Texte intégral
Monsieur le Président de l'intergroupe parlementaire de l'outre-mer,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Chers amis étudiants originaires de l'outre-mer,
Mesdames et Messieurs,
Pour avoir fait de la jeunesse de l'outre-mer l'une des priorités de mon action, vous comprendrez le plaisir que j'éprouve à me retrouver aujourd'hui parmi vous, pour la clôture de ce colloque organisé par l'Intergroupe parlementaire de l'outre-mer, dont je tiens à saluer au passage l'heureuse initiative en adressant mes remerciements à son Président.
Mais c'est naturellement aux étudiants présents que mon message s'adresse avant tout. Pour vous préciser d'emblée qu'au-delà du rappel des actions entreprises par mon ministère depuis près de trois années, je souhaite qu'un échange plus direct puisse s'établir entre nous. C'est donc bien volontiers que je répondrai aux différentes questions qui pourront m'être posées sur tel ou tel aspect des nombreux thèmes évoqués tout au long de ce colloque. Je sais que vos attentes sont nombreuses. Mais je veux vous convaincre de ma détermination à y répondre.
Permettez moi donc de vous expliquer d'abord en quoi la jeunesse de l'outre-mer se situe au cur de mon action quotidienne à la tête de ce ministère.
Si elle l'est, c'est avant tout parce qu'elle le mérite : la part des jeunes dans la population de l'outre-mer français y est en effet plus importante qu'ailleurs : avec 700 000 jeunes sur une population de 2,1 millions de personnes, l'outre-mer dispose d'une proportion de jeunes de plus de dix points supérieure à celle de la France métropolitaine.
Cette structure démographique que l'on retrouve à quelques nuances près dans les neuf collectivités d'outre-mer, combinée à des handicaps structurels importants tels que l'éloignement, l'insularité et l'étroitesse des marchés, militent indéniablement pour une politique active en faveur des jeunes.
Cette politique se développe autour de trois grands axes indissociables qui structurent mon action, et que je me propose d'évoquer brièvement devant vous : la formation ; la mobilité, et le logement.
Au premier rang des efforts à entreprendre pour donner à notre jeunesse les meilleurs atouts pour faire face à son avenir, se situe la formation. Outre-mer plus encore qu'ailleurs, le processus éducatif est vécu comme l'illustration d'un véritable ascenseur social. Il convient donc de souligner les efforts de rattrapage engagés par les pouvoir publics, avec des résultats qui progressent chaque année dans les différents examens généraux, professionnels et techniques. Ces efforts doivent naturellement être poursuivis, voire accentués pour permettre aux jeunes ultramarins d'être placés à égalité de chance de réussite avec leurs camarades de métropole. Pour ma part, je suis attentive avec mon collègue François Fillon, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, à ces actions de rattrapage qui doivent être amplifiées dans certaines collectivités. Je pense plus précisément à la Guyane, à Mayotte mais aussi à La Réunion, qui présentent la caractéristique d'avoir à relever le défi d'une démographie particulièrement dynamique, mais aussi parfois d'une immigration clandestine qui vient peser sur le système éducatif, au risque de le déstabiliser.
Aujourd'hui, l'outre-mer compte une population étudiante de plus de 45 000 jeunes. Ils sont plus de 21 000 à poursuivre leurs études supérieures dans les universités de métropole, pour des raisons de choix personnel pour quelques uns, mais pour la majorité d'entre eux parce que les structures d'accueil locales ne leur permettent pas de les mener sur place, pour des raisons objectives de disponibilité de moyens et d'économie d'échelle.
Un meilleur accueil de la communauté étudiante ultramarine de métropole n'est d'ailleurs pas exclusive de l'action que l'Etat mène pour conforter le développement de nos jeunes universités d'outre-mer, qui sont au nombre de quatre, et qui n'ont pas à rougir de la comparaison avec leurs homologues hexagonales.
Mais parce qu'il n'est pas toujours possible de suivre sur place, outre?mer, le cursus que l'on a choisi, il faut favoriser cette mobilité qui est le second axe de mon action en faveur des jeunes.
