Texte intégral
En choisissant la France pour accueillir sa première journée mondiale de la santé dédiée à la sécurité routière, l'OMS nous fait un grand honneur. Nous le recevons comme une marque de reconnaissance pour l'action que nous avons engagée. Nous le considérons surtout comme un appel à poursuivre notre mobilisation et à faire encore et toujours plus en faveur de ce combat pour la vie.
Avec une moyenne de plus 8 000 morts chaque année au cours de la dernière décennie, la France a longtemps considéré l'accident de la route comme une fatalité.
Le bilan cumulé de ces 30 dernières années est effroyable : 350 000 tués, 7 500 000 blessés dont 2 000 000 qui souffrent souvent de handicaps irréversibles. A ce rythme, un français sur cinq courrait le risque d'avoir un accident de la route au cours de sa vie.
- Parce que cette situation était devenue intolérable,
- parce que la discussion sur la loi d'amnistie avait montré que notre pays était enfin mûr pour réagir contre la violence routière,
- parce qu'on avait pris conscience que la mobilisation en faveur de cette cause représentait un effort extrêmement faible comparé aux bénéfices humains, sociaux et économiques d'une vraie prise en compte de la sécurité routière, le Président de la République a décidé le 14 juillet 2002, de faire de la lutte contre ce fléau, l'un des trois grands chantiers de son quinquennat.
Avec 20 % de tués et de blessés en moins en 2003 par rapport à 2002, et plus de 26 % par rapport à 2001, c'est-à-dire un quart de vies sauvées en deux ans, la France a montré que l'accident de la route n'était pas une fatalité. Et, à la demande du Premier Ministre, j'ai le plaisir de vous annoncer que les résultats du mois de mars 2004 comparés à ceux du mois de mars 2003 sont eux aussi très prometteurs, avec une baisse de 14,8 % du nombre d'accidents, de 22,7 % du nombre de tués et de 15,6 % du nombre de blessés.
Ces résultats nous les devons au comportement de nos compatriotes car c'est bien le conducteur qui est au centre du respect des règles.
Beaucoup, aujourd'hui, s'interrogent sur les raisons de cette rupture.
Ces résultats trouvent leur origine dans une conviction simple : le recul de l'insécurité routière passait par un meilleur respect des règles.
L'analyse des accidents mortels montre en effet que dans 92 % des cas, c'est le comportement qui est en cause :
- la vitesse dans 1 accident mortel sur 2 ;
- l'alcool dans 1 accident mortel sur 3 ;
- le non port de la ceinture ou du casque dans 1 accident mortel sur 5.
Le simple respect de ces règles permettrait de sauver 4 000 vies chaque année !
1. Notre première décision a donc été de se donner les moyens de faire respecter les règles en rappelant leur fondement scientifique.
Pour cela, il fallait rendre son efficacité au dispositif de contrôle-sanction qui présentait de graves lacunes.
Ce n'est pas en effet avec une probabilité d'être contrôlé tous les 20 ans pour l'alcoolémie ou tous les 10 ans pour la vitesse que l'on pouvait inverser la tendance, sachant qu'il existait en plus, chacun le sait, des indulgences ou des recours dilatoires.
Où étaient dans ce contexte la crédibilité des pouvoirs publics et l'effet dissuasif et pédagogique de la sanction ?
Il fallait donc mettre en oeuvre un dispositif qui incite les conducteurs à changer de comportement.
C'est le sens de la loi du 12 juin 2003 renforçant la lutte contre la violence routière qui prévoit :
o des peines plus sévères pour les responsables d'accidents mortels ou corporels et pour le non respect des règles élémentaires (alcool, ceinture, casque, téléphone portable)
o la mise en place d'un système de contrôles et de sanctions automatisés.
Ce sont les " fameux " radars automatiques installés depuis le 1er novembre 2003 qui ont permis de réduire d'environ 10 km/h la vitesse moyenne pratiquée sur nos routes.
Cette réduction de vitesse a d'ailleurs un autre effet bénéfique : celui de participer à la protection de l'environnement en limitant les émissions de gaz à effet de serre.
