore s'aggraver.
De surcroît, les catégories de la population qui sont les plus touchées sont les classes d'âge actives, entre 25 et 35 ans, et aussi les catégories les plus formées : cadres, enseignants, fonctionnaires, travailleurs des entreprises, personnels soignants.
Le nombre des orphelins du sida s'accroît dans des proportions alarmantes, allant jusqu'à 10 et 15% des enfants par endroit.
C'est toute la structure de certaines sociétés qui commence à être remise en cause dans certaines zones du continent africain, avec les conséquences humaines, sociales et économiques que cela entraîne dans des pays déjà frappés par la pauvreté, la sous-alimentation et parfois les conflits.
En face de cette situation, une mobilisation exceptionnelle s'impose.
La France est en tête de ce mouvement.
Sur la façon de mener le combat, nous affirmons notre conviction que la prévention, le dépistage et le traitement sont indissociables et doivent être menés de pair. Vous savez que cette conception n'est pas partagée par d'autres pays développés, en particulier les Etats-Unis.
Mais cela ne nous empêche pas de mener une politique qui unit étroitement ces trois démarches.
Quand je rencontre au Botswana (où la prévalence du VIH-sida dépasse 30% de la population !), au Niger, au Cameroun, au Burkina Faso ou ailleurs, des hommes et des femmes dans les centres de dépistage et qui me disent que le dépistage ne marchera pas s'il n'y a pas de possibilité de traitement aussitôt après, comment ne pas leur donner raison ?
Cela pose le problème de l'accès aux médicaments, des médicaments fiables et à des prix accessibles. Et c'est aussi une bataille que nous menons dans le cadre des organisations internationales, que ce soit l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'ONUSIDA ou l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Nous ne nous contentons pas de plaider pour le renforcement des moyens, nous voulons aussi montrer l'exemple.
A l'initiative du président Chirac, qui s'est personnellement impliqué dans cette action, nous avons organisé à Paris, en juillet dernier, une Conférence internationale des donateurs au profit du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il faut réunir 3 milliards de dollars ou d'euros par an pour financer un programme mondial efficace contre ces maladies. L'Union européenne devrait verser un milliard d'Euros et nous nous efforçons d'entraîner nos partenaires européens pour concrétiser cet engagement.
Lors de la Conférence des donateurs, le président Chirac a annoncé que la France allait tripler sa contribution, en la portant dès le début de 2004 de 50 millions d'euros à 150 millions d'euros. Malgré les difficultés budgétaires actuelles, ces sommes ont été prévues dans le budget 2004.
Mais, à côté de l'action de l'Etat, financée principalement par les budgets de la coopération française, je voudrais saluer l'action des autres partenaires publics et privés.
Celle des collectivités locales bien sûr, qui, de plus en plus, intègrent un volet sida dans leurs partenariats avec les collectivités des pays en développement. Et je félicite particulièrement Jean-Luc Roméro de l'initiative remarquable qu'il a prise au Conseil régional d'Ile-de-France et qui, grâce à cette démarche exemplaire, est imitée par d'autres régions, d'autres collectivités territoriales, en faisant voter un amendement en ce sens.
Il y a aussi le travail admirable accompli par des organisations non-gouvernementales (ONG), des fondations privées ou publiques, des réseaux de médecins et de personnels paramédicaux, des entreprises françaises installées en Afrique.
Toutes et tous font partie de cette mobilisation générale pour combattre la maladie sur tous les fronts, chez nous comme ailleurs.
Je suis venu vous dire que le gouvernement, sous l'impulsion du président de la République, est totalement engagé dans cette bataille et que nous ne relâcherons pas nos efforts.
"Unis contre le sida", c'est un slogan, un mot d'ordre, que nous faisons nôtre totalement et je suis heureux d'avoir pu en porter témoignage devant vous ce matin.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2003)