Si cette mobilité correspond d'abord à une nécessité, trop souvent vécue et ressentie comme une contrainte, elle doit être aussi perçue comme une formidable opportunité : j'observe en effet que les jeunes installés en métropole ont, après un parcours de mobilité, un niveau de formation et de qualification égal voire supérieur à celui des jeunes métropolitains. S'agissant par exemple des jeunes réunionnais, 78 % obtiennent un diplôme à l'issue de leur passage en métropole, alors qu'ils ne sont que 63% lorsqu'ils restent à La Réunion. Les bilans d'évaluation fournis par l'ANT confirment cette tendance : le taux d'abandon des jeunes en mobilité est faible (10 %) et le taux de validation des formations et d'obtention de diplômes est élevé puisqu'il approche les 70 %.
Puisqu'elle est nécessaire, puisqu'elle est souhaitable, cette mobilité doit être facilitée. C'est précisément l'objet des différents dispositifs dont j'ai souhaité la mise en uvre dans le cadre de la loi de programme adoptée en 2003.
Sans revenir sur les mesures qui visent à contribuer à l'émergence d'un marché du transport aérien concurrentiel comme la défiscalisation ou les exonérations de charges sociales, je veux surtout évoquer le premier de ces outils qui dépasse le strict cadre de la jeunesse, celui de la dotation de continuité territoriale. Son montant est de 31 millions d'euros pour 2005. Ses critères de mise en uvre sont définis localement par chacune des collectivités locales en charge de la compétence " transport ". Cette dotation qui constitue une innovation pour l'outre-mer a pour effet de réduire le coût du transport pour les populations qui en ont le plus besoin. Ce sont, chaque année, l'équivalent de 200 000 trajets entre l'outre-mer et la métropole, qui se trouvent ainsi aidés à hauteur de 30 %.
Par ailleurs, vous connaissez désormais l'existence du passeport mobilité destiné aux jeunes de 18 à 30 ans, et dont la mise en place a été effective moins de deux mois après mon arrivée rue Oudinot. Au 31 décembre 2004, ce sont plus de 15 000 jeunes dont plus de 9 000 étudiants qui ont ainsi pu obtenir la gratuité d'un voyage aller-retour entre leur collectivité d'origine et la métropole, pour un engagement de l'Etat de plus de 14 Millions d'Euros.
A tous ceux que j'entends dire çà et là que ce n'est pas assez, vous me permettrez donc de faire observer que l'Etat consacre désormais un effort annuel de 45 Millions d'Euros en faveur de la continuité territoriale entre l'outre-mer et la métropole, là où rien n'existait encore il y a trois ans
Pour autant, la mobilité ne saurait constituer une fin en soi ; elle doit demeurer ce qu'elle est, à savoir un moyen privilégié de formation et d'acquisition d'expérience, autant que possible au service du territoire dont on est originaire. Cette mobilité ne doit pas être vécue comme une rupture, mais bien au contraire comme un enrichissement personnel, dans une société sans cesse plus ouverte sur l'extérieur, qu'il soit proche ou plus lointain.
Enfin, le troisième axe de mon action en faveur des jeunes se décline naturellement dans le prolongement du second que je viens de décrire. En effet, au delà de cette mobilité qu'il faut faciliter, il convient aussi améliorer les conditions d'accueil dans l'hexagone, et notamment le logement.
C'est aujourd'hui en effet la difficulté principale que rencontrent ces jeunes pour réussir leur installation en métropole. S'agissant des étudiants, seulement 21 % obtiennent une place dans des logements étudiants en métropole, selon les conclusions d'une étude réalisée à ma demande. Certaines académies, comme Aix en Provence, Reims ou Strasbourg, arrivent à absorber 60 à 75 % de ces demandes. En revanche, dans les académies de Paris et de Créteil, la situation est particulièrement préoccupante, puisque seulement 2 à 3 % des demandes des étudiants ultramarins sont satisfaites par les CROUS.
Consciente de ces difficultés, j'ai mis en place, dès 2003, un groupe de travail associant, élus, opérateurs de la mobilité et bailleurs sociaux, ce qui a permis de déboucher sur la signature d'une convention entre mon ministère et l'ANT. Cette convention permet de réserver chaque année 800 chambres en métropole au profit des jeunes ultramarins en formation professionnelle, mais également au profit des étudiants, par l'intermédiaire du réseau des CROUS.
L'ANT a ainsi procédé à ces réservations au 2ème semestre 2004, par le biais de conventions auprès de foyers ou de centres d'hébergement. Pour l'Ile-de-france, cela représente une possibilité de 200 réservations. A Marseille, ce sont plus de 140 réservations qui ont été faites.