2. Mais, la sécurité routière, c'est aussi la culture de la prévention
Une politique seulement répressive trouverait rapidement ses limites. Il faut donc développer l'éducation et la formation des futurs conducteurs.
o L'éducation routière ne doit pas commencer le jour de l'inscription à l'auto-école et s'arrêter le jour de l'obtention du permis.
o Elle doit être dispensée tout au long de la vie, dès l'école, et grâce à un meilleur encadrement du nouveau conducteur. C'est l'objectif notamment du permis probatoire, applicable depuis le 1er mars dernier.
La prévention c'est aussi créer une culture générale de la prévention des risques routiers par la mobilisation des partenaires : les collectivités territoriales, les constructeurs, les chefs d'entreprises, les assureurs, les chercheurs, le monde médical, les responsables de discothèques et de bars, sans oublier bien sûr les associations qui, trop longtemps, ont eu le sentiment de prêcher dans le désert...
Comme je le disais dans mon propos introductif, nos résultats au cours des deux dernières années peuvent paraître exceptionnels. Mais nous devons rester humbles car ils doivent être comparés à la situation inacceptable dans laquelle nous nous complaisions depuis des décennies. Mais ces progrès sont encore fragiles et demeurent insuffisants. Comment accepter qu'en France 5 732 personnes aient encore perdu la vie sur les routes en 2003 et que plus de 110 000 y aient été blessées ?
Les solutions, nous les connaissons, le rapport de l'OMS le rappelle clairement : la sécurité routière est l'affaire de tous. Elle nécessite des actions sur les infrastructures, les véhicules, la mise en uvre et le contrôle du respect des règles.
Nous devons donc échanger sur nos pratiques respectives, en n'hésitant pas à prendre le meilleur et le plus efficace de ce qui se fait chez nos voisins. Tout n'est pas exportable, tout n'est pas transposable, compte tenu de nos spécificités, de nos cultures, de notre histoire propre. Mais il y a beaucoup à gagner dans cette émulation collective, beaucoup aussi de temps à économiser dans cette mise en commun de nos savoirs et de nos pratiques.
Pour échapper à cette terrible chronique d'une catastrophe annoncée, qui ferait passer l'insécurité routière du 11ème au 3ème rang des causes de mortalité d'ici 2020, comme le Docteur LEE et le Président CHIRAC nous le demandaient ce matin, faisons en sorte que cette journée soit la première étape d'une ambition planétaire pour la vie.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 18 juin 2004)
Avec une moyenne de plus 8 000 morts chaque année au cours de la dernière décennie, la France a longtemps considéré l'accident de la route comme une fatalité.
Le bilan cumulé de ces 30 dernières années est effroyable : 350 000 tués, 7 500 000 blessés dont 2 000 000 qui souffrent souvent de handicaps irréversibles. A ce rythme, un français sur cinq courrait le risque d'avoir un accident de la route au cours de sa vie.
- Parce que cette situation était devenue intolérable,
- parce que la discussion sur la loi d'amnistie avait montré que notre pays était enfin mûr pour réagir contre la violence routière,
- parce qu'on avait pris conscience que la mobilisation en faveur de cette cause représentait un effort extrêmement faible comparé aux bénéfices humains, sociaux et économiques d'une vraie prise en compte de la sécurité routière, le Président de la République a décidé le 14 juillet 2002, de faire de la lutte contre ce fléau, l'un des trois grands chantiers de son quinquennat.
Avec 20 % de tués et de blessés en moins en 2003 par rapport à 2002, et plus de 26 % par rapport à 2001, c'est-à-dire un quart de vies sauvées en deux ans, la France a montré que l'accident de la route n'était pas une fatalité. Et, à la demande du Premier Ministre, j'ai le plaisir de vous annoncer que les résultats du mois de mars 2004 comparés à ceux du mois de mars 2003 sont eux aussi très prometteurs, avec une baisse de 14,8 % du nombre d'accidents, de 22,7 % du nombre de tués et de 15,6 % du nombre de blessés.
Ces résultats nous les devons au comportement de nos compatriotes car c'est bien le conducteur qui est au centre du respect des règles.
Beaucoup, aujourd'hui, s'interrogent sur les raisons de cette rupture.
Ces résultats trouvent leur origine dans une conviction simple : le recul de l'insécurité routière passait par un meilleur respect des règles.
L'analyse des accidents mortels montre en effet que dans 92 % des cas, c'est le comportement qui est en cause :
- la vitesse dans 1 accident mortel sur 2 ;
- l'alcool dans 1 accident mortel sur 3 ;
- le non port de la ceinture ou du casque dans 1 accident mortel sur 5.
Le simple respect de ces règles permettrait de sauver 4 000 vies chaque année !
1. Notre première décision a donc été de se donner les moyens de faire respecter les règles en rappelant leur fondement scientifique.
Pour cela, il fallait rendre son efficacité au dispositif de contrôle-sanction qui présentait de graves lacunes.
Ce n'est pas en effet avec une probabilité d'être contrôlé tous les 20 ans pour l'alcoolémie ou tous les 10 ans pour la vitesse que l'on pouvait inverser la tendance, sachant qu'il existait en plus, chacun le sait, des indulgences ou des recours dilatoires.
Où étaient dans ce contexte la crédibilité des pouvoirs publics et l'effet dissuasif et pédagogique de la sanction ?
Il fallait donc mettre en oeuvre un dispositif qui incite les conducteurs à changer de comportement.
C'est le sens de la loi du 12 juin 2003 renforçant la lutte contre la violence routière qui prévoit :
o des peines plus sévères pour les responsables d'accidents mortels ou corporels et pour le non respect des règles élémentaires (alcool, ceinture, casque, téléphone portable)
o la mise en place d'un système de contrôles et de sanctions automatisés.
Ce sont les " fameux " radars automatiques installés depuis le 1er novembre 2003 qui ont permis de réduire d'environ 10 km/h la vitesse moyenne pratiquée sur nos routes.
Cette réduction de vitesse a d'ailleurs un autre effet bénéfique : celui de participer à la protection de l'environnement en limitant les émissions de gaz à effet de serre.
2. Mais, la sécurité routière, c'est aussi la culture de la prévention
Une politique seulement répressive trouverait rapidement ses limites. Il faut donc développer l'éducation et la formation des futurs conducteurs.
o L'éducation routière ne doit pas commencer le jour de l'inscription à l'auto-école et s'arrêter le jour de l'obtention du permis.
o Elle doit être dispensée tout au long de la vie, dès l'école, et grâce à un meilleur encadrement du nouveau conducteur. C'est l'objectif notamment du permis probatoire, applicable depuis le 1er mars dernier.
La prévention c'est aussi créer une culture générale de la prévention des risques routiers par la mobilisation des partenaires : les collectivités territoriales, les constructeurs, les chefs d'entreprises, les assureurs, les chercheurs, le monde médical, les responsables de discothèques et de bars, sans oublier bien sûr les associations qui, trop longtemps, ont eu le sentiment de prêcher dans le désert...
Comme je le disais dans mon propos introductif, nos résultats au cours des deux dernières années peuvent paraître exceptionnels. Mais nous devons rester humbles car ils doivent être comparés à la situation inacceptable dans laquelle nous nous complaisions depuis des décennies. Mais ces progrès sont encore fragiles et demeurent insuffisants. Comment accepter qu'en France 5 732 personnes aient encore perdu la vie sur les routes en 2003 et que plus de 110 000 y aient été blessées ?
Les solutions, nous les connaissons, le rapport de l'OMS le rappelle clairement : la sécurité routière est l'affaire de tous. Elle nécessite des actions sur les infrastructures, les véhicules, la mise en uvre et le contrôle du respect des règles.
Nous devons donc échanger sur nos pratiques respectives, en n'hésitant pas à prendre le meilleur et le plus efficace de ce qui se fait chez nos voisins. Tout n'est pas exportable, tout n'est pas transposable, compte tenu de nos spécificités, de nos cultures, de notre histoire propre. Mais il y a beaucoup à gagner dans cette émulation collective, beaucoup aussi de temps à économiser dans cette mise en commun de nos savoirs et de nos pratiques.
Pour échapper à cette terrible chronique d'une catastrophe annoncée, qui ferait passer l'insécurité routière du 11ème au 3ème rang des causes de mortalité d'ici 2020, comme le Docteur LEE et le Président CHIRAC nous le demandaient ce matin, faisons en sorte que cette journée soit la première étape d'une ambition planétaire pour la vie.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 18 juin 2004)