Bien évidemment, ce dispositif n'a pas vocation à se substituer aux offres préexistantes telles que les résidences étudiantes, les foyers, ou encore le réseau de bailleurs privés. Il s'agit simplement d'offrir une chance supplémentaire d'obtenir un logement en métropole.
C'est donc là une première étape importante que nous franchissons pour aller vers ce que j'ai coutume d'appeler le " passeport logement ". Disposer d'un logement doit en effet de moins en moins constituer une cause de retard, voire d'abandon pour de nombreux projets de formation.
Mais je sais aussi que l'éloignement rend plus difficile la recherche à distance d'un logement. C'est pourquoi j'ai souhaité la faciliter, en permettant la mise en relation des différents acteurs, tant dans le parc privé que dans le parc public, mais aussi en apportant à tous des conseils et des contacts utiles : ceci se fait au travers du site internet de mon ministère, qui comporte désormais une rubrique dédiée au logement en métropole.
Il faut par ailleurs combattre certaines pratiques discriminatoires, encore trop largement répandues dans le secteur privé, voire public. Comment admettre en effet qu'une caution apportée par une personne résidant outre-mer soit refusée ? J'ai attiré particulièrement l'attention des CROUS sur cette difficulté, en leur demandant de veiller à mettre un terme à de telles pratiques.
Je souhaite également rappeler que de nombreux jeunes peuvent bénéficier du LOCAPASS. Ce dispositif s'appuie sur le 1 % logement, c'est-à-dire la contribution obligatoire versée par les employeurs en faveur de la construction. Ce LOCAPASS permet d'apporter une caution rassurante pour le propriétaire, et d'aider le jeune à assumer le paiement de la garantie, qui peut atteindre 3 mois de loyers. Depuis 2003, le LOCAPASS peut d'ailleurs être mobilisé dès le mois de juillet par les étudiants boursiers, ce qui facilite son utilisation. La demande est forte de la part des jeunes d'outre-mer, visant à étendre le bénéfice du LOCAPASS aux étudiants non boursiers. A l'initiative des collectivités d'outre?mer, je souhaite que nous examinions cette possibilité au cas par cas avec les organismes gestionnaires du 1 % logement. Le ministère de l'outre-mer apportera son soutien à de telles démarches.
Mais pour aller encore au delà, il me paraît essentiel de créer de nouveaux partenariats entre collectivités d'outre-mer et collectivités de métropole. A cet égard, la loi sur les responsabilités locales du 13 août 2004 élargit les compétences des collectivités locales en matière de logement étudiant. Ainsi, les collectivités d'outre-mer pourront mettre en place des partenariats avec celles de métropole pour obtenir des droits de réservation pour leurs étudiants. Je citerai l'exemple du Conseil Général de la Réunion qui a noué depuis plusieurs années des liens avec la Cité Internationale Universitaire de Paris, mais également le rôle important mené par les maisons de la Nouvelle Calédonie ou de la Polynésie Française dans ce domaine. De tels exemples méritent d'être suivis.
L'Etat pour sa part a lancé un important plan de construction de résidences étudiantes, à la suite du rapport du député Anciaux de janvier 2004 sur le logement des étudiants : 5 000 nouvelles places seront ouvertes dans les prochains mois. Cette bouffée d'oxygène aura des retombées positives pour nos jeunes d'outre-mer.
Je voudrais aussi souligner l'initiative du Conseil Général de la Réunion qui a mis en place en 2004 un réseau d'étudiants " référents " dans plusieurs académies de métropole afin d'aider les nouveaux arrivants réunionnais à s'installer plus rapidement et plus facilement. Au vu du bilan encourageant, je suggère que l'on réfléchisse à l'extension de cette mesure avec d'autres collectivités. J'ai sollicité le CNOUS pour qu'il me fasse des propositions dans ce domaine.
Au moment de conclure pour vous laisser la parole et répondre à vos questions, je tiens à vous assurer de mon total engagement en faveur de la jeunesse d'outre-mer.
J'ai bien conscience que le défi à relever est immense, et que beaucoup reste à faire pour placer cette jeunesse d'outre-mer à égalité de chance avec celle de la France métropolitaine. Chacun peut toutefois mesurer tout le travail qui a été accompli en l'espace de 34 mois par ce Gouvernement. J'entends poursuivre résolument dans cette voie, et reste à votre écoute pour qu'ensemble, nous progressions.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 4 avril 2005)
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Chers amis étudiants originaires de l'outre-mer,
Mesdames et Messieurs,
Pour avoir fait de la jeunesse de l'outre-mer l'une des priorités de mon action, vous comprendrez le plaisir que j'éprouve à me retrouver aujourd'hui parmi vous, pour la clôture de ce colloque organisé par l'Intergroupe parlementaire de l'outre-mer, dont je tiens à saluer au passage l'heureuse initiative en adressant mes remerciements à son Président.
Mais c'est naturellement aux étudiants présents que mon message s'adresse avant tout. Pour vous préciser d'emblée qu'au-delà du rappel des actions entreprises par mon ministère depuis près de trois années, je souhaite qu'un échange plus direct puisse s'établir entre nous. C'est donc bien volontiers que je répondrai aux différentes questions qui pourront m'être posées sur tel ou tel aspect des nombreux thèmes évoqués tout au long de ce colloque. Je sais que vos attentes sont nombreuses. Mais je veux vous convaincre de ma détermination à y répondre.
Permettez moi donc de vous expliquer d'abord en quoi la jeunesse de l'outre-mer se situe au cur de mon action quotidienne à la tête de ce ministère.
Si elle l'est, c'est avant tout parce qu'elle le mérite : la part des jeunes dans la population de l'outre-mer français y est en effet plus importante qu'ailleurs : avec 700 000 jeunes sur une population de 2,1 millions de personnes, l'outre-mer dispose d'une proportion de jeunes de plus de dix points supérieure à celle de la France métropolitaine.
Cette structure démographique que l'on retrouve à quelques nuances près dans les neuf collectivités d'outre-mer, combinée à des handicaps structurels importants tels que l'éloignement, l'insularité et l'étroitesse des marchés, militent indéniablement pour une politique active en faveur des jeunes.
Cette politique se développe autour de trois grands axes indissociables qui structurent mon action, et que je me propose d'évoquer brièvement devant vous : la formation ; la mobilité, et le logement.
Au premier rang des efforts à entreprendre pour donner à notre jeunesse les meilleurs atouts pour faire face à son avenir, se situe la formation. Outre-mer plus encore qu'ailleurs, le processus éducatif est vécu comme l'illustration d'un véritable ascenseur social. Il convient donc de souligner les efforts de rattrapage engagés par les pouvoir publics, avec des résultats qui progressent chaque année dans les différents examens généraux, professionnels et techniques. Ces efforts doivent naturellement être poursuivis, voire accentués pour permettre aux jeunes ultramarins d'être placés à égalité de chance de réussite avec leurs camarades de métropole. Pour ma part, je suis attentive avec mon collègue François Fillon, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, à ces actions de rattrapage qui doivent être amplifiées dans certaines collectivités. Je pense plus précisément à la Guyane, à Mayotte mais aussi à La Réunion, qui présentent la caractéristique d'avoir à relever le défi d'une démographie particulièrement dynamique, mais aussi parfois d'une immigration clandestine qui vient peser sur le système éducatif, au risque de le déstabiliser.
Aujourd'hui, l'outre-mer compte une population étudiante de plus de 45 000 jeunes. Ils sont plus de 21 000 à poursuivre leurs études supérieures dans les universités de métropole, pour des raisons de choix personnel pour quelques uns, mais pour la majorité d'entre eux parce que les structures d'accueil locales ne leur permettent pas de les mener sur place, pour des raisons objectives de disponibilité de moyens et d'économie d'échelle.
Un meilleur accueil de la communauté étudiante ultramarine de métropole n'est d'ailleurs pas exclusive de l'action que l'Etat mène pour conforter le développement de nos jeunes universités d'outre-mer, qui sont au nombre de quatre, et qui n'ont pas à rougir de la comparaison avec leurs homologues hexagonales.
Mais parce qu'il n'est pas toujours possible de suivre sur place, outre?mer, le cursus que l'on a choisi, il faut favoriser cette mobilité qui est le second axe de mon action en faveur des jeunes.
Si cette mobilité correspond d'abord à une nécessité, trop souvent vécue et ressentie comme une contrainte, elle doit être aussi perçue comme une formidable opportunité : j'observe en effet que les jeunes installés en métropole ont, après un parcours de mobilité, un niveau de formation et de qualification égal voire supérieur à celui des jeunes métropolitains. S'agissant par exemple des jeunes réunionnais, 78 % obtiennent un diplôme à l'issue de leur passage en métropole, alors qu'ils ne sont que 63% lorsqu'ils restent à La Réunion. Les bilans d'évaluation fournis par l'ANT confirment cette tendance : le taux d'abandon des jeunes en mobilité est faible (10 %) et le taux de validation des formations et d'obtention de diplômes est élevé puisqu'il approche les 70 %.
Puisqu'elle est nécessaire, puisqu'elle est souhaitable, cette mobilité doit être facilitée. C'est précisément l'objet des différents dispositifs dont j'ai souhaité la mise en uvre dans le cadre de la loi de programme adoptée en 2003.
Sans revenir sur les mesures qui visent à contribuer à l'émergence d'un marché du transport aérien concurrentiel comme la défiscalisation ou les exonérations de charges sociales, je veux surtout évoquer le premier de ces outils qui dépasse le strict cadre de la jeunesse, celui de la dotation de continuité territoriale. Son montant est de 31 millions d'euros pour 2005. Ses critères de mise en uvre sont définis localement par chacune des collectivités locales en charge de la compétence " transport ". Cette dotation qui constitue une innovation pour l'outre-mer a pour effet de réduire le coût du transport pour les populations qui en ont le plus besoin. Ce sont, chaque année, l'équivalent de 200 000 trajets entre l'outre-mer et la métropole, qui se trouvent ainsi aidés à hauteur de 30 %.
Par ailleurs, vous connaissez désormais l'existence du passeport mobilité destiné aux jeunes de 18 à 30 ans, et dont la mise en place a été effective moins de deux mois après mon arrivée rue Oudinot. Au 31 décembre 2004, ce sont plus de 15 000 jeunes dont plus de 9 000 étudiants qui ont ainsi pu obtenir la gratuité d'un voyage aller-retour entre leur collectivité d'origine et la métropole, pour un engagement de l'Etat de plus de 14 Millions d'Euros.
A tous ceux que j'entends dire çà et là que ce n'est pas assez, vous me permettrez donc de faire observer que l'Etat consacre désormais un effort annuel de 45 Millions d'Euros en faveur de la continuité territoriale entre l'outre-mer et la métropole, là où rien n'existait encore il y a trois ans
Pour autant, la mobilité ne saurait constituer une fin en soi ; elle doit demeurer ce qu'elle est, à savoir un moyen privilégié de formation et d'acquisition d'expérience, autant que possible au service du territoire dont on est originaire. Cette mobilité ne doit pas être vécue comme une rupture, mais bien au contraire comme un enrichissement personnel, dans une société sans cesse plus ouverte sur l'extérieur, qu'il soit proche ou plus lointain.
Enfin, le troisième axe de mon action en faveur des jeunes se décline naturellement dans le prolongement du second que je viens de décrire. En effet, au delà de cette mobilité qu'il faut faciliter, il convient aussi améliorer les conditions d'accueil dans l'hexagone, et notamment le logement.
C'est aujourd'hui en effet la difficulté principale que rencontrent ces jeunes pour réussir leur installation en métropole. S'agissant des étudiants, seulement 21 % obtiennent une place dans des logements étudiants en métropole, selon les conclusions d'une étude réalisée à ma demande. Certaines académies, comme Aix en Provence, Reims ou Strasbourg, arrivent à absorber 60 à 75 % de ces demandes. En revanche, dans les académies de Paris et de Créteil, la situation est particulièrement préoccupante, puisque seulement 2 à 3 % des demandes des étudiants ultramarins sont satisfaites par les CROUS.
Consciente de ces difficultés, j'ai mis en place, dès 2003, un groupe de travail associant, élus, opérateurs de la mobilité et bailleurs sociaux, ce qui a permis de déboucher sur la signature d'une convention entre mon ministère et l'ANT. Cette convention permet de réserver chaque année 800 chambres en métropole au profit des jeunes ultramarins en formation professionnelle, mais également au profit des étudiants, par l'intermédiaire du réseau des CROUS.
L'ANT a ainsi procédé à ces réservations au 2ème semestre 2004, par le biais de conventions auprès de foyers ou de centres d'hébergement. Pour l'Ile-de-france, cela représente une possibilité de 200 réservations. A Marseille, ce sont plus de 140 réservations qui ont été faites.
Bien évidemment, ce dispositif n'a pas vocation à se substituer aux offres préexistantes telles que les résidences étudiantes, les foyers, ou encore le réseau de bailleurs privés. Il s'agit simplement d'offrir une chance supplémentaire d'obtenir un logement en métropole.
C'est donc là une première étape importante que nous franchissons pour aller vers ce que j'ai coutume d'appeler le " passeport logement ". Disposer d'un logement doit en effet de moins en moins constituer une cause de retard, voire d'abandon pour de nombreux projets de formation.
Mais je sais aussi que l'éloignement rend plus difficile la recherche à distance d'un logement. C'est pourquoi j'ai souhaité la faciliter, en permettant la mise en relation des différents acteurs, tant dans le parc privé que dans le parc public, mais aussi en apportant à tous des conseils et des contacts utiles : ceci se fait au travers du site internet de mon ministère, qui comporte désormais une rubrique dédiée au logement en métropole.
Il faut par ailleurs combattre certaines pratiques discriminatoires, encore trop largement répandues dans le secteur privé, voire public. Comment admettre en effet qu'une caution apportée par une personne résidant outre-mer soit refusée ? J'ai attiré particulièrement l'attention des CROUS sur cette difficulté, en leur demandant de veiller à mettre un terme à de telles pratiques.
Je souhaite également rappeler que de nombreux jeunes peuvent bénéficier du LOCAPASS. Ce dispositif s'appuie sur le 1 % logement, c'est-à-dire la contribution obligatoire versée par les employeurs en faveur de la construction. Ce LOCAPASS permet d'apporter une caution rassurante pour le propriétaire, et d'aider le jeune à assumer le paiement de la garantie, qui peut atteindre 3 mois de loyers. Depuis 2003, le LOCAPASS peut d'ailleurs être mobilisé dès le mois de juillet par les étudiants boursiers, ce qui facilite son utilisation. La demande est forte de la part des jeunes d'outre-mer, visant à étendre le bénéfice du LOCAPASS aux étudiants non boursiers. A l'initiative des collectivités d'outre?mer, je souhaite que nous examinions cette possibilité au cas par cas avec les organismes gestionnaires du 1 % logement. Le ministère de l'outre-mer apportera son soutien à de telles démarches.
Mais pour aller encore au delà, il me paraît essentiel de créer de nouveaux partenariats entre collectivités d'outre-mer et collectivités de métropole. A cet égard, la loi sur les responsabilités locales du 13 août 2004 élargit les compétences des collectivités locales en matière de logement étudiant. Ainsi, les collectivités d'outre-mer pourront mettre en place des partenariats avec celles de métropole pour obtenir des droits de réservation pour leurs étudiants. Je citerai l'exemple du Conseil Général de la Réunion qui a noué depuis plusieurs années des liens avec la Cité Internationale Universitaire de Paris, mais également le rôle important mené par les maisons de la Nouvelle Calédonie ou de la Polynésie Française dans ce domaine. De tels exemples méritent d'être suivis.
L'Etat pour sa part a lancé un important plan de construction de résidences étudiantes, à la suite du rapport du député Anciaux de janvier 2004 sur le logement des étudiants : 5 000 nouvelles places seront ouvertes dans les prochains mois. Cette bouffée d'oxygène aura des retombées positives pour nos jeunes d'outre-mer.
Je voudrais aussi souligner l'initiative du Conseil Général de la Réunion qui a mis en place en 2004 un réseau d'étudiants " référents " dans plusieurs académies de métropole afin d'aider les nouveaux arrivants réunionnais à s'installer plus rapidement et plus facilement. Au vu du bilan encourageant, je suggère que l'on réfléchisse à l'extension de cette mesure avec d'autres collectivités. J'ai sollicité le CNOUS pour qu'il me fasse des propositions dans ce domaine.
Au moment de conclure pour vous laisser la parole et répondre à vos questions, je tiens à vous assurer de mon total engagement en faveur de la jeunesse d'outre-mer.
J'ai bien conscience que le défi à relever est immense, et que beaucoup reste à faire pour placer cette jeunesse d'outre-mer à égalité de chance avec celle de la France métropolitaine. Chacun peut toutefois mesurer tout le travail qui a été accompli en l'espace de 34 mois par ce Gouvernement. J'entends poursuivre résolument dans cette voie, et reste à votre écoute pour qu'ensemble, nous progressions.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 4 avril 2005)